Chers amis,
J’ai accompagné le week-end dernier un membre de ma famille au service des urgences d’une grande ville.
Le personnel y était d’une grande disponibilité et d’une grande gentillesse, malgré la grève qui dure depuis 3 mois.
Par contre, me rendre compte de la surcharge de ces services, ça a été un choc pour moi !
« En 10 ans, tout s’est dégradé »
Ce qui frappe tout de suite l’esprit, c’est l’occupation des couloirs par des malades. Quand on pose des questions, on nous répond… que c’est comme ça en permanence !
Dans le jargon des urgentistes, on appelle ça avoir « du couloir ».
Les malades qui n’ont pas pu avoir de chambre se retrouvent pris en charge dans un espace de circulation sans intimité, dans le bruit, avec tout le stress qui va avec.
Une aide-soignante avec laquelle j’ai longuement discuté m’a dit que, depuis dix ans, elle avait vu la situation lentement se dégrader.
Elle m’a révélé qu’on leur avait enlevé des lits, alors que l’afflux des malades augmentait.
Elle a aussi vécu l’attitude de plus en plus agressive des patients, exaspérés d’être si mal pris en charge et si tard. Et elle a vécu le « burn-out » de plusieurs collègues.
« Cacapathie »
Les urgences payent le prix de l’augmentation de la population dans notre pays.
En parallèle la désertification médicale s’amplifie, de nombreux médecins généralistes sont en burn-out et ne peuvent tout simplement pas recevoir toutes les personnes malades.
Ces personnes se tournent alors vers les urgences.
C’est un cercle vicieux.
Mais il y a autre chose : ce que la célèbre naturopathe Anne Portier, auteur du best-seller « Soins d’urgence au quotidien », appelle la « cacapathie » :
« De par ma pratique d’infirmière et de naturopathe à l’hôpital, de par mes contacts réguliers avec des collègues ou des médecins, je sais combien le dimanche soir est un moment de « cacapathie ». Ce terme un peu cru révèle un dysfonctionnement : les services des urgences sont de plus en plus sollicités pour des troubles qui, il y a quelques années encore, trouvaient leur résolution à la maison.[1] »
Explications : auparavant, pour une diarrhée ou même une gastro, on ne se précipitait pas aux urgences pour recevoir des médicaments. Maintenant si.
C’est cela, la « cacapathie ». Anne Portier utilise ce mot pour réunir tous les petits maux « indisposants » mais pas handicapants qui aujourd’hui surchargent inutilement l’accueil des urgences. Alors qu’un médecin de proximité, ou même une bonne infirmière, seraient parfaitement capables de les prendre en charge.
Que pouvons-nous faire ?
Nous, patients, avons une responsabilité dans cette histoire.
Elle consiste à ne plus nous rendre aux urgences… sauf en cas d’urgence !!!
Il faudrait pour cela :
1 – identifier la « cacapathie »
Certaines pathologies sont désagréables, nous indisposent et nous font même souffrir, mais elles ne nécessitent pas d’aller aux urgences, au moins pour deux raisons :
- votre vie ni même l’intégrité du membre ou de l’organe touché ne sont sérieusement en danger ;
- il est probable qu’on va vous prescrire ou vous donner directement des médicaments chimiques pour « vous soulager » quand un traitement naturel eût tout aussi bien, et probablement mieux, fait l’affaire.
L’aide-soignante avec laquelle je parlais le week-end dernier m’a parlé du cas typique : la gastro !
Mais on pourrait également citer les angines, les mycoses, les otites, les entorses (oui ! même les entorses…), les brûlures superficielles, j’en passe et des meilleures.
Se rendre aux urgences pour « gagner du temps » (au lieu d’attendre un rendez-vous éventuel chez votre médecin) ne rend service à personne, ni au service des urgences, ni à vous, puisque vous auriez pu vous épargner le déplacement, une attente de plusieurs heures, et parfois des soins chimiques disproportionnés.
Mais encore faut-il, évidemment, savoir quoi faire à la place !
2 – Se doter d’une « vraie » trousse d’urgence au naturel
Vous avez sans doute une trousse d’urgences dans votre salle de bains, voire votre voiture, qui contient des pansements, un aspi-venin, des cachets de paracétamol ou d’ibuprofène, etc.
