Chers amis,

Vous vous rappelez probablement ce passage du Bourgeois Gentilhomme de Molière dans lequel Monsieur Jourdain se rend compte qu’il « prose » depuis quarante ans sans le soupçonner.

Eh bien dans le domaine de la santé de tout un chacun, les hémorroïdes sont ce que la prose est à Monsieur Jourdain. Tout le monde en a, mais seule une partie de la population en a conscience : les médecins, les professeurs d’anatomie et… ceux qui en souffrent.

Tout le monde a des hémorroïdes…

Les hémorroïdes sont une partie normale de notre anatomie.

Il s’agit de petits vaisseaux sanguins, appelés plexus hémorroïdaires, situés dans la région anale et rectale.

Leur rôle, aux côtés du sphincter anal, est d’assurer la continence.

Problème : sous certaines conditions, ces vaisseaux peuvent se dilater de façon anormale, provoquant ainsi une crise hémorroïdaire.

Cette inflammation s’accompagne souvent de douleurs, de démangeaisons, voire de saignements, notamment lors de la défécation, pouvant aller jusqu’à une maladie hémorroïdaire.

C’est donc par abus de langage que l’on parle d’avoir des « hémorroïdes » seulement quand on en souffre : c’est comme si l’on disait que l’on a un « nez » uniquement quand on souffre d’un rhume !

(je vous accorde que la position du nez, situé avantageusement au milieu de la figure, a contribué à sa meilleure publicité anatomique)

Si vous n’aviez jusqu’ici jamais eu conscience d’avoir des hémorroïdes, c’est donc que vous n’en avez vraisemblablement pas souffert, et c’est tant mieux !

Si, en revanche, vous en aviez conscience, c’est probablement qu’elles vous ont déjà gêné, voire fait souffrir.

… mais tout le monde n’en souffre pas

La constipation est sans doute l’une des principales causes de crise hémorroïdaire.

Elle favorise une pression excessive sur les veines, qui finissent par se dilater.

Les grossesses, les positions assises prolongées, la sédentarité ou encore une alimentation pauvre en fibres sont aussi des facteurs déclencheurs.

Durant la grossesse, par exemple, le poids du fœtus exerce une pression sur les veines abdominales, empêchant le retour veineux normal et favorisant la dilatation des hémorroïdes.

C’est la raison pour laquelle les femmes, avant 50 ans, sont plus sujettes aux crises d’hémorroïdes ; après 50 ans toutefois on estime qu’un adulte sur deux, tous genres confondus, en souffre : avec l’âge peut en effet apparaître une faiblesse du tissu veineux. Il perd alors son élasticité, comme dans les problèmes de varices, entraînant un gonflement des veines.

Si vous en souffrez régulièrement, sachez que certains aliments semblent favoriser les crises hémorroïdaires : les viandes, les plats épicés, le café, le thé, les colas et divers alcools. Une alimentation pauvre en fibres et une hydratation insuffisante provoquent le durcissement des selles et rendent leur évacuation problématique.

Internes ou externes : quand les hémorroïdes font leur crise

Les crises hémorroïdaires peuvent être internes ou externes selon la localisation des plexus affectés :

Les hémorroïdes internes se trouvent à l’intérieur du rectum, au-dessus du sphincter anal.

Elles sont généralement invisibles à l’œil nu et provoquent rarement des douleurs car cette zone est moins riche en terminaisons nerveuses. Cependant, elles peuvent provoquer des saignements visibles lors de la défécation, avec des traces de sang rouge vif dans les selles ou sur le papier hygiénique.

Les hémorroïdes internes peuvent parfois se prolapsuser, ce terme d’une élégance folle signifiant qu’elles peuvent sortir de l’anus, surtout lorsqu’elles sont volumineuses ou lors de poussées répétées dues à la constipation.

Ce prolapsus peut être temporaire, l’hémorroïde se rétractant d’elle-même, ou nécessiter une manipulation manuelle pour être replacée. Dans certains cas, une hémorroïde interne peut rester à l’extérieur, ce qui augmente l’inconfort et la douleur​.

Les hémorroïdes externes, quant à elles, se situent sous la peau autour de l’anus, en dessous du sphincter anal.

Contrairement aux hémorroïdes internes, elles sont bien visibles et souvent plus douloureuses, surtout lorsqu’elles forment des thromboses (caillots sanguins). La douleur est due à la présence de nombreuses terminaisons nerveuses dans cette zone sensible.

Les hémorroïdes externes peuvent causer des démangeaisons, une irritation et une sensation d’inconfort, surtout après des selles. En cas de thrombose, elles peuvent apparaître sous forme de petites boules douloureuses, bleuâtres, à l’extérieur de l’anus.

