Chers amis,
Voici la remarque que m’a envoyée l’un de mes lecteurs, David, à la suite de ma lettre de dimanche dernier :
« Je ne voudrais pas trop m’avancer mais est-ce que ce n’est pas plutôt l’ocytocyne qui est le neurotransmetteur (une neuro-hormone en fait) produit au cours d’un rapport sexuel ? »
David réagissait à ce passage précis de ma lettre : « Dans “dopamine”, il y a “dope”, et ce n’est pas pour rien : ce neurotransmetteur est celui qui nous procure du plaisir lorsque nous mangeons un délicieux repas, lorsque nous voyons un bon film, ou lorsque nous faisons l’amour. »[1]
Eh bien, ce sont les deux, cher David, et bien plus encore : lorsque vous faites l’amour, votre organisme sécrète en effet de l’ocytocine, mais également bel et bien de la dopamine, ainsi que de la sérotonine, des endorphines et autres rimes en –ine.
En ce jour où l’on fête les mamans en France, autrement dit le plus beau résultat de l’amour et de la sexualité, je vous propose de vous attarder sur ce qui se passe dans votre corps lorsque vous faites l’amour.
Feu d’artifice hormonal
Lorsque vous faites l’amour, votre corps devient une véritable usine chimique.
Plusieurs hormones jouent un rôle crucial dans cette expérience, leur combinaison créant un puissant et complexe feu d’artifice biochimique.
Commençons par les deux premières évoquées par notre échange avec David :
L’ocytocine. Souvent appelée « hormone de l’amour » (je préfère pour ma part parler d’« hormone de l’attachement »), elle est en effet libérée en grande quantité pendant les câlins, les caresses et l’acte sexuel.
Elle favorise les sentiments d’attachement et de confiance, renforçant les liens entre partenaires. Pour cette raison, elle jouerait également un rôle dans la fidélité amoureuse ; d’aucuns parlent même d’« hormone de la monogamie »[2] !
La dopamine. Associée au plaisir et à la récompense, elle est libérée en grande quantité pendant les rapports sexuels, renforçant la sensation de plaisir et de satisfaction.
Mais il y en a bien d’autres !
Faire l’amour, un médicament à part entière !
Comme je vous le disais, faire l’amour vous permet de sécréter ces autres hormones, qui font de l’acte sexuel, du pur point de vue biochimique, un médicament à part entière.
La sérotonine. Elle joue un rôle crucial dans la régulation de l’humeur. Souvent appelée « hormone du bonheur », elle est paradoxalement célèbre pour de tristes raisons : c’est en effet sur les niveaux de sérotonine que jouent la plupart des médicaments antidépresseurs – ce qui a même valu à cette hormone de donner son nom à l’un des romans du plus célèbre des écrivains dépressifs français, Michel Houellebecq.
Mais revenons à nos papouilles : pendant l’acte sexuel, la sérotonine est libérée, contribuant à une sensation de bonheur et de bien-être général. Sa sécrétion permet également d’aider à réguler le sommeil et l’appétit, et son augmentation peut améliorer la qualité du sommeil post-coïtal et favoriser une sensation de satiété et de relaxation.
Les endorphines. Libérées pendant l’orgasme, ces hormones procurent une sensation de bien-être et d’euphorie, aidant à réduire le stress et à améliorer, elles aussi, l’humeur : elles ont donc un effet anxiolytique.
Mais elles sont surtout connues pour leurs effets analgésiques : ce sont des antidouleurs ! Et ça fonctionne sur à peu près tout : les douleurs musculaires, tendineuses, articulaires, exactement comme le ferait la morphine.
La prolactine. Également libérée après l’orgasme, cette hormone contribue à la sensation de relaxation et de satiété. C’est elle qui peut vous donner envie de dormir après l’amour[3]. Elle est également impliquée dans la régulation de l’appétit sexuel.
Ensuite, selon que vous êtes un homme ou une femme, d’autres hormones rentrent en compte, en particulier en amont, pour le rôle qu’elles jouent dans le désir sexuel : la testostérone pour les hommes, et les œstrogènes pour les femmes.
Mais, comme elles ne riment pas en –ine, je ne m’attarde pas dessus (oui, l’excuse est facile, j’en conviens, mais je préfère vous parler d’autre chose pour la suite de cette lettre).
Il n’y a pas que la chimie dans la vie (ni dans l’amour)
Cette lecture biochimique de l’acte sexuel est forcément réductrice ; tout comme est réducteur le fait de ne considérer la sexualité que sous l’angle utilitaire de la reproduction.
Pour faire bonne mesure, je veux partager avec vous la « lecture » de la sexualité et de l’amour figurant dans le tome 2 de ses Conversations avec Dieu de Neale Donald Walsch [4].