Mais avez-vous, dans cette trousse, des remèdes naturels contre un lumbago soudain ?
Avez-vous une solution immédiate si vous êtes pris de colique néphrétique ?
Savez-vous quoi faire en cas d’épanchement de synovie au genou ?
Les « remèdes de grand-mère » à base de plantes, d’argile, etc., ont déserté les foyers.
Je vous propose de les réinviter chez vous.
La découverte du livre d’Anne Portier, Soins d’urgence au quotidien[2], m’a permis de surmonter plusieurs situations délicates… et de m’éviter autant de visites aux urgences !
Anne Portier m’apparaît comme un puits de science. Les remèdes qu’elle propose couvrent près de 70 affections ou blessures.
On y trouve des solutions :
- aux torticolis ;
- aux crise d’hémorroïdes ;
- à l’herpès ;
- aux piqûres et morsures ;
- à la rage de dents ;
- à la bronchiolite ;
- à l’empoisonnement ;
- etc.
Ses remèdes vont du cataplasme aux principes actifs des plantes et des aliments en passant par l’acupression, la phytothérapie, l’aromathérapie…
Les otites que connaît fréquemment ma fille aînée passent par exemple beaucoup plus vite, et avec moins de douleurs, depuis que j’applique la « solution Portier ».
Je vous recommande donc son livre, certains pépins vous sembleront moins insurmontables.
3 – Si vous allez aux urgences… soutenez les urgentistes
Si vous n’avez pas d’autre choix que de vous rendre aux urgences… abandonnez, à l’avance, toute agressivité ou impatience.
Les urgentistes font un travail de fourmi et je trouve qu’ils ont du mérite. Je n’ai jamais connu d’urgentiste tire-au-flanc. Il y en a peut-être. Mais je crois que ce métier génère tant de stress, demande d’avoir les nerfs si bien accrochés, qu’il ne laisse guère de place aux médiocres ni aux paresseux.
Pour ma part, j’essaie de penser à leur douleur à eux, à me dire qu’à défaut de souffrir physiquement, leur stress permanent, l’émotion qu’ils se prennent en pleine figure chaque jour, valent bien ma douleur à moi.
Portez-vous bien,
Rodolphe Bacquet
[1] Portier (A.), Soins d’urgence au quotidien, Éditions Solar, 24 mai 2018, p. 7.
[2] Portier (A.), Soins d’urgence au quotidien, Éditions Solar, 24 mai 2018.
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merci de remmettre un peu d’ordre et de vérité dans ce gros et vrai problèmedes urgences.
je pense qu’il faut insister encoreplus sur le comportement inconséquent et irrésponsable des patients. On trouve maintenant trop d’excuses pour tous ces débordements d’agressivité.
Cordialement
Merci pour le bon-sens.
Ce que vous dites me paraît évident.
Je veux bien vous croire, mais les patients sont souvent des personnes qui ne veulent pas payer le docteur et quant au personnel soignant, dans certains services, il prend le temps de boire un café et de causer. Qu’on revoit l’organisation des services et que le personnel travaille de la même manière.
….une idée m’est venu en lisant votre article …et si ces personnes s’adressant aux Urgences cherchaient à obtenir un certificat de complaisance valable un jour ou deux….? Je ne souhaite pas en débattre ici mais certes on peut être appeler ailleurs et un conflit d’horaire pourrait mener à cette “solution”….juste une idée….
Grand Merci admiratif pour vos écrits si bien documentés.
MONSIEUR, pour moi les patients qui vont aux urgences pour des petits maux iront toujours surtout si ils ne paient pas. Je connais beaucoup de gens qui comme moi n’iront pas déranger les urgences pour des petits bobos. la seule solution:: REFUSER LES PERSONNES QUI ARRIVENT POUR DES PETITS BOBOS
Beau message court (Merci !) sur ce sujet important. Tous ces petits maux auxquels nous sommes parfois confrontés pourraient ou devraient se régler très simplement à la maison. Est-ce un manque de considération finalement pour le travail des urgentistes d’encombrer leur service ? Je vous reçois 5/5. Pour la petite histoire, il m’est déjà arrivé de vouloir me rendre aux urgences pour une inflammation de l’appendice … que j’ai réglée grâce à une application d’huiles essentielles. Je n’ai pris aucun risque. Si le mal avait persisté j’aurais rejoint les urgences.
