Doit-on se réjouir ou s’inquiéter de la disparition de la grippe ?

Chers amis,

A votre avis, combien de cas de grippe ont été diagnostiqués depuis la fin de l’été ?

Deux.

Deux, dans toute la France.

L’information a été donnée par le site internet du journal médical professionnel Le Généraliste, qui publie chaque semaine son bulletin épidémiologique[1] relatif aux infections respiratoires aiguës, c’est-à-dire celle du Covid-19, de la grippe et des autres virus respiratoires saisonniers (rhinovirus & co.).

Les cas de grippe se chiffrent normalement par dizaines de milliers chaque année.

Que s’est-il passé ?

Covid über alles

Au mois d’octobre dernier, je vous adressais une lettre intitulée « Covid : le « grand remplacement » de la grippe ? »

Je révélais que la grippe saisonnière avait occasionné, dès la saison 2019-2020 en France, significativement moins de cas et de décès que les années précédentes.

Tout laisse à penser, vous écrivais-je, que le Covid occupe la « niche écologique » de la grippe : ces deux virus sont en compétition sur le même territoire – c’est-à-dire nous !

Trois mois et demi plus tard, les chiffres confirment largement cette tendance.

Un peu trop spectaculairement, même.

Car il n’y a pas que la grippe : d’autres infections typiques, à savoir la gastro et la varicelle, en net recul selon le même bulletin épidémiologique, sont diagnostiqués à des seuils beaucoup plus bas que les années précédentes à la même période.

Le Covid est-il donc si puissant qu’il agirait comme antivirus face aux autres virus typiques de l’hiver ??

Si c’était le cas ce serait vraiment un virus magique !

Plus concrètement, les « mesures barrière » généralisées depuis l’épidémie de SARS-CoV-2 ont vraisemblablement ralenti la progression d’autres maladies contagieuses, dont la grippe.

Mais alors pourquoi la distanciation sociale et le fait de se laver les mains n’a eu d’effet que sur la grippe… et pas sur le Covid ?

Il y a peut-être une explication.

La chasse au Covid nous fait-elle oublier les autres maladies ?

Vous vous souvenez peut-être, lors du premier confinement, qu’on avait remarqué une « chute » spectaculaire du nombre d’AVC et d’infarctus.

Il s’agissait en réalité d’un trompe-l’œil : il n’y avait pas eu moins d’accidents cardiaques ou vasculaires-cérébraux… mais moins de consultations aux urgences.

Les gens osaient beaucoup moins se déplacer. Ça ne voulait pas dire qu’ils n’avaient pas eu d’AVC ou d’infarctus !

Un urgentiste canadien avait à juste titre parlé de « bombe à retardement[2] ».

On a constaté le même problème avec le dépistage des cancers, on estime à des dizaines de milliers de cas les « non-diagnostics » de 2020.

Alors ? La grippe a-t-elle du jour au lendemain disparu de nos vies ?

C’est peu probable.

Le Covid est en concurrence avec la grippe, c’est indiscutable.

Que ce même Covid ait subitement mis fin aux épidémies que nous connaissons depuis un siècle, c’est peu probable.

Il est, en revanche, évident que le monde de la médecine n’est obsédé que par une seule chose depuis plusieurs semaines : dépister le coronavirus.

Cela constitue un « biais » diagnostic qui est humain : dans les livres « Où est Charlie ? », quand on cherche Charlie et seulement lui.

Du coup on remarque moins les nombreuses loufoqueries qui se cachent également dans le dessin.

Cette « Covid obsession » peut d’ailleurs jouer aussi du côté du patient lui-même, obnubilé par sa positivité, ou non, au SARS-CoV-2.

N’est-ce pas une preuve que le vaccin antigrippe est efficace ?

On devrait sans doute se réjouir de cette incidence faible de la grippe à l’hiver 2021.

La vaccination antigrippe de cette année aurait-elle été plus efficace que les autres années ?

