Chers amis,
Depuis le premier diagnostic d’un cas en Chine à la mi-novembre 2019[1], de nombreuses zones d’ombre subsistent autour de ce virus mystérieux, encore aujourd’hui.
J’en ai dénombré au moins 7.
1 – Des « patients zéro » fantômes
Le « patient zéro » d’une épidémie est la première personne d’une population à avoir été porteuse d’une maladie contagieuse.
Celui de Chine aurait été identifié[2].
Mais en France comme en Italie, les patients zéro de l’Oise et de Lombardie restent inconnus.
Ni l’enseignant de 60 ans de l’Oise, ni le trentenaire de Codogno en Lombardie[3] n’ont eu de contact, de près ou de loin, avec des personnes ayant un lien avec la Chine.
On ignore donc comment ils ont attrapé le Covid-19.
Cela peut sembler anecdotique mais ça ne l’est pas.
Car ce mystère en reflète un beaucoup plus gênant : l’historique de la transmission du virus.
Il y a quelques jours, les médecins italiens en sont venus à une conclusion étourdissante : si l’on n’a pas pu trouver le patient zéro… c’est qu’il n’existe pas.
Ces chercheurs ont en effet découvert que même les patients admis dans les hôpitaux italiens pour des problèmes respiratoires en janvier et en février étaient déjà presque tous atteints du Covid-19[4].
Le virus était donc déjà présent à grande échelle… mais n’avait pas été identifié.
Il faut présumer que c’était la même chose en France et dans bien d’autres pays.
Il va être très difficile à présent, sinon impossible, de remonter le fil de l’apparition du Covid-19 en Europe.
Or, sans cet historique, le mode de fonctionnement de la transmission du virus reste un mystère… Et une menace.
2 – Une puissance de contamination inexpliquée
Au fil des semaines, le Covid-19 s’est révélé avoir plusieurs atouts inattendus dans sa manche.
On a tout d’abord cru qu’il se comportait comme un virus grippal classique, c’est-à-dire :
- par contact direct (poignée de main) ;
- par contact avec un objet touché par une personne infectée (une poignée de porte) ;
- ou par gouttelettes en suspension dans l’air provoquées par les postillons, la toux, les éternuements (d’où les « gestes barrière » que sont le lavage des mains, la distanciation physique, etc.).
Puis, au fur et mesure des recherches, le Covid-19 s’est révélé plus redoutable sur tous les plans de la contagion :
- il survit plus longtemps que prévu sur différentes surfaces (3h dans l’air semble-t-il, 4h sur une surface métallique, 24h sur du carton, et 72h sur de l’inox !)[5];
- en cas de toux ou d’éternuement, la distance « dangereuse » pourrait aller jusqu’à 8 mètres et pas du tout les 2 mètres de « distanciation » préconisés[6];
- une personne contaminée pourrait être contagieuse jusqu’à 37 jours[7](à titre de comparaison, une personne atteinte de la grippe n’est plus contagieuse deux jours après l’apparition de ses symptômes) ;
- la période d’incubation, estimée à une moyenne comprise entre 5 et 7 jours, pourrait durer jusqu’à 24 jours[8].
Le plus étonnant de tout cela est la transmissibilité par l’air[9].
Si cela se confirme bien, cela veut dire qu’il suffirait que vous respiriez le même air qu’une personne contaminée 1h ou 2h avant pour risquer d’être infecté.
Cette dernière découverte explique la spectaculaire volte-face des gouvernements français et américains au sujet des masques.
Mais au-delà des masques, si le virus est effectivement transmissible par l’air, de simples appareillages comme l’air conditionné suffisent à le diffuser… Et il y a près de 2 milliards de climatiseurs en activité dans le monde !
3 – Des villages au cœur de foyers épidémiques… épargnés
L’arrivée du Covid-19 en Europe s’est faite par le nord de l’Italie, et la Lombardie reste l’un des principaux foyers infectieux du continent.
Pourtant, au moins deux villages du nord de l’Italie sont, jusqu’à ce jour, totalement épargnés.
Ces villages, Ferrara Erbognone et Montaldo, comptent respectivement 1200 et 750 habitants et se trouvent chacun à quelques kilomètres de grandes villes touchées de plein fouet par l’épidémie, Milan et Turin.
On n’y compte pourtant aucune personne testée positive au Covid-19, même avec des symptômes bénins.
