Chers amis,

Voici quelques temps que je ne vous ai pas parlé du Covid-19.

D’abord parce qu’il était temps de parler d’autres sujets importants de santé « oubliés », comme je l’ai fait dernièrement avec le déploiement scandaleux, en catimini, de la 5G en France pendant le confinement.

Ensuite, parce que la confusion la plus totale régnait, et règne toujours, au sujet des traitements anti-Covid et de ce qu’il faudrait faire pour éviter une deuxième vague.

Néanmoins, j’aimerais partager avec vous ce qui me semble être la première vraie bonne nouvelle depuis un bon moment concernant cette maladie.

Anticorps contre le Covid-19

Une étude dont les résultats viennent d’être pré-publiés dans Nature (j’y ai eu accès) démontre en effet que les personnes infectées par le Covid-19 produisent bel et bien des anticorps.

Je ne sais pas si vous connaissez Nature, mais cet hebdomadaire est une des revues scientifiques les plus anciennes et les plus réputées au monde.

Des chercheurs de la région de New York ont fait une analyse sérologique (de type ELISA, le test employé pour la maladie de Lyme) de 1343 personnes infectées par le SARS-CoV-2.

Ils ont trouvé chez 1340 d’entre elles des anticorps spécifiques contre le nouveau coronavirus[1].

Vous rendez-vous compte ?

1340 patients sur 1343 atteints. C’est 99 %. 

Pourquoi c’est une très bonne nouvelle

Cette étude, si ses résultats sont validés (il s’agit d’une prépublication, ce qui veut dire en jargon scientifique qu’elle doit passer le stade de la relecture par un collège de pairs) répond à trois questions sans réponse depuis le début de la crise.

Les voici :

1 – Peut-on être infecté une nouvelle fois par le coronavirus ?

A priori, donc, non.

D’après les auteurs de l’étude, le développement des anticorps peut prendre jusqu’à quatre semaines. Ce qui signifie qu’après une « petite » quarantaine, un patient infecté puis guéri ne serait non seulement plus contagieux, mais hors de danger de retomber malade.

Développer des anticorps est une chose, mais encore faut-il s’assurer que ces anticorps sont neutralisants, c’est-à-dire qu’ils ciblent la maladie si l’organisme y est de nouveau exposé : cela semble être le cas ici, d’après les auteurs de l’étude.

… et c’est ce qui restera à confirmer.

2 – L’immunité collective est-elle une démarche viable à terme ?

La stratégie de l’immunité collective, vous le savez, a provoqué de nombreux débats. Les Pays-Bas et la Suède, qui l’ont adoptée, ont essuyé des critiques assez virulentes de la part de leurs voisins européens.

Mais cette découverte semble leur donner… raison.

À l’heure où je vous écris, la Suède et les Pays-Bas comptent respectivement 343 et 325 morts du Covid-19 par million d’habitants, contre 763 pour la Belgique, 580 pour l’Espagne, 511 pour l’Italie et 414 pour la France. Dans ces 5 derniers pays, le confinement a été particulièrement dur[2].

Autrement dit : non seulement la stratégie du confinement n’a pas permis d’éviter plus de décès à court terme – cela semble plutôt être l’inverse ! – mais surtout, oui, la stratégie de l’immunité collective offre, si cette découverte est confirmée, un énorme avantage à long terme.

Je pense que le gouvernement français l’a « senti ».

Puisque Emmanuel Macron lui-même, dans son allocution aux Français du 13 avril, a pour la première fois parlé de l’immunité collective comme d’une approche nécessaire (alors qu’elle n’avait jamais été évoquée avant).

Ce qui nous amène à la troisième question :

3 – Doit-on craindre une seconde vague ?  

Eh bien… oui et non.

Voici mon opinion : dans les pays où le confinement a été le plus strict, on peut craindre en effet une deuxième vague.

Elle sera plus virulente que la première, car une trop faible proportion de la population a été exposée au virus.

En revanche, les pays qui ont davantage joué la carte de l’immunité collective pourraient se croire mieux lotis : le virus a davantage circulé parmi la population, ce qui aurait permis à un grand nombre de citoyens de développer des anticorps.

L’avenir nous le dira.

Pour moi, une chose est claire : il faut définitivement cesser d’avoir peur du virus.

Car l’étude que je cite nous confirme une chose extrêmement rassurante : c’est que notre système immunitaire a, pour la majorité d’entre nous, les moyens de faire face à cette maladie nouvelle.

Ce n’est donc pas en le fuyant que nous enrayerons sa progression, ni en attendant un hypothétique vaccin, mais en acceptant le danger. C’est notre immunité à tous qui rendra ce virus de moins en moins présent dans notre quotidien.

Portez-vous bien,

Rodolphe Bacquet


[1] WAJNBERG A. et al., Humoral immune response and prolonged PCR positivity in a cohort of 1343 SARS-CoV 2 patients in the New York City region, 5 mai 2020 surmedrxiv.org, consulté le 13 mai 2020 et disponible ici : https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.04.30.20085613v1

[2] « Coronavirus cases » sur worldometers.info, consulté le 13 mai 2020 et disponible sur ce lien : https://www.worldometers.info/coronavirus/