Chers amis,
Voilà bientôt quinze ans que j’ai un chat.
Si vous-même en avez un, vous savez que le terme « maître » est très relatif avec un chat. C’est souvent lui le maître !
Mais un chat est souvent aussi un maître… d’école.
Nous avons beaucoup à apprendre des chats. Voici ce que le mien m’a appris.
Leçon d’anti-fatalisme
La première chose que m’a appris mon chat, avant même son arrivée, c’est à ne pas être fataliste.
Enfant, j’ai été diagnostiqué d’un fort asthme allergique aux acariens et aux poils de chat.
Après plusieurs crises sévères, nous avions dû nous séparer de Socrate, le chat qu’avait adopté ma sœur avant ma naissance, et ç’avait été un crève-cœur.
J’avais intégré que je ne pourrais jamais avoir de chat. Cela me rendait d’autant plus triste que j’aimais beaucoup ces animaux… mais, « pour ma santé » il fallait que je me tienne à distance.
C’est ce que je me disais encore à l’âge adulte. Et puis, un jour, une amie a recueilli des chatons abandonnés sur le parking d’un centre commercial. Il y en avait quatre.
Était-ce par besoin de conjurer le sort ? Ou simplement de rendre service à mon amie ?
Toujours est-il que lorsqu’elle me proposa d’adopter l’un d’entre eux… je répondis « oui » sans même l’avoir vu !
C’est ainsi que j’accueillis chez moi une toute petite boule de poils noire et blanche.
J’avais à l’époque pour compagne une tchèque, qui m’avait appris que « Cernobila » signifiait « noire et blanche » dans sa langue. C’est ainsi que je baptisai ma chatonne.
Cernobila n’a jamais réveillé mon asthme allergique.
En l’adoptant « à l’aveugle », c’est-à-dire en suivant spontanément mon pressentiment, je me suis libéré de la condamnation « tu ne pourras jamais avoir de chat » que j’avais intégrée depuis tout petit.
Je serais incapable de vous en donner la raison : il existe des chats bien moins allergènes que d’autres, et mon chat est peut-être l’un d’entre eux. Il se peut aussi que mon inconscient ait intégré l’arrivée de ce chat et « désactivé » le danger que cela représentait.
Peu importe : son arrivée m’a permis de dépasser ce qui m’apparaissait comme une fatalité.
Cela m’a servi à d’autres reprises dans la vie, notamment après mon accident de la circulation à Londres. Médecins et rééducateurs m’avaient annoncé que je boiterais à vie et que je ne pourrais plus jamais faire de vélo.
Aujourd’hui, mêle si j’ai une arthrose très avancée au genou suite aux multiples fractures de ma rotule, je peux faire du vélo, et je ne boite pas… et croyez-le ou non, c’est un peu grâce à mon chat, qui est la preuve vivante qu’un pronostic médical n’est pas parole d’évangile !
Il m’a montré la meilleure façon de s’adapter
Depuis que j’ai ce chat, il s’est produit de nombreux changements dans ma vie. J’ai déménagé sept fois, vécu dans quatre pays différents, et eu trois enfants.
Lui qui n’avait rien demandé, comment vivait-il tous ces changements ?
Fausse question, mais vraie réponse : le chat prend la vie comme elle vient.
Il s’adapte à toute nouvelle situation, et cette capacité tient à deux de ses traits de caractère apparemment irréconciliables : il est casanier et curieux !
Casanier, car il a ses petites habitudes : le placard où il aime se réfugier pour être tranquille, le petit coin de canapé pour y faire l’une de ses nombreuses siestes, le rebord de fenêtre depuis lequel observer les pigeons et les passants…
Mais dans le même temps, il est irrésistiblement attiré par la nouveauté. Tout nouvel arrivant, qu’il s’agisse d’une personne, d’un meuble ou d’un vêtement, est tout d’abord dûment observé de loin, puis reniflé de près, et ensuite adoubé ou non.
A chacun de mes déménagements, je suis fasciné par sa méthode de reconnaissance tous azimuts des nouveaux lieux : il file ventre à terre, explore le moindre recoin, et au bout d’une heure ou deux, a déjà élu un coin préféré où se poser les pattes en rond.