C’est d’autant plus étonnant que les populations de ces villages sont en moyenne plutôt âgées (plus de 60 ans), donc plus à risque[10].
Très vite, des commentateurs ont évoqué une explication « génétique » : ces villageois seraient naturellement immunisés contre le Covid-19.
Cette explication ne tient pas debout. Ce n’est évidemment pas parce qu’on partage le même village qu’on partage le même patrimoine génétique.
S’agit-il donc de la qualité de l’eau ? De la qualité de l’air ? D’un aliment consommé sur place ?…
La vérité est… qu’on ne sait toujours pas pourquoi ces villages sont épargnés.
Cela nous enseigne que la contagion du Covid-19 repose probablement sur des facteurs de risque totalement indépendants du virus lui-même.
4 – Pourquoi les plus jeunes sont-ils épargnés ?
Hormis des cas très exceptionnels comme celui de cet enfant de 5 ans au Royaume-Uni ou de l’adolescente de 16 ans en France, les enfants, les adolescents et les jeunes adultes sont considérés comme des porteurs sains du virus.
Cela veut dire qu’ils peuvent être contaminés sans développer de symptômes ni en souffrir.
On sait pour sûr que le virus est surtout violent pour :
- les personnes âgées ;
- les personnes dont le système immunitaire est affaibli ;
- les patients déjà atteints de pathologies chroniques (ce qu’on appelle la comorbidité).
Au moins 1/3 des personnes décédées du Covid-19 souffraient de diabète par exemple[11]. C’est énorme. Les autres principales comorbidités sont dues à l’insuffisance respiratoire, l’hypertension et les antécédents cardiaques[12].
Il s’agit de pathologies très rares chez les enfants. Cela explique pourquoi très peu d’enfants développent des symptômes sévères.
Mais pourquoi ne développent-ils pas de symptôme du tout ?
Une infectiologue américaine spécialisée en pédiatrie émet l’hypothèse que les enfants « voient tellement de maladies lors de leurs premières années que leur système immunitaire est au point et répond bien à ce nouveau virus »[13].
La vérité, là encore… c’est qu’on n’en sait rien.
5 – Mystérieuses atteintes neurologiques
Dans une lettre de la semaine dernière, je vous écrivais que le Covid-19 était, contre toute attente, aussi une maladie du sang.
Il semble depuis 2 ou 3 jours se confirmer qu’elle serait aussi capable d’affecter le système nerveux.
Outre la fièvre, la toux et les difficultés respiratoires, plusieurs patients positifs au Covid-19 ont en effet perdu le goût et l’odorat. Ces symptômes sont le signe d’une atteinte du système nerveux central.
Ce ne serait pas étonnant de la part de ce coronavirus : on sait qu’un coronavirus affectant les porcs est capable de provoquer chez eux des lésions cérébrales[14]. Une étude publiée dans le Journal of Medical Virology étaye cette thèse : le Covid-19 pourrait bel et bien atteindre le cerveau[15].
Mais une question demeure pleine et entière : comment ce virus respiratoire fait-il pour atteindre ainsi le cerveau ?
6 – Les pays les plus confinés sont jusqu’ici les plus atteints
Un sixième mystère est l’efficacité modérée des mesures de confinement pour contenir le virus.
L’Italie, la France et l’Espagne ont été enfermées à double tour par leurs gouvernements.
Ce sont pourtant les pays d’Europe où l’on compte, jour après jour, le plus de morts du Covid-19 : au 6 avril, 16 000 pour l’Italie, 13 000 pour l’Espagne et 8 000 pour la France.
A l’inverse, l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse, les Pays-Bas, comptent beaucoup moins de morts, non seulement en valeur absolue mais aussi en valeur relative[16].
Je m’explique : il faut rapporter les chiffres de mortalité aux populations des pays.
L’Allemagne est le pays le plus peuplé d’Europe, et ne compte que 1500 morts. Cela représente 19 morts par million d’habitants.
Pour la France, nous en sommes à 124 morts par million d’habitant.
Pour l’Italie et l’Espagne, à respectivement 263 et 270 morts par million d’habitants.
La conclusion me paraît claire : le confinement autoritaire, dans ces pays, a été une grave erreur sanitaire (sans parler du désastre économique qui pointe son nez) pour au moins trois raisons :
- La preuve est faite que ni la propagation, ni la létalité du Covid-19 ne sont sous contrôle par rapport aux pays n’ayant pas confiné leur population.
