Une carence à l’origine de la dépression ?

Les surprenants résultats de l’approche nutritionnelle

Contre la dépression, on a tendance à sous-estimer l’impact de la nutrition. Pourtant, son impact sur la chimie du cerveau est si phénoménal que cela devrait être le point de départ de toute approche. Vous verrez que de simples changements alimentaires peuvent vous aider à retrouver naturellement et durablement un bon équilibre émotionnel.

Le secret du bonheur se cache-t-il… dans votre intestin ?

L’un des mystères de la dépression est que les causes réelles en sont largement méconnues. De nombreux facteurs émotionnels entrent en jeu: le stress répété, un deuil ou la maladie d’un proche, une piètre estime de soi, etc. Cependant, la maladie correspond aussi à une réalité biologique : le cerveau fonctionne mal et présente une perturbation des messagers chimiques impliqués dans la régulation de l’humeur, en particulier la sérotonine. La sérotonine est produite à 95 % par les cellules intestinales et seule une toute petite quantité est sécrétée par des neurones spécialisés dans le cerveau, lieu où elle exerce une influence majeure sur l’humeur. Elle apaise l’anxiété et régule de nombreux autres paramètres: le sommeil, l’appétit, la sexualité, la température, etc. Certains indices confirment l’implication de la sérotonine dans la dépression et les troubles anxieux, sans pour autant conclure que le problème vient exclusivement de là. Ce qui est surtout intéressant dans ces recherches, c’est qu’elles révèlent un lien inédit entre dépression et intestin.

Se pourrait-il que votre état émotionnel soit directement lié… à ce que vous mangez (ou ce que vous ne mangez pas)?

Ne nourrissez pas votre dépression

Lorsque l’organisme réagit face à l’intrusion d’indésirables, il libère des molécules responsables d’une réaction inflammatoire, destinée à recruter des cellules de défense sur le site attaqué et à détruire les pathogènes. 

Certaines maladies (diabète, obésité ou pathologies auto-immunes, stress) et un mode de vie déséquilibré augmentent l’inflammation chronique. Elles ont été associées à un risque accru de dépression (1) . 

Cette inflammation peut alors gagner le cerveau où elle a des effets sur la production des neurotransmetteurs impliqués dans la dépression (sérotonine et dopamine). Leur synthèse diminue tandis que la production de composés neurotoxiques augmente. Tout se met ainsi en place pour nourrir un état dépressif. Le cerveau des dépressifs est porteur d’une augmentation de 30 % des marqueurs de l’inflammation par rapport aux bien-portants (2) . 

De nouvelles approches thérapeutiques, avec la prise d’anti-inflammatoires de synthèse, sont testées mais une approche plus naturelle consiste à revisiter son alimentation pour privilégier les aliments qui combattent l’inflammation.

Votre corps traite la malbouffe comme une infection 

L’organisme réagit à la malbouffe comme à une infection: il passe en mode inflammatoire. Parmi les aliments qui favorisent l’inflammation, et donc le risque dépressif, on trouve : 

• Les aliments industriels avec ajouts d’additifs et d’arômes: confiseries, biscuits, chips, charcuterie industrielle, produits laitiers, etc. 

• Les aliments à indice glycémique élevé: pain blanc, pâtisseries, céréales du petit-déjeuner, galettes de riz, sodas, etc. 

• Les aliments riches en oméga-6 : viennoiseries, huile de tournesol, de pépins de raisins et d’arachides. 

À l’inverse, une alimentation peu transformée et riche en végétaux, comme celle d’un régime méditerranéen, se révèle une puissante alliée. Ce régime permet de combattre l’inflammation chronique grâce aux nutriments anti-inflammatoires et antioxydants tout en protégeant le cerveau de la maladie. 

Les chercheurs ont évalué que les personnes dont l’alimentation se rapproche le plus du régime méditerranéen ont 33 % de risques de dépression en moins (3) . Mangez en abondance des fruits, des légumes, des noix et des céréales complètes. Côté protéines, privilégiez les produits de la mer, la volaille ou les œufs, avec un peu de fromage de brebis ou de chèvre.

Du ventre au cerveau, tout est lié

Le régime méditerranéen a aussi des retombées sur le microbiote intestinal. Quelque 200 millions de neurones tapissent toute la paroi de l’intestin, ils forment ce que l’on appelle le deuxième cerveau. 

Le microbiote des patients dépressifs présente en effet un profil particulier, avec des souches microbiennes différentes des bienportants. Ces bactéries en lien avec la dépression sont appelées des psychobiotiques. 

Certains chercheurs pensent que l’on pourrait atténuer l’anxiété et la dépression en modulant la composition du microbiote (4) . Pour équilibrer votre microbiote, ajoutez une portion d’aliments fermentés à vos repas (5) : vinaigre, choucroute crue, kéfir, kimchi, miso, etc.

Portez-vous bien,

Rodolphe.

Source :

(1) Valkanova V. et al., « CRP, IL-6 and depression: a systematic review and meta-analysis of longitudinal studies », J. Affect. Disord., 2013

(2) Setiawan, Attwells, et al., « Association of translocator protein total distribution volume with duration of untreated major depressive disorder », The Lancet, 2018

(3) Lassale, David Batty, et al., « Healthy dietary indices and risk of depressive outcomes: a systematic review and meta-analysis of observational studies », Molecular Psychiatryvolume 24, pages965–986, 2019

(4) Valles-Colomer M, Falony G, et al., « The neuroactive potential of the human gut microbiota in quality of life and depression », Nat Microbiol., 2019

(5) Selhub, Logan, et al., « Fermented foods, microbiota, and mental health: ancient practice meets nutritional psychiatry », Journal of Physiological Anthropology, 2014