Chers amis,

Marcher sur deux jambes est une évidence pour nous… mais nous coûte cher d’un point de vue santé.

C’est l’origine :

  • des lombalgies ;
  • des sciatiques ;
  • de l’arthrose des hanches et des genoux ;
  • de l’ostéoporose ;
  • de l’insuffisance veineuse pouvant provoquer des varices, et aller jusqu’aux phlébites et à l’embolie pulmonaire ;
  • de l’hypertension artérielle.

Oui, tout ça parce que nous marchons sur deux jambes

Le rapport bénéfices-risques de la locomotion sur deux jambes ! 

Dans l’ensemble du monde vivant nous sommes une exception.  

Les oiseaux « marchent » aussi sur deux pattes mais ce n’est pas leur unique ni même principal mode de locomotion, ils ont leurs ailes pour cela.

Certains autres mammifères, nos proches cousins singes, se redressent parfois également et font quelques pas sur deux jambes… mais ils restent pour l’essentiel des quadrumanes (la plupart d’entre nous sommes incapables de nous emparer d’objets avec les pieds). 

Mais nous sommes bien, nous humains :

  • les seuls à nous déplacer entièrement sur deux jambes,
  • les seuls dont les pieds ne servent qu’à marcher,
  • les seuls dont les mains ne servent qu’à saisir des objets.

Pourquoi nos ancêtres hominidés, qui étaient des primates arboricoles, se sont-ils peu à peu redressés pour se déplacer sur le sol ? Une théorie qui « tient la corde » depuis trente ans est celle d’Yves Coppens, suggérant que la modification du climat en Afrique de l’est et la formation de la vallée du grand Rift a poussé nos ancêtres à conquérir la marche au sol pour survivre, dans un environnement, la savane, où l’arbre est devenu rare[1].

Cela a conféré à l’Homme un avantage décisif : bipède, l’Homme a été à la fois mieux pourvu pour trouver sa nourriture, mais il a pu aussi mieux échapper aux prédateurs.

Avec ce bouleversement de notre morphologie, toutes sortes de problèmes sont arrivés, dont l’un des plus connus est l’accouchement plus difficile : la tête du bébé, pour sortir du ventre de sa mère, doit tourner comme une vis pour compenser l’étroitesse du bassin. 

Mais il y a d’autres rançons de l’évolution.

Les maux de dos, c’est à cause des jambes !

La première c’est notre dos.  

La position verticale fait subir à notre colonne vertébrale une charg sans équivalent dans le monde animal.

On en arrive à ce que des pathologies affectant la colonne affectent, tenez-vous bien, un humain sur deux[2] : il s’agit des lombalgies, c’est-à-dire des maux de dos classiques, mais aussi des radiculalgies, c’est-à-dire les douleurs provoquées par les nerfs rachidiens, comme la sciatique. 

Cela peut engendrer de véritables handicaps, allant jusqu’à la paralysie : d’après une étude de 2010, les douleurs lombaires sont la première cause mondiale d’années vécues avec un handicap[3].

L’être humain est aussi le seul vertébré à souffrir de scoliose, une autre conséquence de notre station debout. Pour la petite histoire, des chercheurs ont « réussi » à développer des scolioses chez des rats… en les « forçant » à devenir bipèdes[4]…

L’arthrose et l’ostéoporose également 

L’arthrose des hanches, très courante à partir de 50 ans, est également une conséquence de notre station debout : il n’y a que chez nous, humains, que les hanches supportent autant de poids et « travaillent » de cette manière.

L’arthrose des genoux a la même explication, touchant en particulier les personnes dont le travail s’effectue debout. 

Un récent changement, le fait que nous passions plus de temps assis à un bureau ou sur un fauteuil qu’avant, a pour mérite de soulager les genoux. Mais la position assise pose beaucoup de problèmes, j’y reviens dans un bref instant. 

