Chers amis,
Chez moi, le choix d’un disque suscite toujours des débats passionnés et passionnants.
Malgré son jeune âge, ma petite dernière aime Vivaldi et L’Arlésienne de Bizet, tandis que les deux plus grands mettent spontanément la musique de Harry Potter ainsi que Joe Dassin… quitte à chanter à tue-tête Champs-Élysées pendant des heures !
Il y a les disques du matin le week-end, les disques du soir en semaine ; le choix varie en fonction de nos humeurs… et de la météo. Grand soleil ou pluie battante n’appellent pas la même musique.
Comme mon lecteur CD est en panne nous écoutons actuellement des vinyles.
J’aime ce cérémonial de sortir le grand disque de sa pochette, le poser sur la platine, placer le diamant et tout à coup entendre le son qui crépite avant que la musique commence…
C’est idiot mais je préfère cela à la pression sur un bouton pour « balancer » une musique via des enceintes bluetooth !
Voici le trajet d’une mélodie dans votre corps
Le bien que me fait la musique, à moi, m’a donné l’envie d’enquêter sur ses bienfaits santé.
On s’en aperçoit aisément : la musique rentre par les oreilles, mais fait effet sur tout le corps.
Certaines musiques nous donnent la chair de poule, certains morceaux font battre notre cœur plus vite. Certaines chansons nous font même pleurer !
Tout cela passe par les systèmes nerveux et limbique.
On peut résumer comme suit le trajet d’une mélodie dans notre corps : la musique entre par les fibres du nerf auditif de l’oreille interne et prend la direction du tronc cérébral, avant d’atteindre le cortex auditif qui va « décrypter » le contenu de la musique : rythme, notes, paroles éventuelles, etc.
Mais le cortex auditif est aussi relié au système limbique qui, lui, s’occupe de l’expression des émotions de notre corps.
En fait, plus la musique que nous écoutons nous plaît, plus nombreuses sont les connexions entre ces régions.
Autrement dit : l’écoute de musique modifie l’état biochimique de notre cerveau, avec des conséquences physiques sur tout notre corps.
Il y a une vingtaine d’années, des chercheurs américains ont démontré, par imagerie cérébrale, qu’une musique agréable « allumait » le système de récompense de notre organisme… exactement comme n’importe quelle autre stimulus biologique (un baiser de quelqu’un que nous aimons, une bouchée de notre plat préféré etc.)[1].
Les chercheurs ont observé que la musique provoquait une augmentation importante du flux sanguin dans le système limbique, et entraîne l’activation du système dopaminergique – et la production de dopamine.
La musique fait donc sur notre corps l’effet d’une drogue douce…
Ces mêmes auteurs ont prouvé quelques années plus tard que même une musique non familière est capable d’activer les « circuits de la récompense » en empruntant des circuits liés à l’attente, la surprise, la résolution[2]…
Quelle musique aimez-vous ?
L’une des premières questions que l’on pose à quelqu’un qu’on veut mieux connaître est « quelle musique aimez-vous ? »
Comme s’il était invraisemblable de ne pas aimer la musique, plaisir qui semble partagé par presque tous les êtres humains.
Je dis « presque » car l’absence de plaisir ressenti à l’écoute de la musique a été corrélé à des troubles neuronaux.
L’écoute de la musique, je vous le disais, entraîne une sorte d’effet domino de plaisir.
Ce plaisir emprunte toujours les mêmes réseaux de neurones, c’est une réalité biochimique associée à la « densité » de ce que l’on appelle la substance blanche.
En gros : plus on a de substance blanche, plus nombreuses et plus rapides sont les connexions entre les différentes parties de notre cerveau.
Or, certaines personnes éprouvent peu, voire pas, de plaisir à l’écoute de musique.
Des études ont démontré :
– d’une part que cette « insensibilité » à la musique était associée à une atrophie de la substance blanche (alors que les mélomanes et les musiciens en auraient, eux, davantage)[3]
– d’autre part que cette faiblesse de connexions neuronales était souvent observée chez des personnes connaissant des troubles du comportement en société, de mauvais scores d’empathie voire souffrant de troubles autistiques[4].
Il n’y a donc qu’une petite partie de l’humanité qui reste insensible à la musique… et que ses bienfaits ne pourront donc pas atteindre.
Comment la musique nous aide à aller mieux
Le plaisir de la musique agit directement sur notre bien-être et notre santé.
Elle agit sur notre niveau de stress ou de douleur : le système dopaminergique « allumé » par la musique et diffusé par le système limbique concurrence directement l’émission et la diffusion de cortisol, l’hormone du stress chronique.
Plusieurs études ont démontré que l’écoute de musique relaxante avait un effet anxiolytique et antidouleur sur des patients juste avant une intervention chirurgicale[5].