Dans les deux cas, ces crises deviennent problématiques et sont à considérer comme des maladies à part entière lorsque la douleur est insoutenable et que la crise persiste ou se répète fréquemment.

Si la chirurgie est parfois nécessaire dans les cas les plus graves, des solutions naturelles existent pour atténuer et prévenir les crises. Je vous recommande de les essayer avant d’en arriver à une intervention forcément invasive.

Comment vite replonger dans l’oubli vos hémorroïdes

Si vous souffrez régulièrement de crises d’hémorroïdes, votre vœu le plus cher est probablement que ces petits vaisseaux sanguins retournent à l’oubli dont la douleur les a sortis.

Pour vous aider dans ce travail, voici deux approches incontournables en naturopathie :

1. Les bains de siège chaud-froid

L’alternance de bains chauds et froids est un remède éprouvé pour soulager les hémorroïdes externes.

Ce traitement agit par vasoconstriction et vasodilatation, stimulant ainsi la circulation sanguine dans la région affectée.

Pour cela, préparez deux bassines : l’une avec de l’eau chaude (entre 35°C et 37°C) et l’autre avec de l’eau froide.

Trempez-vous successivement, d’abord dans l’eau chaude pendant une minute, puis dans l’eau froide pendant 30 secondes, et répétez l’opération deux ou trois fois. Ce procédé soulage efficacement la douleur et réduit l’inflammation.

2. Les plantes, en pommade, teinture-mère ou infusion

Un autre traitement courant consiste à appliquer des baumes ou pommades à base de plantes astringentes et adoucissantes comme l’hamamélis ou le marron d’Inde[1].

Ce dernier, fruit du marronnier commun, très courant dans nos paysages, présente les mêmes propriétés astringentes et veinotoniques que l’hamamélis[2].

Il diminue également la perméabilité des vaisseaux sanguins et les œdèmes qui y sont associés[3]. C’est LA plante de l’insuffisance veineuse ! On peut également la prendre en teinture-mère, entre 5 et 10 gouttes deux fois par jour.

Ces plantes ont des propriétés anti-inflammatoires, astringentes et cicatrisantes qui contribuent à apaiser les symptômes tout en favorisant la guérison des tissus endommagés.

Le fragon, également appelé petit houx, est aussi veinotonique[4] et anti-œdémateux[5]. Il a une action astringente et anti-inflammatoire[6]. Souvent associé au marron d’Inde, il sera pris en teinture-mère, à raison de 20 à 30 gouttes, deux fois par jour.

Pour le reste, vous pouvez prévenir de futures crises hémorroïdaires en observant :

  • une alimentation riche en fibres : consommer des fruits, des légumes et des céréales complètes aide à réguler le transit intestinal et à éviter la constipation, cause fréquente des crises hémorroïdaires ;
  • une hydratation régulière : boire suffisamment d’eau permet de ramollir les selles, facilitant ainsi la défécation ;
  • une activité physique régulière : bouger tous les jours, même modestement, permet d’améliorer la circulation sanguine et de limiter la pression sur les veines.

Si vous disposez de remèdes familiaux pour soulager ou prévenir les hémorroïdes, n’hésitez pas à les partager en commentaire !

Portez-vous bien,

Rodolphe

P.-S. : Mon Almanach de la santé naturelle 2025 vient de sortir, et il est truffé de conseils et solutions aux petits et grands bobos de la vie courante, comme ce que vous venez de lire plus haut.


[1] https://www.vidal.fr/maladies/coeur-circulation-veines/hemorroides/phytotherapie-plantes.html – « La phytothérapie dans le traitement des hémorroïdes », in. Vidal

[2] Annoni F, Mauri A, Marincola F, Resele LF., « Venotonic activity of escin on the human saphenous vein. Arzneimittelforschung » 1979 ; 29 (4) : 672-5.

[3] MacKay D., « Hemorrhoids and varicose veins : a review of treatment options », in. Altern Med Rev. 2001 Apr ; 6 (2) : 126-40. Review

[4] Parrado F, Buzzi A., « A study of efficacy and tolerability of a preparation containing Ruscus aculeatus in the treatment of chronic venous insufficiency of the lower limbs », in. Clin Drug Invest 1999 ; 18 : 255-261.

[5] Rudofsky G., « Efficacy of Ruscus extract in venolymphatic edema using foot volumetry », in. Vanhoute PM, ed. Return Circulation and Norepinephrine : An Update. Paris, France : John Libbey Eurotext ; 1991:121-130.

[6] MacKay D., « Hemorrhoids and varicose veins : a review of treatment options », in. Altern Med Rev. 2001 Apr ; 6 (2) : 126-40. Review.