Chers amis,

Rougissez-vous facilement ?

Lorsque vous prenez la parole en public, que l’on vous fait un compliment ou que l’on vous dit tout à trac une chose un peu gênante, la peau de votre visage vire-t-elle au rouge écarlate ?

Ou, au contraire, votre visage conserve-t-il toujours la même teinte, quelles que soient les circonstances ?

Le rougissement est un phénomène fascinant et qui, sachez-le, en dit long sur… votre système nerveux.

Et contrairement à ce que l’on croit souvent, ce n’est pas un phénomène exclusivement humain !

La poule en vous

Une étude récente menée par l’Université de Tours a montré que chez les poules, la peau de la face change de couleur en fonction des situations émotionnelles.

Les chercheurs ont observé que les zones de peau dénudée de la face des poules deviennent plus rouges dans des contextes émotionnels intenses, qu’ils soient positifs ou négatifs, par exemple quand elles se trouvent dans une situation d’alerte, de capture ou de récompense – comparé aux moments de repos, d’alimentation ou de toilettage[1].

Le rougissement chez les animaux, et en particulier chez les oiseaux, était déjà un fait documenté. Ici la nouveauté, c’est que le rougissement de la poule a pour la première fois été directement corrélé aux émotions de la poule…

… tout comme pour vous (si vous rougissez) !

Le téléphone rouge entre vos émotions et votre visage

Le rougissement survient lorsque les vaisseaux sanguins sous la peau de votre visage se dilatent, permettant à plus de sang de circuler et de rendre votre peau rouge.

Cette réponse est contrôlée par le système nerveux autonome, plus précisément par le système nerveux sympathique, qui gère les réactions involontaires de notre corps.

Lorsque vous éprouvez une émotion intense, comme l’embarras, la honte, ou même le bonheur, votre corps libère des hormones telles que l’adrénaline.

Cette hormone prépare votre corps à une réaction de « lutte ou fuite », augmentant ainsi la circulation sanguine et provoquant la dilatation des vaisseaux sanguins du visage.

Le rougissement est souvent associé à des émotions sociales.

Il est particulièrement courant dans des situations où l’on se sent exposé ou jugé par les autres. Cela peut être vu comme un mécanisme de signalisation sociale, montrant votre honnêteté ou votre regret.

Si vous rougissez facilement, peut-être connaissez-vous cet effet boule de neige, le fait de s’attendre à rougir semblant même accentuer le rougissement : vous avez alors l’impression que les autres peuvent lire en vous comme dans un livre ouvert.

Un héritage évolutif ?

Certaines théories suggèrent que le rougissement pourrait avoir une base évolutive.

Dans les groupes sociaux, montrer ostensiblement des signes de regret ou d’embarras pourrait aider à apaiser les tensions et renforcer les liens sociaux.

En montrant physiquement votre contrition ou votre honnêteté, vous pouvez désamorcer les conflits et encourager la coopération au sein du groupe.

Mais dans les faits, le rougissement est le plus souvent mal vécu par ceux qui rougissent facilement.

Que faire si vous rougissez trop facilement (selon vous) ?

La tendance à rougir varie en effet considérablement d’une personne à l’autre et peut être influencée par plusieurs facteurs, y compris la génétique, la sensibilité émotionnelle et même certaines conditions médicales comme la rosacée.

Les personnes ayant une peau plus claire peuvent également paraître rougir plus facilement, car la rougeur est plus visible.

Bien que le rougissement soit une réaction naturelle et généralement inoffensive, il peut parfois être source de gêne ou d’anxiété sociale pour certaines personnes.

Ce trouble anxieux est connu sous le nom d’éreutophobie, définie comme la crainte obsédante de rougir en public[2].

Des techniques de relaxation, la thérapie cognitive comportementale (TCC) et, dans certains cas, des traitements médicaux peuvent aider à gérer cette réponse.

Mais il y a plus simple à faire selon moi.

Une question d’équilibre

Je vous écrivais plus haut que le rougissement est déclenché par une réponse de notre système nerveux sympathique.

Plus précisément, cette réaction de notre système nerveux sympathique est si forte qu’elle « dépasse » notre système nerveux parasympathique dont la fonction, elle, est de garder le corps en mode serein, afin de ne pas trop dépenser d’énergie en vain.

Or de nos jours, le bon équilibre entre systèmes nerveux sympathique et parasympathique est beaucoup plus difficile à gérer, et à garder.

Nous sommes plus nerveux, et d’une façon générale plus en mode « stress » que ne l’étaient naturellement nos grands-parents. La faute avant tout à un environnement de surstimulation, dans lequel nous sommes bien plus facilement sollicités et en « mode alerte ».

La simple présence d’un téléphone portable près de vous qui, à tout moment, peut bipper ou sonner, vous installe de façon durable et inconsciente dans un mode de vigilance tel que vous n’êtes plus naturellement en mode parasympathique.

Le problème, c’est que ce « mode sympathique » quasi-permanent n’a de sympathique que le nom : dans les faits, cela fait le lit de nombreuses maladies de civilisation, à commencer par l’hypertension, les maladies cardio-vasculaires, certains cancers.

Le rôle de ce type de stress chronique dans l’apparition de la maladie d’Alzheimer commence même à être mis en évidence[3].

Un « rougissement » trop facile pourrait donc être un signe facile à repérer d’une mauvaise gestion naturelle de votre corps de ces systèmes nerveux sympathique et parasympathique.

Je vous en reparlerai prochainement car j’ai rencontré une personne proposant des outils simples et efficaces pour rétablir cet équilibre nerveux. Un peu de patience !

Portez-vous bien,

Rodolphe Bacquet


[1] https://univ-tours.hal.science/hal-04352743v1 – Delphine Soulet et al., « La peau de la face chez la poule change de couleur en fonction des situations émotionnelles », in. Colloque Biotechnocentre, octobre 2023

[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89reutophobie – « Ereutophobie », fiche Wikipedia

[3] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7585078/ – Alexei Kurakin & Dale E. Bredesen, « Alzheimer’s disease as a systems network disorder : chronic stress/dyshomeostasis, innate immunity, and genetics », in. Aging (Albany New York), septembre 2020