Chers amis,

Si vous en avez régulièrement, vous savez que les acouphènes peuvent transformer une journée en enfer.

Le Covid rendrait les acouphènes pires encore.

Covid et acouphènes, double peine 

Les acouphènes c’est la perception hors de toute source extérieure d’un son, souvent aigu et pouvant prendre la forme d’un sifflement.

C’est vraiment handicapant si c’est intense et prolongé.

Une étude anglaise publiée dans Frontiers in Public Health et menée sur 3103 personnes souffrant régulièrement d’acouphènes, montre que 40% d’entre eux ayant eu des symptômes du Covid-19 ont simultanément connu une aggravation de leurs acouphènes[1].

Pour certains d’entre eux, c’est allé jusqu’à la perte d’audition.

Ce n’est pas tout : une partie des participants souffrant très peu de ce problème ont développé des acouphènes chroniques après leur Covid…

… à tel point que, disent les auteurs de l’étude, les acouphènes pourraient être un symptôme de « Covid-long », ce syndrome dont je vous parlais dans une lettre récente.

46% des patients britanniques estiment que les mesures de distanciation sociale provoquées par la crise du Covid ont également aggravé leurs acouphènes, ce qui serait le fruit :

  • Du plus grand stress provoqué par la crise ;
  • De la plus grande difficulté à consulter un soignant pour ce problème.

Un casse-tête médical

Le Covid s’ajoute à la longue liste des problèmes de santé dont les acouphènes peuvent être un symptôme :

  • perte d’audition liée à l’âge ;
  • conséquence d’un choc, créé par un accident de voiture par exemple, qui a atteint la structure crânienne et cervicale, ou l’articulation temporomandibulaire proche de l’oreille (voir schéma) ;
  • problème de circulation : une hypertension artérielle, ou un diabète qui a provoqué des dommages aux artères et aux artérioles qui alimentent l’oreille interne ;
  • maladie de Ménière, maladie touchant l’oreille interne, et qui provoque également des vertiges et va parfois jusqu’à la surdité.

Des acouphènes temporaires peuvent par ailleurs survenir après un gros rhume ou une bonne grippe.

Mais ceux-là disparaissent en général au bout de deux ou trois mois.

Méthode étrange venue des États-Unis

Mes lecteurs me demandent souvent des solutions contre les acouphènes.

Il faut dire que la médecine conventionnelle est en difficulté sur ce sujet compliqué.

Une solution venue des États-Unis a montré des résultats très prometteurs… mais elle est difficile à répliquer à la maison vous allez le voir. 

Il s’agit d’une stimulation neuronale « bimodale ». Concrètement, des écouteurs sans fil diffusent des sons dans les oreilles, tandis que des impulsions électriques sont envoyées à la langue au moyen de 32 électrodes :

Ces stimulations électriques sont contrôlées par une télécommande qui permet au patient d’en modifier l’intensité :

Cette installation a été testée sur 326 patients souffrant d’acouphènes récurrents

86% ont vu une amélioration nette de leur problème.

Et cette amélioration aurait perduré un an après l’expérience[2] !

C’est un authentique espoir pour les personnes souffrant d’acouphènes sévères… et qui leur sera de toute façon réservé, si ce protocole arrive chez nous, car… il est contraignant :

  • il nécessite cet appareillage, dont le prix est pour le moment inconnu ;
  • pour obtenir ce résultat, les participants ont dû « pratiquer » chaque jour, à raison d’une heure quotidienne, pendant douze semaines – ce n’est donc pas un traitement léger ;
  • il demande un suivi précis pour « adapter » les premiers réglages au profil du patient.

Acouphènes : quelles solutions naturelles ?

En attendant, quels sont les recours à notre disposition maintenant ? 

Vous verrez fleurir sur internet des « solutions »… dont on se serait bien doutés :

  • éviter les endroits bruyants ;
  • éviter l’usage de casque audio ;
  • limiter l’usage de bouchons d’oreille ;
  • arrêter de fumer ;
  • faire baisser son stress ;
  • faire du sport.

