Chers amis,

Certes, l’actualité n’est pas à la fête.

Pourtant, étrangement, les raisons de se réjouir ne manquent pas.

Mais elles ne font pas la Une des journaux !

Ainsi, une cinquième zone bleue a été identifiée et validée scientifiquement. Et elle est française !

Ce n’est pas rien, car le « club » des zones bleues est extrêmement fermé : il ne suffit pas à une région du monde de payer son droit d’entrée pour avoir le droit d’y figurer !

Le démographe qui a changé la face du monde des centenaires

Mais d’abord, qu’est-ce qu’une zone bleue ?

Il s’agit de régions spécifiques du monde où la proportion de centenaires est exceptionnellement élevée et où les maladies chroniques comme le cancer, le diabète ou les maladies cardiaques sont rares.

Tout comme les maladies neurodégénératives telles Alzheimer et Parkinson.

Parmi les zones bleues les plus connues, on trouve Okinawa au Japon, la région l’Ogliastra en Sardaigne, l’île d’Ikaria en Grèce ou encore la péninsule de Nicoya au Costa Rica.

Pourquoi les appelle-t-on « zone bleue » ?

Eh bien parce que c’était la couleur du marqueur avec lequel le démographe belge Michel Poulain avait entouré, sur une carte, la première de ces zones, comprenant les villages dans lesquels on trouvait plus de centenaires qu’ailleurs.

C’était dans les régions montagneuses de Sardaigne.

Certains s’en souviennent peut-être, ce scientifique passionnant m’avait accordé un entretien en 2018 pour Alternatif Bien-Être :

Il y racontait le long et rigoureux travail qu’il lui avait fallu, à lui ainsi qu’à ses collègues italien et japonais notamment, pour trier le bon grain de l’ivraie.

Avant cela, en effet, plusieurs régions se targuaient d’avoir un « taux de centenaires » extraordinaire, soit une longévité bien supérieure à la moyenne mondiale : Vilcabamba, en Équateur, les Hunzas du Haut-Pakistan, les Abkhazes dans le Caucase…

Mais toutes ces régions n’ont pas résisté à une analyse rigoureuse des données démographiques.

Contrairement, donc, à cette région de Sardaigne qu’a étudiée durant plusieurs mois Michel Poulain et, en parallèle, Okinawa au Japon, dont la population de centenaires était étudiée depuis plusieurs années par le Dr Makoto Suzuki.

Repris par le journaliste américain Dan Buettner pour le compte du magazine National Geographic en 2005, le terme de « zone bleue » a fait florès.

À l’époque, les zones bleues validées scientifiquement n’étaient qu’au nombre de trois : Okinawa au Japon, la Sardaigne en Italie et Nicoya au Costa Rica.

Buettner en avait ajouté une supplémentaire, pour des raisons éditoriales domestiques si j’ose dire : la communauté de Loma Linda, en Californie. Ça faisait bien d’en avoir une américaine dans le lot ! Toutefois celle-ci n’a jamais été validée scientifiquement.

Contrairement à deux autres : l’île d’Ikaria, en Grèce, identifiée en 2012[1], et…

La Martinique, il y a quelques mois !

Un taux de centenaires trois fois plus important en Martinique qu’en France métropolitaine !

Je ne vous présente pas la Martinique, département français d’outre-mer bien connu.

C’est donc elle, la « nouvelle » zone bleue.

La beauté de la chose, c’est que c’est Michel Poulain lui-même qui, en 2019, a commencé ce long travail de recensement des centenaires de Martinique.

Et la conclusion, au bout de plusieurs mois de travail, fut sans appel : la Martinique a une « concentration » de centenaires par tête d’habitant bien plus importante que la France métropolitaine[2].

Le Dr Makoto Suzuki, pionnier de l’étude des centenaires d’Okinawa, en a lui-même parlé lors de notre rencontre du 8 octobre dernier à la Cité universitaire de Paris.

Voici le graphique qu’il a élaboré avec les données récoltées par Michel Poulain :

Vous le voyez, les lignes comparent les « taux de centenaires » (CR pour « Centenarian rate ») entre, d’une part, les hommes, et d’autre part, les femmes.

Les femmes vivent déjà statistiquement plus longtemps que les hommes. Cet équilibre ne change pas en Martinique.

