Chers amis,

Certaines femmes vivent mieux que d’autres le passage à la ménopause et ses « problèmes » principaux.

Les trois premiers problèmes sont des symptômes physiologiques de la ménopause.

Le quatrième est, malheureusement, le résultat d’une mauvaise réponse de la médecine aux trois autres. 

Numéro 1 : le risque de dépression

Ce qui guette en tout premier la femme ménopausée est la dépression, par l’effet d’un cocktail de causes physiologiques et psychologiques étroitement liées.

Avant la ménopause, le cycle hormonal est précis : ovulation en milieu de cycle suite à une intense montée hormonale ; puis règles en fin de cycle. Je ne vous apprends rien.

Ces phénomènes sont régis par les œstrogènes et la progestérone. À la ménopause, les niveaux de ces hormones cessent de varier et s’effondrent – entraînant donc la fin de l’ovulation, et des règles.

Or ces hormones n’influent pas seulement sur le cycle menstruel : elles ont des effets importants sur le cerveau, à tel point qu’on les appelle des « neurostéroïdes »[1].

Pour le dire autrement : les hormones sexuelles sont des antidépresseurs naturels.

Et donc au moment de la ménopause, vous perdez, Mesdames, une protection innée contre la dépression.

Ça, c’est pour la cause physiologique.

Les causes psychologiques sont provoquées par l’ennemi no 2 de la femme ménopausée.

Numéro 2 : une vie amoureuse et sexuelle perturbée

Car la ménopause engendre de nombreuses transformations dans votre corps, dont certaines touchent à l’image de la femme et peuvent être vécues comme déprimantes.

Ces bouleversements aggravent ainsi le risque de dépression que j’évoquais plus haut.

De quoi s’agit-il ? Essentiellement de deux choses :

Une « déféminisation » de la silhouette : ce sont les œstrogènes, encore eux, qui « dessinent » les séduisantes courbes de la femme, en favorisant la répartition de la graisse autour des hanches, des fesses et des cuisses.

Avec la baisse des œstrogènes, la ménopause met fin à cette répartition, de façon progressive mais irréversible. La graisse se concentre désormais préférentiellement au-dessus de la ceinture, rendant la silhouette moins « féminine ».

Pour ces raisons, vous pouvez vous sentir moins attirante, et par ricochet éprouver vous-même moins de désir sexuel. C’est un cap difficile à passer à l’échelle du couple, mais je vous propose quelques solutions éprouvées à la fin de cette lettre.

L’autre symptôme lié à la ménopause, et qui constitue un peu la « cerise sur le gâteau » de ce tableau déprimant, c’est la sécheresse vaginale.

La baisse hormonale peut en effet amenuiser la lubrification du vagin, entraînant une sensation d’irritation, voire de brûlure : les rapports sexuels deviennent inconfortables, parfois même douloureux.

En outre, la lubrification naturelle du vagin joue un rôle dans l’évacuation des microbes et des cellules mortes : l’assèchement le rend par conséquent plus vulnérable aux infections.

Numéro 3 : les bouffées de chaleur

Les bouffées de chaleur concernent 7 femmes ménopausées sur 10[2].

La raison de ce symptôme « symbole » de la ménopause est mal connue. Il pourrait s’agir d’une réaction « paniquée » de l’hypothalamus face à la chute des œstrogènes[3] : le cerveau demande au système nerveux d’évacuer une chaleur perçue en excès, occasionnant notamment de la sueur.

En moyenne, les bouffées de chaleur empoisonnent la vie d’une femme ménopausée pendant 2 à 3 ans… !

Mais le rythme varie énormément : cela va de deux épisodes/semaine chez certaines à des crises permanentes, surtout la nuit, chez d’autres.

Certaines femmes en souffrent pendant 10 ans ou plus, malheureusement.

La principale conséquence des bouffées de chaleur, outre la gêne occasionnée par la sueur excessive, est un sommeil perturbé.

Numéro 4 : le traitement hormonal substitutif (THS)

Tous ces maux étant associés à la chute des hormones sexuelles lors de la ménopause, l’industrie pharmaceutique a conçu une « solution de remplacement ».

Son principe est simple : puisque les œstrogènes et la progestérone sont en chute libre chez la femme ménopausée, on va lui en fournir des artificielles.

C’est le « traitement hormonal substitutif ».

Il n’y en a pas qu’une seule formule : chaque THS est une combinaison différente entre taux d’œstrogènes de synthèse et taux de progestérone.

Et ça marche. Les femmes qui optent pour un THS constatent :

  • une diminution ou une disparition des bouffées de chaleur et des sueurs ;
  • une amélioration du sommeil et de l’humeur ;
  • une réduction de la sécheresse vaginale[4].

Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes… si le THS n’avait pas par ailleurs des « effets secondaires » pour le moins dérangeants.