Il n’y a que deux facteurs de développement d’arthrose sévère des genoux à l’heure actuelle, hormis les accidents :

  • le surpoids et l’obésité, qui font peser, même sans beaucoup marcher, une charge trop importante sur les articulations des membres inférieurs ;
  • l’abus de course à pied, jogging, etc., qui usent prématurément ces mêmes articulations (j’avais consacré une lettre à ce sujet il y a quelques années[5]) 

L’ostéoporose, particulièrement problématique dans les membres inférieurs, est également une « tendance » favorisée par la bipédie : notre locomotion exclusive sur deux jambes a favorisé des os plus longs (pour marcher plus vite) mais donc aussi moins denses que nos ancêtres ou nos cousins primates, ce qui les expose plus vite à la fragilité[6].

Hypertension, varices et insuffisance veineuse 

Notre bipédie explique aussi beaucoup de problèmes liés à la circulation sanguine.

En effet, en bas la pression est trop forte… et en haut, elle est trop faible !

Cela est aggravé par la masse considérable de notre cerveau, gourmand en termes d’irrigation et qui a besoin d’une forte pression artérielle.

D’où notre « tendance » naturelle à l’hypertension artérielle et par effet mécanique notre surexposition aux anévrismes, aux AVC et à l’infarctus.

Ça c’est pour le haut du corps.

Venons-en au bas : le principal problème lié à notre station debout tient… au retour du sang vers le haut, après qu’il soit « descendu « .

Le corps humain est équipé d’un système perfectionné de valvules dans nos veines qui empêchent le sang de stagner ou de redescendre.

Mais quand ce système dysfonctionne, on parle d’insuffisance veineuse. Ça veut tout simplement dire que ces valvules ne travaillent pas assez et ne parviennent pas à « renvoyer » le sang vers le haut du corps.

Les varices, mais aussi les phlébites, sont liées à cette faiblesse du système de renvoi du sang vers les parties supérieures, aggravées par des troubles de la coagulation.

Comment les prévenir ?

Réactivez la pompe dans vos jambes ! 

Les valvules dont je vous parlais plus haut sont activées par les muscles des jambes et la « pompe » indispensable pour assurer un bon retour veineux est actionnée seulement quand on marche.

La chaise et le fauteuil sont donc des ennemis mortels.

Et la plupart d’entre nous y passons l’écrasante majorité de nos heures éveillées !


L’homme, qui a évolué comme un grand marcheur, est donc devenu un grand assis.

Ce bouleversement est en partie à l’origine de nos « maux de civilisation », à commencer par le surpoids et l’obésité. Si on calcule l’énergie dépensée en joules, on estime que nos ancêtres du paléolithique dépensaient 76 kJ/kg par jour contre… 30 pour nous aujourd’hui[7].

Associée à une nourriture plus glucidique… le résultat est sans appel.

C’est pourquoi renouer avec ce pour quoi nos jambes sont faites – marcher ! – est une mesure de bon sens contre la plupart des maladies de civilisation :

  • c’est ce qui vous permet d’actionner la pompe de vos jambes et d’assurer une bonne circulation sanguine;
  • une heure de marche par semaine diviserait de moitié le risque de maladie cardio-vasculaire (bien mieux que les statines !) [8];
  • même chez les insuffisants cardiaques la marche réduirait la mortalité de 40%[9];
  • 40 minutes de marche quotidienne réduit de 27% le risque de développer un diabète de type 2[10];
  • Marcher chaque jour réduirait de 70% le risque de développer la maladie d’Alzheimer[11],[12];
  • Sept heures de marche par semaine réduiraient de moitié la mortalité par cancer du sein et du côlon[13];
  • 18 mois de pratique régulière de la marche augmenterait la densité osseuse de 77% et réduit le risque de fracture liée à l’ostéoporose de 61%[14]. 

Enfin, la cerise sur le gâteau : les télomères !

Les télomères, vous le savez, ce sont ces « capuchons » au bout de nos chromosomes dont la longueur est prédictive d’une longévité en bonne santé. Eh bien, au bout de 5 ans de marche régulière, leur longueur s’en trouveraient augmentée de 10%[15] !

