Voici comment les arbres reprogramment notre organisme

Chers amis,

Je vous ai parlé dans mon précédent message de la thérapie qu’ont développée les Japonais, la sylvothérapie, contre les maux de la vie urbaine.

J’aurais dû évoquer les méfaits scientifiquement constatés de cette vie urbaine.

Bon, déjà, même si nous habitons en ville… même si nous sommes nés en ville… nous ne sommes pas adaptés à la ville.

Durant 99,99 % de son histoire, l’être humain a vécu dans la nature, c’est tout simple.

Et vous connaissez les maladies que la vie urbaine, stressante et polluée, a transformées en véritables épidémies[1] :

  • cancers ;
  • maladies cardiovasculaires ;
  • maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson) ;
  • obésité ;
  • dépression ;
  • etc.

Je ne veux pas en rajouter. Mais un seul exemple récent : des chercheurs américains ont établi une corrélation très nette entre le temps passé en ville et le risque de développer des maladies mentales, comme la schizophrénie[2].

Alors, comment cette sylvothérapie, le Shinrin Yoku, permettrait-elle de réduire l’incidence des pathologies que j’ai citées ?

Comment les arbres reprogramment notre organisme

Quand nous revenons dans la nature, nous nous synchronisons avec elle.

Vous en avez fait l’expérience sans doute. Nous nous sentons bien, notre corps se détend.

Les chercheurs japonais qui travaillent sur le Shinrin Yoku savent désormais comment le contact avec les arbres reprogramme notre organisme.

Plus de vingt études qu’ils ont menées entre 2007 et 2017 ont comparé notre état physiologique alternativement en ville et en forêt.

En forêt cela allait de la simple promenade dans les bois à des séances de contemplation et de méditation.

Voici ce qu’ils ont découvert[3]. Tenez-vous bien, c’est impressionnant. En forêt :

  • la concentration en cortisol salivaire diminue (le cortisol est une hormone libérée par les glandes surrénales dans les moments de stress) ;
  • la fréquence cardiaque ralentit ;
  • la tension artérielle systolique et la tension artérielle diastolique diminuent ;
  • le système immunitaire est plus performant : les cellules tueuses naturelles (lymphocytes NK) sont plus actives, ce qui augmente notre capacité à combattre les infections et les cellules tumorales ;
  • l’activité nerveuse parasympathique double (c’est elle qui augmente dès qu’on est détendu) tandis que l’activité nerveuse sympathique diminue (à l’inverse, celle-ci augmente pendant les périodes de stress).

Baisse de l’hypertension, développement de la détente physiologique

Ces chercheurs sont allés encore plus loin.

Ils ont donné des chiffres, que je vous révèle ci-dessous.

Chez des hommes souffrant d’hypertension, une séance de sylvothérapie de quelques heures a fait chuter la tension artérielle systolique de 140,1 mmHg à 123 mmHg, et la tension artérielle diastolique de 84,4 mmHg à 76,6 mmHg[4].

Autrement dit, les patients avaient retrouvé une tension artérielle « dans les clous ».

Un effet comparable à des médicaments antihypertenseurs !!!

Par ailleurs, le taux d’adrénaline dans leurs urines avait baissé, ainsi que le taux de cortisol dans leur sang.

D’autres études ont démontré un effet de détente physiologique prononcé du Shinrin Yoku sur des employés de bureau[5] et des femmes ménopausées, âgées de 40 à 73 ans[6].

Entre une semaine et un mois d’effets positifs sur le système immunitaire

Ce n’est pas tout.

La sylvothérapie améliorerait l’immunité en augmentant le nombre de cellules tueuses naturelles, les fameux lymphocytes, ces globules blancs qui combattent les infections et les tumeurs.

Une séance de sylvothérapie de deux heures a permis à un groupe d’hommes âgés de 37 à 55 ans de voir l’activité de leurs cellules tueuses augmenter de 25 % ; le deuxième jour, cette activité a augmenté de 50 %[7] !

Résultats analogues avec un groupe d’infirmières[8] !

Une semaine après l’expérience, l’activité des cellules tueuses « augmentée » était demeurée stable chez les deux groupes (hommes et femmes). Cet effet s’est prolongé un mois chez les hommes !

Portez-vous bien,

Rodolphe Bacquet


Sources

[1] Pr Miyazaki (Y.), Shinrin Yoku, le secret de santé naturelle des Japonais, Guy Trédaniel éditeur, 24 avril 2018, p. 33.

[2] Kwon (D.), « Does City Life Pose a Risk to Our Mental Health? », Scientific American, 1 septembre 2016, consulté le 27 mai 2019, disponible sur https://www.scientificamerican.com/article/does-city-life-pose-a-risk-to-our-mental-health/?redirect=1

[3] Vous pouvez retrouver le détail de toutes ces expériences, et leurs conclusions, dans l’ouvrage du Pr Yoshifumi Miyazaki : Shinrin Yoku – Les bains de forêt, le secret de santé naturelle des Japonais, Guy Trédaniel éditeur, 24 avril 2018, pp. 127-173.

[4] Ochiai (H.), Miyazaki (Y.) et al., « Physiological and phychological effects of forest therapy on middle-aged males with high-normal blood pressure », International Journal of Environmental Research and Public Health, mars 2015, 12(3) : 2532-2542, consulté en mai 2019, disponible sur https://doi.org/10.3390/ijerph120302532

[5] Song (C.), Ikei (H.) et Miyazaki (Y.), « Sustained effects of a forest therapy program on the blood pressure of office workers », Urban Forestry & Urban Greening, octobre 2017, vol. 27, pp. 246-252, consulté en mai 2019, disponible sur https://doi.org/10.1016/j.ufug.2017.08.015

[6] Ochiai (H.), Miyazaki (Y.) et al., « Physiological and phychological effects of a forest therapy program on middle-aged females », International Journal of Environmental Research and Public Health, décembre 2015, 12(12) : 15222–15232, consulté en mai 2019, disponible sur https://dx.doi.org/10.3390%2Fijerph121214984

[7] Li (Q.) Miyazaki (Y.) et al., « Forest bathing enhances human natural killer activity and expression of anti-cancer proteins », International Journal of Immunopathology and Pharmacology, 1 avril 2007, vol. 20 (2), pp. 3-8, consulté en mai 2019, disponible sur https://doi.org/10.1177/03946320070200S202

[8] Li (Q.) Miyazaki (Y.) et al., « A forest bathing trip increases human natural killer activity and expression of anti-cancer proteins in female subjects », Journal of biological regulators and homeostatic agents, janvier 2008, vol. 22 (1), pp. 45-55, consulté en mai 2019, disponible sur https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18394317