Chers amis,

Des herboristes, des médecins, des druides peuvent-ils en remontrer à la médecine moderne ? 

La réponse est oui.

La preuve est faite que des préparations de plantes médiévales ont pu rivaliser avec les remèdes chimiques contemporains et même les surpasser. 

Dans un rapport[1], que vous pouvez consulter en ligne, des chercheurs de l’université de Warwick révèlent qu’ils ont reconstitué une préparation antibactérienne consignée dans un vieux grimoire médical du IXe siècle. 

Ce rapport s’intitule, en français : L’efficacité d’un traitement médiéval contre les infections bactériennes. 

Voici la version originale et manuscrite de cette préparation, tirée du Leechbook de Bald, un manuscrit datant du 10e siècle, en vieil anglais : 

“Prenez des quantités égales d’Allium et d’ail, pilez ensemble, prenez des quantités égales de vin et de fiel de boeuf, mélangez et laissez rester neuf nuits puis appliquez“

On pourrait croire à une blague.

Mais non, la lecture des 14 pages de ce rapport scientifique est l’une des plus passionnantes leçons sur les bienfaits d’une médecine oubliée que j’aie jamais lue.

Oublié, méprisé, puis réhabilité 

La recette de cet onguent médiéval, reconstitué par les chercheurs anglais est destinée originellement à traiter des infections oculaires.

Ses ingrédients : vin, ail, oignon et bile d’estomac de vache

… rien de bien sérieux aux yeux de la plupart des spécialistes travaillant pour l’industrie pharmaceutique !

Eh bien figurez-vous que cet onguent, testé d’abord in vitro, puis in vivo contre un staphylocoque doré antibiorésistant, a permis de « détruire 999 bactéries sur 1000 [2].

Cette bactérie qui tient en échec tous les antibiotiques modernes a été vaincue par un onguent du IXe siècle à base d’ail, de vin, d’oignon et de bile d’estomac de vache !

Selon le rapport anglais, cette préparation est également efficace contre d’autres bactéries antibiorésistantes : Acinetobacter baumannii, Stenotrophomonas maltophilia, Staphylococcus aureus, Staphylococcus epidermidis et Streptococcus pyogenes [3]. 

Elles font trembler le monde de la médecine… et sont donc vaincues par une recette figurant dans un grimoire médiéval !

Au-delà du formidable espoir contre l’antibiorésistance que cette découverte constitue, elle confirme les incroyables connaissances et la stupéfiante maîtrise du potentiel thérapeutique des plantes médicinales.

Attention : aucun des ingrédients de ce remède pris séparément ne suffit à vaincre ces bactéries.

Tous ont été mélangés à des doses précises et mis à reposer dans un récipient en cuivre.
Les propriétés antiseptiques de l’ail et du cuivre sont connues depuis très longtemps ; mais c’est cette recette-là qui leur donne, jointes aux autres ingrédients, ce profil « tueur total de bactéries » !

Dans la longue tradition des préparations d’herboristes, l’un des plus vieux métiers au monde – il remonte à l’homme de Neandertal – on trouve d’autres remèdes aux propriétés stupéfiantes[4].

Composés à partir de substances naturelles, ils doivent leur impressionnante efficacité à une observation fine, et à des protocoles de fabrication, probablement hérités de siècles d’expériences.

Celle, de ces herboristes, qui a le plus marqué les sciences naturelles médiévales, est Hildegarde de Bingen

Une encyclopédie de santé naturelle de 800 ans

Herboriste, mais aussi musicienne, prédicatrice, biologiste, nutritionniste et médecin : Hildegarde, abbesse de l’abbaye bénédictine d’Eibingen en Allemagne au XIIe siècle, a embrassé tous les domaines de la connaissance de son époque. 

Elle a laissé derrière elle 2 ouvrages de science et de médecine.

