Chers amis,

Au moment où vous lisez ces lignes, respirez-vous par le nez… ou par la bouche ?

Moi-même, en y prêtant attention, je me suis rendu compte que ça me demandait un effort de respirer par le nez.

Pourtant, sachez que, si comme moi vous respirez « par défaut » par la bouche, c’est une habitude qui présente plusieurs inconvénients…

Le nez humain a été conçu pour respirer et sentir, tandis que la bouche sert à manger, boire et parler[1] : elle n’est qu’un « accès de secours » pour la respiration, quand le nez ne peut plus remplir sa fonction première.

La bouche ouverte : l’endroit idéal pour les infections

Le nez réchauffe et humidifie l’air externe. Il filtre les plus grosses particules grâce aux poils à l’entrée des narines.

Ce système représente la première barrière immunitaire de l’organisme face aux agressions extérieures (et notamment les virus !) et cette barrière n’est pas du tout aussi développée dans la bouche.

Respirer par la bouche expose donc à un plus grand nombre d’infections car l’air entrant est froid et chargé de bactéries[2].

Avec une respiration buccale régulière, vous souffrez aussi d’une sécheresse excessive de la bouche. Et une bouche sèche est plus propice à la prolifération de bactéries.

Les personnes concernées ont donc des muqueuses plus fragiles, leurs gencives sont souvent enflammées, elles souffrent plus facilement de carries et d’une mauvaise haleine[3].

Il y a aussi une conséquence désagréable à la respiration buccale : comme avec un rhume, vous ne pouvez pas fermer la bouche en mangeant.

Vous avez une sensation d’étouffement, vous ressentez souvent le besoin de boire pour pouvoir avaler.

Cernes, sommeil agité, troubles de la concentration… Détectez ces symptômes

Respirer par la bouche est un trouble qui débute tôt dans l’enfance, souvent provoqué par un obstacle empêchant une bonne respiration nasale : un nez bouché en continu, des végétations ou des amygdales trop grandes.

Les adultes aussi sont concernés : certains ont les voies nasales bloquées ou restreintes, parfois à cause d’allergies.

L’organisme va rechercher l’oxygène dont il a besoin, au prix du minimum d’efforts. Vous allez donc vous mettre à respirer par la bouche.

Ce qui engendre une cascade de problèmes… dont une immunité plus faible comme je vous le disais.

Mais aussi des troubles du sommeil.

Respirer par la bouche empêche d’entrer dans une phase de sommeil profond : les nuits sont donc moins réparatrices.

Et une mauvaise nuit engendre de l’irritabilité ou des difficultés de concentration.

Le cerveau a besoin de froid

Cette difficulté à se concentrer provient aussi d’un mauvais refroidissement du cerveau[4].

Au contact des capillaires sanguins, l’air qui passe par le nez transmet sa fraîcheur au cerveau pour qu’il se refroidisse, se repose, et puisse évacuer les toxines et les déchets accumulés pendant la journée.

Ce phénomène est perturbé lors de la respiration buccale.

Le corps cherche alors un autre moyen de refroidir le cerveau : l’excès de chaleur est évacué la nuit par la transpiration au niveau de la tête, avec comme résultat au matin un oreiller mouillé (de transpiration mais aussi de salive).

Par ailleurs, respirer par la bouche amoindrit l’oxygénation du cortex préfrontal dans le cerveau, cette partie qui comprend nos fonctions cognitives supérieures comme le langage et le raisonnement.

En 2016, une étude[5] a justement montré qu’il y a davantage d’enfants respirant par la bouche chez les individus en échec scolaire.

Il semblerait même que la respiration par le nez soit corrélée à une meilleure mémoire.

Des chercheurs suédois ont montré en 2018[6] que ceux qui respirent par le nez auraient des souvenirs plus clairs et perceptibles que les individus qui respirent par la bouche.

Que faire pour réapprendre à respirer par le nez ?

Tout d’abord sachez que, même si vous en avez la sensation, vous n’inspirez pas davantage d’oxygène lorsque vous respirez par la bouche[7].

En revanche, il faut plus de temps pour remplir les poumons en inspirant par le nez. Mais c’est une bonne chose !

Ça veut dire qu’en respirant par le nez, vous respirez plus lentement, ce qui calme et détend l’esprit.

Conscientisez votre respiration et visualisez l’air qui rentre et sort par vos narines.

Efforcez-vous de respirer par le nez quand vous marchez, y compris quand vous effectuez un petit effort (monter une côte par exemple).

Nettoyez régulièrement votre nez, à l’aide d’un lota rempli d’eau salée par exemple.

Lorsque vous vous couchez, essayez de trouver la meilleure position pour vous permettre une bonne respiration nasale. Et mouchez-vous bien juste avant de dormir.

Si vous êtes gêné par cette respiration buccale, vous pouvez consulter un spécialiste pour trouver des solutions appropriées, comme un humidificateur d’air pendant la nuit[8].

Et pour finir, une petite devinette : pourquoi le nez de Pinocchio s’allonge-t-il quand il ment ?

Parce qu’il ment comme il respire !

Portez-vous bien,

Rodolphe Bacquet


[1] Rhinite et allergies, l’info scientifique (09.01.2022). Les bienfaits de la respiration nasale. https://rhiniteallergique.be/l-info-scientifique/les-bienfaits-de-la-respiration-nasale

[2] La rédaction d’Allodocteurs.fr. Bouche ou nez : quelle est la meilleure façon de respirer ?France info.https://www.francetvinfo.fr/sante/soigner/bouche-ou-nez-quelle-est-la-meilleure-facon-de-respirer_1482179.html

[3] Bizzozzo E (18.03.2019). Respirer par la bouche, ça implique quoi ? Santé magazine. https://www.santemagazine.fr/sante/maladies/maladies-appareil-respiratoire/respirer-par-la-bouche-ca-implique-quoi-337514

[4] La rédaction d’Allodocteurs.fr. Bouche ou nez : quelle est la meilleure façon de respirer ? France info https://www.francetvinfo.fr/sante/soigner/bouche-ou-nez-quelle-est-la-meilleure-facon-de-respirer_1482179.html

[5] Ribeiro GC, Dos Santos ID, Santos AC, et al. (2016). Influence of the breathing pattern on the learning process: a systematic review of literature. Braz J Otorhinolaryngol. 82(4):466-78. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26832637/

[6] Arshamian A, Iravani B, Majid A, et al. (2018). Respiration Modulates Olfactory Memory Consolidation in Humans. J Neurosci. 2018 Nov 28;38(48):10286-10294.

[7] Rhinite et allergies, l’info scientifique (09.01.2022). Les bienfaits de la respiration nasale. https://www.rhiniteallergique.be/l-info-scientifique/respirer-par-le-nez-et-la-bouche-foire-aux-questions

[8] Bizzozzo E (18.03.2019). Respirer par la bouche, ça implique quoi ? Santé magazine https://www.santemagazine.fr/sante/maladies/maladies-appareil-respiratoire/respirer-par-la-bouche-ca-implique-quoi-337514