Chers amis,

Alzheimer est une maladie effroyable à tous points de vue : c’est, dans les premiers stades de la maladie, la souffrance de ne pas maîtriser la « fuite » de ses souvenirs.

C’est pour l’entourage des patients, la douleur de voir s’éloigner, de son vivant, un être cher ; de ne plus le reconnaître tel qu’on l’a connu et aimé.

Mais ce n’est pas tout. A l’échelle de la société, c’est un fléau dont la médecine classique ne parvient à freiner la progression.

A l’échelle du patient, ça n’est guère mieux : les médicaments prescrits contre cette maladie ont le même impact qu’un placebo – ils ont d’ailleurs cessé d’être remboursés en 2018[1].

(Ou bien ont un impact, disons, inattendu : une étude publiée il y a quelques années dans la revue Nature révèle qu’un médicament prescrit contre Alzheimer, le Tideglusib, faisait… repousser les dents[2] !!!)

En réalité, aujourd’hui, personne ne sait précisément ce qui provoque Alzheimer.

Mécanismes compris, causes inconnues

Les médecins savent diagnostiquer la maladie, depuis son identification par le Dr Alzheimer.

Les scientifiques savent comment elle endommage le cerveau et la vie de ceux qu’elle touche : des lésions anormales, entraînant une diminution des facultés intellectuelles.

Mais nul n’a compris comment et pourquoi cette forme de démence (la plus courante) touche aujourd’hui près d’une personne sur cinq âgée de plus de 75 ans en France.

La communauté scientifique, sur Alzheimer, cherche donc toujours à comprendre. Elle rassemble des indices, mais n’a pas encore trouvé la clé de l’énigme.

Plusieurs théories se font concurrence :

  • Selon les uns, Alzheimer pourrait être provoqué par la dégradation d’un messager chimique des neurones, l’acétylcholine ;
  • Selon les autres, c’est le dépôt de plaques amyloïdes qui provoquerait une inflammation et, partant, le mauvais fonctionnement des neurones ;
  • Selon d’autres encore, des anomalies d’une protéine, la protéine tau, perturberaient la communication entre les neurones, voire les détruiraient.

Une autre théorie concerne l’aluminium

Elle est assez controversée, mais des éléments accablants ont été publiés par des revues scientifiques.

Aluminium : des soupçons confirmés

Le rôle de l’aluminium dans le développement de la maladie d’Alzheimer fait débat depuis 40 ans.

Ce métal blanc léger, que l’on trouve dans de très nombreux outils de consommation alimentaires, des cannettes aux casseroles en passant par le fameux papier qui porte son nom, est naturellement présent dans l’eau et même l’air.

Autant vous dire, donc, que l’on ingère à longueur de temps de l’aluminium, qu’on le veuille ou non ! En soi, ce n’est pas grave : nous l’évacuons naturellement par les reins.

Sauf les malades d’Alzheimer.

Beaucoup d’études ont fait état de la présence d’aluminium dans le cerveau de personnes atteintes par la maladie ; cependant le lien entre cette présence inhabituelle et la pathologie restait obscur.

On pourrait appeler ça le bénéfice du doute…

Une étude parue dans le Journal of Trace Elements in Medicine and Biology en 2017 ne laissait, elle, plus de place au doute[3].

Des chercheurs britanniques ont en effet effectué la première mesure systématique d’aluminium dans les tissus cérébraux de douze malades.

Tous sans exception contenaient de l’aluminium dans des proportions en moyenne 10 fois supérieures aux doses considérées comme toxiques !

De façon plus accablante encore, il y avait un lien entre l’âge auquel les patients ont développé la maladie, et la proportion d’aluminium. Plus les patients avaient développé Alzheimer tôt, plus leurs tissus cérébraux contenaient de l’aluminium.

Or, l’aluminium est neurotoxique ; il y a huit ans, l’un des auteurs de l’étude dont il est question ici faisait le point sur les dangers que cet élément représente pour le cerveau[4]: il perturbe la communication biochimique entre les neurones et réduit même leur longévité.

L’aluminium est également connu pour stimuler le système immunitaire. C’est la raison pour laquelle on le retrouve comme adjuvant dans un vaccin sur deux en France !

Son rôle dans les troubles du développement cérébral des nouveau-nés est souvent pointé du doigt… Le Pr Joyeux a plusieurs fois alerté sur ce problème (qui serait facilement résolu si l’industrie pharmaceutique changeait tout simplement d’adjuvant).

Impossible, je vous le disais, de chasser l’aluminium de notre environnement : il est partout ! En revanche, voici un argument supplémentaire pour limiter au maximum l’exposition à des produits qui en contiennent des doses très fortes : qu’il s’agisse de cosmétiques (comme certains déodorants) ou de produits transformés alimentaires (il est utilisé comme colorant alimentaire, E173).

Mais l’aluminium n’est pas le seul « toxique » qui favoriserait le développement d’une maladie d’Alzheimer.

Plus on vit près d’une autoroute, plus on risque de développer Alzheimer

On observe depuis longtemps une explosion des cas d’Alzheimer dans les centres urbains occidentaux.

