Chers amis,
Depuis quand n’avez-vous pas écrit de lettre ?
Sans doute que vous remplissez régulièrement une liste de courses fixée sur la porte de votre frigo, notez des numéros de téléphone sur un coin de papier ou collez des post-it sur votre bureau.
Si vous travaillez, ou si vous êtes investi dans une association, vous prenez éventuellement des notes à la volée lors de réunions.
Mais quand avez-vous, pour la dernière fois, rédigé un texte entier à la main ?
Qu’il s’agisse de votre journal intime ou d’une lettre adressée à un proche ?
Je parle d’un temps de concentration, passé à écrire avec un stylo, sur du papier, à laisser vos pensées et vos émotions s’exprimer au fil des pleins et des déliés de votre plume.
Cette pratique, autrefois normale voire banale, s’est irrémédiablement raréfiée au profit des outils numériques.
De fait, la plupart d’entre nous n’écrivons plus : nous tapons sur les touches d’un clavier ou d’un écran tactile.
Il faut vivre avec son époque, certes. Mais c’est une perte pour votre cerveau.
Écris-moi, je te dirai qui tu es
Mon beau-père avait l’habitude de dire qu’on pouvait cerner la personnalité de quelqu’un en observant :
- sa démarche ;
- son rire ;
- son écriture.
Quand il parlait d’écriture, il parlait évidemment d’écriture manuscrite.
Ce n’est certes pas en « déchiffrant » la forme des caractères typographiques que vous lisez en ce moment-même que vous pourrez vous faire une idée de ma personnalité.

Si je le pouvais, je vous écrirais chacune de mes lettres ainsi.
L’écriture manuscrite est plus intime. Plus « naturelle » aussi, et par-là même moins évidente à lire en fonction de qui tient le stylo.
Du caractère des caractères
Aujourd’hui, mon beau-père n’aurait certes plus guère d’occasions de tester sa méthode d’analyse de l’écriture manuscrite : au quotidien, la majeure partie d’entre nous se sert en effet de claviers d’ordinateur ou de téléphone pour écrire.
Avant cette évolution relativement récente dans l’histoire humaine, c’est à un crayon, une plume ou un stylo que l’on avait recours pour former des lettres et des mots (quand on avait la chance de savoir lire et écrire !) ; il s’agissait donc du premier moyen d’expression écrite, aussi courant que l’expression orale.
C’est donc avec une certaine logique que s’est développée une observation du lien entre l’étude des caractères écrits à la main et le caractère de leur auteur !
Le fait que le même mot désigne les signes formés à la main et la personnalité n’est pas anodin.
C’est un philosophe italien, Camillo Baldi qui, dans les premières années du XVIIème siècle, avec un ouvrage intitulé Traité des indices tirés des lettres missives, ou l’art de connaître à l’examen d’une lettre missive les mœurs et les habitudes du scripteur [1], posa les prémisses de ce qui deviendrait, plus tard, la graphologie.
Très en vogue aux États-Unis et en Europe durant la seconde moitié du XIXème et la première moitié du XXème siècle, la graphologie repose sur l’observation de la forme des lettres, la pression exercée sur le papier, la « vitesse » d’écriture, la taille et l’inclinaison des mots ou encore l’agencement des lignes, lesquels reflètent des traits psychologiques, émotionnels et comportementaux.
La Société française de graphologie, créée il y a plus de 150 ans, existe – et exerce – toujours bel et bien, sur les bases de la graphologie « moderne » posées par Jules Crépieux-Jamin[2].
Ce dernier joua un rôle important dans l’affaire Dreyfus, puisque son analyse graphologique du fameux bordereau (qui valut au capitaine son accusation de haute trahison) permit finalement de l’innocenter[3].
La graphologie a longtemps été, d’une manière générale, une expertise couramment employée dans les milieux de la police et de la justice.
Utilisée jusque très récemment dans les processus de recrutement en entreprise[4], elle est aujourd’hui doublement punie, à la fois pour ses bases scientifiques – insuffisantes, selon ses détracteurs – et par le déclin de l’écriture manuelle.
Et les premiers à avoir pris acte de ce déclin, ce sont les pédagogues.
Une « tradition » à jeter à la poubelle ?