Je retiens néanmoins le livre d’Anne Portier que j’achète de ce pas.
Grand merci pour votre message.
Bonjour,
Je suis d’accord avec vous et j’ai beaucoup de respect et d’admiration pour les services d’urgence.
Cependant, je suis aussi un peu agacée par l »hyper » culpabilisation qui teinte votre message. Vous demandez aux gens d’être raisonnable et d’éviter de surcharger les urgences pour les petits bobos. OK ! Mais quand est-il aussi de la médecine de ville ou de campagne ? Désertification dans un cas et aussi un peu de mauvaise foi. Des cabinets qui comportent plusieurs praticiens mais qui segmentent leur clientèle. Un médecin absent, les autres ne prennent pas le relais pour les clients de celui-ci. Votre médecin absent, aucun praticien ne vous donne de RDV. Pourquoi ? On ne prend pas de nouveaux clients !
Ca je l’ai entendu ! Je prends un traitement pour une maladie auto-immune. ET je me prends en charge toute seule lorsque j’ai pris froid ou que je sens des signes de gastro. Et ça fonctionne vraiment bien sauf … Et le jour où j’ai une bronchite et que je ne peux rien faire, il y a un délais de 3 semaine pour obtenir un RDV chez mon médecin traitant et les autres cabinets ne peuvent pas me recevoir et me conseille les urgences ! Et là on se dit aussi que le système se dégrade. Oui les urgences peuvent devenir la dernière solution face à un manque de professionnalisme.
De plus, les messages publicitaire et contradictoire des autorités politiques et de santé rendent les gens dépendant des médicaments sans éducation de bases pour les soins du quotidien.
Ah et je parle de clientèle parce que si les cabinets semblent surchargés, c’est aussi parce que le système de remboursement le facilite et que certains médecins tiennent à leur revenu.
C’est un billet d’humeur mais je pense qu’il y a un juste milieu et que j’en ai un peu assez de me confronter à des messages de culpabilisation alors que j’attends autre chose de vos messages., et que je trouve habituellement.
Je vous remercie de votre attention.
Bonjour et vraiment bien resume … mais dans ce pays d assistes c est comme precher dans le desert … mais bravo pour essayer
Bonjour ; Je soutiens tout à fait les urgences… et votre constat qui explique leur engorgement. Mon arrière grand-père était médecin de campagne et il était dérangé à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, là où aujourd’hui les médecins quittent leur cabinet à 19h en renvoyant vers le SAMU ou les urgences. De plus, ils ne se déplacent que le matin, donc une personne qui a besoin d’un médecin mais n’est pas déplaçable doit s’en rendre compte avant 11h du matin au mieux, sans quoi elle sera invitée à survivre jusqu’au lendemain ou à recourir à SOS médecin ou au SAMU… alors qu’ils pourraient s’arranger entre eux pour que certains assurent les visites le matin et d’autres l’après-midi… !
Mais les urgentistes eux-mêmes se rajoutent parfois du travail : pour résumer, j’ai un jour emmené aux urgences une personne âgée qui s’était cognée à la tête en tombant et voulait juste savoir si c’était juste une bosse ou s’il y avait plus grave… on ne leur en demandait pas plus, mais non, ils ont cherché à savoir pourquoi elle avait chuté – alors qu’on le savait bien : maladie de Parkinson… ce n’est pourtant pas faute de l’avoir dit dès le départ. Je salue le principe de recherche de la cause, mais pas dans un cadre d’urgence !! Résultat, elle y a passé 8h pour RIEN, sa bosse a à peine été examinée 5 minutes, et elle en est ressortie dans un tel état d’épuisement que j’ai dû la porter de ma voiture jusque chez elle (au 2e sans ascenseur, une chance que ce soit un poids plume !), et quelques heures plus tard elle est de nouveau tombée et s’est fracturé le fémur… Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est de leur faute, mais ça n’a pas aidé ! Et j’aurais encore un roman à raconter sur la suite…
Alors il faudrait vraiment que les urgences… reviennent au seul traitement des cas d’urgence, justement, et gardent cela à l’esprit pour ne pas se rajouter du boulot !