Chers amis,

La presse people, très peu pour moi ; mais comme l’annonce de son cancer par Kate Middleton a largement dépassé la une des journaux consacrés, la « nouvelle » a fini par m’arriver.

C’est une mauvaise nouvelle pour la famille royale d’Angleterre, comme tout diagnostic de cancer l’est pour toute famille.

La publicité faite à cette mauvaise nouvelle doit cependant retentir comme une alerte pour vos proches et pour vous.

Car, toute protégée et accompagnée qu’elle soit par son statut d’épouse du prince héritier du trône d’Angleterre, Kate Middleton rejoint une tendance très inquiétante en santé publique.

Pour le dire autrement : le cancer de cette jeune femme de 42 ans est une goutte d’eau dans une lame de fond qui grandit depuis trois décennies.

De quel cancer Kate Middleton souffre-t-elle ?

A l’annonce de son cancer fin mars, ni Kate Middleton ni son entourage n’ont cru bon de spécifier de quel cancer il s’agissait exactement.

Néanmoins, Kate Middleton ayant subi une intervention chirurgicale à l’abdomen en janvier, la presse locale suppute logiquement qu’il doit s’agit d’un cancer abdominal[1].

Or tout, dans cette affaire, « rejoint » les résultats d’une étude publiée par le British Medical Journal quelques mois plus tôt :

  • L’âge de la patiente, qui a largement moins de 50 ans ;
  • La forte probabilité de la localisation de son cancer ;
  • Son absence d’antécédents et son mode de vie – a priori – « sain ».

+79,1 % de progression en 30 ans

Premier constat, connu : les diagnostics de cancer connaissent une nette augmentation depuis le tournant du siècle, soit depuis 25 à 30 ans.

On peut – légitimement – mettre cette inflation de diagnostics à la fois sur le vieillissement de la population et sur les stades de plus en plus précoces de détection des tumeurs.

(ce qui, soit dit en passant, fausse quelque peu les statistiques de guérison : on ne traite guère mieux les cancers en 2024 qu’en 1994, mais on les traite plus tôt, et même préventivement)

Mais ces deux facteurs, le vieillissement et la plus grande précocité des diagnostics, ne suffisent pas à expliquer le quasi-doublement des cas de cancers chez les moins de 50 ans dans les pays « développés » : c’était l’objet de la publication du BMJ en septembre dernier[2].

L’incidence des cancers dits « précoces » a en effet augmenté de 79,1 % entre 1990 et 2019 chez les personnes âgées de 14 à 49 ans – à noter que cette statistique a été calculée avant même la campagne mondiale d’injections anti-covid.

On ne peut guère accuser cette fois le trompe-l’œil des diagnostics précoces car la mortalité par cancer chez ces mêmes personnes âgées de moins de 50 ans a, elle, augmenté de 27,7 %.

Autrement dit : davantage de cancers, et davantage de morts par cancer.

Si les cancers du nasopharynx et de la prostate ont connu la plus grande inflation en termes d’occurrence – soit des cancers autrefois « réservés » au troisième âge – et le cancer du sein la plus forte progression chez la femme, ce sont les cancers colorectaux qui font payer le plus lourd tribut à la population en termes de perte d’années de vie.

Les cancers abdominaux – du côlon, de l’estomac et de l’intestin, de l’œsophage, des voies biliaires extra-hépatiques, de la vésicule biliaire, du foie, l’estomac et du pancréas – sont donc ceux causant actuellement le plus de dégâts.

C’est probablement de l’un de ces cancers dont souffre actuellement Kate Middleton.

Les modèles traditionnels de facteurs de risque de cancer « dépassés »

Voilà pour l’observation, effrayante.

Et pour les explications ?

L’étude du BMJ se cantonne à des généralités : « Les facteurs de risque alimentaires (alimentation riche en viande rouge, pauvre en fruits, riche en sodium et pauvre en lait, etc.), la consommation d’alcool et le tabagisme sont les principaux facteurs de risque à l’origine des cancers précoces. »

Ces explications sont à la fois insuffisantes et idiotes. Un régime pauvre en lait ou en produits laitiers n’a jamais été un facteur de risque de cancer ; en revanche, le manque d’activité physique, les UV, le surpoids ou l’obésité, qui ne sont pas cités, le sont !

