Chers amis,

« Le Figaro » poursuit son offensive contre la naturopathie.

Après sa série estivale sur l’enquête périlleuse (ironie) d’un journaliste ayant « infiltré » un stage d’Irène Grosjean[1], le journal a dénoncé dimanche dernier le régime alcalin comme « une autre fausse promesse de la naturopathie »[2].

« Une autre », sous-entendu : la naturopathie REGORGE de « fausses promesses ».

Allez consulter un naturopathe, vous constaterez que, dès qu’il ouvre un tiroir ou une armoire, il s’en échappe des fausses promesses par poignées ! Il les referme précipitamment pour éviter qu’elles n’envahissent son cabinet. Elles vont se réfugier dans les moindres recoins, sous les meubles, dans les toilettes ; il est obligé de les en déloger au balai.

De tels articles à charge aux formules tendancieuses, comme celui du « Figaro », ne sont pas nouveaux dans la presse mainstream.

Ils font même l’objet de « marronniers » de la part de certains titres, comme « L’Express », qui ne laisse jamais passer une année sans sortir sa couverture sensationnaliste sur les dangers des médecines alternatives (« Le lobby des médecines douces » en 2021, « La face cachée du bien-être » en 2022…).

L’attitude de ces titres de presse subventionnés par l’État rappelle celle de petits caïds de collège, s’en prenant toujours aux mêmes souffre-douleurs dans la cour de récré.

Reconnue par l’OMS depuis 1978… et de plus en plus méprisée par la France

Cette situation est très franco-française.

L’Organisation Mondiale de la Santé classe la naturopathie parmi les trois principales médecines traditionnelles pratiquées dans le monde.

Elle est également enregistrée par le Bureau International du Travail depuis 1968, est reconnue par l’UNESCO en tant que médecine traditionnelle et comme médecine non conventionnelle par la résolution européenne Lanoye/Collins du 29 mai 1997.

La naturopathie est aujourd’hui pratiquée dans 108 pays dans le monde d’après la World Naturopathic Federation.

Dans la plupart de ces pays, soit ces pratiques de soin cohabitent pacifiquement et constructivement avec la médecine allopathique, soit elles sont, même, majoritaires.

Pourtant, en France, ce n’est pas le cas : la naturopathie y demeure dans un flou juridique précaire et, surtout, est mal vue par l’establishment politico-médical, qui considère ses partisans et praticiens au mieux comme de doux illuminés, au pire comme de dangereux concurrents.

D’où des intimidations régulières, soit par le biais d’organes comme le Conseil National de l’Ordre des médecins, soit par voie de presse.

Le tempo de ce harcèlement médiatique s’est cependant accéléré depuis peu, avec la multiplication d’attaques et de mises en cause en quelques mois.

Pourquoi ?

« Engouement » ou prise de conscience ?

Des éléments de réponse se trouvent à la fois dans le rapport du conseil de l’Ordre publié en juin dernier dont je vous ai déjà parlé[3] ainsi que dans la liste, désormais longue comme le bras, des articles à charge contre la naturopathie que « Le Figaro » alimente depuis plusieurs mois.

Dans l’un de ces articles, publié début 2021, la naturopathie est présentée comme une « médecine alternative au succès insolent », une « foire aux gourous (…) propice aux dérives sectaires », qui « surfe sur la défiance générée par la crise sanitaire »[4].

C’est très bien résumé : la naturopathie, relativement discrète avant le covid, s’est brusquement retrouvée sous les feux de la rampe lors de la crise sanitaire.

Pour une raison très simple : face à ce que j’appellerais une « médecine d’état » qui décrétait, pour toute prophylaxie, l’impératif de s’enfermer chez soi, de s’éloigner les uns des autres, de se masquer et de s’enduire les mains de gel hydroalcoolique, la plupart des naturopathes déployaient une panoplie de mesures d’urgence destinées à renforcer le système immunitaire.

Les naturopathes (ainsi, rappelons-le, que les médecins les plus éclairés) ne donnaient là que des conseils de bon sens, éprouvés de longue date face à d’autres maladies virales…

… mais qui sont, du jour au lendemain, devenus suspects et gênants car ils encombraient le boulevard que l’on préparait aux solutions mitonnées par l’industrie pharmaceutique.

Bref, la naturopathie s’est retrouvée dans le collimateur de la « médecine officielle » à partir du moment où elle s’est révélée compenser l’insuffisance de cette dernière.

Patients et citoyens ne s’y sont pas trompés, et ont trouvé dans la naturopathie une alternative à une doxa allopatho-pharmaceutique piégée par son étroitesse d’esprit, ses contradictions et sa faible offre de solutions (le vaccin ou rien).