La musique est un antistress et un analgésique naturel : une passionnante méta-analyse de 31 études scientifiques a prouvé qu’écouter de la musique réduisait la sensation de douleur et permettait de diminuer la consommation d’opioïdes[6].
Cette méta-analyse met également en avant les bienfaits de la pratique du chant en collectivité (comme dans une chorale) : cette pratique stimule le système immunitaire et réduit la probabilité d’infections ! Chez des chanteurs en chorale, le taux d’anticorps (notamment les immunoglobulines A) dans la salive augmente de 150% pendant les répétitions, et de 240 % pendant les concerts !!!
Rassurez-vous, même si vous ne chantez pas ou ne jouez pas d’instrument, la seule écoute de musique suffit à améliorer votre réponse immunitaire.
Mais… ce n’est là que « la base » des bienfaits santé de l’écoute ou la pratique de la musique.
Dans mon prochain message je vous parlerai des espoirs (et des miracles) que la musique suscite dans le cadre de maladies graves comme… Alzheimer.
En attendant, n’hésitez pas à m’écrire en commentaire si la musique vous fait du bien, laquelle et comment !
Portez-vous bien,
Rodolphe
[1] BLOOD J. A., “Intensely pleasurable responses to music correlate with activity in brain regions implicated in reward and emotion” PNAS, Septembre 2001, disponible sur https://www.pnas.org/content/98/20/11818
[2]ZATORRE J. R et al., « From perception to pleasure : music and its neural substrates”, PNAS, Juin 2013, disponible sur : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3690607/
[3] MARTINEZ-MOLINA N. et al., « White matter microstructure reflects individual differences in music reward sensitivity”, JNeurosci, Juin 2019, disponible sur : https://www.jneurosci.org/content/39/25/5018.short
[4] COMES-FAYOS J. et al., « Role of major long fiber tracts association in empathy” Rev. Neurol., Octobre 2018, disponible sur : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30232799/
[5] GUPTA A., BILAL A., “Experience of listening to music on patient anxiety during minor oral surgery procedures : a pilot study”, British Dental Journal, Janvier 2020, disponible sur : https://www.nature.com/articles/s41415-019-1162-1??utm_source=other&utm_medium=other&utm_content=null&utm_campaign=BSCN_2_DD01_CN_Nature_article_paid_XMOL
[6] MOUSSARD A. et al. « La musique comme outil de stimulation cognitive », L’année psychologique, 2012, disponible sur : https://www.cairn.info/revue-l-annee-psychologique1-2012-3-page-499.htm#
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Répondre à marie therese Annuler la réponse
En soumettant mon commentaire, je reconnais avoir connaissance du fait que Total Santé SA pourra l’utiliser à des fins commerciales et l’accepte expressément.
Bonsoir Rodolphe
J’ai 70 balais (sourire ) et pourtant je ne suis pas encore vieux …c’est vrai que l’on vieilli de plus en plus tard, il est vrai que je ne connais pas la fracture numérique je suis un vrai geek çà aide de pouvoir avoir sous la main une bibliothèque universelle ( le net)
en fait , je vous écris pour vous remercier de vos lettres et de vos conseils qui nous sont très utiles sur la nutrition par exemple grâce à vous je vais corriger le tir …j’avais tendance à ne pas manger de viande, être un peu végan mais vous m’avez éclairé sur le problème de la fonte musculaire merci encore …je vous trouve très sympathique , vous êtes un » honnête homme » qui donne chaud au cœur, comme on disait à une époque. Je vous suis très reconnaissant de votre générosité à nous cultiver et je voulais vous le dire je vous estime beaucoup je vous souhaite toute la félicité du monde Rodolphe à vous et à toute votre « petite » famille.
Vous avez toute ma sympathie et mon plus profond respect ( par hasard il se trouve que j’ai un fils qui s’ appelle Charles et il vous ressemble de visage la petite barbe notamment) bon ce n’est pas le plus important ( sourire ) le plus important est que je vous remercie de votre générosité c’est tellement rare de nos jours. Si vous êtes croyant ou non (je ne le suis pas trop inconditionnellement, plutôt admirateur de dame Nature mais j’ai des bons souvenirs de ma communion, je veux quand même vous dire (c’est ce qui exprime le plus fortement ma sympathie) : que le Bon Dieu vous bénisse !
Toute mon amitié,
Richard R. (je ne vous donne pas mon nom cela peut s’égarer… sorry)
Bonsoir,
Voilà 16 ans j’ ai perdu mon mari en 10 jours d’ une rupture d’ anévrisme au cerveau, nous avions vécu 43 ans, et d’ instinct je ma suis plongée dans le chant choral et est de suite éprouvé un bienfait immense et certain, je n’ avais pas d’ explication à cet état , sauf que j’ ai toujours aimé chanté chez moi et que j’ ai baigné dans la musique grâce à ma maman dans mon enfance, mais une fois mariée j’ avais forcément bien d’ autres occupations. Voilà ma propre expérience à laquelle vous apportez des éclaircissements. Merci.
