Chers amis,

Je vais peut-être vous choquer, mais développer des cellules tumorales, c’est normal.

À partir d’un certain âge, nous en développons tous, cela fait partie du vieillissement.

Ce qui n’est pas normal c’est que ces cellules tumorales dégénèrent en cancer.

Notre organisme dispose naturellement de systèmes de défense qui empêchent les cellules tumorales de proliférer :

  • les anticorps ;
  • les globules blancs ;
  • les cellules NK (pour natural killers, ou « tueurs naturels ») ;
  • le mécanisme de l’apoptose, qui incite les cellules endommagées ou malades à se « suicider ».

Quand un diagnostic de cancer tombe, c’est qu’une partie ou la totalité de ces défenses a échoué à empêcher les cellules tumorales de se développer.

On parle alors de « dépression immunitaire ».

Pourquoi nos défenses naturelles cèdent-elles au cancer ?

Les principaux facteurs de risque de dépression immunitaire sont :

  • l’âge ;
  • l’alimentation ;
  • le patrimoine génétique ;
  • l’environnement ;
  • l’hygiène de vie.

Il y a des facteurs sur lesquels on ne peut PAS agir.

L’âge tout d’abord : en vieillissant, nos défenses naturelles contre le cancer perdent progressivement en puissance, tout comme notre vue se dégrade, notre ouïe baisse et notre mémoire flanche.

Le patrimoine génétique c’est pareil, on doit « faire avec »… en tout cas jusqu’à l’arrivée des thérapies géniques ! Les prévisions sont de 30 à 50 ans pour qu’elles deviennent disponibles au grand public. Et rien ne nous dit encore qu’elles seront efficaces et sans danger.

La bonne nouvelle, c’est que nous pouvons agir sur les trois autres facteurs.

L’amélioration de l’environnement passe par un aménagement de son lieu de vie ou carrément un déménagement. Ce n’est pas si facile je vous l’accorde, ne serait-ce que pour des questions d’argent.

Une meilleure hygiène de vie passe par un sommeil de qualité et une activité physique adaptée. Mais aussi des relations sociales et familiales épanouissantes, comme en jouissent les centenaires d’Okinawa.

L’alimentation est probablement le facteur le plus facile à changer. Et ça tombe bien, cela peut avoir des résultats rapides. Encore faut-il savoir :

  • quels aliments réduire drastiquement pour cesser de « nourrir » les cellules tumorales ;
  • quels sont ceux à arrêter complètement si l’on vous a déjà diagnostiqué un cancer.

Voici les cinq « nourritures » préférées du cancer, telles que recensées par les recherches les plus récentes.

1 – Les sucres rapides : un carburant à tumeurs

Les cellules tumorales sont des cellules devenues folles, se développant de façon anarchique.

Pour se développer, elles ont besoin de beaucoup d’énergie.

Elles sont excessivement gourmandes en glucose, c’est leur carburant no 1. Elles en consomment 20 fois plus que des cellules normales !

Une étude récente a révélé que, dans le cas d’une leucémie, les cellules cancéreuses sont capables de « voler leur glucose » aux cellules saines[1].

Pour affamer une tumeur, la première chose à faire est de ne plus lui fournir de glucose !

Le glucose que vous consommez a un effet pervers : plus il y en a dans votre corps, plus votre pancréas sécrète de l’insuline. Et l’insuline, à son tour, stimule la production d’IGF-1, une puissante hormone qui booste les cellules cancéreuses.

Un cercle vicieux !

Il faut donc bannir séance tenante ou réduire significativement :

  • le sucre blanc ;
  • mais aussi viennoiseries, gâteaux, céréales au petit déjeuner, biscuits, boissons type soda etc.

2 – Les graisses saturées : le tapis rouge des tumeurs

Les graisses saturées sont celles que l’on trouve dans le beurre, le fromage, l’huile de palme, etc.

À petites doses, elles ne sont pas néfastes. Mais consommées en grande quantité, ces lipides déroulent le tapis rouge au cancer.

Elles sont caloriques, peu combustibles (ça veut dire qu’elles brûlent difficilement, et qu’elles s’accumulent dans les tissus adipeux), et :

  • réduisent l’apport d’oxygène en bloquant les globules rouges – or, le cancer, comme l’a découvert le prix Nobel Otto Warburg, aime les milieux acides, pauvres en oxygène;
  • baissent la production d’énergie nécessaire au bon fonctionnement des défenses immunitaires;
  • blindent les membranes des cellules tumorales, qui deviennent plus résistantes aux attaques du système immunitaire, de la chimiothérapie ou de la radiothérapie ;
  • favorisent la prolifération de ces cellules en créant de l’inflammation[2].

3 – La viande rouge : elle fait monter la température du cancer

La consommation fréquente de viande rouge ou transformée (charcuterie) est associée à une augmentation de l’incidence de cancer et à une plus forte mortalité[3].

Pourquoi ? À cause de :

  • sa richesse en fer, dont les apports accroissent les risques de cancer du sein, du côlon, de l’œsophage, de l’estomac, du rectum, de la vessie[4]… ;
  • la leucine, un acide aminé orchestrant les processus inflammatoires de l’organisme, et qui pousse la prolifération des tumeurs ;
  • l’acide arachidonique, un acide gras pro-inflammatoire ;
  • sa contagion facile par des agents infectieux (bactéries et virus) qui ouvrent la voie au cancer.