Le chat sait ce qui est bon pour son confort et son bien-être : tout changement de situation ne le fait renoncer ni à l’un ni à l’autre, mais l’invite au contraire à explorer ce qui peut lui être bon.
Une leçon d’adaptation que je résume comme suit : « pas de panique, voyons comment je peux tirer profit de cette nouvelle situation ! »
Il a appris à mes enfants à respecter la liberté d’autrui
Mon chat a été en quelque sorte le premier membre de la famille que j’ai fondée. Il a donc assisté à l’arrivée de mes trois enfants.
Et il leur a appris, à tous les trois, quelque chose de fondamental : le respect de la liberté d’autrui.
Les chats sont des animaux farouchement solitaires et indépendants. S’ils apprécient les caresses, c’est seulement quand ils en ont envie. Même domestiqués, ce sont des bêtes très libres.
Mes enfants ont appris avec lui à comprendre et à respecter cette liberté.
A chaque arrivée de bébé, Cernobila venait observer et renifler le nouveau-né, comme il se doit, et s’en tenait par la suite respectueusement à l’écart.
Lorsque mon fils aîné a commencé à ramper, l’un de ses premiers objectifs dans la vie a été de poursuivre cette peluche ambulante… et, quand il y arrivait, de lui tirer la queue !
Le chat a été très patient avec lui, et jamais agressif : parfois il lui mettait un petit coup de patte, sans sortir les griffes, puis se carapatait.
Mon fils a peu à peu appris à ne pas courir après le chat, mais à attendre qu’il vienne vers lui : le chat n’était pas une peluche à sa disposition, mais un être vivant avec lequel partager un moment de tendresse.
Il l’a si bien appris qu’aujourd’hui, lorsqu’il se met au lit le soir, le chat vient systématiquement de lui-même se coucher sur lui en ronronnant… avant de faire la même chose sur moi plus tard dans la soirée !
Avec ma petite dernière, qui aura bientôt deux ans, ç’a été peu ou prou la même chose : à six mois elle savait ramper, et s’est mis à poursuivre le chat. Mais elle a aussi compris qu’en fonçant bille en tête vers lui avec des gestes brusques, le chat généralement s’enfuyait.
Elle a appris, avec lui, à être plus douce et patiente, et désormais lorsque le chat vient la voir et frotte sa tête contre elle, ma petite dernière est la plus heureuse des fillettes.
Avec le chat, chacun de mes trois enfants a appris à « apprivoiser » l’autre : je vois au quotidien comment ils tirent profit de cette leçon dans leurs rapports aux animaux, mais aussi aux êtres humains.
L’exemple du calme, de la patience et de la détermination
Sauf quand ils jouent, les chats sont généralement d’un calme olympien. Ils sont économes de leur énergie et l’utilisent à bon escient.
Par ailleurs, Cernobila n’est pas un chat vindicatif qui miaule à tout bout de champ, pour un oui ou pour un non.
Quand elle veut quelque chose, elle attend calmement, soit qu’une occasion favorable se présente, soit qu’on la remarque. Il est rarissime qu’elle miaule, elle s’exprime plutôt par des sortes de brefs roucoulements.
Cela a deux effets positifs.
- Elle n’énerve personne, mais sa détermination et sa patience nous incitent, nous humains, à prendre en compte ce qu’elle veut visiblement mais « discrètement » – qu’on lui donne des croquettes quand elle s’assoit devant sa gamelle, ou qu’on lui ouvre la porte quand elle reste devant ;
- Quand elle miaule effectivement, cela est tellement rare que nous faisons immédiatement attention à elle.
Je n’ai toujours eu qu’à me féliciter de suivre son exemple : exprimer incessamment ses demandes, quelles qu’elles soient, produit un effet de saturation chez votre interlocuteur, qui non seulement ne vous écoute plus, mais évidemment ne répond pas à ce que vous demandez.
Être à la fois calme, patient et concentré, comme le chat à l’affût de sa proie, permet de bondir au moment opportun et de ne pas rater sa cible.
Être économe de ses paroles permet de jouir d’une meilleure qualité d’écoute lorsque l’on s’exprime.
Il n’est jamais fatigué
Cette leçon-là peut prêter à sourire : les chats passent le plus clair de leur temps à dormir ou à végéter. Peut-être ! Mais quand ils sont éveillés, ils sont présents et « affûtés ».
