Poil au nez (ce n’est pas une blague)

Chers amis,

L’un de mes amis sort d’une série de séances de chimiothérapie.

Bien qu’affaibli, il va bien et, surtout, il est en rémission.

Il a à présent hâte que ses cheveux et ses poils de barbe repoussent ! Car, comme tout patient ayant subi un traitement de chimio, il est devenu totalement glabre.

Nous en discutions le week-end dernier ; le traitement a eu un effet étonnamment sélectif : tous ses poils et cheveux « visibles », autrement dit sur son visage, ont disparu, mais pas ceux sur d’autres parties de son corps, comme son torse ou ses bras.

Cependant, parmi tous les poils « sacrifiés », il y en a une poignée dont la disparition se fait plus douloureusement sentir : ce sont ses poils de nez !

Pourquoi poils et cheveux cessent-ils de pousser lors d’une chimio ?

Lorsqu’une personne suit un traitement contre le cancer, notamment une chimiothérapie, les cellules responsables de la croissance des poils et des cheveux peuvent être gravement affectées.

En effet, la chimiothérapie cible principalement les cellules à croissance rapide : les cellules cancéreuses, dont la croissance est celle ciblée, sont les premières à « souffrir », si j’ose ce terme ; mais la chimiothérapie ne peut pas faire la différence avec d’autres cellules à croissance rapide du corps humain.

C’est notamment le cas des cellules des follicules pileux, qui régulent la pousse des cheveux et des poils ; ce sont les victimes collatérales notoires (et les plus visibles) des traitements de chimiothérapie.

En conséquence, de nombreux patients subissent une perte temporaire de cheveux (alopécie) et de poils sur différentes parties du corps, comme les sourcils, les cils, et parfois même les bras ou les jambes.

Cette perte, souvent graduelle, peut varier en intensité en fonction du type de chimiothérapie administrée.

Heureusement, dans la majorité des cas, les cheveux et les poils repoussent après la fin du traitement, bien qu’ils puissent parfois repousser avec une texture ou une couleur légèrement différente.

Et, donc, parmi les poils tombés au combat, ceux du nez peuvent paraître les moins « regrettables » esthétiquement parlant… mais ils sont les plus dérangeants.

Épiler ses poils de nez, c’est faire la guerre à ses alliés santé

Nous vivons à une époque où l’apparence semble primer sur tout, et où même les poils de nez sont souvent vus comme des intrus à éliminer sans autre forme de procès.

Mais avant de brandir votre tondeuse ou vos ciseaux, laissez-moi vous parler de ces petits protecteurs, discrètement postés à l’entrée de notre nez.

Sachez tout d’abord que, médicalement et anatomiquement parlant, vos poils de nez portent le nom de vibrisses[1] : oui, exactement comme les moustaches de votre chat !

Et quand on sait le rôle capital que jouent ces appendices chez le chat (et d’autres mammifères, comme les rats et les chevaux, qui s’en servent pour sentir notamment les variations de l’air), cela vous donne une idée de l’utilité de « vos » vibrisses.

Vos poils de nez jouent en effet un rôle crucial dans la défense de votre organisme contre les intrus invisibles à l’œil nu.

Situés à l’entrée des narines, ils forment une première ligne de défense contre les particules potentiellement nocives présentes dans l’air, telles que la poussière, les pollens, les virus, les bactéries et autres agents pathogènes.

En filtrant l’air que nous respirons, ils empêchent ces particules de pénétrer profondément dans nos poumons, où elles pourraient provoquer des infections ou des réactions allergiques.

En un sens, les poils de nez sont nos gardiens invisibles de votre santé respiratoire.

Une humidité capitale

Vos poils de nez aident également à humidifier l’air avant qu’il n’atteigne vos poumons.

Ils capturent l’humidité de l’air inspiré, ce qui est particulièrement important dans les climats secs ou lorsque vous respirez un air très sec à l’intérieur.

Cela contribue à protéger les voies respiratoires des irritations et des inflammations.

Et, de fait, mon ami se plaignait d’avoir les sinus asséchés, ce qui est, je vous l’assure, extrêmement désagréable et propice au développement d’infections ORL.

Comment prendre soin de vos « vibrisses » ?

Bien que les poils de nez soient essentiels à votre bien-être, il est naturel de vouloir les entretenir pour des raisons esthétiques, notamment quand ils dépassent trop.

Voici quelques conseils pour en prendre soin tout en respectant leur fonction vitale :

  1. Évitez l’arrachage : utiliser une pince à épiler pour arracher les poils de nez peut créer de minuscules lésions dans la peau délicate des narines, qui peuvent facilement s’infecter. Cela peut même mener à des complications plus graves comme les furoncles, en raison de la proximité des vaisseaux sanguins avec le cerveau.
  2. Optez pour une tondeuse spéciale : si vos poils sont trop visibles ou gênants, préférez l’utilisation d’une petite tondeuse électrique conçue spécialement pour cela. Elle coupe les poils en douceur sans les arracher, tout en laissant suffisamment de longueur pour qu’ils continuent à remplir leur rôle protecteur.
  3. Hydratez vos narines : un environnement sec peut fragiliser les poils de nez et les rendre moins efficaces. Utiliser un spray nasal à l’eau de mer ou simplement veiller à boire suffisamment d’eau permet de maintenir une bonne hydratation des muqueuses nasales.
  4. Ne les coupez pas trop courts : il est essentiel de ne pas couper les poils de nez trop courts, car cela diminuerait leur capacité à filtrer efficacement les particules. Laissez-les garder une longueur raisonnable.

Bien que mal perçus esthétiquement, vos poils de nez sont d’une importance capitale pour votre santé respiratoire : prenez-en soin avec attention et respect, car ils forment un véritable bouclier protecteur qui vous permet de respirer un air plus pur !

Si vous avez des conseils à donner pour leur entretien, n’hésitez pas à les écrire en commentaire.

Portez-vous bien,

Rodolphe


[1] https://medical-dictionary.thefreedictionary.com/Vibrissae