Chers amis,

Face à une grave maladie, nous avons besoin de soutiens indéfectibles pour surmonter l’adversité et recouvrer la santé.

C’est encore plus vrai pour le cancer, a confirmé la chercheuse Kelly A. Turner auprès des quelque 1500 « rescapés » d’un cancer auquel ils n’étaient pas censés survivre.

Quand je parle de « soutiens indéfectibles », je pense à Robin des Bois.

Caché dans la forêt de Sherwood, Robin des Bois lutte contre les sbires du Prince Jean, l’usurpateur du trône d’Angleterre.

Il vole aux riches pour redonner aux pauvres, cela est connu ; c’est la façon dont il le fait qui m’intéresse.

Robin des Bois n’est ni un franc-tireur solitaire ni un « guérillero » armé jusqu’aux dents.

Sa principale arme, outre son arc et ses flèches, c’est son mode de vie et surtout son entourage.

Bien que luttant contre l’ordre établi incarné par le Shérif de Nottingham, bien qu’exclu de la société engendrée par le Prince Jean, Robin des Bois a établi son propre ordre et recréé sa propre société, conformes à ses valeurs.

Pourchassé de toutes parts, mû par son sentiment de justice, il est en effet très loin d’être seul : il est entouré de ses merry men, c’est-à-dire ses « joyeux compagnons », qui lui apportent 

–       L’amour, en la personne de Marianne ;

–       L’amitié indéfectible, en la personne de Petit-Jean ;

–       L’humour et la musique, grâce à son ménestrel Allan ;

–       Et même la spiritualité, incarnée par Frère Tuck.

La puissance de ces soutiens nourrit la résistance de Robin jusqu’au retour à la « normale ».

Intuition, instinct ou sixième sens

Robin des Bois est doté d’un autre pouvoir, celui de l’intuition. L’instinct. La petite voix. Le sixième sens.

Quelle que soit la façon dont on l’appelle, la « petite voix » est commune aux rescapés inespérés du cancer : elle leur criait intérieurement de refuser les traitements conventionnels, ou d’aller chercher d’autres solutions, d’une autre nature, ailleurs[1].

Pensez au nombre de « béquilles » modernes sur lesquelles nos décisions les plus simples reposent.

Pour connaître le temps qu’il fait ou qu’il va faire, nous nous fions aux annonces de la météo plutôt qu’à l’observation du ciel, comme nos grands-parents le pratiquaient.

C’est ainsi que nous nous laissons entourer et influencer, en permanence, par une myriade d’informations et d’opinions extérieures à nous.

En fait… nous serions tout aussi capables de décider par nous-mêmes, mais… manquons d’entraînement. Ce sont les conclusions de différentes études menées depuis le début des années 1960.

Deux « circuits de décision » nous habitent… qui se contredisent parfois lorsqu’il s’agit de faire un choix :

–       Un circuit « automatique », reposant sur des raccourcis mentaux, et qui serait logé dans la partie la plus archaïque de notre cerveau – le cerveau reptilien. Ce circuit « pense » quasiment à notre insu, si rapidement que nous nous en rendons à peine compte.

–       Un circuit « contrôlé » plus lent, plus élaboré et conscient, reposant sur le langage et les codes sociaux. Il nécessite de la concentration et que l’on s’arrête sur le problème examiné.

Le premier est souvent qualifié d’ « irrationnel », et le second de « rationnel ».

Oui mais voilà…

D’après plusieurs études de psychologie, le premier nous ferait prendre des décisions dont nous serions plus satisfaits à terme que le second[2] !

Ce type de vérité transparaît dans certaines expressions populaires comme « la première impression est la bonne », ou « ça vient des tripes »…

Oui, ça vient des tripes, cher lecteur. Nous avons 200 millions de neurones en moyenne dans notre ventre, qui a confirmé sa réputation de « deuxième cerveau »[3]. La boule au ventre est l’un des modes d’expression, de type « alarme » que l’on associe à l’instinct !

Kelly A. Turner l’illustre avec le cas d’une patiente nommée Susan Koehler, diagnostiquée d’un cancer du pancréas de stade 4 à l’âge de 54 ans.

Le cancer du pancréas est l’un des cancers avec le plus mauvais pronostic en termes de survie.

Au moment du diagnostic cependant, quelque chose en Susan la convainc de refuser l’opération, la chimiothérapie et la radiothérapie que lui propose son médecin.