Dans les années 1980 et 1990, les chiffres du cancer du sein touchant les femmes entre 50 et 59 ans ont connu une forte hausse. Cette augmentation des cas a coïncidé avec la prescription des premiers traitements hormonaux substitutifs, proposés pendant 20 ans à quasiment toutes les femmes ménopausées.

En 2002, il a été mis en évidence que les femmes qui avaient recours au THS avaient un risque accru de :

  • développer un cancer du sein;
  • faire une thrombose veineuse;
  • avoir un accident cardiovasculaire[5].

Depuis, les laboratoires ont revu les formulations pour réduire les risques.

Les autorités de santé appellent à respecter certaines précautions en cas de prescription d’un THS : il doit être instauré à la dose minimale efficace (c’est-à-dire avec le plus bas taux d’hormones possible pour l’effet recherché) et pour la durée la plus courte possible, car les risques augmentent avec la quantité d’hormones et l’allongement de la durée du traitement[6].

Un traitement hormonal substitutif (THS), quel qu’il soit, n’est donc jamais sans danger. Un traitement par voie cutanée est par ailleurs moins risqué qu’un traitement par voie orale[7].

Si vous pouvez vous tourner vers des solutions douces et/ou naturelles, faites-le sans hésiter.

La recherche est féconde sur celles qui fonctionnent.

Optez pour des défenses naturelles face à tous ces ennemis !

Une bonne hygiène de vie permet déjà de limiter les symptômes de la ménopause :

  • évitez l’alcool, qui favorise les bouffées de chaleur ;
  • idem pour le café et la cigarette ;
  • pratiquez un sport pour limiter le surpoids et lutter contre la déféminisation de votre silhouette.

Mais voici d’autres solutions, plus spécifiques :

Le soja

Certains aliments contiennent des phyto-œstrogènes, des composés végétaux qui miment l’action des hormones.

Ils peuvent être de précieux alliés[8], le plus riche étant le soja. Mais on en trouve aussi dans les pois chiches, les asperges, les haricots verts, etc. Une portion par jour pendant 6 mois à un an diminuerait de 20 % la fréquence des bouffées de chaleur et réduirait leur sévérité de 26 %, en particulier chez les femmes qui ont plus de 5 bouffées de chaleur par jour[9].

À raison d’une à deux portions par jour de soja sous forme de tofu, de tempeh, de lait de soja, de miso ou de farine, il n’y a pas aucun risque, même pour les femmes présentant un antécédent de cancer du sein[10].

Il existe un livre en grande partie consacré aux bienfaits du soja contre la ménopause : La Nouvelle ménopause, Dr Michèle Serrand, Alpen éditions, 2015.

L’acupuncture

D’après les résultats d’une étude publiée en 2016 dans The Journal of Alternative and complementary Medicinel’acupuncture réduit l’intensité et la fréquence des bouffées de chaleur et améliore la qualité de vie générale des femmes ménopausées.

Les chercheurs ont procédé à une méta-analyse d’études effectuées en Australie, aux États-Unis et en Suisse portant sur, au total, environ 700 femmes.

Différents types d’acupuncture étaient acceptés, mais les séances devaient être assez régulières (une par semaine en moyenne pendant deux à six mois), et d’autre part, elles ne devaient pas être associées à d’autres soins – comme un traitement à base d’herbes médicinales chinoises.

Le résultat est le suivant : tous les types d’acupuncture – même l’acupuncture électrique, sans aiguille –réduisent, dans toutes les cohortes analysées, les bouffées de chaleur. Et les effets ont persisté pendant 6 à 12 mois après la série de séances[11] !

La phytothérapie

Plusieurs plantes ont montré une bonne efficacité sur de nombreux symptômes de la ménopause.

Voici les conseils de que donnait la naturopathe Annie Casamayou à ce sujet, publiés dans le numéro de juillet 2019 d’Alternatif Bien-Être :

  • « L’actée à grappes noires Cimicifuga racemosa est active sur les bouffées de chaleur et les troubles de l’humeur. Une étude menée sur 84 femmes récemment ménopausées a montré qu’une supplémentation de 6,5 mg par jour permettrait de réduire les symptômes en 4 semaines[12].
  • Le millepertuis Hypericum perforatum améliore globalement la qualité de vie des femmes ménopausées. Il peut agir contre les bouffées de chaleur, mais son effet est surtout marqué sur l’humeur et la qualité du sommeil, en général à la dose de 600 à 900 mg par jour[13].
  • Des chercheurs ont évalué l’association actée à grappes noires et millepertuis : la moitié des femmes ont constaté une nette diminution des bouffées de chaleur après 8 semaines de traitement. 62 % des femmes ont été satisfaites des bienfaits, qui seraient comparables à ceux du THS[14].

