Chers amis,

Je sais que j’ai fait grincer quelques dents lorsque j’ai expliqué les raisons pour lesquelles je restais inscrit sur X (ex-Twitter), mais je ne regrette pas un seul instant ce choix : c’est là que médecins et scientifiques résistants continuent non seulement à s’exprimer, mais à dénoncer les dérives scandaleuses de notre système de santé.

Ainsi, ce mardi, un post du Dr Guillaume Barucq a confirmé l’orientation clairement assumée de « médecine standardisée » prise par notre pays au détriment du patient, et de l’humain, tout simplement[1] :

Vous avez bien lu : selon le Dr Guillaume Barucq, chaque médecin percevra désormais 5 € supplémentaires par patient et par case cochée dans ces « actes » médicaux.

4 vaccinations injectées = 20 € de bonus par consultation

Autrement dit, pour chaque vaccin qu’il vous injectera, pour chaque dépistage qu’il vous prescrira, pour chaque examen qu’il vous fera passer… il touchera 5 € de bonus !

Pour chacun de ces actes médicaux standardisés et orientés par l’industrie pharmaceutique, vous pourrez entendre le tiroir-caisse de votre médecin accumuler ses gratifications :

« Ma chère Madame Dupont, la grippe promet d’être corsée cet hiver, je vais vous administrer le nouveau vaccin. » -> Chkling ! 5 

« Mon petit monsieur Durand, vous êtes-vous bien brossé les dents dernièrement ? Je vais vous prescrire un examen bucco-dentaire. » -> Chkling ! 5 

« Ah, ma brave Madame Dupuis, ça fait combien de temps que vous n’avez pas fait de mammographie ? Attendez, on va s’occuper de ça… » -> Chkling ! 5 

Etc., etc.

Cette « grille » de bonification financière figure dans la convention 2024-2029 du médecin-généraliste émise par l’Assurance-maladie :

Cette mesure soulève des questions éthiques majeures.

Vous êtes en train d’assister, en direct, à la marchandisation de la relation médecin-patient par l’Assurance maladie, et à son glissement vers un modèle de santé piloté par les données.

Le médecin, nouveau « collecteur de données » ?

L’exemple du bonus de 5 € par acte « validé » (vaccin, dépistage, prescription) est édifiant.

Cela revient littéralement à être payé pour remplir des cases — et non pour écouter, examiner, comprendre.

Le médecin devient un superviseur administratif, qui valide des prestations standardisées dont la logique échappe parfois au patient… et même au soignant.

Vers une médecine de cases, pas de personnes

Ce système de bonification (le Payment for Performance) est une manière insidieuse d’aligner les médecins sur les objectifs technocratiques de l’Assurance maladie.

Il ne s’agit plus de soigner, mais de cibler des indicateurs.

Plus le médecin coche de cases, plus il remplit sa « grille » d’objectifs… et plus il s’enterre lui-même dans une pratique protocolisée, impersonnelle, téléguidée.

Moins il soigne, plus il exécute.

Une stratégie à double fond

Ces données collectées de manière industrielle — vaccins, bilans, examens — ne constituent pas une fin en soi.

Elles sont le carburant de l’IA médicale : en accumulant des millions de dossiers patients standardisés, on prépare l’entraînement d’algorithmes qui, demain, pourront faire de la médecine sans médecin.

Et c’est là tout l’enjeu.

En guise de progrès, on vous vendra demain une téléconsultation avec une IA « formée sur des millions de cas cliniques ».

Le médecin humain ? Un coach de santé… ou un « validateur » d’ordonnances.

Transparence : et les conflits d’intérêts, alors ?

Un médecin doit déclarer ses liens avec l’industrie pharmaceutique.

Pourquoi ne pas élargir cette obligation aux incitations de l’Assurance maladie ?

Un patient a le droit de savoir si un acte médical est conseillé parce qu’il est nécessaire, ou parce qu’il rapporte 5 € de plus.

La confiance, c’est la clarté. Et aujourd’hui, elle est obscurcie par ces bonus qui changent la nature du soin.

La médecine est un art du soin, pas une marchandise

En incitant financièrement les praticiens à remplir certaines cases, l’Assurance maladie et le gouvernement assument de transformer la relation patient-médecin en une simple démarche administrative, au détriment de l’écoute et de la personnalisation des soins.

L’alignement des pratiques médicales sur des objectifs purement financiers compromet l’intégrité du système de santé.

Il est essentiel que les décisions médicales restent guidées par le bien-être du patient et non par des considérations économiques.

Nous devons de toutes nos forces rester vigilants face à de telles dérives et soutenir une médecine centrée sur l’humain, respectueuse des besoins individuels de chacun.

Portez-vous bien,

Rodolphe


[1] https://x.com/GuillaumeBarucq/status/1904501207160259055