Chers amis,
Ma question va peut-être vous paraître un peu pompeuse ce matin, mais… estimez-vous vivre dans un pays libre ?
Avez-vous le sentiment de pouvoir parler, lire, écrire et agir librement, tant que vous respectez autrui et la loi ?
Ou au contraire, sentez-vous que, depuis quelques années, voire quelques mois, votre parole se restreint, votre liberté se réduit comme peau de chagrin ?
C’est une vraie question, et je vous invite dès maintenant à me répondre en commentaire.
Pour ma part, j’observe des signes qui ne trompent pas, et qui sont franchement inquiétants.
L’un de ces signes vient de se produire outre-Atlantique, et il est à prendre très au sérieux, les États-Unis ayant toujours un train d’avance sur nous en matière de mouvements de société.
1984 → 2024
Que vous l’ayez lu ou non, le roman intitulé 1984 de George Orwell évoque sans doute pour vous la vision effrayante d’une société totalitaire dans laquelle les mots sont privés de leur sens (« la guerre, c’est la paix »), la surveillance est généralisée et la censure règne en maître.
Suprême ironie, ce roman qui alerte sur le danger d’un contrôle tentaculaire écrasant l’être humain, et sur les menaces pesant sur la liberté d’expression… est aujourd’hui censuré.
1984 figure en effet sur une liste d’ouvrages désormais bannis des établissements scolaires et des bibliothèques aux États-Unis.
Ces listes sont dressées par des associations bien-pensantes américaines… de tout bord.
Elles répertorient des livres dont tout ou partie du contenu est susceptible de « pervertir » les enfants, ou d’aller à l’encontre de « valeurs » brandies.
Ce qui est remarquable, c’est que tous les extrêmes s’y mettent : l’ultra-droite américaine fait la guerre à tout livre qui pourrait, d’après elle, inciter les enfants à l’homosexualité, tandis que le mouvement « woke » entend dégommer tout contenu jugé raciste ou misogyne.
Ces listes n’ont aucune valeur juridique, mais elles ont un impact bien réel : « Plus de 3362 références de livres ont été interdites et retirées des milieux scolaires, universitaires et des bibliothèques publiques à travers une quarantaine d’États. Des chiffres jamais atteints depuis vingt ans… », rapportait il y a deux semaines « Le Figaro »1.
L’invention du livre a été immédiatement suivie de celle de l’autodafé
Cette interdiction de plus de 3000 titres aussi divers que 1984 ou Ne Tirez pas sur l’oiseau moqueur de Harper Lee s’inscrit dans le sillage de censures radicales et de destructions.
En 2019, 5000 manuels scolaires, romans et bandes dessinées avaient littéralement fini dans un bûcher allumé au Canada.
Il s’agissait d’une cérémonie de « purification par le feu » censée régler son compte à des représentations jugées dévalorisantes des Indiens, parmi lesquelles se trouvaient des albums de Tintin, Astérix et Lucky Luke.
Brûler des livres au nom d’une purification rappelle nécessairement des souvenirs glaçants, comme la nuit du 10 mai 1933 à Berlin, au cours de laquelle un « autodafé rituel des écrits juifs nuisibles » avait réduit en cendres quelque 20 000 livres signés Albert Einstein, Franz Kafka, Stefan Zweig et Sigmund Freud2.
La possibilité pour un livre de finir dans les flammes existe depuis son invention.
Sans surprise, cette possibilité devient une réalité à chaque moment précis de l’Histoire où une culture est confisquée par un pouvoir absolu… ou une foule intolérante.
La première destruction massive d’écrits documentée remonte au IIIè siècle avant notre ère : le tout premier empereur de Chine, Qin Shi Huang, entendit faire table rase du passé en brûlant livres de poésie, d’histoire ancienne et de philosophie.
Cette image ci-dessus résume admirablement l’étape suivante de l’autodafé : l’assassinat.
Dans l’Histoire, du premier empereur de Chine aux khmers rouges en passant par l’Inquisition espagnole, le IIIè Reich et la révolution culturelle sous Mao, la destruction des livres s’est toujours accompagnée, ou a précédé de peu, la destruction de ceux qui les avaient écrits, les lisaient ou y étaient simplement associés.
C’est pourquoi la censure et l’interdiction massive de livres n’est jamais à prendre à la légère : c’est un moment de bascule grave.
« Vous êtes annulé »
Aux États-Unis, cette dangereuse tendance s’appelle la « cancel culture », soit la « culture de l’annulation ».
Des œuvres – livres, films, mais aussi chansons – sont ainsi brusquement bannies car elles sont jugées non-conformes aux « idées conformes » du moment.
C’est ainsi qu’un chef d’œuvre comme Autant en emporte le vent s’est du jour au lendemain trouvé opera non grata dans de nombreuses bibliothèques et librairies, parce que considéré comme un reflet de la doctrine sudiste.
En Europe, nous n’en sommes pas encore là, mais nous y arrivons.
Vous avez dû entendre parler des « corrections » apportées à de grands classiques de la littérature outre-Manche, où des livres de Roald Dahl et Agatha Christie ont été expurgés de tout terme pouvant être considéré comme blessant.
Le célèbre roman Dix petits nègres s’est par exemple vu réintitulé, y compris en français, Ils étaient dix3.
Ces démarches font non seulement fi du contexte de création de l’œuvre, mais de la capacité du public à prendre du recul, quitte à ce que ce recul fasse l’objet d’un accompagnement et d’une contextualisation.
La réécriture est, là encore, une étape préliminaire de la censure.