- Ce confinement aura des conséquences santé incalculées : à la sédentarité prolongée est associée une hausse très rapide du surpoids, du diabète, de l’hypertension, de troubles musculaires et osseux, sans parler des syndromes dépressifs. Il faudra aussi ajouter l’explosion des cas de violence conjugale et de violences faites aux enfants, qu’on commence déjà à lire dans les journaux.
- Ce confinement est absurde au moment où le printemps arrive : c’est précisément le moment où nous pouvons de nouveau synthétiser de la vitamine D naturellement grâce aux rayons UV du soleil – qui est la meilleure manière de reconstituer notre capital immunitaire.
7 – Les chiffres sont en trompe-l’œil
Le Covid-19 a fait, selon un décompte officiel au 6 avril, 70 000 morts dans le monde[17].
Je rappelle que dans l’écrasante majorité des cas, la maladie n’est pas mortelle pour la population en bonne santé.
Le problème, c’est la Chine.
Le bilan des officiels chinois fait état de 3 300 morts. Soit 2 morts par million d’habitant.
3 300 morts pour un pays de près d’1,4 milliard d’habitants quand on compte 16 000 morts pour l’Italie, pays de 60 millions d’habitants…
… il y a un problème…
Surtout quand on sait que la Chine a été le point de départ de l’épidémie !
Vous le savez, des régions entières de Chine ont été re-confinées ces derniers jours[18]. Mais surtout, il y a une disproportion intriguante entre la saturation observée des services mortuaires d’incinération et les morts comptabilisées…
Il apparaît donc de plus en plus certain que la Chine a caché l’ampleur de l’épidémie chez elle. Le gouvernement américain l’en a publiquement accusé le 2 avril[19].
C’est de la propagande et rien d’autre. Le gouvernement chinois, humilié d’avoir été le point de départ de l’épidémie, a voulu minorer le nombre de cas et de morts pour « sauver la face ».
La conséquence est mondiale.
Et avec le recul, je me dis que nous avons tous été – moi le premier – bien naïfs de prendre pour argent comptant les chiffres diffusés par les autorités chinoises, qui nous rassuraient (ce nouveau virus semblait facile à maîtriser).
Nous ne saurons probablement jamais combien de morts le Covid-19 a réellement fait en Chine. Tout comme nous n’avons jamais su le nombre réel de morts de la place Tian an Men lors de la révolution de 1989…
Mais ne blâmons pas excessivement la Chine pour cela : je rappelle que l’on a appelé « espagnole » la terrible grippe de 1918… pas parce qu’elle venait d’Espagne… mais parce que l’Espagne, seule nation européenne non engagée dans la Première Guerre mondiale, avait été la seule à être transparente sur le nombre de morts, quand les autres gouvernements ne voulaient pas nuire à l’effort de guerre en démoralisant encore plus leurs populations[20] !
Je vous rappelle également que la grippe espagnole avait fait 50 millions de victimes[21].
Nous n’en sommes pas là, heureusement.