Non. Chaque année, le vaccin antigrippe n’empêche pas des milliers de décès, et je ne vois aucune raison solide pour laquelle, après 70 ans de vaccins antigrippe annuels à l’efficacité extrêmement variables, le vaccin de cette année aurait eu, tout à coup,  100% d’efficacité.

C’est une chose dont le Dr Michel de Lorgeril a brillamment parlé dans son petit ouvrage consacré au vaccin antigrippe, justement[3].

Publié à l’été 2020, il y fait une mise en garde qui apparaît prophétique avec le recul, et que je partageais déjà avec vous en octobre :

« Selon certains experts, la vaccination antigrippale à l’automne 2019 a possiblement aggravé la première vague pandémique de Covid-19 », écrivait-il.

Mais encore : « J’ai rapporté de nombreuses études montrant que la vaccination antigrippale affaiblissait le système immunitaire (…). »

« Il est urgent que des experts indépendants vérifient si cette hypothèse s’avère fondée, ce que je crois. Dans ce cas, il ne faudrait pas vacciner contre la grippe à l’automne 2020 si on craint une résurgence ou une seconde vague de la Covid-19 fin 2020 et en 2021.[4] » 

Un vaccin antigrippal rendant encore plus fragile face au Covid ?

Comme l’a relevé dans Santé Confinement une de mes collaboratrices, Samira, le professeur Christian Wehenkel (Université Juarez de l’État de Durango, Mexique) a voulu déterminer dans quelle mesure le vaccin contre la grippe permettait de protéger les populations contre les risques de Covid-19.

Après avoir analysé les données issues de 39 pays et regroupant plus d’un demi-million de personnes, il a découvert que, parmi les personnes âgées de 65 ans et plus, celles qui étaient vaccinées contre la grippe avaient plus de risques de mourir du Covid-19[5] !!!!

C’est une conclusion inquiétante mais hélas pas étonnante, qui confirme les hypothèses informées et clairvoyantes du Dr de Lorgeril.

Elle explique pourquoi les pays d’Europe qui avaient les taux de mortalité liée au Covid-19 les plus élevés, sont les mêmes que ceux qui avaient de forts taux de vaccination contre la grippe (au moins 50 %) chez les personnes âgées[6].

D’après le Pr Wenkehel, cet effet mortifère du vaccin antigrippal en cas d’infection au Covid pourrait s’expliquer :

  • soit par l’affaiblissement momentané du système immunitaire suite à l’injection (en gros le système immunitaire aurait fort à faire pour contrer le virus inactivé de la grippe inoculé au patient, ayant moins de « billes » pour lutter contre le SARS-CoV-2)
  • soit par une augmentation des marqueurs de l’inflammation provoquée par les adjuvants dans les vaccins.

 Nous n’en sommes, en tous cas, qu’au début de la compréhension des interactions entre Covid, grippe… et vaccin !

Portez-vous bien,

Rodolphe


[1] Legeneraliste.fr. Météo épidémiologique, Le bulletin national de la semaine (03 février 2021). https://www.legeneraliste.fr/actu-medicale/meteo-epidemiologique

[2] Gerbet, T. (2020). « Bombes à retardement » : des victimes d’infarctus et d’AVC évitent les urgences. Ici.radio-canada. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1693406/coronavirus-crise-cardiaque-urgence-covid-infarctus-avc

[3] Dr Michel de Lorgeril, Les Vaccins contre la grippe, éd. Chariot d’or, Esqualcens, 2020

[4] Op. cit., p.137

[5] Wehenkel, C. (2020). Positive association between COVID-19 deaths and influenza vaccination rates in elderly people worldwide, PeerJhttps://peerj.com/articles/10112/

[6] Hoft, J. (2020). STUDY: Flu Vaccine Raises Risk of COVID Death – Correlation Confirmed by Scientific Analysis”, The Gateway Pundit, disponible sur https://www.thegatewaypundit.com/2020/12/study-flu-vaccine-raises-risk-covid-death-correlation-confirmed-scientific-analysis/