Les représentants de la santé conventionnelle et l’État français ont pris bonne note de cet « engouement » pour les « pratiques de soin non-conventionnelles » (les PSNC)[5].

Cet « engouement » a eu des conséquences sonnantes et trébuchantes : lorsque la Matmut, en 2021, a, la première, proposé une mutuelle remboursant les trois quarts des soins en « médecine douce et alternative » non pris en charge par l’assurance-maladie (comme l’ostéopathie ou la naturopathie), elle a connu un afflux record de nouveaux clients[6].

Mais « engouement » est un terme inapproprié : ce n’est pas une mode, c’est une prise de conscience.

Une main tendue, mais un pas en arrière

Face à cet « engouement » pour les PSNC, l’État a organisé en mars 2023 des… Assises nationales de lutte contre les dérives sectaires.

Tout un programme !

Au cours de ces assises, un « comité d’appui pour l’encadrement des pratiques de soins non conventionnelles en santé (PNCS) » a été créé par Agnès Firmin le Bodo, Ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé.

« Comité d’appui » ?

Cette formulation positive et prometteuse ressemble à un pas avant vers la reconnaissance des pratiques de soin complémentaires.

Sauf que, lorsque l’on y regarde de plus près, les « experts » composant ce comité – censé réunir praticiens et opposants à ces pratiques de santé – sont, disons… monochromes.

La première réunion, fin juin, « réunissait notamment les différents ordres des professions de santé, l’ANSM, la HAS, des associations de patients et soins de support dans le domaine de la lutte contre le cancer, la Miviludes, l’Unadfi (Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes), le collectif No Fakemed, l’A-MCA (agence des médecines complémentaires adaptées) ou encore le Collège universitaire de médecines intégratives et complémentaires (Cumic) représenté par le Pr Nizard.[7] »

La naturopathie en « orange »

De fait il n’y a, dans cette liste, quasiment que des opposants.

L’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) et la HAS (Haute autorité de santé) sont plus promptes à propulser sur le marché des produits pharmaceutiques qu’à laisser les gens recourir aux plantes.

La Miviludes, qui depuis longtemps fait un travail nécessaire de lutte contre les dérives sectaires… est elle-même la proie d’une dérive obsessionnelle envers tout ce qui s’écarte de la médecine allopathique.

Le collectif « fakemed » s’illustre par son talent à ignorer systématiquement toutes les études scientifiques démontrant l’efficacité de solutions de santé non-pharmaceutiques.

Quant à l’A-MCA, l’Agence des médecines complémentaires adaptées, fondée en 2020[8], son rôle consiste à noter par des couleurs les offres de soin (vert pour approuvé, rouge pour dangereux), et son seul « appui » à la naturopathie se résume à lui avoir collé la couleur « orange » : tolérée !

Pire encore, la désignation des membres de ce comité d’appui de l’encadrement des PNCS est très opaque. Afin de représenter la profession, le collectif naturopathique, rassemblant les principaux organismes de naturopathes de France, soit :

  • L’OMNES
  • La FENA (fédération des écoles de naturopathie)
  • Le SPN (syndicat des professionnels de naturopathie)
  • L’APHN (association des professionnels d’hygiène naturelle)
  • L’APNF (association professionnelle des naturopathes francophones),

a déposé une demande officielle de participation à ce comité d’appui, et… n’a jamais reçu de réponse.

Bref, ce « comité d’appui » ne comprend aucun membre ou représentant de l’une des principales professions qu’il est censé « appuyer » ; il peut ainsi se comparer à un comité de défense des poulaillers qui serait exclusivement composé de renards, de fouines et de rapaces !

Les naturopathes en voie de « normalisation »

Lorsque l’article du « Figaro » est paru, je venais d’arriver chez Anne Portier, dans la Drôme.

J’y ai rencontré Benjamin Dupuis, directeur de l’OMNES, la plus ancienne (1981) et  importante association professionnelle de naturopathes en France, rassemblant 1860 praticiens :

Face à ces attaques frontales ou détournées contre les naturopathes, B. Dupuis m’a appris que les différentes organisations professionnelles qui encadrent la naturopathie en France (dont l’OMNES) se sont regroupées afin de créer une norme AFNOR (agence Française de normalisation) du métier de naturopathe, première étape en vue d’une reconnaissance étatique de la profession.

Cette norme concerne cinq volets :

  • Le champ d’application de la naturopathie ;
  • Les termes et définitions de la pratique ;
  • La pratique du métier de naturopathe ;
  • La formation ;
  • La déontologie.

Ce processus de normalisation a débuté en mars 2023 et devrait, si tout se passe bien, aboutir l’an prochain.

Au terme de ce processus, seuls les praticiens remplissant les critères définis par l’AFNOR pourront officiellement se déclarer naturopathes lors d’un contrôle de la DGCCRF.

