Chers amis,

Ma lettre sur les méfaits de la pomme de terre a engendré quelques réactions de défenseurs.

Alain :

« Je ne suis pas d’accord du tout avec vous.

La pomme de terre a une grande capacité antioxydante.

Elle est source de vitamine C, de vitamine B6, de magnésium et surtout de potassium.

Son amidon est « résistant », il est fermenté dans le côlon et contribue au bon équilibre de la flore intestinale.

Quant à son index glycémique, il dépend de l’index glycémique du bol alimentaire. Une pomme de terre bouillie, puis refroidie consommée en salade, arrosée de vinaigre avec une pointe d’ail, aura un index glycémique très modérée et d’après certaines études, est même anticancérigène. »

Jean-François :

« La pomme de terre a, certes, un index glycémique élevé, mais lorsqu’elle est mélangée à d’autres aliments, l’index glycémique du bol alimentaire peut, bien sûr, diminuer en conséquence, et il me semble important de le prendre en compte, pour, quand même, ne pas « diaboliser » cette tubercule. Bien sûr, il vaut mieux éviter la pomme de terre sous forme de « chips », car, tout comme les céréales que certains consomment au petit déjeuner, elles sont très chargées en acrylamide »

Une invitation à la mesure

Je ne vais pas « diaboliser » les pommes de terre.

S’il arrive qu’on m’en serve, je n’éloigne pas mon assiette avec dégoût. Il m’arrive même d’en cuisiner moi-même, pour moi ou mes enfants – plutôt en purée.

Connaissez-vous Paracelse, grand médecin suisse du XVIe siècle et père de la médecine moderne ?

Il disait ceci : c’est la dose qui fait le poison.

Cela s’applique bien à la pomme de terre. On est face à un poison « soft » qui ne vous empoisonne pas immédiatement mais augmente votre risque de surpoids, de diabète et d’AVC si vous en mangez trop.

Le problème est qu’on commence à atteindre cette « zone de risque » dès que l’on dépasse deux ou trois portions par semaine. Toutes les études sont formelles à ce titre, chers Alain et Jean-François !

Cela étant dit, il est évident aussi que :

– nous avons tous des métabolismes différents. Autrement dit, certaines personnes sont plus « sensibles » aux méfaits potentiels de la pomme de terre que d’autres ;

– certaines façons de cuisiner la pomme de terre sont moins nocives que d’autres et permettent en effet de réduire son index glycémique.

À ceux qui consomment des pommes de terre, tous les jours que Dieu fait, depuis la plus tendre enfance et qui n’ont aucun problème de glycémie… c’est une excellente nouvelle pour vous !

Mais cela ne fait pas de vous non plus un exemple à suivre car les statistiques montrent sans contestation possible que cette habitude alimentaire présente à terme plus de risques que de bienfaits pour la santé.

Toutes les patates viennent de loin

J’en viens maintenant à une alternative à la pomme de terre plus saine pour la santé, et tout aussi, sinon plus, délicieuse : la patate douce.

C’est une excellente source de fibres (50 % de plus que la pomme de terre classique) et de vitamines. Comme les carottes, ses vertus santé varient en fonction de sa couleur.

La patate douce vient d’Amérique du sud mais elle est cultivée bien longtemps en Afrique, en Océanie et en Asie. Elle s’est imposée très récemment en Europe : ce n’est que depuis le début des années 2000 qu’on en trouve facilement.

Voici ce qu’en dit le spécialiste Henry Joseph, docteur en pharmacologie, sur le site lanutrition.fr :

« Premièrement, la patate douce possède un index glycémique de 50 qui la classe parmi les aliments à index glycémique bas. Ensuite, elle présente des vertus santé démontrées.

« Selon la couleur de la chair, les propriétés nutritionnelles diffèrent et les effets sur l’organisme aussi.

« Ainsi les variétés jaunes seraient plus riches en vitamines A et C et protègeraient contre les cancers de l’estomac.

« Une variété violette, appelée en Guadeloupe « patate betterave », est riche en dérivés phénoliques anthocyaniques ayant des propriétés détoxifiantes et des effets pharmacologiques démontrés : antioxydants, antimutagéniques, hypoglycémiants, chimiopréventifs contre certains cancers.[1]. »

Je précise, pour l’avoir constaté moi-même sur place, que les habitants d’Okinawa sont très friands de la patate douce violette… la plus intéressante du point de vue de la longévité. Elle constitue l’une des bases de leur alimentation.

