Chers amis,

Fin janvier, je vous adressais une lettre dans laquelle je décrivais la colère comme une émotion positive – à condition de parvenir à l’exprimer et à l’évacuer sans s’auto-détruire[1].

Je terminais d’ailleurs cette lettre en vous invitant à partager avec les autres lecteurs la façon que vous avez trouvé, vous, pour faire passer votre colère.

Un compte-rendu de recherche publié dans Scientific Reports décrit précisément un outil permettant à la fois d’exprimer et d’évacuer une colère de façon simple et efficace.

Elle se fonde sur un réflexe simple, que vous avez peut-être déjà adopté, mais avec une « touche finale » qui fait visiblement la différence.

Ce que je conseille au plus colérique de mes enfants

Il y a quelques temps, je voyais grandir une colère rentrée chez l’un de mes enfants.

Faute de réussir à s’exprimer correctement, cette colère s’accumulait et « sortait » de temps à autre sous forme de crises violentes et intempestives qui laissaient le reste de la famille désemparé.

Je lui ai alors proposé d’écrire dans un carnet ce qui provoquait cette colère.

Ça a un peu fonctionné ; mais à présent je lui proposerais, après avoir écrit ce qui provoquait sa colère… de déchirer et de jeter la page.

C’est la méthode qu’ont fait suivre deux chercheurs japonais à des étudiants et dont le compte-rendu vient donc d’être publié[2].

Au broyeur à papier, ou rangé sur le bureau ?

Les chercheurs avaient demandé à des étudiants d’écrire leur opinion sur des sujets de société, comme l’interdiction de fumer dans les lieux publics – autrement dit, de rédiger ce qui ressemblerait, chez nous, à une courte dissertation.

Leur texte, était-il annoncé aux participants, devait ensuite être analysé par un expert de l’université de Nagoya, où se déroulait l’étude.

Ce que ne savaient pas les participants, c’est que quel que soit l’intérêt de leur production littéraire, celle-ci serait « saquée » sans retenue par l’évaluateur : tous les travaux devaient recevoir une note médiocre ainsi que des commentaires peu amènes sur le manque d’intelligence manifeste de leur auteur.

De quoi provoquer une colère bien légitime, donc.

Suite à ce camouflet, les étudiants étaient invités à coucher sur le papier leur réaction, et notamment à décrire leur émotion, et ce qui l’avait provoquée.

À partir de là, les participants furent répartis en 3 groupes : dans le premier, ils jetaient à la poubelle l’écrit contenant la description des raisons de leur colère ; dans le deuxième ils le passaient à la broyeuse ; dans le troisième ils le gardaient sur le bureau.

C’est sans ambiguïté, d’après les auteurs de l’étude, que les participants qui avaient jeté ou passé à la broyeuse le papier sur lequel ils avaient décrit leur colère s’étaient presque immédiatement sentis soulagés et libérés de leur colère.

Ceux qui l’avaient gardé sur leur bureau ne tiraient pas le même bienfait de l’exercice.

On est ici à mi-chemin entre la psychologie et la psycho-magie telle que la pratique Alejandro Jodorowsky – c’est d’une simplicité enfantine mais, visiblement, d’une efficacité redoutable.

En tout cas les auteurs de l’étude eux-mêmes étaient surpris par « l’élimination presque intégrale » de la colère suite à cet exercice.

Si vous avez déjà essayé cette méthode, je vous invite à raconter votre expérience en commentaire.

Portez-vous bien,

Rodolphe


[1] https://alternatif-bien-etre.com/societe/la-colere-est-une-emotion-positive/ – Rodolphe Bacquet, « La colère est une émotion positive », in. Alternatif Bien-Être, 28 janvier 2024

[2] https://www.nature.com/articles/s41598-024-57916-z – Yuta Kanaya & Nobuyuki Kawai, « Anger is eliminated with the disposal of a paper written because of provocation », in. Scientific Reports n°14, 2024