Mais la conclusion visible d’un seul coup d’œil ici c’est que, homme ou femme, on a 3 fois plus de chances d’atteindre 100 ans en Martinique qu’en France métropolitaine.

La Martinique, pourquoi c’est logique

A presque tous les égards, la Martinique rassemblait déjà, sur le papier, oserais-je même dire sur la carte, les caractéristiques des zones bleues : il s’agit pour chacune de ces zones, à la semi-exception de Nicoya, d’une île.  

(je dis « semi-exception » pour la péninsule de Nicoya car, bien que reliée au continent, elle est peu facile d’accès et de facto isolée du reste du Costa Rica)

Ensuite, comme les autres zones bleues, elle jouit d’un climat soit méditerranéen, soit tropical ; autrement dit, à bien des égards, un climat ensoleillé et tempéré, généreux.

Mais les critères géographiques, évidemment, n’expliquent pas tout, pas plus que les critères génétiques des habitants de ces régions.

En effet, comme pour les autres zones bleues, Michel Poulain attribue la longévité des Martiniquais à leur style de vie.

Un style de vie qui, visiblement, s’exporte mal, car on ne retrouve plus du tout cette longévité accrue chez les Martiniquais vivant en métropole.

« On prend le temps de vivre »

Michel Poulain résume ainsi ce « style de vie » favorable, et qui n’aura sans doute échappé à aucun visiteur de la Martinique : « on prend le temps de vivre »[3].

Est-ce à dire, pour autant, qu’il faut forcément vivre sur une île ensoleillée pour avoir une chance sur 40, comme en Martinique, d’atteindre 100 ans ?

Évidemment pas.

Michel Poulain, et les autres chercheurs étudiant les zones bleues, comme les Drs Suzuki et Curtay, ont identifié 9 grands principes de base déterminant cette longévité exceptionnelle :

1.    Bouger naturellement : favoriser l’activité physique naturelle et non l’activité physique artificielle et forcée ;

2.    Poursuivre un but : avoir un plan de vie que l’on puisse exprimer en se levant chaque matin. C’est le fameux Ikigaï des habitants d’Okinawa ;

3.    Réduire son stress : prendre du temps chaque jour pour méditer, faire la sieste, prier ou prendre du bon temps avec des amis ;

4.    La règle des 80 % : manger avec sagesse et s’arrêter de manger lorsque l’estomac est aux 4/5e plein ;

5.    Privilégier le régime végétarien : manger plus de légumes, fruits et céréales, moins de viande et moins de nourriture provenant de l’industrie alimentaire ;

6.    Boire du vin rouge quotidiennement : adopter un comportement sain par rapport à l’alcool, tout en sachant qu’un verre de vin par jour reste bénéfique ;

7.    La famille avant tout : mettre l’accent sur le rôle de la famille est essentiel, avec une attention particulière aux enfants et aux parents âgés ;

8.    La communauté : reconnaître l’importance de la spiritualité et de l’appartenance à une communauté de foi, quelle qu’elle soit ;

9.    Renforcer le cercle social : étendre le cercle de ses amis peut largement contribuer au bien-être, si l’on veille à y inclure des personnes bienveillantes qui puissent vous soutenir.

Tout cela, j’en conviens, ne s’improvise pas du jour au lendemain.

C’est la raison pour laquelle j’ai préparé pour vous une série de messages pour vous permettre d’adopter, petit à petit, naturellement et sans faire de grand sacrifice, ces principes à votre existence.

Que vous souhaitiez ou non atteindre 100 ans, je sais que ces conseils et ces ajustements seront susceptibles d’améliorer votre bien-être au quotidien.

Je veux m’initier aux recettes de longévité des zones bleues

Portez-vous bien,

Rodolphe


[1] https://www.nytimes.com/2012/10/28/magazine/the-island-where-people-forget-to-die.html – Dan Buettner, « The Island where People Forget do Die », in. The New York Times, 24  octobre  2012

[2] https://uclouvain.be/fr/decouvrir/presse/actualites/la-martinique-5e-zone-du-monde-ou-la-duree-de-vie-est-exceptionnelle.html – « La Martinique, cinquième zone du monde où la durée de vie est exceptionnelle », communiqué de presse, site de l’UC  Louvain, 21 mars 2023

[3] Ibid.