La vitamine D fait fureur. 

Il ne se passe pas un jour sans qu’un article ne paraisse pour alerter sur les dangers d’une carence et vanter les avantages d’une supplémentation. 

  • Qu’en dit exactement la recherche ? 
  • Quelles sont les preuves médicales ? 
  • Comment se supplémenter efficacement ? 

J’ai décidé de faire le point sur les bienfaits de cette vitamine sur votre santé.

Vitamine D et calcium

La principale fonction physiologique de la vitamine D est de métaboliser le calcium. Des récepteurs à vitamine D sont omniprésents dans les os, les intestins et les reins. Ils régulent l’assimilation intestinale du calcium, son stockage dans les os et limitent son excrétion par les reins dans les urines. 

Outre le calcium, la vitamine D régule également l’absorption d’autres minéraux, le phosphore et le magnésium essentiels à l’homéostasie osseuse. C’est d’ailleurs pour son action sur la minéralisation du squelette qu’elle a été découverte il y a plus d’un siècle. 

Si le rachitisme (un défaut de la croissance osseuse) a disparu des pays développés, c’est grâce à la généralisation, dans les années 1930, de la supplémentation en huile de foie de morue chez les jeunes enfants, une source naturelle de vitamine D et de vitamine A.

Luttez contre les maladies auto-immunes

Dans les maladies auto-immunes, le système immunitaire prend pour cible les constituants du corps, comme s’ils étaient des agents pathogènes extérieurs. En gros, il ne fait pas de différence entre le « soi » et le « non‑soi ». 

Les maladies auto-immunes sont multifactorielles et leur physiologie est complexe, néanmoins, elles reposent sur un déséquilibre des différentes lignées de lymphocytes T. Or, la vitamine D est un acteur important de la tolérance immunitaire via ses effets régulateurs sur les lymphocytes  T. Une carence (moins de 30 ng/ml) expose à un risque majeur de développer une maladie auto-immune, tandis qu’un taux élevé est associé à une moindre activité de la maladie. [1]

La recherche a démontré que la vitamine  D joue un rôle central, notamment dans la sclérose en plaques où elle est considérée comme un agent thérapeutique capable de freiner les poussées. [2] Elle présente aussi des effets préventifs contre la maladie de Crohn, la maladie cœliaque, le psoriasis, la polyarthrite rhumatoïde, le lupus. [3]

Contre le diabète

Dans notre corps, l’insuline est produite par le pancréas. En cas de diabète au stade précoce, les cellules du corps deviennent insulinorésistantes, c’est-à- dire que le sucre ne peut pas pénétrer à l’intérieur. 

Pour compenser cette résistance à l’insuline, le pancréas s’évertue à produire plus d’insuline jusqu’à ce qu’il s’épuise et bascule en insulinodéficience. Ce dysfonctionnement du pancréas est le principal responsable du diabète. 

Des chercheurs ont testé une supplémentation en Vitamine D à 5000  UI durant 6 mois chez des personnes résistantes à l’insuline ou qui venaient d’être diagnostiquées diabétiques. [4] La supplémentation a eu des effets positifs considérables en améliorant la réponse des cellules à l’insuline, ce qui permet de faire baisser la glycémie.

La vitamine D a aussi des effets protecteurs sur le pancréas lui-même, en lui permettant d’augmenter la synthèse de l’insuline. [5] La vitamine  D à haute dose semble bien capable de ralentir la progression de la maladie, ce qui ne veut pas dire que vous devez négliger les changements dans l’alimentation et l’exercice physique.