Par prudence, le millepertuis pouvant être photosensibilisant, il est préférable de ne pas s’exposer au soleil. Le millepertuis interagit avec les traitements médicamenteux dont il peut diminuer l’efficacité, c’est le cas des antidépresseurs, des antirétroviraux, des anticoagulants, des antimigraineux de la famille des triptans, de certains agents anticancéreux. »

J’espère que ces conseils « naturels » vous auront été utiles !

Portez-vous bien,

Rodolphe Bacquet 

  1. S. : Dans cette lettre, je m’en suis tenu aux maux directement provoqués par la ménopause. J’ai volontairement écarté ceux qui peuvent être aggravés par la ménopause, sans être d’abord provoqués par la chute des hormones : l’ostéoporose, l’affaiblissement du système cardiovasculaire et le vieillissement de la peau. Je reviendrai sur chacun de ces sujets dans de prochaines lettres.

[1] Curtay (J.-P.), Ménopause : comment passer ce cap en douceur, Les Dossiers de santé & nutrition no 59, août 2016, p. 3.

[2] Dr Serrand (M.), La Nouvelle ménopause, Alpen éditions, 2015, p. 25.

[3] Ibid., p. 26.

[4] Ruiz (A. D.) et Daniels (K.R.), « The effectiveness of sublingual and topical compounded bioidentical hormone replacement therapy in postmenopausal women: an observational cohort study », International Journal of Pharmaceutical Compounding, janvier-février 2014, vol. 18, no 1, pp. 70-77, consulté en novembre 2019, disponible sur https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24881343

[5] Rossouw (J. E.) et al., « Risks and Benefits of Estrogen Plus Progestin in Healthy Postmenopausal Women. Principal Results From the Women’s Health Initiative Randomized Controlled Trial », JAMA, vol. 288, n3, juillet 17, 2002, consulté en novembre 2019, disponible sur https://doi.org/10.1001/jama.288.3.321

[6] HAS, Commission de la Transparence. Réévaluation des traitements hormonaux de la ménopause. Rapport d’évaluation du 28/05/2014, disponible sur https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2014-07/reeval_thm_rapport_devaluation_annexe.pdf

[7] Olié (V.), Canonico (M.) et Scarabin (P.-Y.), « Risk of venous thrombosis with oral versus transdermal estrogen therapy among postmenopausal women », Current Opinion in Hematology, vol. 17, no 5, pp. 457–463, septembre 2010, consulté en novembre 2019, disponible sur https://doi.org/10.1097/MOH.0b013e32833c07bc

[8] Chen (M. N.), Lin (C. C.) et Liu (C. F.), « Efficacy of phytoestrogens for menopausal symptoms: a meta-analysis and systematic review », Climacteric, avril 2015, vol. 18, no 2, pp. 260-9, consulté en novembre 2019, disponible sur https://doi.org/10.3109/13697137.2014.966241

[9] Taku (K.) et al., « Extracted or synthesized soybean isoflavones reduce menopausal hot flash frequency and severity:systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials », Menopause, juillet 2012, vol. 19, no 7, pp. 776-90, consulté en novembre 2019, disponible sur https://doi.org/10.1097/gme.0b013e3182410159

[10] Eakin (A.), Kelsberg (G.) et Safranek (S.), « Clinical Inquiry: Does high dietary soy intake affect a woman’s risk of primary or recurrent breast cancer? », The Journal of Family Practice, octobre 2015, vol. 64, no 10, pp. 660-2, consulté en novembre 2019, disponible sur https://www.mdedge.com/familymedicine/article/103069/womens-health/does-high-dietary-soy-intake-affect-womans-risk-primary

[11] Befus (D.) et al., « Management of Menopause Symptoms with Acupuncture: An Umbrella Systematic Review and Meta-Analysis », The Journal of Alternative and Complementary Medicine, vol. 24, no 4, consulté en novembre 2019, disponible sur http://doi.org/10.1089/acm.2016.0408

[12] Mohammad-Alizadeh-Charandabi (S.) et al., « Efficacy of black cohosh (Cimicifuga racemosa L.) in treating early symptoms of menopause: a randomized clinical trial », Chinese Medicine, 2013, vol. 8, no 20, 1er novembre 2013, consulté en novembre 2019, disponible sur https://doi.org/10.1186/1749-8546-8-20

[13] Abdali (K.), Khajehei (M.) et Tabatabaee (H.), « Effect of St John’s wort on severity, frequency, and duration of hot flashes in premenopausal, perimenopausal and postmenopausal women: a randomized, double-blind, placebo-controlled study », Menopause, mars 2010, vol. 17, no 2, pp. 326-31, consulté en novembre 2019, disponible sur https://doi.org/10.1097/gme.0b013e3181b8e02d

[14] Uebelhack (R.) et al., « Black cohosh and St. John’s wort for climacteric complaints: a randomized trial », Obstetrics & Gynecology, février 2006, vol. 107, no 2, pp. 247-55, consulté en novembre 2019, disponible sur https://doi.org/10.1097/01.AOG.0000196504.49378.83