Voilà quinze ans que l’écrasante majorité des États-Unis (45 États sur 50) ont abandonné l’apprentissage obligatoire de l’écriture cursive, devenue pour de nombreux élèves une pratique « aussi étrangère que les anciens hiéroglyphes égyptiens »[5].
L’écriture cursive, c’est le fait d’écrire à la main en attachant les lettres, à l’inverse de « l’écriture en bâtons » qui consiste tout simplement à écrire en majuscules.
Lorsque cette décision a été prise, plusieurs éditorialistes américains, comme l’auteur du passage suivant, tiré du Los Angeles Times, ont bien résumé l’idéologie ayant conduit à cette éviction :
« Les États et les écoles ne devraient pas s’obstiner à apprendre aux enfants à écrire en attaché sur la foi d’une idée romantique selon laquelle c’est une tradition, un art ou une compétence fondamentale dont la disparition serait une tragédie culturelle. Évidemment, tout le monde doit être capable d’écrire sans ordinateur mais, d’une manière générale, […] écrire en caractères d’imprimerie est plus clair et plus lisible. Et, pour beaucoup, c’est également plus facile et quasiment aussi rapide. »[6]
Là-bas, l’écriture cursive est depuis une quinzaine d’années officiellement considérée comme une tradition archaïque, qui a laissé place à une technologie plus avancée.
Dont acte.
Sauf que quinze ans plus tard, cette décision a eu des conséquences inattendues, notamment celles de rendre « irrecevables » les votes par correspondance des plus jeunes électeurs états-uniens, incapables de signer correctement leur propre nom !
Les enfants auxquels n’a pas été enseignée cette compétence ne sont pas seulement devenus des adultes incapables d’écrire en cursive : ils sont également incapables de lire des textes écrits à la main !
« Les jeunes Américains, issus de la génération Z, âgés de moins de 30 ans, nés après 1995 et avant 2010, ne savent plus lire les lettres de leurs grands-parents, ni créer leur propre signature manuscrite en attaché » relevait Le Figaro en novembre dernier[7].
Ce même article de novembre 2024 prenait acte du timide retour de l’écriture cursive dans les écoles américaines.
Car, tandis même qu’elle se marginalisait, l’écriture manuelle a fait l’objet de découvertes fascinantes sur ses bienfaits pour votre santé cérébrale.
Irremplaçable pour le développement du cerveau…
En Europe, le retour de l’apprentissage de l’écriture manuelle par les pays qui avaient promu les technologies numériques s’amorce par le nord : la Suède et la Norvège ont effectué ces derniers mois un virage à 180° sur ces questions en décidant d’arrêter la numérisation de leurs centres éducatifs[8].
Ces deux pays reviennent à l’écriture manuscrite car les enfants bénéficient d’une meilleure orthographe et d’une meilleure mémoire grâce à elle.
Pour le cerveau, écrire à la main est une opération sans équivalent car elle implique une coordination unique entre le sens de la vue, la réflexion et la motricité fine.
« L’écriture manuscrite sollicite de manière dynamique de vastes zones des deux hémisphères cérébraux », rappelait en 2013 un professeur de neurosciences, William Klemm[9], qui cite également les travaux d’une chercheuse et professeure de psychologie, Virginia Berninger, laquelle a démontré « que les scanners cérébraux réalisés pendant l’écriture manuscrite montrent l’activation de vastes régions du cerveau impliquées dans la pensée, le langage et la mémoire de travail[10] ».
L’apprentissage de la cursive améliore en outre la coordination œil-main, la discipline personnelle et la confiance en soi chez les enfants.
La pratique de l’écriture manuscrite favorise une attention accrue et une meilleure compréhension des lettres, ce qui peut faciliter la lecture et l’orthographe ; bref elle constitue un outil précieux pour le développement cognitif et émotionnel des élèves.
Tout cela n’est pas nouveau.
Il y a 20 ans déjà, une étude effectuée par l’Institut de neurosciences cognitives de la Méditerranée répondait ainsi à la question « Est-il toujours utile d’enseigner l’écriture manuscrite ? » :
« Dans une étude à l’école maternelle, nous avons comparé l’apprentissage traditionnel de la lecture/écriture et l’apprentissage avec un clavier. Après l’apprentissage, les enfants qui avaient appris à la main reconnaissaient mieux les lettres que ceux qui avaient appris au clavier. Parce que nous apprenons simultanément à lire et à former les lettres en les traçant, nos aptitudes à la lecture pourraient en partie dépendre de notre manière d’écrire.[11] »
Mais les bienfaits de l’écriture manuscrite ne cessent pas à la sortie de l’école.