Ces études scientifiques démontrant les bienfaits santé de la marche sont peu sponsorisées… car elles ne rapportent pas un centime aux laboratoires (qui sont les grands financeurs de la recherche scientifique aujourd’hui). 

Vous pouvez donc les considérer comme fiables… et très précieuses. 

Portez-vous bien, sur vos deux jambes,

Rodolphe


[1] Wikipédia. East Side Story. https://fr.wikipedia.org/wiki/East_Side_Story

[2] Perino, L. (2017). Pour une médecine évolutionniste, p.72. Éditions Seuil. EAN 9782021223354

[3] Hoy, D., Woolf, A., March, L. M. (2014). The global burden of low back pain: Estimates from the Global Burden of Disease 2010 study. Annals of the Rheumatic Diseases. DOI: 10.1136/annrheumdis-2013-204428 · Source: PubMed. https://www.researchgate.net/profile/Damian-Hoy/publication/261070129_The_global_burden_of_low_back_pain_Estimates_from_the_Global_Burden_of_Disease_2010_study/links/5666bea108ae418a786f522f/The-global-burden-of-low-back-pain-Estimates-from-the-Global-Burden-of-Disease-2010-study.pdf

[4] Dubousset, J. Hypothèses pathogéniques sur la scoliose idiopathique. Hôpital Saint-Vincent-de-Paul – Université Descartes, Paris. https://docplayer.fr/54909656-Hypotheses-pathogeniques-sur-la-scoliose-idiopathique-pathogenic-hypotheses-for-idiopathic-scoliosis.html

[5] Bacquet, R. (12.07.2019). Arrêtez le jogging, vous allez vous faire mal ! https://alternatif-bien-etre.com/maladies/maladies-cardio-vasculaires/arretez-le-jogging-vous-allez-vous-faire-mal/

[6] Perino, L. Op. Cit., p.73

[7] Cordain L. · Gotshall R.W. · Eaton S.B. (1997). Evolutionary Aspects of Exercise. Simopoulos AP (ed): Nutrition and Fitness: Evolutionary Aspects, Children´s Health, Programs and Policies.World Rev Nutr Diet. Basel, Karger 81, 49-60 https://doi.org/10.1159/000059601

[8] Fossum, E. et al. (2007). The effect of baseline physical activity on cardiovascular outcomes and new-onset diabetes in patients treated for hypertension and left ventricular hypertrophy : the LIFE study. Journal of Internal Medicine262 (4) : 439-48.

[9] Smart, N. et al. (2004). Exercise training for patients with heart failure : a systematic review of factors that improve mortality and morbidity. Am J Med 116:693-706.

[10] Sato K.K., Hayashi T., Kambe H., et al. (2007). Walking to Work Is an Independent Predictor of Incidence of Type 2 Diabetes in Japanese Men: The Kansai Healthcare Study. Diabetes Care 30: 2296-2298.

[11] Abbott, R. D. et al. (2004). Walking and dementia in physically capable elderly men. JAMA 292, p 1447-1453

[12] Lautenschlager NT et al. (2008). Effect of physical activity on cognitive function in older adults at risk for Alzheimer disease: a randomized trial. JAMA 300(9):1027-37

[13] Cancerworld (01.05.2013). Chronic and late effects : how physical activity can help. https://archive.cancerworld.net/e-grandround/chronic-and-late-effects-how-physical-activity-can-help/

[14] Kemmler, W. et al. (2010). Exercise Effects on Bone Mineral Density, Falls, Coronary Risk Factors, and Health Care Costs in Older Women. The Randomized Controlled Senior Fitness and Prevention (SEFIP) Study. Arch Intern Med. 170:179-185.

[15] Cherkas, L. F. et al. (2008). The association between physical activity in leisure time and leukocyte telomere length. Arch Int Med 168: 154-158.