Chers amis,

La vie de couple n’est pas facile tous les jours.

Il faut accepter les petits défauts et les grandes lacunes de sa moitié : voir ses chaussettes qui traînent encore au pied du lit, lui rappeler pour la énième fois un rendez-vous, faire bonne figure devant sa mère ou son père qui vous agace tant…

À tel point qu’une existence à deux qui fonctionne se mesure moins, selon moi, en termes de passions partagées que de seuil de tolérance aux imperfections de l’autre !

Cette abnégation, qui fait partie intégrante de l’amour, a de précieuses contreparties : un meilleur bien-être, une meilleure santé.

Il existe de nombreuses études éloquentes sur ce sujet.

Plus longue la vie (en couple)

Tout d’abord, mieux vaut bien choisir votre partenaire pour la vie, car la durée de celle-ci s’allonge statistiquement chez les personnes mariées ou en couple.

Il y a 20 ans, une étude démographique réalisée par le Conseil de l’Europe établissait sans équivoque l’inégalité entre célibataires et appariés face au risque de décès prématuré, observant qu’un homme seul de 50 ans TRIPLAIT son risque de mourir comparé à un homme marié du même âge[1].

Les statistiques nationales de divers pays du monde confirment régulièrement ce fossé entre espérance de vie des personnes seules, et espérance de vie des personnes en couple.

Le bureau national des statistiques britannique a noté la même nette tendance l’an dernier, hommes et femmes confondus : vous avez deux fois plus de chances de mourir précocement si vous êtes divorcé, célibataire ou veuf (dans cet ordre) plutôt que marié ou en partenariat civil[2].

Être en couple est bon pour la santé (y compris mentale)

Cet « avantage » a été observé de façon très précise.

Ainsi, le fait d’être marié améliore la survie après un infarctus[3] ; l’effet diminue avec l’âge mais, même après 75 ans, le fait de vivre sans conjoint augmente de 25% le risque de décès dans l’année suivant un infarctus[4].

De même, le risque de développer une démence sénile est bien moins élevé chez les personnes en couple que chez celles qui sont veuves ou ayant longtemps vécu seules[5].

Il n’y a pas d’explication univoque à cet avantage observé régulièrement.

En revanche il est fort probable que ces avantages sont étroitement liés non pas au fait d’être marié dans l’absolu, mais à la qualité de la relation de couple.

Pour illustrer ce paramètre fondamental, des chercheurs ont établi que meilleure est la qualité déclarée de votre relation de couple, meilleure est… votre tension ! À l’inverse, moins vous êtes heureux en couple, plus votre pression artérielle est élevée[6].

Il me paraît évident que vivre aux côtés d’une personne que l’on aime nous pousse à prendre davantage de soin non seulement de cette personne, mais de nous-même ; c’est un ikigaï en soi, surtout si l’on a fondé une famille.

Autrement dit, la vie de couple, et sans doute aussi la vie de famille, favorise une meilleure hygiène de vie et réduit le risque de comportements à risque – que ce soit pour votre propre santé, ou au sein de la société.

Une autre étude à la méthodologie intéressante l’a même démontré : des chercheurs ont suivi des vrais jumeaux, d’ont l’un était marié, et l’autre pas ; ils ont observé que, au sein de ces fratries, celui qui n’est pas marié a un comportement plus « antisocial » que celui qui l’est, comme le vol, la fraude ou la conduite dangereuse[7] !

Pour le meilleur et pour le pire

Je reviens sur cette notion de qualité relationnelle, pour insister sur le fait que celle-ci est fondamentale.

Lorsque je dis qu’être marié prolonge statistiquement l’espérance de vie – ainsi que l’espérance de vie en bonne santé – je n’oublie pas qu’à l’inverse un mariage ou un couple peut être le terreau de drames fatals : d’après les données publiées par The Lancet, 13,5% des assassinats dans les 66 pays scrutés sont commis par son conjoint[8] !

La donnée n’est pas nouvelle, et les auteurs de romans policiers comme Simenon ou Agatha Christie ont régulièrement mis en scène cette réalité. D’après cette même étude du Lancet, les assassinats de femmes au sein d’un couple sont 6 fois plus nombreux que ceux d’hommes.

A l’inverse, même si vous aimez très fort votre mari ou votre femme, et vous en savez probablement déjà quelque chose, cela n’empêche pas de souffrir ; on en souffre même d’autant plus fort qu’on en est proche.

Au Danemark, on a observé un fort taux de suicide ou de tentative de suicide chez les époux de personnes internées pour maladies psychiatriques : plus le diagnostic et l’admission étaient récents, plus cette tendance suicidaire était prononcée, comme si la brusque séparation et l’effondrement du couple remettait en cause la raison de vivre même de celui ou celle qui reste[9].

Sans aller jusqu’au suicide actif, le « syndrome de glissement », chez les personnes âgées, apparaît souvent suite à la disparition de l’homme ou de la femme de leur vie[10].