… et le maintien en bonne santé du cerveau des adultes
La même étude indiquait en effet : « Une étude d’imagerie cérébrale (IRMf) chez l’adulte montre qu’une zone corticale prémotrice, qui est activée pendant l’écriture, est aussi activée pendant la simple observation des lettres. […] La lecture mettrait automatiquement en jeu une forme d’écriture interne.[12] »
Depuis, d’autres études confirment les bienfaits incomparables à l’âge adulte de l’écriture manuelle.
Il y a un an, une recherche publiée dans la revenue scientifique Frontiers a établi que votre cerveau est « mieux câblé » lorsque vous écrivez à la main que lorsque vous écrivez sur un clavier, un smartphone ou une tablette[13].
La prise de notes manuscrite favorise une meilleure rétention de l’information. En reformulant et en synthétisant les idées lors de l’écriture, vous approfondissez votre compréhension du sujet, contrairement à la transcription verbatim souvent pratiquée sur ordinateur.
Autrement dit, le support avec lequel vous écrivez influence la façon dont les régions de votre cerveau se connectent : en gros lorsque vous formez des lettres à la main, vous musclez votre mémoire et facilitez l’intégration de nouvelles informations.
Ce qui est stupéfiant, c’est que toutes ces recherches concordent avec le « ressenti » des gens que l’on interroge sur l’écriture manuscrite : un sondage réalisé le mois dernier en France établit que 89 % des Français considèrent le déclin de l’écriture manuscrite comme une cause de la baisse du niveau scolaire.
88 % des sondés estiment que l’écriture à la main stimule la réflexion, 87 % qu’elle favorise l’apprentissage, 86 % qu’elle améliore la mémorisation, et 84 % qu’elle encourage la créativité[14].
La sagesse populaire.
(re)prendre la plume
En plus d’impliquer la pensée, le langage et la mémoire de travail, l’écriture manuscrite offre une pause bienvenue dans notre monde hyperconnecté.
Le geste répétitif et le rythme de l’écriture peuvent avoir un effet apaisant, aidant à clarifier les pensées et à diminuer le stress.
Je ne peux que vous encourager à renouer avec une pratique régulière de l’écriture manuscrite si vous l’avez perdue, et même si vous ne l’avez jamais eue.
Certaines personnes tiennent un journal intime, d’autres recopient des citations inspirantes, et d’autres encore écrivent des lettres à leurs proches – même si elles ne les envoient jamais. Peu importe le contenu, c’est la régularité qui compte.
Il vous faut donc, d’abord… du temps.
1. Créez un rituel d’écriture
L’un des secrets pour reprendre l’écriture manuscrite est de lui accorder un moment dédié. Une plage horaire que vous consacrez à cela.
En ce qui me concerne, c’est souvent très tôt le matin, avant même le petit-déjeuner, quand femmes et enfants dorment encore. Le calme et la disponibilité mentale du matin sont propices à cette forme d’introspection que me permet l’écriture.
Je sais toujours quels vont être les premiers mots que je consigne dans mon carnet, mais jamais quels seront les derniers, ni dans quelle direction ils m’auront emmené.
Le plus important est de trouver un instant où vous pourrez écrire sans être dérangé.
2. Trouvez le bon matériel
Le choix du papier et du stylo joue un rôle majeur dans le plaisir que vous prenez à écrire.
Écrire à la main est en effet une expérience sensorielle, esthétique, voire synesthésique.
Choisissez, donc, un stylo – ou un crayon – que vous appréciez de prendre en main, qui glisse de façon agréable sur un papier dont vous parcourez le grain comme votre main caresserait celui d’une peau douce et aimée.
Pour ma part, j’alterne la plupart du temps entre trois stylos plume dont le manche est en bois, exotique, de pernambouc ou, plus courant, de platane ; leurs plumes ont une épaisseur différente et un contact différent avec le papier.
La couleur et l’odeur de l’encre rencontrent la texture et le parfum du papier ; c’est un plaisir que ressentent également ceux qui aiment dessiner, et qui est à la portée de tout un chacun grâce à l’écriture.