Le palmarès santé de la patate douce…

Je suis allé éplucher les études scientifiques consacrées à la patate douce.

Ce que j’ai mis au jour est remarquable.

C’est effectivement un excellent antidiabétique et anti-inflammatoire[2].

Ses vertus anticancer sont très bien documentés, notamment contre :

  • le cancer colorectal[3] ;
  • le cancer de la vessie[4] ;
  • le cancer du sein[5].

La patate douce violette, spécifiquement, aurait des vertus pour la protection cardiaque, notamment en cas d’hypertension[6].

Attention, elle est plutôt à éviter le soir avertit le Dr Dimitrios Samaras (l’un des plus grands nutritionnistes suisses), comme tous les tubercules.

… et son palmarès cuisine

L’autre avantage de la patate douce, c’est son goût, et le fait qu’on peut la cuisiner de mille façons différentes, aussi bien pour du salé que pour du sucré :

  • en gratin ;
  • en frites ;
  • en smoothie ;
  • en tortilla ;
  • sous forme de base pour du pain ;
  • en gaufres…

Mon collègue Benjamin Dariouch déborde d’idées pour la cuisiner, et partage ses délicieuses recettes dans son programme Se régaler sans lait et sans gluten.

En voici une de dessert, extraite de son programme :

Quelques conseils de conservation/préparation de la patate douce :

  • choisissez-la ferme, et conservez-la une semaine maximum au réfrigérateur ;
  • ne l’épluchez pas car la peau concentre beaucoup de ses vertus, rincez-la simplement ;
  • ne jetez pas les feuilles si vous les avez, elles sont bonnes pour la santé et se cuisent comme des épinards.

Portez-vous bien,

Rodolphe Bacquet


[1] « Henry Joseph : « La patate douce a démontré ses vertus santé » », Lanutrition.fr, 27 mars 2006, consulté en août 2019, disponible sur https://www.lanutrition.fr/interviews/henry-joseph–qla-patate-douce-a-demontre-ses-vertus-santeq

[2] Mohanraj (R.) et Sivasankar (S.), « Sweet Potato (Ipomoea batatas [L.] Lam) – A Valuable Medicinal Food: A Review », Journal of Medicinal Food, 14 juillet 2014, vol. 17, no 7, consulté en août 2019, disponible sur https://doi.org/10.1089/jmf.2013.2818

[3] Li (P. G.), Mu (T. H.) et Deng (L.), « Anticancer effects of sweet potato protein on human colorectal cancer cells », World Journal of Gastroenterology, 7 juin 2013, vol. 19, no 21, pp. 3300-3308, consulté en août 2019, disponible sur https://doi.org/10.3748/wjg.v19.i21.3300

[4] Li (W. L.) et al., « Purple sweet potato anthocyanin exerts antitumor effect in bladder cancer », Oncology Reports, 8 mai 2018, vol. 40, no 1, pp. 73-82, consulté en août 2019, disponible sur https://doi.org/10.3892/or.2018.6421

[5] Jiang (P.) et al., « Simultaneous separation and quantitation of three phytosterols from the sweet potato, and determination of their anti-breast cancer activity », 10 septembre 2019, vol. 174, pp. 718-727, consulté en août 2019, disponible sur https://doi.org/10.1016/j.jpba.2019.06.048 ;

Li (Z.) et al., « Anti-breast Cancer Activity of SPG-56 from Sweet Potato in MCF-7 Bearing Mice in Situ through Promoting Apoptosis and Inhibiting Metastasis », Scientific Reports, 16 janvier 2019, vol. 9, no 146, disponible sur https://doi.org/10.1038/s41598-018-29099-x

[6] Lin (P. P.) et al., « Probiotic-fermented purple sweet potato yogurt activates compensatory IGF‑IR/PI3K/Akt survival pathways and attenuates cardiac apoptosis in the hearts of spontaneously hypertensive rats », 11 octobre 2013, vol. 32, no 6, pp. 1319-1328, disponible sur https://doi.org/10.3892/ijmm.2013.1524