Portez-vous bien,
Rodolphe
1] DELUZARCHE Céline, « A-t-on retrouvé le patient zéro du nouveau coronavirus ? », le 18 mars 2020 sur furura-sciences.com, consulté le 6 avril 2020 et disponible ici : https://www.futura-sciences.com/sante/breves/coronavirus-t-on-retrouve-patient-zero-nouveau-coronavirus-2166/
[2] Cf. note précédente
[3] MINET Pascaline, « Patient zéro, super-propagateur et taux de transmission : le point sur les interrogations actuelles autour de la propagation du coronavirus », le 26 février2020 sur letemps.ch, consulté le 6 avril et disponible sur ce lien : https://www.letemps.ch/sciences/patient-zero-superpropagateur-taux-transmission-point-interrogations-actuelles-autour
[4] MIKOCZY Alban, “Coronavirus : vers l’hypothèse de l’absence de patient zero en Italie”, rediffusion du JT du 27 mars 2020 sur francetvinfo.fr, consulté le 6 avril 2020 et disponible sur ce lien : https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-vers-lhypothese-de-labsence-de-patient-zero-en-italie_3888077.html
[5] Coronavirus Resource Center, “As coronavirus spreads, many questions and some answers », mis à jour le 6 avril 2020 sur health.harvard.edu et disponible sur ce lien : https://www.health.harvard.edu/diseases-and-conditions/coronavirus-resource-center [6] BOUROUIBA, L. (2020). Turbulent Gas Clouds and Respiratory Pathogen Emissions. JAMA. doi:10.1001/jama.2020.4756 , disponible sur ce lien : https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2763852
[7] ZHOU Fei et all., Clinical course and risk factors for mortality of adult inpatients with COVID-19 in Wuhan, China: a retrospective cohort study, The Lancet le 9 mars 2020, disponible ici : https://www.thelancet.com/pb-assets/Lancet/pdfs/S014067362305663.pdf
[8] DELUZARCHE Céline, « Coronavirus chinois : la période d’incubation pourrait atteindre 24 jours », le 11 février 2020 sur future-sciences.com, consulté le 6 avril 2020 et disponible ici :
[9] F. SERVICE Robert, “You may be able to spread coronavirus just by breathing, new report finds », le 2 avril 2020 sur sciencemag.com, consulté le 6 avril 2020 et disponible ici :
[10] “Coronavirus : en Italie, deux villages complètement épargnés par le virus”, rediffusion du JT du 13h du jeudi 2 avril 2020 sur francetvinfo.fr, consulté le 6 avril et disponible ici : https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-en-italie-deux-villages-completement-epargnes-par-le-virus_3896569.html
[11] MORAINE Anne-Corinne, “Coronavirus : près d’un tiers des patients morts souffraient de diabète”, mis à jour le 6 avril 2020 sur france3-regions.francetvinfo.fr, consulté le 6 avril et disponible sur ce lien : https://france3-regions.francetvinfo.fr/coronavirus-pres-tiers-patients-morts-souffraient-diabete-1810374.html
[12] Voir note 7.
[13] Sud Ouest avec AFP, “Coronavirus : pourquoi les enfants sont-ils peu malades mais vecteurs de la contamination ?”, le 13 mars 2020 sur sudouest.fr, consulté le 6 mars et disponible ici : https://www.sudouest.fr/2020/03/13/coronavirus-les-enfants-peu-malades-mais-vecteurs-de-la-contamination-7318781-10861.php
[14] KERN Julie, “le coronavirus affecterait le système nerveux central”, le 5 avril 2020 sur futura-sciences.com, consulté le 6 mars et disponible ici : https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/coronavirus-covid-19-affecterait-systeme-nerveux-central-80195/
[15] LI, Y.-C., BAI, W.-Z., & Hashikawa, T. (2020). The neuroinvasive potential of SARS-CoV2 may be at least partially responsible for the respiratory failure of COVID-19 patients. Journal of Medical Virology. doi:10.1002/jmv.25728, disponible ici : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/jmv.25728
[16] Li, Y.-C., Bai, W.-Z., & Hashikawa, T. (2020). The neuroinvasive potential of SARS-CoV2 may be at least partially responsible for the respiratory failure of COVID-19 patients. Journal of Medical Virology. doi:10.1002/jmv.25728, disponible ici : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/jmv.25728
[17] “Coronavirus Cases” sur worldometers.info, mis à jour le 6 avril à 18h GMT, disponible ici : https://www.worldometers.info/coronavirus/
[18] M.T/lindépendant.fr, “Coronavirus – 600.000 chinois confines à nouveau”, le 2 avril 2020 sur lindependant.fr, consulté le 6 avril 2020 et disponible ici : https://www.lindependant.fr/2020/04/02/coronavirus-600-000-chinois-confines-a-nouveau,8829969.php
[19] DE GRANDI Michel, “Chine : le nombre de décés dû au coronavirus mis en cause par les Etats-Unis”, le 2 avril 2020 sur lesechos.fr, consulté le avril 2020 et dicponible ici : https://www.lesechos.fr/monde/chine/chine-le-nombre-de-deces-dus-au-coronavirus-mis-en-cause-par-les-etats-unis-1191468
[20] Cf. SPINNEY Laura, La Grande Tueuse, 2018 aux éditions Albin Michel
[21] Laura Spinney, op. cit.
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Je prends très au sérieux ce que vous venez de constater dernièrement à propos des constations du résultat de vos recherches et bien que n étant pas scientifique je fais les mêmes constations bonne journée et courage pour vos recherches salutations