Transposé à notre vie d’adulte, cela ne consiste pas à dormir toute la sainte journée, ni à chasser la souris la nuit venue… mais à être à l’écoute de notre besoin de sommeil afin d’être mieux éveillés le reste du temps.
Je vous ai déjà parlé dans une précédente lettre des bienfaits de la sieste. Je vous ai raconté comment je m’étais converti à cette méthode simple et efficace de « réparation » : mon chat m’y a aidé, en venant se lover au creux de mon bras lorsque je m’allongeais.
Il se la joue perso… mais il est là quand il le faut
Les chats ont la réputation d’être égoïstes… et c’est vrai. Mais c’est ce qui leur permet d’être généreux.
Leur égoïsme n’est pas une absence d’altruisme, bien au contraire ; cela pourrait se traduire par le proverbe : « charité bien ordonnée commence par soi-même ».
Il m’est déjà arrivé d’appeler et de chercher pendant des heures mon chat, en vain, et de le voir sortir en s’étirant de sa toute nouvelle cachette où il avait allègrement dormi.
Mon chat n’est certes pas au garde-à-vous… mais il est là quand on a besoin de lui. Lorsqu’un de mes enfants se blesse ou est malade, il vient spontanément lui tenir compagnie. Cela a un effet à la fois consolant et divertissant pour eux : ils oublient momentanément leur peine.
Moi-même, quand il m’arrive d’être souffrant, son arrivée a quelque chose de très réconfortant : il active sa fonction « bouillotte » en ronronnant contre moi.
La leçon que j’en tire ? En tant que père, en tant que rédacteur en chef de journaux de santé naturelle, j’ai très peu de temps pour moi : j’ai toujours quelqu’un ou quelque chose dont je dois m’occuper avant moi-même.
L’exemple de mon chat m’apprend à ne pas m’oublier, et à parfois penser à moi, avant de m’occuper de mes enfants ou de mes collaborateurs dont j’ai la responsabilité : il faut d’abord s’aider soi-même avant d’être en mesure d’aider les autres.
Ce n’est pas pour rien que, dans les avions, les consignes de sécurité nous rappellent toujours de mettre notre masque à oxygène avant de le mettre aux autres : on ne peut pas aider les autres si l’on n’est soi-même plus en mesure de le faire !
Si vous aussi vous avez de proches parents ou des affaires dont la responsabilité pèse sur vos épaules, n’oubliez pas qu’une condition capitale pour « tenir » consiste précisément à ne pas vous oublier vous-même : ménagez-vous des petits moments de plaisir pour vous faire du bien, vous ressourcer et tout simplement vous reposer.
Et vous ? Avez-vous également appris en prenant exemple sur votre chat, ou votre animal de compagnie ? Quelle(s) leçon(s) en avez-vous tiré ? Je vous invite à partager cet enseignement en commentaire de cette lettre.
Portez-vous bien,
Rodolphe
Les lecteurs lisent aussi...
Faites ceci pour évacuer votre colère
Voulez-vous mesurer votre bien-être ?
Laisser un commentaire Annuler la réponse
En soumettant mon commentaire, je reconnais avoir connaissance du fait que Total Santé SA pourra l’utiliser à des fins commerciales et l’accepte expressément.
