Chers amis,

Vous avez très mal quelque part : à la tête, au dos, au genoux… mais rien apparemment n’explique cette douleur : les scanners et IRM ne montrent pas de lésion, pas de fracture, aucun dommage.

Ou parfois vos douleurs persistent après votre guérison.

Cela veut dire que la douleur est « dans votre tête » ? Non. Quand vous avez mal, vos douleurs sont bien réelles.

Mais il faut vous en débarrasser. Non seulement parce que « avoir mal » épuise, mais parce qu’une douleur durable augmente le risque d’anxiété et de dépression. Ce mécanisme est bien documenté par une série d’études[1],[2],[3].

Il est possible de sortir de ce cercle vicieux.

Je vais vous parler d’une méthode atxpique qui s’est révélée particulièrement efficace contre les douleurs chroniques, de dos, cervicales, hanches, et genoux.

Elle ne nécessite pas de rééducation, massage, médicament ou mouvement compliqué.

Par contre il faut une certaine ouverture d’esprit.

Je commence par une anecdote.

Cet homme arrive à l’hôpital avec un clou de 15 cm dans le pied… et là surprise !

C’est un cas médical relaté par le British Medical Journal en 1995[4].

Un chef de chantier de 29 ans saute sur une planche, un clou de 15 cm transperce sa chaussure droite. La pointe du clou sort de l’autre côté de la chaussure.

L’homme hurle de douleur. Une ambulance l’emmène à l’hôpital. Pendant le trajet, il a tellement mal que les infirmiers lui donnent des sédatifs et opioïdes.

Les médecins se regardent stupéfaits

Arrivés sur place, les médecins retirent sa chaussure et se regardent stupéfaits : le clou est passé entre deux orteils sans traverser la peau !

L’homme n’a aucun dommage au pied : pas une goutte de sang, pas de bleu, même pas une égratignure.

Pourtant sa douleur était bien réelle ! Que s’est-il passé ?

Son cerveau a voulu le protéger

Son cerveau a conclu à une menace à son intégrité physique en s’appuyant sur :

  • ses sens (en particulier la vue du clou et des visages horrifiés de ses collègues).
  • son expérience passée: son cerveau a gardé en mémoire la vision d’accidents de chantier similaires : il est conscient des risques : douleur physique, souffrance morale, peur de ne pas guérir rapidement, d’être handicapé, de ne pas pouvoir travailler, nourrir sa famille…

Son cerveau a synthétisé en quelques secondes toutes ces informations (pensées, sensations, émotions)…

et a envoyé un signal de douleur pour se protéger.

Au départ, la douleur est une excellente chose

Le rôle premier de la douleur est de rendre l’homme conscient d’un danger. Certaines personnes naissent sans capacité à ressentir la douleur (analgésie génétique) et mettent sans cesse, malheureusement, leur vie en danger.

La douleur est donc une bonne chose pour notre survie.

Mais quand elle dure plus de 3 mois sans vraie maladie détectée, elle devient chronique.

A ce moment-là, la douleur vous pourrit la vie, vous ne savez pas concrètement comment la faire partir car elle n’a pas de cause visible.

Lorsque les médecins ne savent pas expliquer la douleur physiquement, souvent ils abandonnent.

Et pourtant…

L’étonnante méthode d’un médecin américain contre les douleurs « fantômes »

Des études ont suggéré que le simple fait d’apprendre comment elle fonctionne est un outil efficace pour réduire la douleur chronique.

En fait c’est toujours le cerveau qui analyse les dangers et envoient les signaux de douleurs.

Or parfois il arrive que le cerveau… se trompe.

Il envoie un signal trop fort pour vous protéger.

Pour le Pr Sarno, célèbre médecin américain spécialiste de la douleur, la douleur physique serait là pour détourner l’attention d’autres souffrances profondes, d’ordre psychologique. 

Tant que cette douleur ne sera pas résolue dans votre cerveau vous continueriez d’avoir mal, pour rien.

C’est ainsi que le Pr Sarno s’est mis à traiter différemment ses patients, avec des résultats rapportés époustouflants.

Sur 177 patients traités au cours des années 1980 à 1982, 76% ont déclaré qu’ils vivaient dorénavant sans douleur.

