Chers amis,

Les relations entre les cancers et l’infection au covid intriguent les chercheurs depuis l’apparition du SARS-CoV-2.

Maintenant que nous avons un peu de recul sur ce dernier, ses interactions avec différents cancers se font plus claires.

Ce n’est pas très rassurant, je préfère vous prévenir tout de suite.

Les patients souffrant de cancer font des formes de covid plus sévères…

Dès le début de la pandémie, une étude chinoise publiée par The Lancet avait noté que les patients atteints de cancer développaient des formes plus sévères de Covid [1].

Dans la foulée, une autre étude chinoise avait établi un lien de continuité entre la fragilité immunitaire des patients atteints de cancer (provoquée notamment par les traitements) et leur plus grande propension à contracter des infections bactériennes ou virales – dont le covid [2].

Tout cela, c’était en février-mars 2020, soit au tout début de la « crise sanitaire ».

Qu’en est-il maintenant ?

Eh bien, les médecins constatent, en France et en Europe, que ce rapport est réciproque.

Autrement dit : des formes plus sévères de covid seraient un indice de risque accru de cancer dans les mois suivant l’infection.

… Et les patients souffrant de formes sévères de covid sont plus à risque de développer un cancer

Cette fois-ci, l’étude vient d’Europe ; de l’université de Genève, plus exactement. Publiée le mois dernier dans la revue Scientific Reports, elle compare le suivi de 41 302 patients français admis en soins intensifs pour un covid sévère, comparé à celui de 713 670 patients témoins.

Les deux groupes étaient homogènes en termes d’âge, de sexe et d’origine géographique.

Le but recherché était de surveiller, dans chacun des deux groupes, l’apparition de nouveaux cancers dans un délai minimum de 4 mois après l’admission.

Les chercheurs ont constaté que les diagnostics de cancers étaient de 31% supérieurs chez les patients hospitalisés pour un covid sévère que ceux qui ne l’étaient pas [3].

Le risque est particulièrement plus élevé pour les cancers du rein, du côlon, du sang et du poumon.

Y’a-t-il un lien de cause à effet ? Les auteurs de l’étude sont prudents, indiquant qu’un covid sévère pourrait être un « marqueur » d’un cancer non-diagnostiqué.

Autrement dit, le covid agirait comme un révélateur d’un cancer alors discret.

Mais une étude antérieure permet d’envisager une autre explication.

Le covid, un « accélérateur » de tumeur ?

L’étude en question a été publiée l’an dernier.

Contrairement aux trois autres que j’ai citées précédemment, il ne s’agit pas d’une étude observationnelle sur des malades, mais de microbiologie.

Les chercheurs ont en effet étudié les interactions entre la protéine Spike (la fameuse « épine » de la couronne donnant son nom au coronavirus) et différentes protéines impliquées dans les tumeurs cancéreuses [4].

Le bon fonctionnement de ces protéines est nécessaire pour maintenir un environnement micro-cellulaire sain : elles sont surveillées de près pour suivre, par exemple, le développement d’une tumeur suspectée ou avérée.

Or ce qu’ont découvert ces chercheurs c’est que la protéine Spike « influence » ces protéines… dans le mauvais sens

L’altération du niveau d’expression ou de fonctionnement de ces protéines provoquée par la protéine Spike engendrerait une accélération du développement de tumeurs.

Et en particulièrement des cancers du poumon et du sein.

Par conséquent, disent les auteurs dans leur conclusion, « le nouveau SARS-CoV-2 (par l’intermédiaire de sa protéine Spike) a une plus forte probabilité d’induire un cancer chez les personnes non cancéreuses et de favoriser l’accélération du cancer chez les patients cancéreux. Cela représente une menace pour les patients cancéreux et les personnes immunodéprimées. »

Voilà qui recoupe ce qu’ont observé les trois premières études que je citais : cette étude microbiologique contribue, à tout le moins, à expliquer la plus forte incidence de cancers chez les patients atteints de covid sévères.

Par ailleurs la protéine Spike est précisément celle que les vaccins à ARNm fait se répliquer artificiellement dans le corps après l’injection.

Quelles conclusions devons-nous en tirer concernant le rapport entre cette protéine Spike induite par l’injection et de possibles cancers ?

Impossible de le dire pour le moment… et c’est, dans le domaine de la recherche médicale, un sujet encore tabou.

Portez-vous bien,

Rodolphe Bacquet

[1] Wang, Hanping, and Li Zhang. “Risk of COVID-19 for patients with cancer.” The Lancet. Oncology vol. 21,4 (2020): e181. doi:10.1016/S1470-2045(20)30149-2 https://www.thelancet.com/journals/lanonc/article/PIIS1470-2045(20)30149-2/fulltext

[2] Liang, Wenhua et al. “Cancer patients in SARS-CoV-2 infection: a nationwide analysis in China.” The Lancet. Oncology vol. 21,3 (2020): 335-337. doi:10.1016/S1470-2045(20)30096-6 https://www.thelancet.com/journals/lanonc/article/PIIS1470-2045(20)30096-6/fulltext

[3] Dugerdil, Adeline et al. “Severe SARS-CoV-2 infection as a marker of undiagnosed cancer: a population-based study.” Scientific reports vol. 13,1 8729. 30 May. 2023, doi:10.1038/s41598-023-36013-7

[4] Masimani V., Ravindrana Y., et al., « SARS-CoV-2 Kerala Isolate Spike Protein Induces Cancer Proliferating Markers for Lung and Breast Cancer: An In Silico Approach », Coronaviruses, 1er août 2022, https://www.ingentaconnect.com/content/ben/covid/2022/00000003/00000004/art00008