Cordialement. F. D.
Tout à fait d’accord, d’ailleurs un vieux proverbe le disait déjà. « La musique adoucie les mœurs »
Merci pour cette belle analyse .
J’ai moi-même observé chez certaines personnes cette relation entre le peu d’attrait pour la musique et des troubles de comportement sociétal.
J’ajouterai que la musique, avant de passer par le nerf auditif, est déjà un ensemble de vibrations physiques, d’ondes d’intensités bien différenteS . Si bien que même un sourd « ressent » la musique par les vibrations . Mais en fait tout le monde, sauf que chez un Normo-entendant, l’oreille étouffe tous les autres ressentis vibratoires. Ainsi toutes les musiques ne se valent pas, et le bienfait physique de certaines musiques pourrait être remis en cause. Au même titre que le bruit.
Et ce que vous dites de la musique est essentiel si on pense au fœtus. Les musiques écoutées par la mère sont des vibrations physiques qui impactent le fœtus en étant de plus possiblement amplifiée par le liquide amniotique. Ce serait interressant dans la même idée de voir l’impact des éventuels cris et disputes…sur le fœtus, comparé à des paroles douces.
Merci pour tout .
Bon article. Il est totalement vrai que la musique a des effets bienfaisants sur l’être tout entier. Il est dit souvent que « la musique adoucit les moeurs ». On trouve en effet, chez les jeunes qui la pratique, moins de délinquance. Cet article cependant ne parle pas (à part les chorales) de ceux et celles qui pratiquent un instrument dans un orchestre. Je suis clarinettiste dans l’orchestre d’harmonie de ma ville. Faire de la musique va au-delà de l’écoute car elle demande travail, mais c’est un plaisir de jouer en groupe avec un chef d’orchestre.
bonjour, je gère beaucoup mieux mon stress depuis que j’ai découvert la musique de relaxation il y a 25 ans. Quand j’ai beaucoup de travail ou si je suis énervée j’écoute cette musique qui m’apporte bien-être et calme. Je me sens apaisée.
bonjour,
Comme toujours un excellent article !
En effet , je crois que la musique adoucit le corps et l’esprit , c’est évident .
La musicothérapie est parfaitement adaptée pour les gens stressés ( qui ne l’est pas de nos jours ?)
Celles et ceux qui le découvriront ne pourront plus s’en passer!
Je vais m’y mettre en tant que thérapeute ou pratiquant occasionnel
Merci pour votre article
Bien cordialement
JB LARROUSSE
doc super interrssante…..merci beaucoup
Oui l’écoute de la musique est un extraordinaire vecteur de bien-être et d’éveil de la sensibilité. Ne dit-on pas la musique adoucit les mœurs. je suis particulièrement intéressée sur l’effet qu’elle produit sur les malades atteints d’Alzheimer
Vos lettres sont mes préférées parmi toutes celles que je reçois: il y a toujours une pointe d’humour dans ces lettres qui sont par ailleurs très intéressantes. En lisant celle d’aujourd’hui sur la musique, j’ai eu des frissons de joie, comme ceux que je perçois en écoutant du jazz. Dans la musique classique, j’aime Vivaldi. Encore un grand merci pour vos lettres revigorantes
Bonsoir et merci pour cet article, excellent, comme d’habitude. Pour ma part, j’ai un problème avec la musique : j’ai eu plusieurs chocs émotionnels et il m’est impossible d’écouter de la musique, quelle qu’elle soit, sans éprouver un cafard terrible ou fondre en larmes. Je n’en écoute donc plus du tout et je trouve ça dommage. Peut-être que le temps me permettra de renouer avec ce plaisir. En attendant, cela fait presqu’un an que je ne peux rien écouter. Même la musique de supermarché me fait pleurer…
Je me demande s’il ne suffit pas de regarder tout ce que l’on cherche à interdire actuellement pour trouver tout ce qui est bon pour la santé : le grand air, la convivialité, les câlins, l’homéopathie et les soins par les plantes ou les vitamines, la liberté des corps (surtout féminins), et maintenant la musique !
Cest sure que la musique nous fait du bien. moi je l’écoute a chaque que je marche soit pour aller au sport sois pour marcher?
Je suis enchantée de votre mail car j’adore la musique, les chansons, les airs d’opéra, il n’y a pas un seul jour sans que j’écoute toutes sortes de mes disques préférés, et ma collection est grande,ainsi je me sent mieux et tout me fait voir l a vie autrement, je suis en accord avec moi même, de nature gaie je réagis à tout ce que j’écoute, positivement. Merci pour votre envoi. Bien sincèrement .
je suis âgée mais quand j’écoute de la musique je sens mon corps rajeunir, j’ai envie de danser (je le fais parfois) Votre texte m’incite à en écouter davantage ! Un bon point pour vous !