En 1987 sur 109 patients qui se plaignaient de douleurs du dos et dont les scanners avaient révélé des hernies discales, 88% ne souffraient plus après avoir été traité par le Dr Sarno 1 à 3 ans plus tôt[5].

« La douleur peut être atténuée depuis le cerveau »

Il n’y a jamais eu d’études en double aveugle pour confirmer la méthode Sarno. Cependant à l’occasion d’un hommage post mortem, le journal Forbes a qualifié ce professeur de « plus brillant des médecins américains, (…) un trésor national largement négligé »[6]

Les dernières études en neuroscience semblent donner raison à Sarno :

  • Contrairement à ce que les médecins pensaient, les hernies discales et les douleurs chroniques du dos n’auraient aucune corrélation. C’est ce qu’a démontré une étude rigoureuse publiée dans le New England Journal of Medicine[7]. L’étude explique que l’anxiété serait à l’origine des hernies discales.
  • La chercheuse en neuropsychologie, Marian van der Meulen, de l’Université du Luxembourg confirme quant à elle que la douleur peut être modulée, contrôlée et atténuée depuis le cerveau, grâce à des outils de gestion émotionnelle[8].

Vous n’êtes pas forcément conscient de crisper les épaules

Votre cerveau sait où se trouve le bouton « off » de vos douleurs. Il presse naturellement ce bouton « off » lorsque vous regardez un film, ou que vous êtes en pleine conversation.

Vous oubliez alors momentanément vos douleurs.

La méthode Sarno, comme toutes les méthodes de reprogrammation mentale, consiste à rendre ce processus conscient et durable.

Pour cela, la première chose à faire est d’accepter que la douleur n’est pas que physique, mais a toujours une composante émotionnelle.

Je vais vous donner un exemple.

Lorsque vous ressentez de la tension au niveau des épaules et des cervicales, la cause est souvent le stress.

Des chercheurs ont établi que lorsqu’on se « met la pression », elle s’imprime physiquement dans le haut du dos. Or cette pression a des causes psychologiques : peur de ne pas réussir, de ne pas être à la hauteur. Plus la pression interne monte, plus vos épaules se contractent, plus vos mâchoires se serrent, ce qui finit par provoquer douleurs et raideurs. 

Vous n’êtes pas forcément conscient de crisper les épaules ou de serrer les mâchoires au moment de votre pic de stress, car l’émotion vous distrait.

Ce que vous voyez c’est la conséquence : vous êtes tendus.

En connaissant la cause mentale de vos douleurs vous pourriez les désamorcer.

3 outils de gestion des émotions pour mettre vos douleurs sur « off »

Il existe de nombreux outils pour le faire. En voici trois.

Outil 1 : la méditation de pleine conscience

La méditation de pleine conscience est puissante. Des chercheurs ont démontré que la méditation pouvait modifier la structure de votre cerveau pour qu’il puisse mieux gérer les émotions et la douleur :

  • Une étude de 2018[9] a montré que la pratique de la méditation de pleine conscience pendant plusieurs années modifiait l’épaisseur du cortex cérébral. Résultat : certaines zones du cerveau sont moins sensibles à la douleur.
  • Une grande étude de 2012[10] a confirmé que la méditation de pleine conscience atténue considérablement le ressenti de la douleur en calmant les émotions négatives.

Outil 2 : le yoga

Comme la méditation, l’un des objectifs principaux du yoga est de calmer les pensées associées à des émotions comme le stress, l’anxiété, ou l’inquiétude. Lorsque vous calmez ces pensées tout en bougeant votre corps de manière confortable et relâchée, vous réduisez votre ressenti de la douleur. Le mode d’action passe notamment par la régulation des systèmes nerveux centraux et parasympathiques[11].

Outil 3 : l’acupuncture et l’hypnose

Une méta-analyse parue dans la revue Practical Pain Management suggère que l’acupuncture serait efficace pour traiter les douleurs chroniques en agissant sur les neurotransmetteurs du cerveau. Notamment les niveaux d’endorphines, ces « antidouleurs » produits naturellement par votre corps[12], qui permettent de ressentir moins vivement les émotions négatives.