Par ailleurs, la façon dont on traite la viande rajoute à son potentiel cancérogène :

  • je vous renvoie, déjà, à la lettre que j’avais consacrée aux méfaits cancérogènes des nitrites et nitrates du jambon;
  • la cuisson de la viande à haute température (à la poêle, au grill, ou pire encore au barbecue) génère des substances mutagènes, les amines hétérocycliques et les hydrocarbures aromatiques polycycliques: c’est ce qui donne à la viande sa bonne odeur de grillé et ses parties roussies ou grillées… mais ce sont des petites bombes cancérigènes[5].

Il faudrait donc réduire au minimum la consommation de ces viandes (pas plus d’une fois par semaine) et adopter une cuisson la plus douce possible.

4 – Les aliments ultra-transformés : des cocktails Molotov cancérigènes

Impossible de se tromper avec les « aliments ultra-transformés » ou AUT : ils ne sont bons pour à peu près rien, ils augmentent le risque de surpoids, de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires, et… de cancers.

On peut citer le « trio perdant » qui explique cette action :

  • leur sucre en abondance (je vous en ai parlé plus haut) ;
  • l’abus de sel dans la plupart de ces produits (une alimentation trop salée joue un rôle de premier plan dans l’apparition des cancers de l’estomac[6]) ;
  • les édulcorants, conservateurs, exhausteurs de goût et autres additifs (reconnaissables à leur nom de code E suivi de trois chiffres) de type bisphénols, dioxines, ou encore phtalates, employés par l’industrie agro-alimentaire, qui sont souvent des perturbateurs endocriniens favorisant l’apparition de cancers hormono-dépendants (cancer du sein, de la prostate).

5 – Les fritures

Les aliments frits jouissent d’un regard sympathique au motif que ce serait une manière savoureuse ou conviviale de cuisiner des aliments sains et de remplir son objectif des « cinq fruits et légumes par jour ».

Eh bien non.

Les chips et des frites, que ce soit de pommes de terre (dont j’ai dénoncé les dangers pour la santé), de patates douces, de betteraves, de carottes, de ce que vous voulez… restent des chips et des frites, c’est-à-dire des aliments bourrés d’acrylamide.

L’acrylamide se forme lors de la cuisson à haute température, en particulier dans les aliments riches en glucides et pauvres en protéines. En mars dernier, une étude de grande ampleur a confirmé les soupçons que l’on a depuis longtemps sur la nature hautement cancérigène de l’acrylamide[7] : cette substance favorise même la mutation de l’ADN chez l’humain, poussant des cellules saines à dégénérer en cellules tumorales.

Et les meilleurs ennemis du cancer ?

Je pourrais, en conclusion, vous parler des nombreux aliments ayant une action anticancer. Mais ça, c’est déjà l’objet de presque toutes les lettres axées « nutrition » que je vous écris

Je peux vous rappeler que l’écrasante majorité des aliments de nature végétale, thé vert, curcuma, légumes crucifères (choux, brocolis, etc.), alliacés (oignons, poireaux, ail…), algues, champignons… sont anticancer.

Je continuerai à vous parler de chacun d’entre eux en détail au fil de prochaines lettres !

Portez-vous bien !

Rodolphe Bacquet

[1] Sundem (G.), « Cancer hijacks the microbiome to glut itself on glucose », Colorado Cancer Blogs, 28 septembre 2018, disponible sur https://coloradocancerblogs.org/cancer-hijacks-the-microbiome-to-glut-itself-on-glucose/

[2] Pascual (G.) et al., « Targeting metastasis-initiating cells through the fatty acid receptor CD36 », Nature, 5 janvier 2017, vol. 541, pp. 41-45, consulté en octobre 2019, disponible sur https://www.nature.com/articles/nature20791

[3] McCullough (M. L.) et al, « Association Between Red and Processed Meat Intake and Mortality Among Colorectal Cancer Survivors », Journal of Clinical Oncology, 1er août 2013, vol. 31, no 22, pp. 2773–2782, consulté en octobre 2019, disponible sur https://doi.org/10.1200/JCO.2013.49.1126

[4] Fonseca-Nunes (A.), Jakszyn (P.) et Agudo (A.), « Iron and cancer risk–a systematic review and meta-analysis of the epidemiological evidence », janvier 2014, vol. 23, no 1, pp. 12-31, , consulté en octobre 2019, disponible sur https://doi.org/10.1158/1055-9965.EPI-13-0733

[5] Palmer (B.), « Cooking Up Cancer? », 22 janvier 2014, Slate, disponible sur https://slate.com/technology/2014/01/cancer-risk-from-grilled-meat-is-it-time-to-give-up-smoked-and-fried-foods.html

[6] « Sel et cancer », Fondation contre le Cancer, août 2017, disponible sur https://www.cancer.be/les-cancers/facteurs-de-risque/pas-trop-de-sel

[7] Zhivagui (M.) et al., « Experimental and pan-cancer genome analyses reveal widespread contribution of acrylamide exposure to carcinogenesis in humans », Genome Research, 7 mars 2019, vol. 29, pp. 521-531, consulté en octobre 2019, disponible sur https://doi.org/10.1101/gr.242453.118