Ce dernier la prévient que, sans ces traitements, elle sera morte dans 6 mois.

Elle décide d’écouter son intuition sans savoir encore ce qu’elle va faire.

Elle commence par changer d’alimentation et à faire de l’exercice, puis, au fil de ses propres recherches découvre la médecine traditionnelle chinoise (MTC), à laquelle elle commence à se former.

Au bout de quelaues mois elle en est persuadée : son cancer est dû à un blocage de Qi au niveau de la rate-pancréas

Elle se forme à la médecine des méridiens, recourt à des méthodes de médecine énergétique pour rétablir la bonne circulation de l’énergie dans son corps… mais aussi à traiter ses émotions (la rate/pancréas est associée à l’expression des émotions en MTC).

Que l’on juge cela ésotérique ou non, le fait est que Susan Koehler, diagnostiquée de son cancer du pancréas en 2007, est toujours vivante ! Elle depuis longtemps dépassé les 6 mois de survie prédits par son médecin, et sans opération, ni chimio ni radio[4].

L’amour et l’humour contre la peur et le stress

Kelly Turner parle enfin des émotions, comme les deux faces d’une même médaille :

–       se libérer des émotions refoulées ;

–       cultiver les émotions positives.

Cela peut sembler tarte à la crème, je sais.

Néanmoins, Kelly Turner insiste, il s’agit de deux aspects qui reviennent en permanence dans les témoignages de rescapés qu’elle a recueillis. 

Les « émotions négatives » les plus associées au cancer sont, sans surprise, le stress et la peur. Il y en a cependant d’autres.

Kelly Turner évoque plusieurs parcours de patients qui ont travaillé sur leurs émotions négatives afin de soigner leur cancer, comme Joe, atteint d’un cancer du poumon, et qui connut une rémission après avoir « traité » la colère qui l’habitait depuis l’adolescence : colère envers sa famille, envers Dieu… et envers lui-même[5].

Vous surprendrai-je en vous disant que, selon la médecine traditionnelle chinoise, les poumons sont le siège de la tristesse et de la colère ?… 

Mais ce n’est pas tout : au terme de son parcours de patient, Joe est devenu une personne drôle et enjouée, à la plus grande stupéfaction de son entourage !

« L’amour, la joie ou le bonheur (…) sont comme du carburant à fusée pour le système immunitaire » écrit Kelly Turner, faisant allusion aux sécrétions de sérotonine, d’ocytocine, de dopamine et d’endorphines permises par ces émotions[6].

Voici ma première conclusion, donc : l’amour et l’humour font à part entière partie d’un traitement anti-cancer.

Et si vous en doutez encore, lisez l’expérience de Saranne Rothberg, diagnostiquée d’un cancer du sein à 29 ans peu après la naissance de sa fille, qui vit sa situation s’améliorer en adoptant « l’humour thérapeutique » cher à Norman Cousins[7], lequel soigna sa spondylarthrite ankylosante par le rire.

Saranne Rothberg a désormais cinquante ans et, guérie depuis longtemps de son cancer du sein, a fondé une association pour promouvoir le rire comme remède de maladies graves et de traumatismes, la Comedy cures foundation[8].

Kathryn Alexander avait toujours refusé de dépendre des autres

Il vaut mieux être deux pour l’amour comme pour l’humour !

Robin des Bois, entouré de l’amour de Marianne et de son ménestrel Allan est si bien accompagné qu’il ne peut que triompher des sbires du Shérif de Nottingham ! Il en va de même de l’amitié indéfectible de son ami Petit-Jean.

Cette puissance du « soutien social » est si forte, en fait… qu’elle dépasserait, en termes de bienfaits santé, l’exercice, les diètes, ou le renoncement à l’alcool ou au tabac[9] !

De même, plus on compte de relations sociales en qualité comme en quantité, moins on risque de souffrir d’un cancer[10]. Et Kelly A. Turner de conclure :

« Si vous vous sentez seul, il est tout aussi essentiel pour votre santé de prendre des mesures pour soulager votre solitude que de manger des légumes et faire de l’exercice régulièrement[11]. »

L’histoire de Kathryn Alexander, diagnostiquée d’un cancer du foie à l’âge de 63 ans, le confirme admirablement.

Elle qui, par principe, avait toujours refusé de dépendre des autres, fut surprise de la vague de soutien et d’aide, y compris financière, qu’elle reçut de ses amis… et d’amis de ses amis ! Son expérience de rémission fut d’apprendre, je cite, « le pouvoir de la réciprocité » :

« J’ai appris que c’était un privilège pour les gens de donner et un privilège pour moi de recevoir [12]».

