Chers amis,

La conclusion de l’étude dont je vais vous parler ne va pas vous surprendre…

… Mais elle va vous glacer.

Cette étude, menée par des chercheurs espagnols, porte sur la nourriture dite « ultra-transformée ». Les aliments ultra-transformés, comme les pizzas industrielles ou les cookies de supermarché, sont des produits le plus souvent saturés de graisses, de sucres, d’amidon et d’huiles, et truffés d’émulsifiants, de conservateurs et de colorants.

Leur consommation régulière est associée à des risques accrus de développer :

  • De l’hypertension[1];
  • Du diabète de type 2[2];
  • De l’obésité[3];
  • Une dépression[4];
  • Un cancer[5].

Pour le dire simplement, manger des produits ultra-transformés réduit votre espérance de vie.

Cela commence à être connu.

La « nouveauté », c’est que cette réduction… s’exprime également de façon très concrète dans votre ADN

La révolution des télomères

En 2009, le prix Nobel de médecine a été attribué aux chercheurs Elisabeth Blackburn et Carol Greider qui ont découvert le rôle des télomères dans le vieillissement cellulaire.

C’est un peu technique mais le principe est simple, en fait.

Vous savez que chaque être vivant porte en lui un code génétique unique que l’on appelle l’ADN.

Notre ADN est notre héritage : il comprend des informations génétiques héritées de nos parents, et de leurs parents avant eux, etc., etc. Par exemple pourquoi vous avez les yeux bleus ou marrons, les cheveux blonds ou bruns.

Mais notre ADN porte aussi en lui… notre avenir. Notre avenir possible, du moins : certaines « combinaisons » nous protègent naturellement de certaines maladies, et d’autres combinaisons augmentent notre risque d’en développer d’autres.

C’est ce qui a par exemple amené Angelina Jolie à subir une double mastectomie préventive, car elle était porteuse d’un gène qui la prédisposait à une forme agressive de cancer du sein.

Eh bien, les télomères sont une partie fascinante de cet avenir possible : ils contribuent à déterminer notre longévité et établissent en partie notre capacité à « vieillir correctement ».

Ils se présentent sous la forme de petits capuchons au bout de nos chromosomes, dont ils maintiennent l’intégrité. Ces télomères empêchent notre patrimoine génétique de « dégénérer ».

Mais… ces télomères eux-mêmes s’usent, et plus exactement raccourcissent.

Plus ils sont longs, plus vous avez de chance de vieillir en bonne santé.

A l’inverse, des télomères plus courts sont associés à une espérance de vie réduite, et plus généralement à un risque accru de développer pathologies et dégénérescences.

L’alimentation ultra-transformée raccourcit les télomères !

En génétique, tout n’est pas écrit à l’avance cependant.

Nous avons, par nos habitudes de vie, notamment par notre alimentation, une influence sur la façon dont notre patrimoine génétique s’exprime (ou ne s’exprime pas). C’est ce que l’on appelle l’épigénétique.

Et l’étude des chercheurs espagnols apporte une nouvelle information glaçante de ce point de vue : ils viennent de découvrir que la consommation de produits ultra-transformés réduit la taille des télomères.

Ce qui est particulièrement impressionnant avec cette étude, c’est son ampleur : les chercheurs ont en effet pris pour sujets d’étude les représentants les plus âgés de la cohorte du projet « SUN » (pour Seguimiento University of Navarra).

Cette cohorte, constituée à partir de 1999 et comptant 17’500 participants, a servi de base à de nombreuses recherches pour étudier les facteurs favorisant l’apparition des « maladies de civilisation » comme le diabète, les maladies cardiovasculaires, etc.

Parmi tous les membres de cette cohorte, les chercheurs ont choisi 886 sujets âgés de 57 à 91 ans.

Ils ont découvert que la régularité de la consommation de produits ultra-transformés était étroitement liée à la longueur des télomères[6].

Les participants qui consommaient le plus ces produits avaient des télomères, tenez-vous bien, deux fois plus courts que ceux qui en consommaient le moins

Autrement dit : oui, notre alimentation va jusqu’à influencer notre « programmation cellulaire » en termes de longévité !

En consommant ces produits ultra-transformés, nous ne développons pas seulement plus de risques de développer des maladies, nous réduisons génétiquement nos chances de vieillir en bonne santé !

Portez-vous bien,

Rodolphe


[1] de Deus Mendonça, R., Souza Lopes, A. C., Pimenta, A. M., Gea, A., Martinez-Gonzalez, M. A., et al. (2017). Ultra-Processed Food Consumption and the Incidence of Hypertension in a Mediterranean Cohort: The Seguimiento Universidad de Navarra Project. American Journal of Hypertension 30(4) : pp. 358–366.  https://doi.org/10.1093/ajh/hpw137

[2] López-Suárez A. (2019). Burden of cancer attributable to obesity, type 2 diabetes and associated risk factors. Metabolism. PubMed 92 : pp.136-146. doi: 10.1016/j.metabol.2018.10.013. PMID : 30412695. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30412695/

[3] Cf. n. 1

[4] Gómez-Donoso C., Sánchez-Villegas A., Martínez-González M.A., Gea A., Mendonça R.D., et al. (2020). Ultra-processed food consumption and the incidence of depression in a Mediterranean cohort: the SUN Project. Eur J Nutr 59(3) : pp. 1093-1103. doi: 10.1007/s00394-019-01970-1. PMID : 31055621. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31055621/

[5] Cf. n. 2

[6] Alonso-Pedrero, L., Ojeda-Rodríguez, A., Martínez-González, M. A., Zalba, G., Bes-Rastrollo, M. et al. (2020). Ultra-processed food consumption and the risk of short telomeres in an elderly population of the Seguimiento Universidad de Navarra (SUN) Project, The American Journal of Clinical Nutrition 111(6) : pp. 1259–1266. https://doi.org/10.1093/ajcn/nqaa075