Bonjour et merci, Rodolphe ! Cette lettre concernant les chats me touche beaucoup. Nous avons eu pour compagne une chatte noire aux yeux verts, Pernelle, pendant dix sept-ans. Depuis treize ans, Miss Tinguette, une siamoise, nous tient compagnie ainsi que son fils (tigré) Lilou. Je les remercie tous les jours. Ils m’ont aidée dans des moments dramatiques. Et continuent… bien adaptés, aussi, à un changement de maison et même de pays ! Je pourrais raconter à leur sujet tellement d’anecdotes ! Ce serait trop long… juste celle-ci : quand ses chatons étaient petits, c’était l’été, Miss Tinguette est venue en miaulant, d’une manière particulière, me chercher dans la cuisine, la porte était ouverte sur le jardin. Elle insistait, alors que j’étais occupée. J’ai fini par lui demander ce qui se passait. Elle m’a indiqué la porte, me précédant. Je l’ai suivie. Elle se retournait sans cesse pour vérifier que je marchais derrière elle. Nous avons, ainsi, traverser la grande cour du jardin, franchi le portail, puis elle s’est dirigée vers celui de la voisine absente, qui n’était pas verrouillé, heureusement. Je l’ai à nouveau suivie, guidée par elle dans le jardin de la voisine. Elle s’est arrêtée devant la porte de la maison, me montrant la grille d’évacuation. Elle s’est assise. Je me suis penchée. L’un des chatons était coincé sous la grille. Je lui ai dit d’attendre. Repartant à la maison chercher des outils pour délivrer le chaton… Elle s’est comportée comme un humain qui vient demander de l’aide à un semblable. Je n’oublierai jamais son intelligence dans ce moment périlleux pour son fils. Le chemin de ma porte à celle de la voisine mesurait une bonne centaine de mètres. Ce n’est qu’une anecdote parmi d’autres… Tout ce que vous dites est très pertinent, et vérifié par l’expérience ! Bonne journée, en vous souhaitant le meilleur pour votre jolie famille, chats compris dans le terme « famille » :). Amitiés. Martine
oui c’est également ce que j’ai observé tout en admirant cette patience que je n’ai pas
C’ est Tellement juste le contenu de cet article
Cordialement
Quelle magnifique lettre et que de vérités. Les animaux ont un 6ème sens ils savent quand ça ne va pas et le prévoit même…Ils nous aident à comprendre le sens de la vie et à accepter les leçons de celles-ci.
Je n’ai pas eu de chats (mis à part ceux des voisins, qui sont souvent chez moi), mais des chiens. A chaque fois que j’allais avoir un soucis de santé, ma chienne le savait, le sentait. Elle ne se trompait jamais, elle me fixait jusqu’à ce que je comprenne. Quand le moral n’était pas là, elle faisait le pitre pour que je rigole.
Toujours d’humeur égale, avec un amour infini. Les animaux nous aime sans rien attendre en retour, c’est ça le véritable amour. Aucune méfiance vis à vis des autres animaux (toujours pacifique et malgré ce qu’on pourrait penser, ça calmer les animaux agressifs vis à vis d’elle, c’est moi qui avait peur pour elle, pas elle) ou des hommes. Pour elle, tout était que bonheur et amour.
Bonne journée à tous
J’ai une chatte que j’ai ramené lorsque nous vivions à l’étranger, elle était certainement à quelqu’un, elle avait elu domicile chez nous et 6mois avant de partir definitivement nous sommes aller voir un véto pour savoir si elle était pucée rien et pas de tatouage notre départ, nous avons fait le nécessaire elle est avec nous depuis 9ans c’est une persanne, elle a pris ses marques elle est adorable, indépendante, mais elle a besoin de nous savoir là, le soir elle vient sur nos oreillets se faire câliner et dort sur le chevet, c’est vraiment un amour elle apporte de la sérénité de la douceur nous respectons son temps de repos qui dure fort longtemps elle nous repond lorsque nous lui parlons ce n’est que du bonheur
Un grand merci pour ce magnifique récit sur Cernobila et votre famille, récit plein d’humanité et d’une magnifique animalité.
Les animaux ont tellement à nous apprendre et vous à nous enrichir par vos partages.
A regarder mes chiens et chats j’ai appris à m’étirer à chaque réveil…si eux le font naturellement sans le lire dans des journaux pour nous expliquer le pourquoi c’est bon, j’ai été pleinement convaincu de l’importance de le faire !
Bonjour,
Oui les chats sont de bons profs, étant gamine, cela remonte à + de 60 ans, j’avais une chatte qui avait eu des bébés et en la regardant faire j’ai reçu bien des leçons d’éducation envers ses petits… à l’époque je me souviens m’être dit qu’il fallait que e me rappelle tout cela pour lorsque « je serai grande »… Plus tard j’ai mis en pratique ces leçons et, si, mes enfants ont été élevés « à la chat » ils ont aussi appris à se débrouiller avec ce qu’ils ont à leur porté, ils sont équilibré et bien dans leur tête… Alors vive les chats !!!