Vivre tout près d’un axe routier très emprunté est une « nouveauté » de l’espèce humaine : cela fait à peine un demi-siècle que cette caractéristique est possible !

Des chercheurs canadiens ont voulu mesurer l’influence de cette caractéristique de civilisation sur le développement de trois maladies : Alzheimer, Parkinson et la sclérose en plaques[5].

Leur méthode est intéressante : ils ont, en 2001, sélectionné deux populations distinctes, vivant depuis cinq ans au moins (donc depuis 1996) dans l’état de l’Ontario.

La première population rassemblait 4,4 millions de personnes entre 20 et 50 ans ; pour ce groupe, c’est l’influence de la proximité d’un axe routier sur la sclérose en plaques qui était scruté.

Pour le second groupe, composé d’adultes âgés entre 55 et 85 ans (2,2 millions de personnes), c’est l’influence de cette proximité sur Alzheimer et Parkinson qui était étudiée.

Sur dix ans (jusqu’en 2012) les chercheurs ont enregistré, sur cette cohorte, 9247 diagnostics de sclérose en plaques, 31 577 de Parkinson, et 243 611 de démence. Puis, ils ont cartographié ces résultats afin de mesurer l’influence statistique de leur lieu de vie sur l’une ou l’autre maladie.

Conclusion : le fait de vivre à proximité d’une route à fort trafic n’augmentait ni ne réduisait les risques de développer une sclérose en plaque ou Parkinson.

En revanche un lien net a été établi pour Alzheimer : les personnes vivant près d’un axe fréquenté avaient en moyenne plus de risques de développer une forme de démence.

Le lien est net parce que cette association est échelonnée en fonction de la proximité de la route ! Les personnes qui vivaient à moins de 50 mètres avaient un risque majoré de 7 à 11 % de développer une démence ; celles vivant entre 50 et 100 mètres, un risque accru de 4 % ; entre 100 et 200 mètres, le risque ne s’élève plus que de 2 %, et au-delà de 200 mètres, n’est plus significatif.

Impossible, à ce stade, de savoir si c’est l’exposition accrue à la pollution aux particules fines générées par le trafic routier ou le désagrément causé par le passage incessant des véhicules, ou les deux, qui est cause de cette association.

Une leçon se dégage néanmoins nettement : c’est dans ce que notre mode de vie contemporain a de plus déconnecté de la nature et du calme, qu’émerge le développement de cette maladie neurodégénérative.

A l’inverse, certaines traditions semblent protéger de la maladie…

Le sauna contre Alzheimer !

C’est le cas de la tradition millénaire du sauna dans les pays nordiques, et tout particulièrement en Finlande.

Ainsi, des chercheurs finlandais ont remarqué chez les participants d’une étude que, plus ils allaient au sauna, moindre était leur risque de développer Alzheimer.

Je dis bien « remarqué » car les chercheurs, qui ont suivi durant vingt ans 2000 messieurs vivant dans l’est du pays, avaient pour objectif premier d’étudier l’influence de cette pratique culturelle sur la santé cardiaque (le sauna est en effet connu pour réduire les risques d’accidents cardiaques)[6].

Ainsi, les hommes qui prenaient un bain de sauna entre 4 et 7 fois par semaine avaient 65 % de risques en moins de développer Alzheimer que ceux qui n’en prenaient qu’un seul par semaine.

Ce chiffre paraît énorme ; et pourtant les bienfaits connus sur la santé cardiaque, d’après les auteurs de l’étude, seraient associés à ceux sur le cerveau. Sans parler de la relaxation et du bien-être procurés par le sauna.

J’imagine votre réaction : mais qui, en France, pourrait prendre un bain de sauna 4 à 7 fois par semaine ?!

Il est vrai qu’en Finlande, les cabines de sauna sont extrêmement répandues ; on en trouve presque dans chaque maison familiale !

Un accès aussi facile au sauna semble plus difficile sous nos latitudes. Cependant, tout comme l’étude précédente nous rappelait que le stress et la pollution augmentent les risques de développer Alzheimer, celle-ci nous rappelle que le calme et le repos nous aident à vous en protéger.

Marcher dans la nature, méditer, prendre un bon bain chaud, sont des activités simples, à votre portée.

Portez-vous bien,

Rodolphe


[1] Rapport du Ministère des Solidarités et de la Santé de juin 2018, « Arrêt de prise en charge par l’Assurance maladie des médicaments dans la maladie d’Alzheimer », disponible sur : https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/faq_alzheimer_300618.pdf

[2] Neves, V., et al.« Promotion of natural tooth repair by small molecule GSK3 antagonists ». Sci Rep7, 39654 (2017).

[3] Mirza A., et al. « Aluminium in brain tissue in familial Alzheimer’s disease », Journal of Trace Elements in Medicine and Biology, Volume 40, 2017

[4] Exley C. « What is the risk of aluminium as a neurotoxin? », Expert Review of Neurotherapeutics, 2014, 14:6, 589-591

[5] http://press.thelancet.com/roads.pdf

[6] Laukkanen T., et al. « Sauna bathing is inversely associated with dementia and Alzheimer’s disease in middle-aged Finnish men« . Age and Ageing, December 2016