Avec l’espoir de cesser, enfin, de faire l’objet de tirs à boulets rouges de la part de la presse mainstream et du gouvernement.

Naturopathes et charlatans : un amalgame savamment entretenu par les opposants aux médecines complémentaires

Si cette démarche réussit, cela signifie que, quoi que l’on pense de leurs pratiques, des gens comme Irène Grosjean ou Thierry Casasnovas ne pourront plus se présenter comme naturopathe car ils ne remplissent (a priori) pas les critères requis de formation et de déontologie.

Irène Grosjean, en tant que « papesse du crudivorisme », est une cible privilégiée des journalistes : on ne peut en vouloir à ces derniers de pointer l’ineptie de propos qui lui sont prêtés, affirmant que l’on peut guérir du sida en mangeant des graines germées, des fruits et des crudités[9].

Ces propos extrémistes, réduisant toutes les causes des maladies et tous les remèdes à une seule façon de s’alimenter, n’ont évidemment pas leur place dans le cadre d’une pratique professionnelle de la naturopathie.

Mais les journalistes enragés entretiennent sciemment la confusion entre ces « naturopathes » marginaux, aux propos extrémistes et parfois dotés d’un tempérament messianique, et l’écrasante majorité des naturopathes, qui ont davantage les pieds sur terre.

Bref, pour les propos hors-sol d’une Irène Grosjean ou d’un Thierry Casasnovas, c’est l’ensemble d’une profession qui trinque.

C’est cet amalgame qui est insupportable. Il est sciemment entretenu par une frange d’opposants forcenés, mais ayant une forte capacité de nuisance.

Lorsque les pratiques glaçantes du Dr Josef Mengele ont été connues, il n’est venu à l’idée de personne d’en conclure que l’ensemble des médecins étaient des monstres inhumains.

Pourquoi les pas de côté d’une poignée de naturopathes devraient-ils condamner, en France, des professionnels et une approche de santé qui, avec sincérité et dévouement, aident des milliers de nos concitoyens à retrouver le chemin de la santé ?

Portez-vous bien,

Rodolphe Bacquet


[1]Jacob E, « Le Figaro a infiltré un stage d’Irène Grosjean, la sulfureuse prophétesse du
manger cru », Le Figaro, 29/06/2023, disponible ici : https://www.lefigaro.fr/actualite-france/dossier/chez-les-crudivores

[2]Thibert C., « Le régime alcalin, une autre fausse promesse de la naturopathie », Le
Figaro, 15/10/2023, disponible ici : https://www.lefigaro.fr/sciences/le-regime-alcalin-une-autre-fausse-promesse-de-la-naturopathie-20231015

[3]« Médecine : comment la France s’enferme dans la spirale inquisitoriale », disponible
sur : https://alternatif-bien-etre.com/sante-et-emotions/medecine-comment-la-france-senferme-dans-la-spirale-inquisitoriale/

[4]« La naturopathie, une foire aux gourous en plein essor », Le Figaro, 24/08/2021,
disponible ici : https://www.lefigaro.fr/actualite-france/la-naturopathie-une-foire-aux-gourous-en-plein-essor-20210824

[5]« LES PRATIQUES DE SOINS NON CONVENTIONNELLES ET LEURS DÉRIVES », Conseil
National de l’Ordre des médecins, 3 février 2023, disponible ici : https://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/external-package/rapport/4xh6th/cnom_psnc.pdf

[6]« Médecines douces : remboursement mutuelle santé », site de la Matmut, disponible
ici : https://www.matmut.fr/mutuelle/remboursements/medecines-douces#:~:text=Ainsi%2C%20240%20%E2%82%AC%20(60%20%E2%82%AC,la%20sant%C3%A9%20de%20ses%20adh%C3%A9rents.

[7]Le Blanc A., « Encadrement des pratiques de soins non conventionnelles : une première
réunion du comité d’appui et déjà de nombreuses questions », Le Quotidien du Médecin,
20/07/2023, disponible ici : https://www.lequotidiendumedecin.fr/actu-medicale/sante-publique/encadrement-des-pratiques-de-soins-non-conventionnelles-une-premiere-reunion-du-comite-dappui-et

[8]« L’AGENCE DES MÉDECINES COMPLÉMENTAIRES ADAPTÉES (AMCA) », disponible ici : https://www.agencemca.fr/

[9]Hidalgo c., « Qui est Irène Grosjean, la naturopathe aux méthodes controversées ? », Le
Figaro, 24/08/2022, disponible ici : https://www.lefigaro.fr/actualite-france/qui-est-irene-grosjean-la-naturopathe-aux-methodes-controversees-20220824