Bonne journée
Bonjour Rodolphe,
Ce dernier article m’a beaucoup plu. J’ai moi aussi “libéré” ma peur des allergies en tout genre qui se transformaient en grosses crises d’asthme, en recueillant un chaton dans la rue quand tous mes proches me laissaient sous-entendre que c’était totalement irresponsable vu mon état. Ce chaton, que j’ai nommé Zénon en faisant référence à “L’œuvre au noir” de Marguerite Duras (car il était tout noir haha!), m’a littéralement conquise en déboulant de je ne sais où et en miaulant d’un pas décidé en ma direction. Conquise et guérie un peu plus tard, je fus . C’était il y a 25 ans. Cette étrange coïncidence je la dois à l’énorme affection que j’avais pour ce chat, que je voulais garder à tout prix, et qui en retour me le rendait bien.
Et puis il y a les chevaux, maintenant en Angleterre. Ils m’apprennent à ralentir, à respirer calmement, à être dans l’instant avec eux, à respecter certains codes de conduite, sinon pas de coopération, pas de relation et pas d’échange. Et vu leur taille et leur puissance il n’est pas difficile d’imaginer qui aurait le dernier mot. Ils sont ma thérapie quotidienne. Je leur dois d’avoir développé en moi une résilience face aux éléments et aux événements, et de m’avoir aussi donné un regain de vitalité physique et mentale qui complémente mon activité de praticienne de shiatsu, et mon rôle de maman et d’épouse.
Dans un monde parfois trop bruyant, ils sont les maîtres de la communication non- verbale.
Merci.
Je me souviens de mon chat Fretzi qui est venu me consoler en sautant sur mes genoux quand, au téléphone, on m’a annoncé que mon père était atteint d’un cancer et qu’il ne s’en sortirait pas…
Cela m’a montré combien les chats sont réceptifs à nos émotions…
Cela fait 50 ans que nous vivons avec des chats et cela pour notre plus grand bien.
Cordialement à vous.
Jacqueline
Vous avez totalement raison, en ce qui me concerne, il y a près de 8 ans, une chatte abandonnée est venue faire ses 5 chatons dans mon jardin, panique a bord, que vais je faire moi qui n’aime pas vraiment les chats. Après avoir mis les chatons et leur mère a l’abri, j’ai, via internet, appris a leur donner la nourriture adéquate, et j’ai trouvé des acquéreurs pour les 5 chatons, malheureusement, ou plutôt heureusement, un monsieur s’est désisté et j’ai gardé, avec la mère le dernier chaton. Celui ci est pour moi un exemple de patience ( pas mon fort avant) et il m’apporte de la joie a longueur de journée, moi qui a 72 ans, vit seule, a tel point que j’ai écrit un livre sur notre vie a deux, car la maman que le chaton embété trop, se réfugie souvent chez la voisine, ainsi ils ont 2 maisons. Mais que de bonheur et de rires grâce a eux
J’aime beaucoup votre article. J’aimerai avoir une petite chatte, mais si je m’absente plusieurs jours, je n’ai personne pour la garder, à mon grand regret. Michèle.
Je suis un chat
Je suis un chat. Ben, oui, un chat.
Je suis un chat heu-reux !
Cela n’a pas été toujours le cas. Quand j’étais un chaton j’ai beaucoup souffert. J’appartenais à une famille d’humains dont un petit garçon qui me tripotait tellement, jouait trop avec moi, me manipulait, me posait, me reprenait, me mettait sur le dos, me serrait contre lui et cela me faisait mal partout.
Je disposais d’un joli panier avec un coussin. Je savais aller faire mes besoins dans la petite caisse proche et je grattais pour les recouvrir. J’étais un bon petit chat.
La nuit et pendant certains moments de la journée j’avais la paix. Je me reposais, mes courbatures s’atténuaient, mais… surgissait le petit garçon et mon calvaire recommençait.
Je miaulais bien sûr, mais il ne voulait rien comprendre. J’étais son jouet.
Cela a duré très très longtemps. Je grandissais car j’avais une bonne nourriture et à boire. Je ne pouvais pas m’enfuir, j’étais dans un appartement.
J’ai exploré les lieux quand il n’y avait personne, mais les pièces étaient closes.
Puis la famille revenait et le petit garçon reprenait ses jeux : il me faisait marcher sur les pattes arrières en me redressant, tirant sur mes pattes avant. Puis il faisait le contraire, il levait mes pattes arrières et me faisait marcher sur les pattes avant. Je m’écroulais, ma tête heurtait le sol. Je miaulais de détresse.
