Chers amis,
Jusqu’ici je ne suis pas intervenu dans les débats sur le transgenrisme et le transsexualisme qui agitent régulièrement les réseaux sociaux.
Il y a eu les prises de position « polémiques » de J.K. Rowling (l’auteure de Harry Potter), qui affirmait que « le mouvement socio-politique insistant sur le fait que ‘les femmes trans sont des femmes’ n’était ni bienveillant ni tolérant, mais en réalité profondément misogyne, régressif, dangereux dans ses objectifs et autoritaire dans ses tactiques[1] », et qui lui ont valu une campagne de haine en bonne et due forme.
Il y a eu, au printemps dernier, la publication du livre de Dora Moutot et Marguerite Stern, intitulé Transmania, enquête sur les dérives de l’idéologie transgenre[2], qui a exposé ces journalistes à des menaces de mort[3].
Ce que j’ai constaté à ce stade, c’est que toute critique ou toute tentative de discussion autour de la question du transgenrisme et du transsexualisme vaut immédiatement à ses auteurs une accusation en « transphobie ».
Ce qui, je vous l’avoue, me rappelle désagréablement la période pas si lointaine où toute mention des effets secondaires des injections anti-Covid et toute interrogation sur leur efficacité vous valait immédiatement l’étiquette « antivax ».
Il semble que sur ces sujets, il faille soit hocher la tête comme un béni oui-oui, soit accepter de se faire insulter pour avoir osé proférer une opinion discordante.
Si je vous en parle aujourd’hui, c’est qu’un pas supplémentaire a été franchi, et qui touche précisément à l’exercice – et à la conception – de la médecine en France.
Et ce pas, devinez qui l’a franchi ?
Le conseil de l’Ordre des médecins !
Un gynécologue interdit d’exercer pour avoir refusé d’examiner un « homme en transition de genre »
L’affaire a débuté en août 2023 et implique le Dr Victor Acharian, gynécologue obstétricien à Pau.
Alors qu’un couple composé d’un homme et d’une femme trans (c’est-à-dire d’un homme en transition de genre) sollicite une consultation, le médecin se déclare incompétent pour examiner la personne trans.
Ce faisant, il les invite à se tourner vers des médecins spécialisés à Bordeaux ou Toulouse.
Mais le refus du gynécologue lui vaut, de la part du couple, une accusation en « propos transphobes et discriminatoires », bientôt relayée par l’association SOS Homophobie[4].
L’article du Figaro qui relatait l’attaque visant le gynécologue il y a un an et demi fait mention des commentaires laudatifs émanant des patientes ayant eu recours à ses services, parmi lesquelles des patientes homosexuelles, ce qui donne à l’accusation d’ « homophobie » une saveur particulièrement amère.
L’affaire a refait parler d’elle de la plus inquiétante des manières mercredi dernier, au moment où la presse s’est fait l’écho d’une information stupéfiante.
Le 16 décembre dernier, le conseil de l’Ordre des médecins suspendait le Dr Acharian pour 6 mois (dont 5 avec sursis) ; autrement dit il est interdit d’exercer pendant un mois entier[5] pour s’être déclaré incompétent à examiner un homme en transition de genre.
Une dérive idéologique inquiétante
Un mois complet d’interdiction d’exercice, cela vous paraît peut-être mineur.
D’abord, je pense à toutes les patientes régulières du Dr Acharian qui vont, les premières, pâtir de cette décision du Conseil de l’Ordre des médecins.
Ensuite, je pense évidemment à l’honneur de ce médecin, entaché d’une suspension symbolique de six mois pour… avoir été honnête – car, comme il le confiait déjà en septembre 2023 :
« J’aurais pu recevoir cette personne, lui faire payer la consultation de 80 euros, pour lui dire que je suis totalement incompétent : est-ce cela qu’elle voulait ? [6].»
Le Conseil de l’Ordre des médecins a franchi un cap inédit en prononçant une interdiction d’exercer à l’encontre d’un gynécologue pour le simple fait d’avoir refusé de prendre en charge un patient transsexuel, invoquant des raisons médicales et éthiques.
