Chers amis,

À chaque saison ses plaisirs cycliques et l’un des miens, avec la fin de l’été, c’est le retour de la poire.

Elle est revenue il y a deux semaines sur l’étal de mon maraîcher bio, et c’est avec une grande satisfaction que j’en ai ramené à la maison, car c’est l’un des seuls fruits qui fasse l’unanimité dans ma famille !

L’aspect juteux de la poire est proverbial – on garde une poire pour la soif. L’expression n’a rien d’exagéré, puisqu’une poire est composée à plus de 80% d’eau.

Vous auriez cependant tort de la réduire au statut de gourde améliorée (ou moins commode, selon les points de vue) car la poire se réserve des bienfaits santé tout à fait surprenants, en particulier contre des maux répandus de nos jours : le diabète, le cancer et le syndrome métabolique.

Mais alors, comment un fruit qui n’est basiquement qu’aux 4/5 de l’eau peut-il être si bon pour la santé ?

Voici les trois raisons.

1 – Un fruit très sucré… à conseiller aux diabétiques !

Oui, la poire est sucrée, et pourtant, oui, elle est conseillée aux diabétiques. Elle permettrait même de réduire le risque de développer un diabète de type 2 !

Comment est-ce possible ?

D’abord, le fort pouvoir sucrant (donnant le goût sucré) de la poire lui vient du sorbitol, un édulcorant… naturel.

Ensuite, une poire, c’est en moyenne 10g de sucre pour 100g de fruits. Cela peut paraître beaucoup.

En réalité, l’essentiel (plus de 90%) de ce « sucre » est du fructose, un glucide simple propre aux fruits (d’où son nom), et qui contrairement au glucose, est métabolisé par le foie.

Autrement dit, il ne dépend pas de l’action de l’insuline.

Ensuite, le pouvoir sucrant du fructose est plus fort que celui du glucose mais son index glycémique (le fameux IG) est paradoxalement plus bas !

Concrètement, cela signifie que lorsque vous mangez une poire, ni votre taux de sucre dans le sang ni votre sécrétion d’insuline ne vont brusquement grimper.

Mieux encore, les anthocyanes (des colorants d’origine naturelle, donnant leur couleur à certains fruit) de la poire réduiraient le risque de développer un diabète de type 2[1].

2 – Toutes les variétés poires ont ces bienfaits, particulièrement efficaces contre ce cancer

En 2020, un collège de chercheurs polonais composé de cancérologues, d’immunologues, de nutritionnistes et d’horticulteurs, ont « disséqué » la composition de 5 espèces de poires : Hortensia, Conference, Alexander Lucas, Nojabrska et Radana.

Leur but était de distinguer les variétés plus riches en composés antioxydants et antiinflammatoires.

Ils ont, évidemment, trouvé d’importantes différences en termes de concentrations de différents composés (bêta-carotène, lutéine, flavonoïdes, etc.) d’une variété à l’autre…

… mais leur conclusion finale était que, malgré toutes ces variations, l’ensemble des espèces testées avaient une activité antioxydante et antiinflammatoire considérable, rendant leur consommation particulièrement indiquée contre les maladies associées au stress oxydatif (cancer, maladies auto-immunes chroniques et neurodégénératives notamment).

Ces bienfaits sont, semble-t-il, supérieurs à ceux d’une pomme !

Au surplus, toutes les variétés de poires possédaient une très forte activité antiproliférative dans le cadre du cancer de la vessie[2].

3 – 12 semaines pour améliorer le métabolisme cardiaque

La consommation quotidienne de poires est tellement positive pour le système cardiaque que les bienfaits sont incontestables au bout de 12 semaines.

C’est du moins la conclusion d’une étude randomisée en double aveugle contre placebo effectuée sur 40 hommes et femmes âgé entre 45 et 65 ans, et atteints du syndrome métabolique.

Au bout de 12 semaines d’une consommation quotidienne de poires (une à deux par jour), tous les indicateurs du métabolisme cardiaque s’étaient améliorés chez les patients concernés : leur pression artérielle était meilleure, et leur tour de taille s’était réduit, etc[3].

Si l’on ajoute à cela sa richesse en fibres – une seule poire couvre 20% des apports journaliers recommandés – qui en fait un aliment de choix pour votre santé digestive, vous comprendrez pourquoi je n’hésite pas remplir de poires ma corbeilles de fruits.

Deux précisions pour terminer :

Tous ces bienfaits partent en fumée si vous consommez la poire séchée, en sirop, ou dans de l’alcool : ce ne sont alors plus du tout les mêmes sucres qui sont dans l’aliment ; préférez-la donc fraîche.

Ne l’épluchez pas ! La peau est particulièrement concentrée en antioxydants (notamment les fameux anthocyanes), mais aussi en potassium, en calcium, en magnésium et en vitamine C.

Si vous êtes amateur de poires, je serai heureux de connaître votre variété préférée en commentaire !

Portez-vous bien,

Rodolphe


[1] Wedick NM, Pan A, Cassidy A, Rimm EB, Sampson L, Rosner B, Willett W, Hu FB, Sun Q, van Dam RM. Dietary flavonoid intakes and risk of type 2 diabetes in US men and women. Am J Clin Nutr. 2012 Apr;95(4):925-33. doi: 10.3945/ajcn.111.028894. Epub 2012 Feb 22. PMID: 22357723; PMCID: PMC3302366.

[2] Kolniak-Ostek, J.; Kłopotowska, D.; Rutkowski, K.P.; Skorupińska, A.; Kruczyńska, D.E. Bioactive Compounds and Health-Promoting Properties of Pear (Pyrus communis L.) Fruits. Molecules 202025, 4444. https://doi.org/10.3390/molecules25194444

[3] https://doi.org/10.1039/C8FO01890A