Je me souviendrai toujours des quatre années tristes et terribles que ma grand-mère a passées après le décès de mon grand-père, comme si elle n’attendait plus qu’une chose, le rejoindre.

Aimer très fort quelqu’un de son vivant consiste aussi à partager ses peines, et à assumer d’être une victime collatérale de ses souffrances.

Les études démontrent que la qualité de sommeil des conjoints est altérée par la souffrance du partenaire souffrant de douleurs chroniques, comme d’arthrose du genou [11]. Plus la proximité entre les deux partenaires est importante, plus le phénomène est marqué.

Je terminerai cependant sur une note plus légère et plus positive de cet aspect « fusionnel », qu’on le veuille ou non, du couple.

Si vous entreprenez de mincir, vous serez deux à perdre du poids !

Des études antérieures avaient démontré que les couples commencent souvent leur histoire avec un statut pondéral identique.

Par la suite, leurs courbes de poids se suivent généralement dans le temps. Au point que si l’un des partenaires développe de l’obésité, l’autre a 37 % de « chance » de suivre le même mouvement. Un mimétisme amoureux ? Possible, et qui ne s’arrêterait pas là.

Dans une étude publiée en 2018, un programme de « gestion du poids » a été proposé à un panel de volontaires américains âgés de plus de 25 ans et dont l’IMC (indice de masse corporel) était compris entre 27 et 40. 

Pendant 6 mois, les 130 participants ont eu accès à des conseils personnalisés, des outils en ligne ou des informations générales sur la perte de poids.

Les partenaires des participants, eux, n’ont reçu aucun traitement.

Au bout de 3 mois, les participants comme leurs partenaires ont été évalués, et là : surprise ! Les partenaires non traités avaient eux aussi perdu du poids !

Cette perte s’est même accrue jusqu’au 6e mois. Au total, 32 % des partenaires non traités ont perdu au minimum 3% de leur poids initial[12].

Les chiffres sont les mêmes… que l’on soit marié ou non !

Il y a donc un effet d’entraînement extrêmement tangible, au sein d’un couple, en termes d’hygiène de vie, et de santé.

Il n’appartient qu’à vous de faire pencher la balance du bon côté !

Si vous êtes en couple et souhaitez témoigner de ce que votre conjoint ou votre vie à deux a peu à peu changé dans votre quotidien, je serai heureux de vous lire en commentaire.

Portez-vous bien,

Rodolphe


[1] Corinne Bloch, « Un célibataire de 50 ans a trois fois plus de risques de mourir qu’un homme marié du même âge», Le Temps, 7 mars 2002

[2] « Mortality by marital status in England and Wales: 2010 to 2019 », Office for National Statistics, 8 février 2002

[3] Quinones PA, Kirchberger I, Heier M, Kuch B, Trentinaglia I, Mielck A, Peters A, von Scheidt W, Meisinger C. Marital status shows a strong protective effect on long-term mortality among first acute myocardial infarction-survivors with diagnosed hyperlipidemia–findings from the MONICA/KORA myocardial infarction registry

[4] Zhaowei Z, Xiaofan P, Hebin X, Cuihong T, Haoran X, Qinna L, Zhenzhen L, Xinqun H, Zhenfei F, Jianjun T, Yanshu Z, Hong Y, Chun S, Shi T, Qiming L, Hejun J, Xiaoling L, Shenghua Z, « Comparison of One-Year Survival After Acute Coronary Syndrome in Patients ≥75 Years of Age With Versus Without Living With Spouse”, Am J Cardiol

[5] Sommerlad, Andrew et al. “Marriage and risk of dementia: systematic review and meta-analysis of observational studies.” Journal of neurology, neurosurgery, and psychiatry

[6] Grewen KM, Girdler SS, Light KC, “Relationship quality: effects on ambulatory blood Pressure and negative affect in a biracial sample of men and women”, Blood Press Monit.

[7] Burt, S Alexandra et al. “Does marriage inhibit antisocial behavior?: An examination of selection vs causation via a longitudinal twin design.” Archives of general psychiatry

[8] «The global prevalence of intimate partner homicide: a systematic review », The Lancet, 20 juin 2013

[9] Agerbo, Esben. “Risk of suicide and spouse’s psychiatric illness or suicide: nested case-control study.” BMJ (Clinical research ed.) vol. 327,7422 (2003)

[10] Rémy C. Martin-Du-Pan, « Syndrome de glissement », Revue médicale suisse

[11] Martire, Lynn M et al. “The impact of daily arthritis pain on spouse sleep.” Pain vol. 154,9 (2013)

[12] Randomized Controlled Trial Examining the Ripple Effect of a Nationally Available Weight Management Program on Untreated Spouses. Authors Amy A. Gorin, Erin M. Lenz, Talea Cornelius, Tania Huedo-Medina, Alexis C. Wojtanowski, Gary D. Foster