Mais, surtout, le « cas » de Kate Middleton vous fait bien sûr saisir la faiblesse des explications conventionnelles : je ne sais pas ce que mange Madame la duchesse, mais elle ne souffre visiblement ni d’obésité, ni d’alcoolisme, ni de tabagisme.

En tant que personnalité royale sous les feux des projecteurs, elle fait preuve d’une hygiène de vie irréprochable.

Bref, à son jeune âge et avec son mode de vie, elle n’aurait pas dû être victime d’un tel cancer… si l’on s’en tient aux facteurs de risque « classiques ».

Et, une fois de plus, elle n’est pas la seule : plusieurs médecins et praticiens de santé que je côtoie m’ont confirmé diagnostiquer et traiter de plus en plus de patients de moins de 50 ou 45 ans, sans antécédent, ce qui n’arrivait que très rarement il y a encore vingt ans.

Alors, quoi ?

La piste japonaise

Face à l’explosion des cancers abdominaux chez les moins de 50 ans, la médecine n’a pour le moment pas d’explication convaincante.

Il semble, en effet, que les modèles classiques soient dépassés.

Une théorie, solidement étayée, a néanmoins été publiée par des chercheurs japonais, à la fin du mois d’octobre dernier.

Analysant les données des principaux cancers du système digestif, ces chercheurs ont identifié le dénominateur commun à tous ces cancers : le microbiome[3].

C’est-à-dire les colonies de bactéries qu’abrite, notamment, notre ventre.

Rappelez-vous, il y a une dizaine de jours je vous parlais de « l’appauvrissement » manifeste de nos microbiotes buccal et gastro-intestinal[4].

Eh bien ces chercheurs japonais lient directement ce changement et cet appauvrissement de notre microbiome, depuis le milieu du XXème siècle, à cette explosion de cancers abdominaux précoces.

Autrement dit, ce ne sont plus – ou plus seulement – nos habitudes de vie qui sont en cause : c’est tout simplement la qualité et l’origine de ce que nous mangeons, l’appauvrissement et la disparition de la diversité de l’alimentation industrielle.

Le principal suspect rassemble à la fois des facteurs environnementaux, industriels et médicaux – l’air que nous respirons, les aliments ultra-transformés que nous ingérons et les médicaments que nous avalons en masse bouleversant le microbiome.

La « piste japonaise » est celle qui me paraît la plus crédible pour expliquer cette lame de fond de cancers qui est en train d’arriver.

Et nous rappelle que nous devons, plus que jamais, nous « nettoyer » de l’intérieur de tous ces perturbateurs et polluants omniprésents.

Portez-vous bien,

Rodolphe


[1] https://www.telegraph.co.uk/news/2024/03/23/doctors-warn-abdominal-cancer-epidemic-princess-diagnosis/ – Henry Bodkin, « As Princess of Wales reveals diagnosis, doctors warn of mysterious cancer ‘epidemic’ », in. The Telegraph, 23 mars 2024
[2] https://bmjoncology.bmj.com/content/2/1/e000049 – Zhao Jianhui, Xu Liying, Sun Jing & al., « Global trends in incidence, death, burden and risk factors of early-onset cancer from 1990 to 2019 », in. Bristish Medical Journal Oncology, septembre 2023

[3] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC10730181/ – Kosuke Mima, Tsuyoshi Hamada, Kentaro Inamura, Hideo Baba, Tomotaka Ugai, Shuji Ogino, « The microbiome and rise of early-onset cancers: knowledge gaps and research opportunities », in. Gut Microbes, décembre 2023
[4] https://alternatif-bien-etre.com/alternatif-bien-etre/dis-moi-quelles-bacteries-tu-heberges-je-te-dirai-qui-tu-es/ – Rodolphe Bacquet, « Dis-moi quelle bactérie tu héberges, je te dirai qui tu es », in. Alternatif Bien-Être, 7 avril 2024