Testez, donc, différents types de stylos (plume, bille, roller) et de carnets pour trouver ceux qui vous conviennent le mieux. Un stylo qui glisse agréablement sur un papier de qualité rend l’exercice plus plaisant et encourage à écrire davantage.
3. Commencez par de petites sessions
Si vous n’avez pas l’habitude d’écrire longuement, commencez par quelques minutes par jour. Notez trois choses positives sur votre journée (c’est le principe du journal de gratitude, dont je vous avais déjà parlé dans une lettre précédente[15]), écrivez une pensée du jour ou une liste d’objectifs.
4. Écrivez des lettres
De nos jours, recevoir une lettre manuscrite est un plaisir rare.
Pourquoi ne pas surprendre un proche avec quelques lignes écrites à la main ?
Vous pouvez aussi écrire des cartes postales, des cartes de vœux ou même des petits mots glissés dans le sac de votre enfant ou de votre conjoint.
5. Recopiez des textes inspirants
Si vous ne savez pas quoi écrire, recopier un poème, une citation ou un passage d’un livre que vous aimez est une excellente façon de vous réapproprier l’écriture manuscrite.
Cela vous permettra, en outre, de les connaître plus intimement, de mieux les mémoriser.
6. Mélangez écriture et créativité
L’écriture manuscrite peut être combinée avec d’autres formes d’expression : le dessin, le scrapbooking, la calligraphie. Même une simple « to-do list » peut être embellie avec un titre joliment écrit.
7. Soyez indulgent avec votre écriture
Beaucoup abandonnent l’écriture manuscrite en se trouvant maladroits ou en jugeant leur écriture trop brouillonne. Peu importe !
L’important est de renouer avec ce geste ancestral qui stimule votre esprit et votre mémoire.
Portez-vous bien,
Rodolphe Bacquet
[1] Camillo Baldi, Traité des indices tirés des lettres missives, ou l’art de connaître à l’examen d’une lettre missive les mœurs et les habitudes du scripteur…, traduit et commenté par J. Depoin, Paris, 1900
[2] https://www.graphologie.asso.fr/la-graphologie/ –
[3] https://www.persee.fr/doc/psy_0003-5033_1906_num_13_1_1297 – Jules Crépieux-Jamin, « L’expertise en écriture et l’affaire Dreyfus », in. L’Année psychologique, n°13 : année 1906, 4 octobre 2005
[4] https://www.graphologie.asso.fr/la-graphologie/
[5] https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/l-ecriture-liee-ne-s-apprend-plus-aux-etats-unis_3072045.html – Laurent Ribadeau Dumas, « L’écriture liée ne s’apprend plus aux Etats-Unis », in. France Info, 22 octobre 2013
[6] https://www.lemonde.fr/societe/article/2014/11/13/le-stylo-n-a-pas-dit-son-dernier-mot_4523185_3224.html – Anne Chemin, « Le stylo n’a pas dit son dernier mot », in. Le Monde, 6 novembre 2014
[7] https://www.lefigaro.fr/langue-francaise/actu-des-mots/l-ecriture-cursive-va-t-elle-disparaitre-aux-etats-unis-20241117 – Aliénor Vinçotte, « L’écriture cursive va-t-elle disparaître aux Etats-Unis ? », in. Le Figaro, 17 novembre 2024
[8] https://www.huffingtonpost.es/life/hijos/nuevos-estudios-piden-copiar-noruega-suecia-volver-escribir-antano-ayuda-memoria-ortografia.html – « Nuevos estudios piden copiar a Noruega y Suecia y volver a escribir como antano: ayuda a la memoria y la ortografia », in. The Huffington Post, 26 janvier 2025
[9] https://www.psychologytoday.com/intl/blog/memory-medic/201308/biological-and-psychology-benefits-of-learning-cursive – William R. Klemm, « Biological and Psychology Benefits of Learning Cursive », in. Psychological Today, 5 août 2013
[10] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16390289/ – Virginia W. Berninger, Robert D- Abbott, Janine Jones et al., « Early development of language by hand : composing, reading, listening, and speaking connections ; three letter-writing modes ; and fast mapping in spelling », in. Developmental Neuropsychology n°29, Janvier 2006
[11] http://tice.espe.univ-amu.fr/cotic/IMG/pdf/velay_dunod.pdf – Jean-Luc Velay, Marieke Longcamp & Marie-Thérèse Zerbato-Poudou, « De la plume au clavier : est-il toujours utile d’enseigner l’écriture manuscrite ? »
[12] Ibid.