Celles et ceux d’entre vous qui connaissent les leçons des centenaires d’Okinawa telles qu’elles sont données dans le programme Ikigaï connaissent ce levier fondamental de la longévité qu’est un réseau social fort, basé sur le partage, l’amour et l’humour.

Avoir de bonnes raisons de vivre

Le dernier « facteur de rémission » que je voudrais partager avec vous aujourd’hui est d’ailleurs un synonyme de ce très beau mot d’Ikigaï, que l’on peut traduire par « but dans l’existence ».

Il résume à lui seul ce facteur de rémission : pour guérir du cancer… il faut avoir une bonne raison.

Entendons-nous, il ne s’agit évidemment pas de dire ici que les milliers de personnes qui décèdent du cancer chaque année n’avaient pas de bonne raison de vivre ! 

Mais que celles et ceux qui en ont réchappé avaient tous en commun une bonne raison de s’accrocher.

La bonne nouvelle, c’est que cela marche dans les deux sens.

L’Ikigaï peut préexister à l’annonce du cancer et constituer une carte maîtresse dès le début du chemin de guérison.

Les cas ne manquent pas, et vous en connaissez peut-être. Kelly Turner évoque celui de Glenn Sabin, diagnostiqué d’une leucémie à 28 ans et que le désir d’avoir des enfants avec la femme qu’il aimait a poussé, durant deux décennies, à adopter toutes les méthodes de médecine intégrative possible et imaginable. Il est aujourd’hui guéri… et père de deux enfants[13]. 

« Elle n’allait pas mourir, elle avait trop de choses à accomplir »

Mais il peut aussi apparaître à la faveur du cancer. La maladie joue alors le rôle de révélateur, de réveil.

C’est l’histoire de Donna, diagnostiquée d’un cancer du côlon de stade 3… quelques semaines après sa retraite.

Enseignante, elle adorait son métier, et le diagnostic de son cancer coïncida avec la perte de ce qu’elle considérait comme son Ikigaï.

La maladie lui fit prendre conscience de toutes les raisons qu’elle avait de vouloir bel et bien vivre, et pas seulement « être retraitée » : s’occuper de ses petits-enfants, voyager, aller au restaurant, faire du bénévolat pour la Croix-Rouge et l’Armée du salut. 

« Comme chercheuse, j’étais frappée par son absolue certitude qu’elle n’allait pas mourir puisqu’elle avait trop de choses à accomplir. Ce puissant désir de vivre lui fournissait la motivation nécessaire pour s’en tenir à son régime, prendre ses suppléments et marcher tous les jours – un mode de vie qui est encore le sien aujourd’hui », écrit Kelly Turner.[14]

Vous le voyez, l’Ikigaï n’a pas besoin d’être un but extraordinaire : intimement ancré, il donne aux rescapés la ressource pour s’en sortir.

Il y a encore un dernier facteur, que je garde pour ma prochaine lettre, où j’invoquerai un cas incroyable qui ne figure pas dans le livre de Kelly Turner.

Il s’agit de la spiritualité.

Portez-vous bien,

Rodolphe


[1] Kelly A. Turner, Les 9 clés de la rémission, p.107

[2] Sanfey, A. G., & Chang, L. J. (2008). Of Two Minds When Making a Decision. Scientific American. https://www.scientificamerican.com/article/of-two-minds-when-making/

[3] Constant, A. (2014). Le ventre, notre deuxième cerveau. Le monde. https://www.lemonde.fr/culture/article/2014/01/31/le-ventre-notre-deuxieme-cerveau_4354317_3246.html

[4] Koehler, S. (2017). Energy Intuitive & Guide. https://www.nasushealing.com/meet-susan

[5] K. Turner, pp.189-204

[6] Ibid., p.213

[7] Cousins, N. (2003). Comment je me suis soigné par le rire. Payot et Rivages. EAN : 9782228897266. https://www.babelio.com/livres/Cousins-Comment-je-me-suis-soigne-par-le-rire/809130

[8] https://saranne-rothberg.squarespace.com/our-founder

[9] K. Turner, op. cite., p.245

[10] Idem

[11] Ibid., p.249

[12] Ibid., p.260

[13] Ibid., pp.314-315

[14] Ibid., p.329