Chers amis,

J’aimerais vous raconter une histoire édifiante, qui a changé notre regard sur certains des maux les plus répandus de notre époque : le diabète, le surpoids, l’hypertension et d’une manière plus globale les maladies cardio-vasculaires.

Cette histoire débute en 1984, en Australie.

Kerin O’Dea est alors une jeune chercheuse en santé publique et nutrition.

Elle s’intéresse particulièrement aux Aborigènes, qui connaissent alors un bond spectaculaire des maladies chroniques, en particulier le diabète, l’obésité et l’hypertension.

Or ces Aborigènes se sont complètement adaptés au mode de vie occidental, importé avec les colons anglais : ils ont délaissé leur alimentation traditionnelle au profit d’un régime alimentaire tel qu’on le connaît aujourd’hui en France.

C’est-à-dire riche en pommes de terre, en viandes grasses, et en produits blancs raffinés : sucre, sel, riz, farine. Sans parler des sodas et des bières.

Et si, se demande Kerin O’Dea, ces Aborigènes reprenaient pour quelques temps leur alimentation ancestrale, que se passerait-il ?

Retour aux sources

Les Aborigènes d’Australie, avant la colonisation de l’île-continent par les Anglais, avaient un mode de vie et d’alimentation proche de nos propres ancêtres du paléolithique, c’est-à-dire qu’ils étaient des chasseurs-cueilleurs.

Et c’est à ce « régime » que Kerin O’Dea a demandé à 14 Aborigènes de revenir, 7 semaines durant.

10 d’entre eux étaient diabétiques, 4 non, mais tous souffraient d’hypertension (et d’un fort taux de cholestérol).

Durant ces 7 semaines, les 14 Aborigènes volontaires n’ont donc mangé que ce qu’ils cueillaient, ramassaient ou chassaient.

De façon intéressante, ils n’ont pas du tout mangé la même chose selon qu’ils vivaient sur la côte, à l’intérieur du pays, ou bien étaient en déplacement.

Mais 50 à 80% de leurs apports caloriques venaient de protéines animales : tout aussi bien du bœuf que du kangourou, des poissons, des oiseaux, des crocodiles (eh oui !), de la tortue, des crevettes ou du crabe.

Cette proportion de viande peut paraître scandaleuse aujourd’hui, mais elle reflète assez bien la réalité du régime alimentaire aborigène australien avant la colonisation, dans un pays je le rappelle très sec et donc pauvre en végétaux.

De même, leur consommation de glucides et de graisses fut considérablement réduite par rapport à leur régime alimentaire occidental/moderne.

Et quand ils mangeaient des glucides, c’étaient des glucides issus essentiellement de l’igname, du miel et des figues : leur régime était donc également riche en fibres, en vitamines et en minéraux.

Je précise qu’ils se « dépensaient » plus – physiquement j’entends – pour trouver leur nourriture.

Moins 8 kilos en 7 semaines

Le résultat fut spectaculaire[1].

D’abord parce qu’en 7 semaines, les participants – qui étaient je le rappelle tous en surpoids – avaient perdu en moyenne 8 kilos.

Ensuite, et surtout, parce que Kerin O’Dea a constaté chez les participants une baisse :

  • De la glycémie et l’insulinémie (chez les diabétiques comme chez les non-diabétiques) ;
  • Des triglycérides (des lipides apportés par les graisses animales ou les produits laitiers : c’est cette graisse qui « enrobe » un être humain en surpoids) ;
  • De la pression artérielle.

Si ces résultats ne vous surprennent pas, c’est une bonne nouvelle. Cela signifie que vous êtes déjà conscient des rapports étroits entre l’alimentation et les maladies chroniques et de civilisation.

Mais il y a près de 40 ans, le « paysage » en termes de connaissances scientifiques sur les rapports entre alimentation et santé était tout autre qu’aujourd’hui.

Si vous disiez à votre médecin que vous alliez revenir à l’alimentation de vos ancêtres du paléolithique ou imiter les Aborigènes d’Australie pour faire baisser votre cholestérol ou votre hypertension, il vous aurait pris pour un dingue !

Kerin O’Dea est aujourd’hui professeur émérite en santé publique et nutrition à l’université d’Australie du sud. Elle a élargi le champ de ses recherches au régime méditerranéen – mais je vous en reparlerai[2].

Son étude, débutée en 1984 et dont les résultats ont été publiés au début des années 1990, a été l’une des premières à démontrer de façon implacable que la façon de s’alimenter et de vivre était plus efficace que n’importe quel médicament pour traiter un dérèglement comme le diabète ou l’hypertension.

J’ai décidé de consacrer une série de lettres aux pouvoirs de l’alimentation face aux problèmes de santé.

Elle est intitulée Votre Santé, Votre Alimentation.

Par ce nouveau canal, j’espère vous donner des armes pour améliorer votre santé, par ce qui devrait être au cœur de toute approche thérapeutique : ce que vous mangez et à quel moment vous le mangez.

Je ne serai pas le seul à intervenir sur ce sujet. Je vous réserve quelques surprises à ce sujet.

L’inscription est gratuite. Et vous verrez, dans les prochaines lettres de Votre Santé, Votre Alimentation, quelles sont les adaptations faciles à opérer dans votre quotidien pour lutter contre les maladies de civilisation, sans pour autant manger du kangourou ou de la tortue !

Bon appétit et bonne santé,

Rodolphe Bacquet

[1] O’Dea K (1991). Cardiovascular disease risk factors in australian Aborigines. Clinical and Experimental Pharmacology and Physiology 18 (2), 85-88.

[2] Kirby T (2012). Kerin O’Dea: improving the health of Indigenous Australians. The Lancet 380 (9846), 967.