Si vous ne connaissez pas cette étonnante série littéraire, il s’agirait (notez le conditionnel) d’un dialogue entre l’auteur et, donc… Dieu. Rien que ça ! L’auteur lui pose des questions existentielles sur l’amour, le bien et le mal, la sexualité, la politique, les guerres, l’éducation (et d’autre plus terre à terre), et Dieu lui « inspire » ses réponses.
Libre à vous de prendre ou non pour argent comptant le dispositif du livre, autrement dit de croire ou non au caractère « canalisé » de ses réponses ; à titre personnel, je suis sceptique, mais certaines réponses sont intéressantes, et à ce titre méritent la lecture.
C’est le cas pour la partie concernant l’amour et la sexualité, présentés sous un angle spirituel et philosophique. C’est la raison pour laquelle je vous en parle ici.
L’amour y est décrit comme l’essence même de l’existence et la force qui soutient tout l’univers ; c’est la réalité ultime et la plus pure de l’être.
La sexualité est vue comme une expression divine et sacrée de l’amour. Elle est une manière de partager et de manifester l’unité et la connexion profonde entre les individus.
Quand deux êtres font l’amour, ils ne sont pas attirés l’un par l’autre, mais par l’entité qu’ils forment en se retrouvant (le livre le formule ainsi : Thomas n’est pas attiré par Marie, ni Marie par Thomas, mais par « Thomarie »).
Mais ce n’est pas tout : l’acte sexuel est une expression puissante de l’énergie créatrice ; cette énergie n’est pas seulement reproductrice, mais aussi créatrice d’intimité, de plaisir et de connexion spirituelle, et de « bonnes ondes » vous dépassant.
Changement d’époque
Soyons honnêtes : les livres de Neale Donald Walsch sont très New Age et ses Conversations avec Dieu semblent, en grande partie, les héritières de la philosophie peace and love.
Mais ses valeurs et ses idées sont d’autant plus intéressantes qu’elles semblent aujourd’hui complètement mises sous le boisseau.
Le livre rappelle l’importance de vivre sa sexualité librement et avec respect mutuel. Les jugements moraux traditionnels y sont souvent considérés comme limitants et non alignés avec la véritable nature spirituelle de la sexualité.
La sexualité est en effet une intégration harmonieuse de l’esprit et du corps. C’est une expérience holistique qui transcende le simple plaisir physique pour toucher au spirituel.
Les idées traditionnelles de culpabilité et de honte liées à la sexualité y sont rejetées. La sexualité est vue comme naturelle et belle. Et, surtout, l’amour et la sexualité sont des outils pour l’évolution personnelle et collective.
Ils aident à comprendre et à incarner votre nature divine.
En comprenant et en pratiquant l’amour et la sexualité de manière authentique, vous vous connectez plus profondément à vous-même, aux autres et à l’univers.
Mieux que cela, en faisant l’amour – toujours d’après ce livre – vous participez à la création d’une énergie positive qui dépasse votre seul couple, et « nourrit en bonnes ondes » votre environnement.
Peut-être s’agit-il là pour vous de portes ouvertes qu’on enfonce. Si c’est le cas, dans un sens, tant mieux.
Mais maintenant, je vous invite à relire tout ce que je vous ai résumé ci-dessus à la lumière de ce sondage réalisé en février dernier, révélant que les Français font de moins en moins l’amour, la baisse étant notamment spectaculaire chez les 18-24 ans, qui sont en principe les plus actifs[5] !
L’âge de glace
Sans être nouveau, le phénomène n’est ni récent, ni franco-français : un Américain sur quatre préfère regarder Netflix plutôt que de faire l’amour ; plus d’un tiers des Japonais de 16 à 19 ans sont « asexuels » – ils ne sont pas du tout intéressés par la sexualité[6].
Un phénomène d’une telle ampleur n’a pas qu’une seule cause : on peut citer notamment l’omniprésence matérielle et mentale des écrans ou le phénomène Me-too, qui a certes permis une prise de conscience des abus en matière de sexualité, mais aussi considérablement refroidi et compliqué les rapports amoureux, placés sous la coupe de la méfiance et de la défiance.
Ces deux raisons conjuguées font qu’aujourd’hui, selon François Kraus, directeur du pôle Politique et Actualité à l’IFOP, un nombre croissant de jeunes préfèrent le porno à la sexualité « dans la vie réelle » : « Une proportion non-négligeable d’entre eux sont de plus en plus addicts, par exemple aux réseaux sociaux et aux différentes applications d’échanges, aux séries, aux films ou aux films pornographiques »[7]
Nous sommes passés, en un demi-siècle, d’une jeunesse promouvant la libération sexuelle tous azimuts ayant peace and love pour devise, à une génération pour laquelle la pornographie face à un écran est la principale expérience sexuelle.
