Les œufs ne sont pas mauvais pour le cœur !

Chers amis,

Chaque matin, je prends un œuf à la coque au petit déjeuner.

Vous savez donc où je me situe dans « l’éternel débat » concernant le risque cardiovasculaire associé à la consommation d’œufs, comme en parlait encore récemment Sciences & Avenir[1].

Le mouvement « anti-œuf » remonte aux années 1970, à l’époque où on était obsédé par le taux de cholestérol.

Le mythe du cholestérol

Le problème, c’est que l’idée « il faut absolument faire baisser le taux de cholestérol pour réduire le risque de maladies cardiovasculaires »… est fausse.

À la fin des années 1990, les travaux innovants du Dr Michel de Lorgeril (« l’Étude de Lyon ») ont au contraire démontré que le cholestérol n’était pas la cause des maladies cardiovasculaires[2].

Et que, pire encore, la baisse artificielle du taux de cholestérol, par la prise de statines, augmente le risque de mortalité de toutes causes[3] !!!

Cela a depuis été confirmé par des dizaines d’études.

Malgré cela, la croyance « cholestérol élevé = risque cardiovasculaire élevé » fait toujours des ravages. Et permet au passage à l’industrie pharmaceutique de vendre des millions de boîtes d’anti-cholestérol, les fameuses statines, qui rapportent des milliards.

L’œuf, un serial-killer ? 

C’est à cause de cette même croyance que les œufs, naturellement riches en cholestérol (300 mg en moyenne), sont encore considérés par certains comme mauvais pour le cœur.

Dites-le, répétez-le autour de vous : vous ne risquez strictement rien en mangeant 1 ou 2 œufs par jour.

Même si vous aviez peur d’augmenter votre taux de cholestérol, sachez que le cholestérol alimentaire, comme celui que vous trouvez dans les œufs, n’impacte pas votre cholestérol sanguin, qui est en réalité fabriqué par votre foie à partir du glucose.

En 2013, une vaste méta-analyse internationale a démontré qu’il n’y a aucun rapport entre une consommation quotidienne d’œufs et le risque de maladie cardiovasculaire[4]. 

Cette étude avait recueilli les données de 17 études portant sur des maladies coronariennes et des infarctus, concernant au total quatre millions de participants, ce qui est énorme.

On a même établi qu’une consommation accrue de jaune d’œuf (que l’on sait riche en choline et en antioxydants) réduirait de 25 % le risque de faire un AVC hémorragique !

Pourquoi commencer sa journée par un œuf

Non seulement vous ne risquez rien en mangeant quotidiennement des œufs, mais vous avez tout à y gagner.

Car les œufs sont une excellente source de protéines et d’acides aminés. Ils contiennent des principes bioactifs qui permettent de réguler le sucre sanguin et le métabolisme.

Ils constituent un excellent petit déjeuner pour toutes ces raisons, mais aussi parce qu’ils réduisent le risque de grignoter plus tard dans la journée.

Une étude menée en 2013 démontrait en effet que le sentiment de satiété des personnes consommant des œufs au petit déjeuner (comparé à des petits déjeuners à base de corn-flakes ou de viennoiseries) était tel :

  • qu’ils mangeaient moins entre les repas au cours de la journée ;
  • et qu’ils faisaient des déjeuners et des dîners plus légers.

Comme je vous le disais au début de ce message, je prends moi-même un œuf chaque matin au petit déjeuner.

Je les achète chaque samedi au marché, directement auprès d’un couple de fermiers.

Ce sont des œufs de qualité biologique, pondus par des poules élevées en plein air, et, idéalement, nourries aux graines de lin.

De cette façon, mes œufs (qui doivent contenir à peu près 2,7 g de graisses) sont riches :

  • en acides gras mono-insaturés, comme l’huile d’olive ;
  • en oméga-3 (particulièrement avec les graines de lin).

Attention : les œufs de poules élevées en batterie sont plus riches en oméga-6, qui favorisent l’inflammation. Essayez de les éviter.

Les œufs protègent du diabète de type 2 !