[13] https://www.frontiersin.org/news/2024/01/26/writing-by-hand-increase-brain-connectivity-typing – Deborah Pirchner, « Writing by hand may increase brain connectivity more than typing on a keyboard », in. Frontiers, 26 janvier 2024
[14] https://actualitte.com/article/121586/insolite/les-francais-regrettent-l-epoque-de-l-ecriture-a-la-main – Clément Solym, « Les Français regrettent l’époque de l’écriture à la main… », in. Acutalitte, 23 janvier 2025
[15] https://www.alternatif-bien-etre.com/developpement-personnel/choyez-vous-la-vie/ – Rodolphe Bacquet, « Choyez-vous la vie ? », site d’Alternatif Bien-Être, 9 juillet 2019
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Quel plaisir de trouver au milieu de ce texte imprimé l’écriture souple, courbée, oserais-je dire chaloupée dans ses hésitations, ses latences, voire les renoncements que l’on devine, de son auteur. Et rien de mieux pour illustrer ce sujet si bien traité et de façon exhaustive. Un grand merci à vous pour cette heureuse randonnée calligraphique.
J’écris tous les jours et j’adore écrire avec un roller bleu sur du papier Clairefontaine. J’ai plusieurs types de jolis cahiers pour consigner différentes choses.
Par exemple, un thérapeute m’a conseillé de tenir un cahier de compliments. C’est génial !
Inutile de dire que je n’ai pas 18 ans !!!
Quand je vois l’écriture des » jeunes »…🤦
Écrire est un acte sensuel. Le stylo qui glisse à toute vitesse sur le papier, j’adore !! L’idée est d’écrire très très bien et très très vite. Les réflexions personnelles et les résolutions ont plus de valeur écrites à la main !
Merci Rodolphe, sujet très intéressant Étonnée d’entendre que les jeunes Américains nés après 1995 et avant 2010 ne savent plus lire les lettres de leurs grands-parents, ni créer leur propre signature manuscrite en
attaché.
Belle bouffée d’air frais que ce texte, Rodolphe. Je me rends compte de la perte de motricité lorsque je reste quinze jours sans écrire, et en reprenant la plume, il me semble etre quelqu’un d’autre. Ceci dit, je participe à un atelier d’écriture, mais seulement deux fois par mois. Je vais m’astreindre dans un premier temps à recopier à la main la soixantaine de poèmes composés sur mon ordinateur.
J’ai beaucoup apprécié votre lettre sur L’ ECRITURE. Cela m’a évoqué des vieux souvenirs scolaires, du temps de la plume sergent major, des pleins et des déliés. Puis le temps de l’apprentissage professionnel, toutes ces pages de lettres d’alphabet à la plume à palette pour le dessin technique….Le goût de la belle écriture me rend toujours admirative ( les vieux manuscrits, factures, lettres de nos anciens à la plume d’oie….) . Mon plus grand plaisir est d’écrire A LA MAIN ! Que ce soit avec un crayon, un stylo, une plume, un pinceau, sur le papier adéquat. Le bruit d’une plume qui « gratte » sur un parchemin me fait frissonner. J’ai de la gratitude pour tous ces éducateurs qui m’ont appris à aimer la beauté de la calligraphie. Je vous rejoins sur le fait que ça fait travailler le cerveau, mémoire visuelle, concentration, réflexion, créativité et confiance en soi. Cela m’a valu des félicitations et de grandes satisfactions personnelles !
Encore Bravo pour vos lettres que j’ai plaisir à lire.
À quelle adresse postale peut-on envoyer ce manuscrit mot?
Bonjour Rodolphe, Merci pour cette lettre qui m’a confortée dans ce que je pensais depuis déjà longtemps. J’écris encore des cartes de voeux à la main et cette année j’ai ajouté des petites cartes calligraphiées par mes soins puisque j’ai commencé cet art depuis un peu plus d’un an. Le fait d’apprendre à manier un calame, une plume métallique comme autrefois m’apporte beaucoup de plaisir, de la concentration et me vide la tête parce que la moindre inattention conduit à une faute ou à un « pâté ». Quel plaisir d’avoir retrouvé tout cela. J’écris encore assez souvent à la main et j’en suis très contente. Je pense qu’effectivement ne pas écrire à la main doit nuire à la lecture.