Parfois la maman criait : « Arrête ! laisse ce chat tranquille ! »
Parfois le petit garçon obéissait… et j’allais me reposer dans mon panier.
Et je suis devenu un grand chat. Un jour que le petit garçon me faisait trop souffrir je l’ai griffé. Il a hurlé et m’a lâché.
« Tiens, tiens, me suis-je dit, si je griffe on me fiche la paix ! »
Alors un jour je l’ai encore griffé.
Quelques temps plus tard, un jour qu’il abusait vraiment je l’ai griffé très fort sur le bras.
J’ai entendu les parents dire que je devenais dangereux.
Un jour le papa m’a enfermé dans une petite cage et m’a mis dans leur voiture. J’étais dans le coffre, c’était tout noir, je sentais qu’on roulait. Je découvrais tout cela, ce n’est que longtemps après que j’ai compris.
Et, il m’a fait sortir de la cage dans un endroit inconnu et la voiture est repartie.
Au dessus de moi… pas de plafond mais l’immensité du ciel. Au sol des matériaux que je ne connaissais pas, j’ai su par la suite que c’était de l’herbe.
J’étais terrorisé.
J’ai marché, je me heurtais à de grandes plantes, je contournais des troncs d’arbres. Au dessus de moi passaient des choses volantes, j’avais peur. J’ai compris ensuite que c’était des oiseaux et qu’ils ne me voulaient pas de mal.
J’ai erré longtemps, je mourais de soif et de faim.
J’ai dormi dans l’herbe. Puis j’ai aperçu des animaux étranges, j’ai senti qu’ils pouvaient me vouloir du mal, je me suis enfui et instinctivement j’ai grimpé à un arbre. J’étais sauvé, ceux qui me poursuivaient ne savaient pas grimper ! J’étais très fier de moi.
Et j’ai encore erré, j’ai trouvé une source ; quel bien cela m’a fait d’étancher ma grande soif.
Dans une forêt j’ai vu un homme qui coupait du bois. Je l’ai regardé en me cachant. Puis il s’est assis et il s’est mis à manger de la nourriture qu’il sortait d’un sac. Je me suis approché, il m’a parlé :
« Qu’est-ce que tu fais là Minet ? »
Le ton était affectueux alors j’ai osé venir auprès de lui. Il m’a lancé des petits bouts de fromage. Je ne connaissais pas ce goût, mais je crevais de faim et j’ai tout englouti. L’homme s’est exclamé : « Y a longtemps que t’as pas bouffé hein ? » et il a ronchonné : « Je parie que ce sont des salauds qui t’ont largué pour partir en vacances ? »
Il m’a donné encore quelque nourriture. Je suis retourné à la source m’abreuver.
Le lendemain et quelques jours suivants je suis revenu auprès de l’homme.
Il m’a encore donné un peu de son casse-croûte.
Un violent orage a éclaté, il a plu pendant plusieurs jours et plusieurs nuits et l’homme n’est pas revenu, mais je ne l’oublierai jamais, il m’a fait comprendre que tous les humains ne sont pas sans cœur.
La nuit je me réfugiais dans un arbre, j’étais tout mouillé. Le jour je voyageais un peu et j’ai découvert que je pouvais attraper des souris. La première, j’en ris encore, elle voulait sans doute être mangée !
Le sol s’est recouvert de neige, un village était proche….heureusement. J’ai trouvé refuge dans un hangar. J’avais souvent froid. Toute nourriture était rare.
Ce fut une longue période très éprouvante. J’avais du mal à trouver des souris, il est vrai que je ne suis guère doué.
Des gens me chassaient, me menaçaient, me criaient : « Va-t-en saleté ! »
J’ai dû passer plusieurs saisons dans des sortes de granges, des cabanes, allant quêter quelque nourriture oubliée. Je n’ai pas connu beaucoup de chats, certains m’interdisaient d’approcher leur territoire, d’autres étaient sympas mais ne pouvaient pas m’aider.
Puis j’ai rencontré une femme qui a du remarquer ma maigreur et mon anxiété : elle m’a apporté un bol de pain trempé dans du lait tiède en bordure de la haie. Que c’était bon !
Je retournais dormir dans un grenier abandonné mais je revenais dans le jardin de cette femme et elle m’offrait tous les jours une bonne ration de nourriture. Elle améliora même ce pain trempé en le mélangeant à du pâté.
