Chers amis,

On ne sort généralement pas du mois d’octobre, qui commence ce dimanche, tout à fait indemne.

Les jours raccourcissent (ils diminuent d’1h45 ce mois-ci), la météo se fait franchement moins amicale, les premiers symptômes de la dépression saisonnière apparaissent et les taux de suicide repartent à la hausse.

Octobre finit même par des citrouilles grimaçantes, des fantômes et des squelettes en goguette. Bref, l’ambiance peut vite virer au sinistre.

Et, pour compléter le tableau : les médecins font planer sur leurs patientes la menace du cancer du sein.

Clin d’œil macabre

Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes. En France, il tue 12 100 personnes par an[1], 1 400 en Suisse.

Dans le but de le détecter plus tôt et de faire baisser la mortalité, les femmes de 50 à 74 ans sont invitées à effectuer une mammographie tous les deux ans.

Mesdames, vous n’y avez sans doute pas échappé.

Depuis le milieu des années 1990, cette campagne d’incitation au dépistage a lieu chaque année en octobre.

Le message adressé aux femmes est simpliste, voire culpabilisant. La promotion est nommée « Octobre rose » – un clin d’œil assez macabre, quand on y pense, à Octobre rouge, le mois sanglant de la révolution russe de 1917.

L’enfer est pavé de bonnes intentions

La démarche est louable et sincère, peut-être, mais l’enfer est pavé de bonnes intentions. Car cette belle idée fait en effet rimer dépistage avec mirage. 

Depuis une vingtaine d’années, l’Institut Cochrane, un collectif de chercheurs indépendants chargé d’évaluer la qualité des études scientifiques, quantifie les effets du dépistage au cours de méta-analyses régulièrement réactualisées.

Leur conclusion :

« Si l’on considère que le dépistage réduit la mortalité par cancer du sein de 15 % et que le surdiagnostic et le surtraitement s’élèvent à 30 %, cela signifie que, pour 2 000 femmes invitées à participer à un dépistage au cours d’une période de 10 ans, un décès par cancer du sein sera évité et 10 femmes en bonne santé qui n’auraient pas été diagnostiquées si elles n’avaient pas participé au dépistage seront traitées inutilement. En outre, plus de 200 femmes se trouveront dans une situation de détresse psychologique, d’anxiété et d’incertitude importantes pendant des années en raison de résultats faussement positifs[2]. » 

Soit une vie sauvée… pour 210 gâchées.

Dépistées ou non… le taux de mortalité est le même

Mais ce n’est pas tout : le même institut conclue que les femmes dépistées meurent tout autant que les non-dépistées.

Pire encore, d’après Bernard Junod[3], chercheur à l’EHESP de Rennes, le traitement des cancers abusivement diagnostiqués lors des dépistages comporte d’authentiques risques létaux : affections cardiaques, cancers secondaires induits par les traitements, etc.

Si ce sujet vous intéresse, je vous invite vivement à lire Dépistage du cancer du sein, la grande illusion, du Dr Bernard Duperray (éd. Thierry Souccar).

Cette campagne n’est donc pas toute rose !

Portez-vous bien,

Rodolphe


[1] https://www.ligue-cancer.net/questce-que-le-cancer/les-types-de-cancer/cancer-du-sein#:~:text=Avec%20environ%2061%20214%20nouveaux,plus%20r%C3%A9pandu%20des%20cancers%20f%C3%A9minins.

[2] https://www.cochrane.org/fr/CD001877/BREASTCA_depistage-du-cancer-du-sein-par-mammographie#:~:text=Le%20d%C3%A9pistage%20par%20mammographie%20utilise,accro%C3%AEtre%20les%20chances%20de%20gu%C3%A9rison.

[3] http://www.fmcdinan.org/article-depistage-des-cancers-le-surdiagnostic-par-bernard-junod-75741710.html