Chers amis,

Le « grand spectacle de cette nuit » que j’évoque en objet de cette lettre, ce n’est pas la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Paris.

Celle-ci s’annonce pourtant amusante. Il paraît que Tom Cruise y fera des cascades.

Non, le spectacle en question est d’ordre cosmique. Il sera gratuit, et vous n’aurez besoin ni de télévision, ni de smartphone, pour le regarder et l’apprécier.

Il vous faudra tout simplement lever la tête vers le ciel.

Des étoiles filantes par centaines

Chaque année en août, une abondante pluie de débris stellaires tombe dans l’atmosphère terrestre.

Ces « débris » ont une taille allant de celle d’un grain de sable à celle d’un petit pois, et leur entrée dans l’atmosphère offre le spectacle d’étoiles filantes par centaines.

Ces essaims météoritiques sont des grains de poussière dispersés par la comète de Swift-Tuttle, dont l’orbite croise celle de la Terre chaque année durant cinq semaines.

Ces étoiles filantes – que l’on appelle aussi Perséides car le radiant de la comète se situe dans la constellation de Persée – illuminent notre ciel depuis la mi-juillet jusqu’à la fin août.

On les appelle, encore, les « larmes de Saint-Laurent » car leur pic d’activité se situe toujours non loin de la Saint-Laurent, célébrée le 10 août. 

Le « pic » est prévu pour la nuit prochaine, et la suivante

Or, pour 2024, le pic d’activité des Perséides est prévu pour la nuit prochaine et la suivante, c’est-à-dire les nuits de dimanche à lundi, et de lundi à mardi.

Chez moi, on annonce un ciel soit dégagé, ce qui promet des nuits inoubliables.

C’est le rendez-vous avec les Perséides, observées depuis 68 av. J.-C., qui est à l’origine depuis 33 ans des Nuits des étoiles.

Étrangement, cet évènement fondé par le célèbre astrophysicien Hubert Reeves, décédé en octobre dernier, a lieu, cette année, de vendredi dernier (le 9) à ce dimanche (le 11), donc juste avant le pic des Perséides[1].

Mais les dates du « pic » pour les nuits prochaines et suivantes sont bien confirmées par la Cité de l’espace de Toulouse[2].

Pour profiter de ce spectacle au mieux, éloignez-vous autant que possible de toute source de pollution lumineuse ; choisissez un lieu comme une pré, une plage isolée ou une montagne.

Si vous habitez en ville, essayez de sortir de l’agglomération urbaine. Si vous avez la chance de vivre à la campagne, éteignez bien toutes les lumières artificielles de votre maison. Cela implique entre autres de garder éteint votre téléphone.

Il faut que la nuit soit la plus « noire » possible.

Munissez-vous d’une couverture, habillez-vous chaudement et allongez-vous confortablement pour admirer le ciel nocturne.

Comptez une quinzaine de minutes pour que votre vue s’adapte à l’obscurité : c’est alors que vous serez plus à même de profiter du spectacle.

Prenez de profondes inspirations, laissez vos pensées s’évaporer, et laissez-vous envelopper par la majesté du cosmos.

Les vertus du bain d’étoiles

La douceur estivale des nuits d’août rend ce spectacle astronomique irrésistible.

Et ça tombe bien, car prendre un « bain d’étoiles » a des vertus désormais bien documentées par la science : cette expérience accroît notre bienveillance en nous rappelant à quel point nos vies sont modestes… tout comme nos problèmes.

Une étude, publiée par la revue de l’American Psychological Association, révèle que passer du temps en nature, particulièrement la nuit, peut considérablement améliorer notre bien-être psychologique et physique.

Les auteurs expliquent que l’observation des étoiles et l’immersion dans l’obscurité naturelle permettent de réduire le stress, l’anxiété et les symptômes de dépression[3].

C’est également une forme de méditation de pleine conscience qui nous libère du stress et nous permet de nous reconnecter plus facilement à la nature, au cosmos[4].

Autrement dit, c’est une façon positive de nous « remettre à notre place », non pas d’une manière humiliante, mais au contraire profonde, et ressourçante.

Les Perséides sont la meilleure occasion de prendre un « bain d’étoiles », mais vous pouvez naturellement jouir de ses bienfaits tout au long de l’année.

Certains endroits sont particulièrement propices à l’observation des étoiles, quelle que soit la date.

Sanctuaires de l’obscurité et de la lumière des étoiles

Depuis 1988, l’association internationale DarkSky (« ciel obscur », en bon françois) vise à préserver des aires géographiques dépourvues de pollution lumineuse, où une observation de la voûte céleste « pure » reste possible.

L’association distingue ainsi par un label mondial aux critères très stricts des « réserves » où apprécier naturellement le spectacle nocturne du cosmos.

En France, cinq zones géographiques répondent à ces critères :

  • Le parc du Mercantour
  • Le parc des Cévennes
  • Le Pic du Midi
  • Le Plateau des Millevaches (Limousin)
  • Le Vercors

La Suisse en compte une également, à Gantrisch, dans les Préalpes bernoises.

La Belgique n’en compte pas. Vous pouvez retrouver la liste complète des « réserves » labellisées en Europe et dans le monde en allant sur le site de l’association (lien en source[5]).

Aussi, la prochaine fois que le ciel est dégagé, sortez, regardez vers les étoiles, et laissez la magie du bain d’étoiles opérer.

Portez-vous bien,

Rodolphe Bacquet


[1] https://www.afastronomie.fr/les-nuits-des-etoiles

[2] https://www.cite-espace.com/actualites-spatiales/perseides-2024-conseils-dobservation/ – « Perséides 2024 : conseils d’observation », site de la Cité de l’espace de Toulouse, 7 août 2024

[3] https://www.apa.org/pubs/journals/releases/psp-pspi0000018.pdf – Paul P. Kiff, Pia Dietze, Matthew Feinberg, Daniel M. Stancato & Cacher Keltner, « Awe, the Small Self, and Prosocial Behavior », in. Journal of Personality and Social Psychology, vol.108, n°6, 2015

[4]https://www.researchgate.net/publication/305041212_Dark_Nature_Exploring_potential_benefits_of_nocturnal_nature-based_interaction_for_human_and_environmental_health – Rebecca Bell, Katherine N. Irvine, Caroline Wilson & Sara L. Warber, « Dark nature : Exploring potential benefits of nocturnal nature-based interaction for human and environnemental health », in. European Journal of Ecopsychology, vol.5, Février 2015

[5] https://darksky.org/what-we-do/international-dark-sky-places/all-places/ – « All International Dark Sky Places », sur le site de DarkSky