Il me semblait qu’elle avait un peu peur de moi, c’est vrai que je suis très grand. Et j’ai grossi un peu grâce à elle, j’en avais bien besoin.
Lorsqu’elle a voulu me caresser je n’ai pas bougé, j’en frémissais, je ne savais pas vraiment ce qu’était une caresse ; des réminiscences de crainte m’envahissaient : allait-elle jouer avec moi comme le faisait le petit garçon ?
Peu à peu on a fait connaissance et on s’est fait confiance mutuellement.
J’ai voulu lui montrer mon affection : je venais de trouver une grosse souris écrasée sur le chemin encore enneigé. Je la lui ai apportée, je l’ai déposée à ses pieds, je me suis assis et je l’ai regardée dans les yeux. Elle a compris que c’était un cadeau et m’a dit :
« Tu as gagné ! Viens, entre… si tu veux tu habiteras là ! »
Il faisait une bonne température dans cette maison.
Et depuis ce jour c’est le bonheur ! Les premiers temps je me faisais discret, puis j’ai constaté que je pouvais monter sur un fauteuil, puis changer de fauteuil, puis aller sur le canapé ! J’en avais le droit !
Je dévorais tout ce qu’on mettait dans l’écuelle qui m’était destinée. Cette crainte de me retrouver en détresse et de crever de faim ne me quittait pas alors je mangeais trop.
Elle me nomma Beau Gros. J’aime ce nom car quand elle le prononce, ça ronronne, Beau Gros, Beau Gros….
Des visiteurs vinrent chez cette dame et j’ai compris qu’elle s’appelait Salucommentuva.
Je les entendais dire :
« Ouah ! quel grand chat, on dirait un lynx. » ou bien
« Il marche comme un tigre ! »
Je ne sais pas à quoi ressemble un lynx ni un tigre, mais ces mots étaient prononcés sur un ton qui me semblait admiratif.
Salucommentuva avait déjà deux chattes, la Chaussette et la Chochotte, et de ce fait il existait une chatière, j’ai compris très vite que c’était la porte. Je sors au jardin autant que je le veux, je rentre quand je veux ! C’est cela la liberté, la belle vie pour un chat.
Chaussette fait des manières, je vois bien elle voudrait que je coure derrière, elle se sauve, mais pour l’agacer je tourne la tête et je ne fais pas de cas d’elle, pourtant elle
est belle, grise et blanche avec des dessins autour des yeux et un petit museau charmant !
La Chochotte est toute noire avec de grands yeux d’or, elle est plus calme, mais elle m’a fait comprendre que c’est elle qui commande. Je m’en fiche, je suis cool… surtout depuis que Salucommentuva m’a fait castrer. Elle m’a emmené en voiture, je n’ai pas été maltraité du tout, j’ai été endormi et je me suis réveillé avec un petit bout en moins mais très zen.
J’aime regarder Chochotte de derrière : elle marche comme si elle avait des chaussures à talons hauts, un peu en croisant les pattes et j’ai plaisir à regarder sa queue dressée formant un point d’interrogation. Vous voyez ce que je veux dire ?
On a nos trois écuelles alignées, l’heure des repas est une trêve, même Chaussette ne se sauve pas.
La neige a fondu ; l’herbe verte est réapparue, il fait aussi doux dehors que dedans.
Je n’ai jamais fait une saleté, jamais mes besoins dans la maison, je vais à l’autre bout du jardin derrière un arbuste et je gratte la terre.
Je suis un chat propre.
Salucommentuva ne me fait jamais souffrir, j’aime quand sa main glisse tout au long de mon dos, quand elle me gratouille la tête, elle me parle : « T’es un Beau Gros, t’es un gros paquet de chat, t’es beau et t’es gros. » C’est doux à entendre tout ça.
C’est vrai qu’elle m’affuble parfois de toutes sortes de noms : « mon gros paquet, mon paquet de chat » mais j’accepte tout.
Elle fait la même chose avec les chattes. A la Chaussette elle dit « Ma grosse-grosse… t’es une chaussette, y a même pas la paire, mais tu n’y peux rien ! »
Cette Chaussette est tout de même spéciale, sa meilleure copine c’est…. la chienne des voisins, Wuska !