Nous sommes rentrés dans une sorte d’« âge de glace » en matière d’amour et de sexualité, avec de premiers effets bien concrets, notamment cette baisse historique et spectaculaire de la natalité – en France et plus généralement en Occident.
En 1986 déjà, l’écrivain Michel Tournier observait : « Notre société hygiénique et puritaine se montre de moins en moins favorable à la connaissance et aux satisfactions tactiles. Toucher avec ses yeux. L’absurde conseil qui brisait nos élans enfantins est devenu un impératif universel, tyrannique. Les lieux de contact érotiques sont interdits ou infestés de surveillance. En même temps que se développe une inflation galopante d’images. Le magazine, le film, la télévision gavent l’œil et réduisent le reste de l’homme à néant. L’homme d’aujourd’hui se promène muselé et manchot dans un palais de mirages. »[8]
Et encore ! L’époque (il y a moins de quarante ans) ne connaissait ni Netflix, ni 5G, ni ces progrès inédits dans l’hypnose de masse.
Mais il y a d’autres effets sonnants et trébuchants : en se privant d’amour et de sexualité, ces jeunes se privent non seulement d’une expérience humaine édifiante, mais aussi des bienfaits apportés par la sécrétion des hormones dont je vous ai parlé.
Et puis, à un niveau plus spirituel, pour reprendre les thèses de Neale Donald Walsch, une humanité qui fait de moins en moins l’amour est une humanité qui s’enferme dans un cercle vicieux de « mauvaises ondes » et d’énergies négatives.
À l’heure où l’agressivité se répand sur nos écrans, sur les réseaux sociaux, dans les villes et les villages ; en ces temps où de nouveaux fronts s’ouvrent mois après mois – le conflit russo-ukrainien, suivi du conflit israélo-palestinien, et la fébrilité chinoise autour de Taïwan…
… il ne me paraît pas idiot d’envisager de (re)prendre au sérieux, et de dépoussiérer, cet autre slogan vieux d’un demi-siècle : « faites l’amour, pas la guerre ».
Cela fera à coup sûr du bien à vos hormones, à votre santé, à votre âme, et peut-être aussi au monde entier.
Dans le doute, s’y mettre.
Et une fois encore, bonne fête aux Mamans… tant qu’il en reste !
Portez-vous bien,
Rodolphe
[1] https://alternatif-bien-etre.com/alternatif-bien-etre/pantoufles-et-chaussures-de-marche/ – Rodolphe Bacquet, « Pantoufles et chaussures de marche », in. Alternatif Bien-Être, 19 mai 2024
[2] https://www.planetesante.ch/Magazine/Bebes-enfants-et-adolescents/Etre-parent/Ocytocine-l-hormone-qui-rend-fidele – Dr Gaelle Devillard, « Ocytocine, l’hormone qui rend fidèle », in. Planète Santé, 11 mai 2012
[3] https://www.lalsace.fr/magazine-sante/2023/11/26/pourquoi-s-endort-on-apres-l-amour#:~:text=C’est%20cette%20derni%C3%A8re%20qui,prolactine%20que%20le%20plaisir%20solitaire. – « Pourquoi s’endort-on après l’amour ? », in. L’Alsace, 26 novembre 2023
[4] https://banq.pretnumerique.ca/resources/5568c1fbcdd23087a978db8f – Neale Donald Walsch, Conversations avec Dieu, tome 2, Ariane, 2015
[5] https://www.liberation.fr/lifestyle/intimites/sexualite-des-francais-une-grosse-baise-de-regime-20240205_IFVC5LUZKZHMTN7FA4EWBU6L3M/?redirected=1 – Kim Hullot-Guiot & Katia Dansoko Touré, « Sexualité des Français : une grosse baisse de régime », in. Libération, 5 février 2024
[6] https://www.radiofrance.fr/franceinter/sexo-pourquoi-les-jeunes-ne-font-ils-plus-l-amour-1510277 – « Pourquoi les jeunes ne font-ils plus l’amour ? », in. France Inter, 6 juillet 2023
[7] https://www.radiofrance.fr/franceinter/sexo-pourquoi-les-jeunes-ne-font-ils-plus-l-amour-1510277
[8] Michel Tournier, Petites proses, Gallimard, 1986, p.116
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ce qui précède devrai être envoyé à la curie romaine ces pauvres croulants trop gâtés devraient finir leurs jour dans un heypad pour leur éducation tardive et libérer le pâpe