Bon courage pour les personnes qui veulent s’y remettre !
Bonjour,
Ce qui me semble dingue c’est qu’il soit utile à certains, beaucoup? de s’habituer à écrire! C’est un acte qui devrait être totalement naturel puisqu’intégré depuis l’enfance, hélas pauvres générations écrans qui ont remplacé leur cerveau par des machines!
Ecrire a la main, c est vraiment le pied!
Bonjour,
Quelle synchronicité… Moi-même grande utilisatrice de l’ordinateur, du traitement de texte et, donc, familière de la « saisie sur clavier » (la preuve…) je suis d’une génération qui a appris à écrire dès le CP, avec des lignes entières à remplir avec la même lettre que l’on nous apprenait à former avec soin, majuscules quasi calligraphiées et minuscules soigneusement dessinées (qui certes changeront d’aspect à fur et mesure que l’enfance s’éloigne et la houlette des enseignants officiant en classe mais dont il reste malgré tout « quelque chose », fût-ce dans les écritures les plus illisibles – comme sont réputées l’être celles des médecins!). J’ai 61 ans et suis correctrice d’édition – donc amenée à ne côtoyer rien autre que les « caractères d’imprimerie » sous toutes les polices possibles, sur épreuves ou sur « fichier word », en général premier état d’un texte sur le point d’être publié. Cependant j’écris toujours, et beaucoup, à la main – c’est un geste que j’aime, compte non tenu de l’intérêt, souvent nul, de ce que j’écris (listes, notes…) et, en outre, l’écriture manuscrite me paraît d’une grande importance; je pense qu’elle est aux états d’âme, à la personnalité d’un scripteur ce que le tracé d’un électrocardiographe est à son état cardiaque (ou celui d’un sismographe à l’état sismique d’une région): un révélateur. Comme le sont les coups de pinceau décelables dans un tableau: révélateurs du geste du peintre autant que de sa technique et, par là, de ce qu’il laisse affleurer dans ses œuvres de ses profondeurs (et pour les experts, autant d’indices d’authenticité). On ne rappellera pas en vain la manne que représentent pour les chercheurs et les biographes les archives MANUSCRITES d’un écrivain, d’un artiste, d’une personnalité… J’ai souvent pensé que chacun d’entre nous laisse des « squames d’âme » dans ce qu’il touche, manipule au quotidien… et dans son écriture. Que laisseront de leur âme les scripteurs d’aujourd’hui qui ne savent que taper sur un clavier? Le renoncement à l’écriture cursive ne signe-t-il pas l’arrêt de mort du savoir graphologique auquel vous faites allusion ? Vous conseillez en point 5 de recopier un texte que l’on apprécie parmi les suggestions destinées à nous ramener vers la pratique régulière et quotidienne de l’écriture cursive. Cela me rappelle des propos que m’avait tenus, lors d’une interview, le grand éditeur Hubert Nyssen: à ceux qui ambitionnent de devenir écrivains, il conseillait, en tout premier lieu, de lire beaucoup. Mais aussi – et à égalité avec le premier conseil en termes d’importance – de recopier à la main et à la plume (il avait insisté la-dessus car, selon lui, écrire à la plume exigeait une précision de geste que ne requiert pas le stylo-bille et donc, par là, une plus grande attention à ce qu’on lit et que l’on copie) des passages choisis parmi les meilleures pages de leurs auteurs favoris, afin de se les approprier davantage encore qu’en les lisant (j’ai fait cet exercice, et il offre un rapport au texte de l’écrivain radicalement autre qu’une lecture, fût-elle profonde et réitérée – c’est extraordinaire!) . Il préconisait de se livrer avec assiduité à cet exercice avant de prétendre à écrire quoi que ce soit de personnel. Et pourtant c’était quelqu’un qui écrivait régulièrement… en ligne!
Pardon pour ce long commentaire, mais ce que vous dites de l’écriture manuscrite ne pouvait que m’interpeller!