Elle va se blottir dans ses pattes ! Remarquez cette Wuska a des côtés sympas, elle me laisse traverser son pré. Bon, elle fait semblant de me poursuivre, mais je sais que c’est sans danger.
A la Chochotte, Salucommenttuva dit : « Vous êtes la meilleure des chattes, vous êtes la plus belle des chattes, vous êtes très belle ! » Ouais, elle lui dit « vous » sans doute parce qu’elle est chochotte.
Il y a quelques règles à respecter : ne jamais monter sur la table. Savoir que seule la Chochotte a le droit de dormir la nuit avec Salucommentuva.
J’en reviens à la Chaussette, fait-elle exprès ? Elle n’a pas compris le jeu de « chat perché » ? Quand elle monte sur une chaise par exemple, je ne la poursuis plus. A vrai dire je ne la poursuis pas vraiment, je fais « hop ! » sur à peine un mètre, elle ne devrait pas en faire une histoire. Dehors, d’accord, je coure un peu derrière elle dans le sentier me dissimulant parfois derrière les buissons de fleurs, je sais, je ne devrais pas. Salucommentuva me dit :
« Beau Gros t’es vilain ! » et parfois elle ajoute : « C’est vilain d’être vilain »
Et comme je l’adore j’essaie de ne plus être vilain. Je supporte tout d’elle, elle est si belle. Un jour, derrière elle, le soleil brillait et l’entourait la rendant rayonnante. Je me suis frotté contre ses jambes essayant de lui dire combien je l’aime. Elle semble comprendre chacun de mes gestes. Pourtant récemment j’ai senti que Salucommentuva était triste, stressée. Pour lui montrer que je la soutenais je suis allée sur ses genoux plus souvent ; normalement j’y vais une fois par semaine et je ne reste que quelques minutes, je sais que je suis lourd. Mais là, pour tenter de consoler ma chère Salucommentuva je me suis couché avec tendresse sur elle, je l’ai regardée… elle m’a regardé et elle a murmuré : « Tu as du chagrin mon Paquet ? Alors viens, raconte- moi » Et je ne sais pas parler comme elle, je n’ai pas su lui dire que je la comprenais, que je savais que c’était elle qui avait besoin de réconfort. J’ai essayé, mais je n’ai pu dire que « Rouaooo ». Elle m’a caressé. Je me suis calé contre sa poitrine et nous sommes restés ainsi de longs moments. J’espère vraiment lui avoir remonté le moral.
Une chose me désole je ne sais pas ronronner, je n’ai jamais pu le faire quand j’étais petit et… je ne sais pas
Voici l’été, on peut se promener plus loin dans les champs. Les deux chattes savent attraper des mulots, des souris, et moi pas tellement, j’ai un peu honte.
On peut aussi dormir au soleil sur la terrasse ou à l’ombre dans le jardin.
J’oubliais de vous dire que quand Salucommentuva va pendre du linge dans le jardin, je l’accompagne, je sais qu’elle apprécie car elle me parle. Je me roule à ses pieds.
Souvent les amis de Salucommentuva viennent et s’exclament :
« On dirait un lynx ! Il marche comme un tigre. »
Je suis heu-reux !
écrit par Beau Gros (avec l’aide de Monique
Bonjour,
Je me retrouve complètement dans cette description de liens avec mon chat qui a 7 ans. Elle s’appelle Hiya et est rousse et blanche. Même attitude pour obtenir ce dont elle a besoin et finalement le dialogue n’en est que facilité !!! l’allergie aux chats, c’était ma fille qui en souffrait et finalement, elle aussi, a un chat noir et blanc et handicapée des pattes arrières.
effectivement, mon chat est présente quand il le faut et souvent là où je suis et c’est très agréable.
D’autres chats de l’extérieur viennent manger et boire à la fenêtre de mon appartement et des liens forts mais différents se sont tissés au fil du temps et là aussi c’est agréable !!!
merci pour votre article et pour les autres.
Prenez soin de vous
bonjour, c’est très juste votre article sur les chats, je viens de perdre ma chatte de 15 ans qui était très proche de moi et c’est mon chien qui est venu me consoler les animaux ressentent plus que les humains le chagrin que l’on peut avoir en toutes circonstances cela m’a fait du bien, il faut prendre soin d’eux