Si vous croyez aux vertus de l’hypnose, sachez qu’elle enregistre aussi de bons résultats dans le traitement de la douleur[13]. Contrairement aux trois méthodes citées précédemment, vous agissez sur vos douleurs par le biais de l’inconscient. Elle fonctionnerait bien sur les douleurs chroniques.

Anticipez les douleurs, avant qu’elles n’arrivent

Si vous voulez éviter de créer de nouvelles douleurs, amener plus de conscience dans vos gestes quotidiens est une bonne solution.

Ça parait une évidence pour certains : vous avez plus de chance de vous blesser ou de vous créer des tensions quand vous êtes distrait, ou triste, ou frustré, ou en colère.

Vous êtes alors moins conscient de votre environnement et les probabilités que vous vous cogniez contre un mur, tombiez de vélo ou trébuchiez augmentent en conséquence.

C’est ce qu’a démontré une étude de 2005, menées sur 304 athlètes[14].

90% des athlètes se blessent « sous le coup d’une émotion ».

En 2018, une autre étude menée sur 215 sportifs démontre que ceux ayant des subi des traumatismes personnels (agressions, viols, divorces etc) ont plus de chances de se blesser que les autres[15].

Si vous avez tendance à vous blesser régulièrement interrogez-vous sur votre état d’esprit au moment de l’accident. C’est souvent très révélateur.

Vos douleurs ne dépendent pas que de vous, et c’est bien d’en être conscient

Vient ensuite votre état d’esprit au moment où l’accident arrive !

Une expérience menée en 2009[16] a montré que lorsque vous ressentez des émotions négatives, vous ressentez aussi plus vivement la douleur sur le moment.

Les chercheurs ont fait le test suivant : ils envoyaient des signaux douloureux à des sujets ‘sains’ tout en leur montrant des images.

Lorsque ces images étaient tristes ou inquiétantes, la douleur était perçue plus intensément que lorsque les images étaient positives.

Ils ont répété l’expérience en montrant des visages tristes et inquiets, puis des visages neutres. La douleur était plus forte quand les personnes autour montraient de la tristesse ou de l’inquiétude.

Bien entendu, vous ne pouvez pas choisir l’environnement où vous allez vous blesser ! Ni décider du contexte ou des personnes présentes au moment où ça arrive.

Mais la chose que vous pouvez faire, c’est être conscient que le cerveau humain est conçu pour parer au pire. Donc quand vous avez mal, il faut évidemment agir pour avoir moins mal… mais aussi tenter de relativiser sa douleur.

J’espère que ces quelques conseils vous aideront.

Prenez bien soin de vous !

Rodolphe


[1] https://www.performancehealthacademy.com/the-impact-of-mental-health-on-injury-recovery.html

[2] Irwin, M., Daniels, M., & Weiner, H. (1987). Immune and neuroendocrine changes during bereavement. Psychiatric Clinics of North America, 10(3), 449–465.

[3] Stokes, P. E. (1995). The potential role of excessive cortisol induced by HPA hyperfunction in the pathogenesis of depression. European Neuropsychopharmacology, 5, 77–82.

[4] https://www.psychologytoday.com/us/blog/pain-explained/201911/tale-two-nails

[5] https://www.thierrysouccar.com/blog/soulager-la-douleur-chronique-les-lecons-du-dr-john-sarno

[6] https://www.forbes.com/sites/edwardsiedle/2012/09/26/americans-best-doctor-and-his-miracle-cures-dr-john-e-sarno/

[7] https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJM199407143310201#t=article

[8] https://paperjam.lu/article/news-la-douleur-est-une-experience-tres-subjective

[9] https://psychiatryonline.org/doi/10.1176/appi.ajp-rj.2018.130401

[10] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3968314/

[11] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2936076/

[12] https://www.practicalpainmanagement.com/patient/treatments/alternative/role-acupuncture-treating-chronic-pain

[13] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2752362/

[14] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3899654/

[15] https://liu.se/en/news-item/sjalsliga-arr-okar-idrottares-skaderisk

[16] Roy, M., Piché, M., Chen, J.-I., Peretz, I., & Rainville, P. (2009). Cerebral and spinal modulation of pain by emotions. Proceedings of the National Academy of Sciences, 106(49), 20900–20905. http://dx.doi.org/10.1073/pnas.0904706106