Encore une lettre à haut score d’utilité, merci pour ce rappel aux fondamentaux. Ayant eu des velléités d’écriture durant mes années lycée/fac, j’ai beaucoup écrit à la main ce qui serait vu comme des histoires sans queue ni tête, mais qui pourrait plus tard devenir une relique de valeur, cette pile de cahiers entièrement remplis d’une seule et même écriture au stylo bille noir, un vrai manuscrit ! Je ne suis pas sûre, à l’époque, que j’aurais fait aussi bien si j’avais tapé toutes ces lignes au clavier. Stylistique, émotions, volumes et couleurs du récit, tout cela demande de l’organique. Sans parler du plaisir de simplement écrire. A cette époque, j’ai un peu pratiqué en parallèle la calligraphie (latine, pas asiatique), exercice qui se rapproche un peu plus du dessin.
Sans vouloir me vanter, je suis super fière de mon écriture, et je reçois très souvent des compliments à son sujet. Cette écriture casse tous les codes et détruit tous les préjugés selon lesquels un gaucher écrit mal et un docteur ne ferait guère mieux. Je suis gauchère ET dentiste. J’appartiens à cette génération où on avait des cahiers d’écriture à remplir pour les devoirs, et je pense qu’aujourd’hui il faut revenir à cette pratique certes basique, mais ô combien formatrice. C’est une forme de méditation, et je suis convaincue que nombre d’enfants caractérisés TDA ou hyperactifs en tireraient grand profit. Je me souviens que je me suis exercée à former mes lettres, afin qu’elles atteignent une esthétique qui me corresponde. La personnalité transparait toujours dans la façon dont nous calligraphions, mais j’ai vraiment forcé le trait et j’ai voulu en faire ma vitrine. C’était au collège. J’ai bien conscience que c’est quelque chose qu’il ne faut pas perdre, car cette écriture, je l’ai travaillée, elle me représente, on reconnait que c’est moi quand on la voit au premier coup d’oeil, elle fait partie de mon identité, alors qu’un texte écrit au clavier ressemblerait à tout autre, s’il n’était signé à la fin. L’écriture manuelle de chacun, même l’alphabet de certaines langues, est un symbole de diversité et donc de richesse, de cette diversité que les systèmes actuels cherchent à supprimer en imposant une uniformisation, sous prétexte de simplification. Je pense en particulier au japonais, avec la progression du romaji, et pourtant je ne parle pas japonais, mais j’ai appris à le lire en autodidacte, eh bien j’ai plus de facilité à comprendre lorsque je le vois en caractères, que lorsque je le vois en romaji. Beaucoup de subtilités se perdent avec le romaji car on ne voit plus les détails qui se cachent dans l’écriture traditionnelle, or si on veut comprendre le japon et le japonais, c’est dans les détails qu’il faut regarder!
Je pense en effet que pour construire un travail rédigé, le passage par l’écriture manuelle est indispensable. Sur l’écran on est moins bien concentré que devant une feuille, et l’intellect n’est pas mobilisé de la même façon, dans la mesure où écrire au clavier revient déjà à épeler les mots (ou pas, avec l’existence des outils de saisie automatique). Une partie de l’énergie est donc recrutée pour quelque chose que le cerveau sait en principe déjà faire au travers de l’apprentissage, et le flot des pensées est plus saccadé, la production d’idées moins efficace, ou bien ne l’est plus, et cela entraîne une véritable atrophie.
Merci M Bacquet pour ces lettres qui soulèvent toujours des questions d’intérêt, nous poussent à revenir vers nous-mêmes, en nous demandant : « Qu’est-ce que vous voulez être? »
Je suis totalement d’accord avec le contenu de cette lettre ! Horrifiée aussi d’apprendre que l’écriture cursive n’est plus enseignée aux USA. Ancienne enseignante et graphologue, je connais le plaisir d’écrire à la main et regrette beaucoup que l’habitude d’écrire des cartes de voeux manuscrites se perde. Nous semblons avancer, technologie aidant, en fait nous reculons !
pour ma part , je préfère cuisiner avec une feuille de papier sous les yeux que l’écran d’ordinateur … alors je continue à écrire en recopiant les recettes que j’ai vues sur le web et qui m’ont intéressées !
Merci cher Rodolphe de nous redonner l’envie d' »écrire à la main ».
Oui, j’arrive à vous lire, sans problème, quand je travaillais en secrétariat j’avais l’habitude de « déchiffrer » les mots griffonnés à la hâte de mes collègues techniciens afin de réaliser les comptes-rendus de chantier, nostalgie !
Oui, j’écris encore des lettres à des amis et des cartes postales, nous faisons figure de vieux dinosaures…qui s’assument.
Bien cordialement.