Il y a un bienfait supplémentaire à la consommation d’œufs : la baisse significative du risque de développer du diabète de type 2.

Une étude rendue publique en décembre 2018 a été menée sur des Finlandais sur une période de 19 ans. Elle a démontré que plus la consommation hebdomadaire d’œufs est basse, plus fort est le risque de développer un diabète de type 2[5].

Étonnamment, aucun média grand public n’a parlé de cette étude.

J’espère, moi, que vous en parlerez autour de vous !

Et vous, que prenez-vous au petit-déjeuner ? dites-moi en commentaire ci-dessous. Je consacrerai l’un de mes prochains messages à ce sujet très important.

Joyeuses Pâques, et bonne chasse aux œufs !

Portez-vous bien,

Rodolphe Bacquet

P.S. : C’est à cause de leur richesse en cholestérol (300 mg en moyenne) que les œufs sont encore considérés par certains comme mauvais pour le cœur… En réalité le cholestérol alimentaire n’influence pas le cholestérol sanguin. L’étude relayée en mars dernier par le journal Sciences & Avenir est venue entretenir cette vieille confusion.

Voici les « découvertes » de cette étude basée sur des données de 30 000 Américains :

  • la consommation quotidienne des 300 mg de cholestérol d’un œuf augmenterait de 17 % le risque de développer une maladie cardiaque, et de 18 % le risque de mortalité de toutes causes.
  • Il suffirait même de manger trois à quatre œufs par semaine pour augmenter de 6 % son risque de maladie cardiaque, et de 8 % son risque de mortalité de toutes causes !

Malheureusement (pour les auteurs de cette étude) et heureusement (pour nous), cette étude est très mal fagotée. Tout d’abord, il s’agit d’une étude d’observation, c’est-à-dire que les auteurs ont « observé » les habitudes d’alimentation et de santé de leur cohorte de 30 000 personnes, et ont établi des corrélations. Or, une corrélation n’est pas un lien de cause à effet. Le rapport entre consommation d’œufs et mortalité n’est même pas scientifiquement établi !

On ne sait rien des autres habitudes de ces personnes, s’ils fumaient ou non, ni même comment ils consommaient leurs œufs (faire griller ses œufs est mauvais pour la santé, mais c’est le type de cuisson qui est mauvais, pas l’œuf !)

Mais il y a pire. Quelles étaient les données de cette étude ? Un… questionnaire. Vous rappelez-vous exactement ce que vous avez mangé il y a un an, jour pour jour ? Il y a cinq ans ? Il y a dix ans ? Moi pas. C’est pourtant sur les réponses apportées à des questions de cet acabit que les auteurs de l’étude ont fait leurs « découvertes » fracassantes. Malgré ses méthodes bancales et ses conclusions tirées par les cheveux, la presse grand public a relayé cette étude, entretenant la confusion sur les « dangers » imaginaires de consommation d’œufs.

Sources :

[1] « Œufs, cholestérol et risques cardiaques, l’éternel débat », Sciences et avenir, mars 2019, https://www.sciencesetavenir.fr/sante/oeufs-cholesterol-et-risques-cardiaques-l-eternel-debat_132194

[2] Lorgeril (M.) et al., « Mediterranean diet, traditional risk factors, and the rate of cardiovascular complications after myocardial infarction: final report of the Lyon Diet Heart Study », https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/9989963

[3] Nago (N.), Ishikawa (S.), Goto (T.), Kayaba (K.), « Low cholesterol is associated with mortality from stroke, heart disease, and cancer: the Jichi Medical School Cohort Study », https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21160131

[4] Rong (Y.),Chen (L.),Zhu (T.),Song (Y.) et al., « Egg consumption and risk of coronary heart disease and stroke : dose-response meta-analysis of prospective cohort studies », BMJ, 2013, 346 : e8539. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23295181

[5] Noerman (S.) et al., « Metabolic Profiling of High Egg Consumption and the Associated Lower Risk of Type 2 Diabetes in Middle‐Aged Finnish Men », Molecular Nutrition & Food Research, 2018:e1800605, https://doi.org/10.1002/mnfr.201800605