Chers amis,

« J’ai vu ma vie défiler devant mes yeux » : vous avez probablement déjà entendu cette phrase, prêtée à certaines personnes frôlant de très près la mort… ou revenant de la mort.

Les expériences dites de mort imminente – ces témoignages de personnes ayant été soit dans le coma, soit même en état de mort cérébrale, avant de « revenir » à la vie – ont plusieurs points communs désormais bien connus. 

Parmi ces points communs, relevés notamment dans leurs ouvrages respectifs par le Dr Raymond Moody[1] aux États-Unis et le Dr Jean-Jacques Charbonier[2] en France : un tunnel, l’accueil par des proches et amis décédés de l’autre côté… et ce fameux film rétrospectif de la vie écoulée.

Les expériences de mort imminente font débat depuis près d’un demi-siècle, à la frontière de la science et de la foi.

Certains médecins et neurologues n’y voient qu’une sorte d’état modifié de conscience, provoqué entre autres par l’asphyxie du cerveau.

D’autres médecins et auteurs, au contraire, concluent de ces témoignages que l’expérience de la perception et de la pensée ne saurait se réduire ni au corps ni au cerveau, confirmant l’existence et la survivance d’une âme au-delà de notre seule enveloppe physique.

Ma modeste expérience de la vie, ainsi que mes lectures de témoignages particulièrement troublants, comme ceux du neurochirurgien Eben Alexander[3] (justement lui aussi sceptique auparavant) ou de la « miraculée » d’un cancer en phase terminale Anita Moorjani, me font rejoindre la seconde catégorie.  

Toutefois, je voudrais aujourd’hui vous parler d’une publication scientifique inattendue… qui pourrait en partie réconcilier les deux camps, car elle accrédite la survenue d’un « film rétrospectif final » au seuil de la mort, tout en l’expliquant d’un strict point de vue physiologique

L’étude impossible que le hasard a rendu possible

De précédentes études scientifiques avaient noté que le cerveau, à l’approche de la mort, produit des ondes cérébrales comparables à celles qu’il produit durant le rêve, la recollection de souvenirs et la méditation[4].  

Un article scientifique publié en février dernier dans la revue Frontiers in aging va plus loin et tire les conclusions fascinantes d’une observation fortuite de ce qui peut se passer dans le cerveau juste avant et juste après la mort[5]. 

Pourquoi « fortuite » ? 

Parce que, pour des raisons pratiques et éthiques, il est très difficile d’enrôler des « volontaires » pour enregistrer leur activité cérébrale au moment où ils trépassent.

Ce sont cependant exactement les conditions dans lesquelles se sont retrouvés des médecins estoniens.

Un patient âgé de 87 ans commençait à développer des crises d’épilepsie.

Le Dr Raul Vicente, de l’université de Tartu, a donc décidé de placer ce patient sous électroencéphalographie (EEG) pendant plusieurs heures afin de mieux diagnostiquer ses troubles et les traiter : autrement dit, le patient a passé plusieurs heures avec une vingtaine d’électrodes sur le crâne, qui enregistrent les variations électriques du cerveau. 

Mais au cours de cet examen, le patient a eu une crise cardiaque… et est décédé.

L’EEG a donc précisément enregistré l’activité électrique du cerveau juste avantpendant et juste après la mort de cet homme.

Ce que les médecins ont découvert en lisant les relevés de l’EEG est fascinant.  

Le « bis » final

L’analyse des relevés de l’EEG a été réalisée sous la supervision du Dr Ajmal Zemmar, neurochirurgien à l’université de Louisville, aux États-Unis. 

« Nous avons mesuré 900 secondes d’activité cérébrale autour du moment de la mort et nous nous sommes concentrés sur ce qui s’est passé dans les 30 secondes avant et après l’arrêt du cœur. Juste avant et après que le cœur ait cessé de fonctionner, nous avons constaté des changements dans une bande spécifique d’oscillations neurales, appelées oscillations gamma, mais aussi dans d’autres bandes, telles que les oscillations delta, thêta, alpha et bêta », a déclaré le Dr Zemmar[6].

Il y a, dans ces propos, deux observations révolutionnaires.

La première, c’est que nous avons désormais la preuve empirique que, oui, le cerveau continue bel et bien à être actif au moins 30 secondes après la mort « clinique »

Quand le cœur lâche, votre cerveau et votre esprit continuent donc à être actifs… Et, surtout, ils sont très actifs.

La seconde observation porte sur la nature de cette activité précédant et suivant immédiatement la mort. 

Car les oscillations cérébrales observées sont celles d’un cerveau… vivant. Et d’un cerveau vivant effectuant des tâches actives, et très particulières : la concentration, le rêve, la méditation, la récupération de la mémoire, le traitement de l’information et la perception consciente, ainsi que les flashbacks de la mémoire.

« En générant des oscillations impliquées dans la récupération de la mémoire, le cerveau peut jouer un dernier rappel d’événements importants de la vie juste avant notre mort, similaires à ceux rapportés dans les expériences de mort imminente. Ces résultats remettent en question notre compréhension de la fin exacte de la vie et génèrent d’importantes questions ultérieures, telles que celles liées au moment du don d’organes[7]. »

Autrement dit, pour la première fois, l’enregistrement de l’activité cérébrale d’un être humain au moment de son décès permet de confirmer que se produit bel et bien, au moment du passage de la vie à la mort, un phénomène actif de « recollection » intensive des souvenirs de sa vie passée… 

… Et que ce phénomène continue à se produire après que le cœur ait cessé de battre

Cette observation exceptionnelle ne s’est produite – et une fois encore, fortuitement – que sur une seule personne.

Mais elle donne une preuve concrète aux plus sceptiques d’entre nous que, lorsqu’un proche décède, il est sans doute en train de revivre certains des plus beaux instants de sa vie.

Portez-vous bien,

Rodolphe

Sources :

[1] Cf. La vie après la vie (Robert Laffont, 1977) et Lumières nouvelles sur la vie après la vie

[2] Cf. Les preuves scientifiques d’une vie après la vie (éd. Exergue, 2008) et Cette chose… (First, 2017)

[3] La Preuve du paradis, Trédaniel, 2013

[4] Vanhaudenhuyse, A., Thonnard, M., Laureys, S. (2009). Towards a Neuro-scientific Explanation of Near-death Experiences?. In: Vincent, JL. (eds) Intensive Care Medicine. Springer, New York, NY. https://doi.org/10.1007/978-0-387-92278-2_85

[5] Vicente R, Rizzuto M, Sarica C, et al. (2022). Enhanced Interplay of Neuronal Coherence and Coupling in the Dying Human Brain. Front. Aging Neurosci. 14:813531 https://doi.org/10.3389/fnagi.2022.813531

[6] Clark M (22.02.2022). A replay of life : What happens in our brain when we die? Frontiers, science news. https://blog.frontiersin.org/2022/02/22/what-happens-in-our-brain-when-we-die/

[7] Ibid.