« Merci, j’y avais pensé » !

Tous cela n’est pas suffisant !

Vous pouvez en revanche en attendre davantage de la nutrition et des plantes.

Le magnésium

Minéral classique aux propriétés antioxydantes et neuroprotectrices très bien connues, le magnésium est l’une des rares substances naturelles à avoir prouvé son efficacité auprès des personnes souffrant d’acouphènes, avec un bienfait marqué pour les acouphènes « forts »[3].

En pratique : certaines formes de magnésium sont mieux absorbées que d’autres, tandis que quelques-unes peuvent créer des problèmes de transit. Je recommande le citrate ou le bisglycinate de magnésium, d’un bon rapport qualité/prix. Prenez-en 300 mg 3 fois par jour. 

La NAC

La N-acétyl-cystéine (NAC) est une substance fluidifiante assez courante, dont on a découvert « par hasard » qu’elle soulageait des acouphènes… mais aucune étude formelle n’a, à ma connaissance, validé cette efficacité.

Pourquoi je parle de « hasard » ? Les études sur cette substance pour traiter d’autres problèmes de santé (souvent pulmonaires) ont permis de découvrir qu’elle avait pour effet secondaire de soulager certains patients d’acouphènes.

En pratique : associez une prise quotidienne de 200 mg de NAC 3 fois par jour, si possible en synergie avec le magnésium. La NAC se trouve facilement en parapharmacie et magasin diététique. 

Le ginkgo biloba

Le ginkgo biloba est devenue un peu… une plante panacée, je le sais. Mais cette plante réduit effectivement la viscosité sanguine et permet une meilleure circulation du sang au niveau cérébral. Or, dans le traitement des acouphènes, il s’agit d’améliorer la microcirculation autour de l’appareil auditif.

Le ginkgo s’est avéré efficace dans un protocole post-traumatique, c’est-à-dire la perte d’audition et les acouphènes survenant après une exposition soudaine et/ou prolongée à un bruit excessif[4].

D’après la Fédération européenne des associations d’acouphéniques, les médecins européens utilisant des extraits standardisés de ginkgo, administrés dans les 3 premiers mois de l’apparition des symptômes, ont eu de bons taux de résultats.

En pratique : prenez dès les premiers acouphènes 2 doses de 120 mg d’extraits standardisés de ginkgo par jour[5].

Dans tous les cas mon conseil est d’essayer, car ces substances ne comportent aucun risque. 

Portez-vous bien,

Rodolphe

P.S. Si vous avez vos propres techniques alternatives anti-acouphènes, faites-nous en part ici !


[1] Beukes, E. W., Baguley, D. M., Jacquemin, L., et al (2020). Changes in Tinnitus Experiences During the COVID-19 Pandemic. Frontiers in Public Health, 2020; 8 DOI: 10.3389/fpubh.2020.592878 https://www.sciencedaily.com/releases/2020/11/201105183813.htm

[2] Conlon, B., Langguth, B., Hamilton, C., et al. (2020). Bimodal neuromodulation combining sound and tongue stimulation reduces tinnitus symptoms in a large randomized clinical study.  Science Translational Medicine 12, 564, eabb2830. DOI: 10.1126/scitranslmed.abb2830. https://stm.sciencemag.org/content/12/564/eabb2830

[3] Cevette, M. J,, Barrs, D. M., Patel, A., et al. (2011). Phase 2 study examining magnesium-dependent tinnitus. International Tinnitus Journal. 16(2):168-73. https://www.tinnitusjournal.com/articles/phase-2-study-examining-magnesiumdependent-tinnitus.pdf

[4] Tziridis, K., Korn, S., Ahlf, S., & Schulze H. (2014). Protective effects of Ginkgo biloba extract EGb 761 against noise trauma-induced hearing loss and tinnitus development. Neural Plast. 2014:427298. DOI:10.1155/2014/427298

[5] Bone, Mills, «Principles and Practice of Phytotherapy: Modern Herbal Medicine », 2nd édition (8 janvier 2013)