Tombée dans l’oubli pendant près de 800 ans, son encyclopédie de sciences naturelles médiévales, la seule composée en Occident au 12e siècle recense, dans son premier volume : 

  • 513 plantes, animaux et éléments minéraux, et propose 2000 traitements différents.
  • Et dans son second volume, 50 maladies et les remèdes naturels pour les soigner.

Le plus effarant est là : les études pharmacologiques et cliniques modernes ont confirmé l’efficacité d’une majorité des indications d’Hildegarde !

Parmi la centaine de plantes par exemple, une cinquantaine sont utilisées de nos jours par les herboristes comme l’hysope, le serpolet, la sarriette, le fenouil des Alpes, la menthe, la lavande et l’ortie… ou encore les plantes exotiques ramenées par les Croisés comme le curcuma, le cumin, le gingembre et le galanga rouge… 

Quand cessera-t-on de mépriser les « remèdes de grand- mère » ?

Onguents du Leechbook de Bald, remèdes d’herboristes, plantes d’Hildegarde de Bingen… 

Tout ce qui n’est pas de la « médecine conventionnelle » est au mieux, pris de haut par des autorités de santé, au pire, suspect de dérives sectaires et de dangerosité.

C’est le cas du métier d’herboriste toujours illégal en France depuis 1941, le monopole de l’herboristerie ayant été à l’époque transféré aux pharmaciens. 

Aujourd’hui il ne reste dans notre pays que 15 herboristeries contre… 22 000 pharmacies[5]

Et la situation ne va pas vers le mieux, il suffit de voir comment en 2011 puis à nouveau en 2018 le Sénat a refusé de réhabiliter le métier d’herboriste[6];

L’efficacité des remèdes millénaires d’herboriste a été pourtant, peu à peu, confirmée par la science moderne.

Malgré cette interdiction, de courageux herboristes résistent aux diktat d’une médecine devenue massivement chimique.

Parmi ces courageux, Michel Pierre, qui dirige l’Herboristerie du Palais Royal et Caroline Gayet qui a ouvert sa propre herboristerie et que vous connaissez pour ses articles dans ma revue Alternatif Bien-Être

Ensemble, ils ont réalisé un magnifique ouvrage, qui fait écho à l’encyclopédie de sciences naturelles d’Hildegarde de Bingen. 

Ce livre s’appelle la Bible de l’Herboristerie, j’ai mon propre exemplaire que je consulte à chaque problème de santé.

Cette encyclopédie des plantes recense 100 remèdes naturels contre 100 troubles de santé et l’usage de 50 plantes médicinales

À ceux d’entre vous qui le souhaitent, je peux envoyer un exemplaire de la Bible de l’Herboristerie, qui constitue selon moi le meilleur outil moderne sur le sujet de la santé par les plantes. 

Je vous en dis plus demain, surveillez vos messages à 7h. 

Portez-vous bien,

Rodolphe


[1] Harrison et al., A 1,000-Year-Old Antimicrobial Remedy with Antistaphylococcal Activity, American society for microbiology, 2015, DOI: 10.1128/mBio.01129-15

[2] Harrison et al., A 1,000-Year-Old Antimicrobial Remedy with Antistaphylococcal Activity, American society for microbiology, 2015, DOI: 10.1128/mBio.01129-15

[3] Furner-Pardoe, J., Anonye, B.O., Cain, R. et al. Anti-biofilm efficacy of a medieval treatment for bacterial infection requires the combination of multiple ingredients. Sci Rep 10, 12687 (2020). https://doi.org/10.1038/s41598-020-69273-8

[4] https://www.wedemain.fr/decouvrir/herboriste-un-metier-davenir-encore-illegal-en-france/

[5] https://www.lemonde.fr/sciences/article/2013/04/25/les-herboristes-veulent-prendre-racine_3166542_1650684.html

[6] http://www.ethnopharmacologia.org/wp-content/uploads/2014/05/49_Thevenin.pdf