Cette décision soulève des questions fondamentales, non seulement sur la liberté de conscience des praticiens, mais aussi sur les liens qu’entretient la médecine avec la réalité biologique.
Car la médecine, par définition, repose sur des faits scientifiques et des protocoles fondés sur des données objectives : la biologie humaine, les différences hormonales, les structures anatomiques spécifiques.
Refuser de considérer ces réalités au nom d’un dogme idéologique, n’est-ce pas là le véritable danger ?
Prenons un exemple concret : un gynécologue est formé à soigner des pathologies liées à l’appareil reproducteur féminin.
Peut-on exiger de lui qu’il maîtrise également les implications médicales complexes d’un traitement hormonal suivi par une personne née homme, ou les complications spécifiques d’une chirurgie de réassignation sexuelle ?
Le bon sens médical voudrait qu’un praticien puisse orienter un patient vers un collègue plus compétent pour un cas qui dépasse son domaine d’expertise (ce qu’a fait, je le rappelle, le Dr Acharian).
Ce n’est pas de la discrimination, c’est un principe de précaution, un gage de qualité des soins.
Or, dans le climat actuel, ce geste de prudence peut être interprété comme un acte de transphobie.
C’est insensé, et inquiétant.
Qui doit dicter les décisions du médecin : sa déontologie ou… la peur du qu’en dira-t-on ?
Nous entrons, avec cette décision délirante du Conseil de l’Ordre des médecins, dans une ère où le simple fait d’interroger, de douter, de vouloir discuter des implications strictement médicales de l’idéologie trans peut vous coûter votre carrière.
Le médecin, autrefois garant de la santé publique, devient un agent soumis à des injonctions idéologiques et politiques.
Avec cette interdiction prononcée à l’encontre du Dr Acharian, le Conseil de l’Ordre crée un précédent méphistophélique aux effets pervers : ce n’est plus la science qui guide la médecine, mais la peur des représailles.
En définitive, ce cas illustre un glissement préoccupant : celui d’une médecine qui n’est plus fondée sur la biologie, mais soumise à des dogmes.
Et ce glissement, chers amis, pourrait bien être le symptôme d’un mal plus profond qui gangrène notre société : le total abandon non seulement du bon sens, mais aussi du débat, au profit d’un conformisme idéologique aveugle.
La décision du Conseil de l’Ordre peut encore être rejetée en appel.
Une pétition a d’ores et déjà été lancée pour appeler l’Ordre à recouvrer la raison et réintégrer le Dr Acharian dans ses fonctions : vous pouvez la signer ici.
Portez-vous bien,
Rodolphe Bacquet
[1] https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/jk-rowling/accusee-de-transphobie-j-k-rowling-persiste-et-regrette-de-ne-pas-s-etre-exprimee-plus-tot_6572771.html – « Accusée de transphobie, J.K. Rowling persiste et regrette de ne pas s’être exprimée “plus tôt” », in. France Info, 29 mai 2024
[2] Dora Moutot & Marguerite Stern, Transmania, enquête sur les dérives de l’idéologie transgenre, Magnus, 2024
[3] https://www.lefigaro.fr/actualite-france/marguerite-stern-et-dora-moutot-portent-plainte-contre-un-site-antifa-qui-appelle-a-leur-eclater-la-tete-20241016 – Paul Sugy, « Marguerite Stern et Dora Moutot portent plainte contre un site antifa qui appelle à leur “éclater la tête” », in. Le Figaro, 16 octobre 2024
[4] https://www.lefigaro.fr/actualite-france/un-gynecologue-attaque-pour-avoir-refuse-d-examiner-une-femme-trans-20230911 – Stéphane Kovacs, « Un gynécologue attaqué pour avoir refusé d’examiner une femme trans », in. Le Figaro, 11 septembre 2023
[5] https://www.lefigaro.fr/flash-actu/deux-mois-d-interdiction-d-exercer-pour-le-gynecologue-qui-avait-refuse-d-examiner-une-femme-trans-20250129 – Hugues Maillot, « Un mois d’interdiction d’exercer pour le gynécologue qui avait refusé d’examiner une femme trans », in. Le Figaro, 29 janvier 2025
[6] Stéphane Kovacs, op. cit.
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