Contre le cancer

De multiples preuves confirment que la vitamine D réduit le risque de maladies chroniques, y compris celui d’une quinzaine de cancers, notamment le cancer du sein, le cancer du côlon, le cancer du pancréas, le cancer du corps utérin, le cancer de l’estomac, la leucémie, le mélanome, le myélome multiple, le cancer de la prostate et le cancer des ovaires. [6]

Avoir un bon niveau de vitamine D n’est pas seulement utile en prévention, il est aussi bénéfique dans le pronostic de la maladie et il conduit à une diminution de la mortalité de 12 %. [7] 

Elle exerce un effet antiprolifératif, principalement grâce aux cellules immunitaires, et agit sur de multiples voies de signalisation impliquées dans le contrôle de la division cellulaire, l’apoptose (la mort spontanée des cellules endommagées), l’angiogenèse (la formation de nouveaux vaisseaux sanguins) et l’inflammation, des mécanismes tous impliqués dans le développement d’un cancer. [8] 

Les effets anticancéreux de la vitamine D sont particulièrement prononcés en cas de cancer du côlon, de leucémie et de lymphome, ainsi que dans le cancer du sein et de la prostate. [9]

Vous êtes convaincu par tous ces bienfaits ? Alors, n’hésitez plus : faites le plein de vitamine D !

Portez-vous bien,

Rodolphe


[1] Saul L, Mair I, Ivens A, Brown P, Kay S, Campbell JDM, Y Soong D, Kamenjarin N, Mellanby RJ, « 1,25-Dihydroxyvitamin D3 Restrains CD4 T Cell Priming Ability of CD11c Dendritic Cells by Upregulating Expression of CD31 », Frontiers in Immunology, 2019; 10 doi: 10.3389/fimmu.2019.00600

[2] Sintzel MB, Rametta M, Reder AT, « Vitamin D and Multiple Sclerosis: A Comprehensive Review », Neurol Ther, 2018 Jun;7(1):59-85, doi: 10.1007/s40120-017-0086-4

[3] Murdaca G, Tonacci A, Negrini S, Greco M, Borro M, Puppo F, Gangemi S, « Emerging role of vitamin D in autoimmune diseases: An update on evidence and therapeutic implications », Autoimmunity Reviews, Volume 18, Issue 9, September 2019, 102350

[4] Lemieux, P., Weisnagel, S. J., Caron, A. Z., Julien, A. S., Morisset, A. S., Carreau, A. M., … & Gagnon, C. (2019). Effects of 6-month vitamin D supplementation on insulin sensitivity and secretion: a randomised, placebo-controlled trial. European journal of endocrinology, 181(3), 287-299.

[5] Lemieux P, Weisnagel JS, Caron AZ, Julien A-S, Morisset A-S, Carreau A-M, Poirier J, Tchernof A, Robitaille J, Bergeron J, Marette A, Vohl M-C, Gagnon C, « Effects of 6-month vitamin D supplementation on insulin sensitivity and secretion: a randomized, placebo-controlled trial », European Journal of Endocrinology, 2019, doi: 10.1530/EJE-19-0156

[6] Autier P, Boniol M, Pizot C, Mullie P, « Vitamin D status and ill health: a systematic review », The Lancet Diabetes & Endocrinology, 1, January 2014 (Vol. 2, Issue 1, p. 76-89)

[7] Manson JE, M.D., Dr.P.H., Cook NR, Sc.D., I-Min L, M.B., B.S., Sc.D., Christen W, Sc.D., Shari S. Bassuk, Sc.D., Mora S, M.D., M.H.S., Gibson H, Ph.D., David Gordon, M.A.T., Copeland T, M.S., R.D., D’Agostino D, B.S., Friedenberg G, M.P.H., Ridge C, M.P.H., et al., « For the VITAL Research Group: Vitamin D Supplements and Prevention of Cancer and Cardiovascular Disease », N Engl J Med, November 10, 2018, doi: 10.1056/NEJMoa1809944

[8] Sanjeev B, Akihisa H, Taiki Y, Norie S, Sachiko T-M, Kuchiba A, et al., « Plasma 25-hydroxyvitamin D concentration and subsequent risk of total and site specific cancers in Japanese population: large case-cohort study within Japan Public Health Center-based Prospective Study cohort », BMJ, 2018; 360 :k671

[9] Carlberg C, Muñoz A, « An update on vitamin D signaling and cancer », Seminars in Cancer Biology, 2020; doi: 10.1016/j.semcancer.2020.05.018