Chers amis,

Ce début d’été est à bien des égards déplorable, et l’actualité hystérique et éreintante.

Plutôt que de discuter météo et politique, je préfère vous parler d’un moyen de vous sentir bien, voire d’être heureux, en toutes circonstances et surtout tous les jours.

Ce moyen, c’est aussi un moyen de transport : c’est le vélo !

La petite reine, la bicyclette, la bécane, le clou !

Le vélo traverse tranquillement les époques, les aléas de l’histoire, les régimes politiques et même les intempéries. Parfois on déraille ou on a un pneu à plat, mais ça reste peu de choses à côté des tracas d’une auto.

Et c’est la première qualité du vélo : sa simplicité.

On parle de balance bénéfices-risques pour les médicaments ; si on l’appliquait aux moyens de transports, le vélo aurait probablement le meilleur score (avec la marche à pied).

Il ne coûte pas cher, ne pollue pas, permet de se déplacer facilement… et il est bon pour la santé !

Prescription : 20 minutes de vélo tous les jours (pour commencer)

On ne retient souvent du vélo que ses bienfaits sur le système cardiovasculaire.

C’est vrai, faire du vélo est bon pour votre cœur, mais vous pouvez obtenir le même résultat avec un vélo d’appartement.

Un « vrai » vélo a d’autres bienfaits sur votre santé, avec ses deux roues sur le sol :

  • il vous aide à développer et à maintenir votre sens de l’équilibre ;
  • il améliore votre proprioception (le « sens » de votre corps dans l’espace) ;
  • il réduit votre risque de chute.

Une activité physique douce et régulière est l’une des meilleures routines santé à adopter.

Faire du vélo vous permet de sublimer cette activité.

Vos efforts se traduisent en distance parcourue, en vitesse gagnée, en paysage traversé.

Voire en dénivelé franchi si vous arrivez à gravir des pentes à la force de vos mollets.

Quelle satisfaction, en parvenant à destination, d’y être arrivé en le méritant !

Un bus, un métro, votre voiture, un train ou un avion, vous transportent : vous êtes déplacé, sans effort, presque passivement. C’est une machine, un moteur, qui travaillent, pas vous ; avec un vélo, c’est vous qui vous déplacez.

Cet effort peut parfois être pénible mais le plaisir que procure le vélo vient de ce que vous parcourez littéralement des hauts et des bas : après l’effort que demande une côte à monter, suit le plaisir, grisant, de se laisser porter, glisser, sur celle qui descend.

Cette alternance de défis, de moments difficiles, et de récompenses, de moments de légèreté, est à l’image même de la vie.

20 minutes d’exercice physique par jour sur ce modèle sont un bon moyen de commencer !

Sur un vélo, vous êtes vivant et mieux relié à ce qui vous entoure

Ce tout autre rapport aux distances et au mouvement tient aussi à ce que, sur un vélo, vous êtes dehors, à l’air libre.

Vous êtes au contact des éléments : il faut parfois avancer contre le vent, sentir la pluie sur ses cuisses, mais aussi le parfum des fleurs au printemps, le soleil d’été sur la peau.

Faire du vélo rend heureux parce que sur une selle, on se sent vivant. Vous affrontez, mais vous jouissez aussi, du monde extérieur.

Vous n’êtes pas protégé par l’habitacle d’une voiture, qui vous coupe des sensations du monde qui vous entoure : ce monde, vous le traversez, vous en faites partie.

Je vous concède que cette expérience n’est pas nécessairement des plus épanouissantes dans une ville encombrée et polluée.

Mais dans des villes à taille plus humaine, dans des villages et en campagne, quel plaisir ! Sans le stress des voitures qui klaxonnent, à vélo vous pouvez parcourir la route et la vie comme une promenade, au rythme qui vous plaît.

Des bienfaits aussi sur la santé cognitive

Une étude britannique publiée il y a cinq ans et portant sur une centaine de personnes âgées de 50 à 83 ans a démontré que c’est bel et bien cette combinaison d’activité physique et en extérieur qui était particulièrement bienfaisante pour la santé mentale et cognitive.

Pour les besoins de cette étude, une partie des participants faisait du vélo, et l’autre n’en faisait pas.

Pendant une période de huit semaines, les participants cyclistes étant tenus de faire du vélo au moins trois fois par semaine pendant trente minutes pour chaque trajet.

La fonction cognitive et le bien-être ont été mesurés avant et après la période d’intervention.

L’étude a démontré que les cyclistes avaient de meilleurs résultats en termes de traitement des tâches intellectuelles (meilleure précision et plus grande rapidité) mais également de bien-être ressenti que les non-cyclistes.

En somme, ils avaient le cerveau plus affûté et étaient plus heureux[1].

Ce qui, à tout prendre, constitue un facteur de protection contre les maladies neurodégénératives.

Bonne nouvelle si vous utilisez un vélo électrique

L’étude impliquait aussi des utilisateurs de vélo électrique, et bonne nouvelle : les bienfaits étaient identiques.

Pratiquer le vélo avec assistance électrique ne procurerait donc pas moins de bienfaits que le vélo normal, tant que vous en faites à l’extérieur, et que vous pédalez !

La France à la traîne

Je sais que se mettre ou se remettre au vélo n’est pas toujours facile.

Outre votre motivation, la question de votre environnement immédiat rentre en ligne de compte.

Or il faut convenir que la France n’est pas, en Europe, la nation la plus amie avec le vélo.

Au sein de l’Union européenne, elle est classée 19ème sur 28 pour l’utilisation quotidienne des vélos[2].

Il est terrible qu’un pays se présentant comme un champion en termes de système de santé soit à ce point à la traîne en ce qui concerne ce moyen simple et efficace de se maintenir en bonne santé (et heureux !).

C’est une question culturelle.

J’ai vécu durant deux ans aux Pays-Bas, l’un des pays en tête du peloton (aha) pour ce qui est de l’usage régulier du vélo. Là-bas, circuler en vélo est la chose la plus naturelle et normale du monde : il y en a beaucoup plus que les voitures !

Vous me demanderez : n’y a-t-il pas d’accident ?

Eh bien le risque d’avoir un accident en roulant à vélo est inversement proportionnel au nombre de personne circulant ainsi[3].

Et les Pays-Bas, où pratiquement personne ne porte un casque pour monter sur un vélo, sont le pays le plus sûr d’Europe sur ce plan.

Durant deux ans de trajets quotidiens à vélo, je n’ai jamais eu le moindre problème.

En revanche, c’est à Londres, où je n’étais que depuis quelques jours, que j’ai eu à vélo un accident de circulation qui m’a valu une rotule éclatée. Le Royaume-Uni fait pire que la France pour l’usage du vélo !

Néanmoins, je constate ces toutes dernières années que les choses changent : il y a davantage de voies cyclables, et les vélos électriques sont devenus financièrement plus accessibles.

Tous les voyants sont au vert pour vous (re)mettre à ce polymédicament bon pour la santé et le moral – si ce n’est pas encore fait.

Et vous, faites-vous du vélo ?

Portez-vous bien,

Rodolphe


[1] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30785893/ – Louise-Ann Leyland, Ben Spencer, Nick Beale, Time Jones, Carien M. van Reekum, « The effect of cycling on cognitive function and wellbeing in older adults », in. PLoS One, Février 2019

[2] https://www.lemonde.fr/blog/transports/2019/05/11/10-chiffres-sur-le-velo-en-europe/ – Olivier Razemon, « 11 chiffres sur le vélo en Europe », in. blog L’Interconnexion n’est plus assurée : chronique impatiente de la mobilité quotidienne, 11 mai 2019

[3] Ibid