Chers amis,

Depuis quelques jours, les concerts des oiseaux au petit matin ont fait leur retour en force. J’entrouvre la fenêtre de ma chambre, alors que le soleil n’est pas encore levé, et leur chant m’offre une transition paisible vers le début de la journée.

Mais il y a aussi les magnolias, qui ont commencé à bourgeonner, et dont les fleurs ne vont pas tarder à s’ouvrir. Les muscaris et les jonquilles les ont déjà précédées.

Et, évidemment, le retour de la lumière.

Ce renouveau lumineux, fleuri et sonore, que l’on appelle printemps et qui débute aujourd’hui, nos ancêtres le saluaient à l’occasion d’une fête païenne baptisée Ostara, qui célébrait l’aube, la fertilité, la croissance de la vie.

Cette fête, qui avait lieu à l’équinoxe, soit au moment de l’équilibre parfait entre le jour et la nuit, m’invite à attirer votre attention sur un autre équilibre, trop souvent oublié à notre époque : celui entre nos systèmes nerveux sympathique et parasympathique.

La danse du sympathique et du parasympathique

Votre corps est une merveille de complexité, régie par de nombreux systèmes qui travaillent en harmonie pour maintenir votre équilibre et votre santé.

Parmi eux, le système nerveux autonome, qui se divise en deux branches complémentaires mais tellement spécialisées qu’elles semblent opposées : le système nerveux sympathique et le système nerveux parasympathique.

Le système nerveux sympathique prépare votre corps à l’action, à la réaction face au stress ou au danger – c’est le fameux mécanisme de « lutte ou de fuite ».

Il accélère le rythme cardiaque, augmente la pression sanguine et libère du glucose pour fournir de l’énergie aux muscles, nous préparant ainsi à réagir rapidement en cas de menace.

C’est le mode nerveux qui vous permet de vous reculer à temps pour éviter une voiture grillant un feu rouge, d’attraper votre train à l’heure ou de remplir votre déclaration de revenus (opération qui figure dans le top 3 des sources de stress pour moi !).

À l’opposé, le système nerveux parasympathique est celui du repos, de la paix et de la réparation. Il vous permet de vous détendre, de digérer et de récupérer.

Il abaisse le rythme cardiaque, réduit la pression sanguine et favorise les processus de régénération et de repos de votre corps.

C’est le mode nerveux qui non seulement vous aide à vous endormir, mais garantit que votre nuit sera réparatrice ; en journée, c’est le mode qui vous permet de vous « déconnecter », de prendre du recul, bref de faire redescendre la pression.

Le mode sympathique en permanence, ça n’a rien de « sympa » pour votre santé

Le passage d’un mode à l’autre au cours de la journée est la garantie d’une santé équilibrée.

Être trop souvent, voire en permanence, en mode nerveux sympathique, fait en effet le lit de nombreuses maladies chroniques et/ou inflammatoires (vous savez que le stress est inflammatoire), parmi lesquelles :

  • La polyarthrite rhumatoïde[1];
  • Le syndrome métabolique et le diabète de type 2[2];
  • L’hypertension[3];
  • Le syndrome de côlon irritable[4];
  • Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (les MICI)[5];
  • La fibromyalgie et le syndrome de fatigue chronique[6].

Plus généralement, un excès de stress, en maintenant notre corps en état d’alerte permanent, augmente le risque de troubles cardiovasculaires, d’insomnie, d’anxiété, de dépression, et affaiblit notre système immunitaire.

Cette suractivation épuise nos réserves énergétiques, nous laissant fatigués mais souvent incapables de trouver le repos nécessaire à notre récupération.

Or, dans le tumulte de la vie moderne, nous sommes souvent, et pour certains presque en permanence, en mode sympathique, surstimulés par les exigences et les pressions constantes. « . »

Nous sommes entourés d’objets connectés qui nous sollicitent et nous maintiennent dans un état de vigilance épuisant : on s’est à peine détendu (si on y arrive) qu’un « bip » ou une sonnerie retentit, nous replongeant derechef en mode nerveux sympathique.

Pour votre santé physique et mentale, il est crucial de savoir basculer en mode parasympathique. Ce mode favorise la relaxation, la guérison et le bien-être émotionnel.

En facilitant la détente et la récupération, il contribue à une meilleure régulation de votre pression sanguine, à une digestion améliorée, à une réduction du stress et de l’anxiété et à une amélioration de votre qualité de sommeil.

Il permet à votre corps de se régénérer et à votre esprit de retrouver la paix et la clarté, vous rendant plus résilients face aux défis quotidiens.

Et le début du printemps est le bon moment pour réapprendre ce « switch ».

Le printemps : une invitation au parasympathique

Le printemps, avec son explosion de vie, de couleurs et de parfums, vous offre l’opportunité idéale pour vous aider à passer en mode parasympathique. Voici comment :

La nature s’éveille : La simple observation de la renaissance du monde végétal et l’écoute du chant des oiseaux a un effet apaisant sur votre système nerveux. Cela vous aide à vous détendre et à stimuler votre mode parasympathique.

Plus de lumière : Les jours qui rallongent et la lumière naturelle plus abondante régulent positivement vos rythmes biologiques, améliorant votre humeur et réduisant le stress.

Activités en plein air : Le printemps est le moment idéal pour reprendre ou découvrir des activités extérieures douces comme la marche, le yoga ou la méditation en plein air, qui favorisent toutes le mode parasympathique.

Alimentation de saison : Les fruits et légumes frais du printemps soutiennent votre corps dans sa phase de détoxification et de renouvellement.

Évidemment, il y a bien d’autres choses à faire.

Portez-vous bien,

Rodolphe


[1] https://research.birmingham.ac.uk/en/publications/autonomic-function-and-rheumatoid-arthritis-a-systematic-review – Ahmed Adlan, Gregory Lip, Julian Paton, et al., « Autonomic function and rheumatoid arthritis–a systematic review », in. Seminars in arthritis and rheumatism, 2014, vol. 44, n°3, pp. 283-304

[2] https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2009/revue-medicale-suisse-206/dysfonction-metabolique-et-stress-chronique-un-nouveau-regard-sur-la-pandemie-de-diabesite – Giacomo Gastaldi, et al., « Dysfonction métabolique et stress chronique : un nouveau regard sur la pandémie de “diabésité” ? », in. Revue médicale suisse, 2009, vol. 5, n°206, p.1273-1277

[3] https://www.ahajournals.org/doi/10.1161/circresaha.114.302524 – Giuseppe Mancia et Guifo Grassi, « The Autonomic Nervous System and Hypertension », in. Circulation Research, vol. 114, 23 mai 2014, p.1804-1814

[4] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19377269/ – Noriaki Manabe, Toshiaki Tanaka, Jiro Hata, Hiroaki Kusunoki, Ken Haruma, « Pathophysiology underlying irritable bowel syndrome – from the viewpoint of dysfunction of autonomic nervous system activity », in. J Smooth Muscle Res, février 2009,

[5] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28421634/ – B. Bonaz, V. Sinniger, S. Pellissier, « Vagus nerve stimulation : a new promising therapeutic tool in inflammatory bowel disease », in. Journal of Internal Medecine, juillet 2017, n°282

[6] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24662556/ – Laura-Aline Martinez-Martinez, Tania Mora, Angélica Vargas, Mario Fuentes-Iniestra, Manuel Martinez-Lavin, « Sympathetic nervous system dysfuction in fibromyalgia, chronic fatigue syndrome, irritable bowel syndrome and interstitial cystitis : a review of case-control studies », in. Journal of Clinical Rheumatology, avril 2014, n°20