Or l’une comme l’autre – réécriture et censure – se banalisent. Jusque dans votre boîte mail, dont l’algorithme a désormais le pouvoir d’exclure tout contenu jugé non-conforme aux critères des GAFA.
On vous empêche d’abord de lire certains mots dans certains livres. Puis on vous empêche de lire ces livres. Puis on vous interdit d’en parler. Et si vous bravez cette censure, vous êtes considéré comme désobéissant.
La punition dépend du type de régime sous lequel vous vivez. Vous ne serez probablement pas exécuté ; en revanche les conditions de mise à mort sociale sont désormais réunies.
Les mises à mort régulières de personnalités médiatiques suspectées du jour au lendemain ne sont que la partie émergée de l’iceberg : la mise à mort sociale d’un simple particulier consiste à couper ses accès aux transports, ou à ses moyens de paiement.
C’est déjà une réalité en Chine, et l’Union européenne prend, avec beaucoup d’entrain, le même chemin avec l’identité numérique.
C’est sans doute la raison pour laquelle 1984 est aujourd’hui censuré aux États-Unis : il ne s’agit plus d’un roman de science-fiction, mais d’une description terriblement juste de l’orientation que prennent nos sociétés ; et Big Brother, d’une réalité.
Portez-vous bien,
Rodolphe
Sources :
1 Claudia Cohen « La censure littéraire s’accentue aux États-Unis » Le Figaro. https://www.lefigaro.fr/ 21/12/2023
2 Andre Larané « 10 mai 1933 Autodafé rituel des écrits juifs nuisibles » Herodote https://www.herodote.net/ 07/07/2023
3 « « Dix petits nègres » d’Agatha Christie change de nom en français » https://www.rts.ch/ 27/08/2020
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En soumettant mon commentaire, je reconnais avoir connaissance du fait que Total Santé SA pourra l’utiliser à des fins commerciales et l’accepte expressément.
bonsoir :
il m’a été signalé que j’ai été traquée en transférant ce mail à d’autres personnes . En avez vous eu écho ?
Bien cordialement .
1984, Le meilleur des Mondes, mais aussi Terminator : autant d’oeuvres prémonitoires qui semblent guider ceux qui nous dirigent.
Alors pourquoi les censurer ? « en oubliant son passé, on est condamné à le revivre ».
C’est cohérent.
C’est imparable.
C’est le Plan.
Mais aucune tyrannie ne dure éternellement, ça aussi « ils » l’on oublié !
N’enfermez pas l’Espoir !
Cordialement
Donato ALTIERI
Merci pour cet article qui met bien en évidence l’un des moyens utilisés par les puissants pour contrôler et dominer les populations majoritairement incultes et les conduire à se comporter comme ils le souhaitent en leur faisant croire que tout ce qui leur est proposé voire imposé l’est pour leur bien et leur sécurité. La nature et les comportements humains n’ont pas évolué depuis que l’Homme a pris conscience de son existence. Seuls les moyens mis en œuvre ont évolué et se sont sophistiqués grâce au développement des technologies et à la force d’attraction de celles qui concernent la psychologie et les technologies de l’information et des télécommunication. Nombre d’entre nous sont des esclaves consentants voire admiratifs de ceux qui les soumettent en leur promettant un monde de tranquillité. N’est-ce pas ces puissants qui font les lois, les règles que tous doivent suivre, définissent les bons comportements à avoir pour « respecter » chacun et ne pas nuire aux autres ? N’est-ce pas eux qui définissent ce qui est bien et ce qui est mal ? N’est-ce pas ces puissants qui écrivent l’histoire qui doit être enseignée aux enfants ? Tant de penseurs, philosophes, psychologues, ethnologues, etc. ont écrit sur les comportements humains et leurs causes ce depuis au moins 3 millénaires. La censure et l’autodafé, le discrédit sont des techniques parfaitement maîtrisées par tous ceux qui entourent les puissants et les flattent servilement. Et la majorité des populations non seulement consent mais parfois en rajoute et applaudit. Extrêmement rares sont les dirigeants, les puissants qui ont un véritable sens du service et du respect de la dignité de chaque Être humain.
100% d’accord on vit dans une dictature On a d’abord eu emmanuel macron, puis le roi emmanuel macron 1er Maintenant on en est à emmanuel xi jin macron qui est en train de nous faire vivre comme en chine Et dans très peu de temps, je vois bien un emmanuel kim jong macron, un des nombreux demi frères du célèbre dictateur nord coréen
Bonjour,
De façon plus terre à terre, je me demande pourquoi les articles envoyés par vous sont systématiquement reçus dans les spams!!! Curieux.
Bonjour,
Je ressens comme vous l’étau qui se resserre, mais dans quel but, nous contrôler comme en Chine?comment réagir ?
Cher Rodolphe, j’apprécie depuis longtemps vos articles et celui-ci en particulier sur Alternatif Bien-être (que je regrette de ne plus recevoir au format papier malgré mon abonnement au format papier).
Autre sujet : je veux me faire rembourser le programme « réflexe oligo » : êtes-vous promoteur de ce programme ? avez vous des relations avec les programmes de Totale Santé ? Je n’arrive jamais à me connecter sur mon espace personnel malgré que je sois une ancienne informaticienne !!!!!!!!!!!! A bientôt Rodolphe !
Patricia Rachelson
rachelson.patricia@gmail.com
bonjour,
Merci pour votre travail d’information (santé, politique, etc). je pense qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter…si un problème a une solution, il est inutile de s’inquiéter, s’il n’en a pas, s’inquiéter ne changera rien. ( cette petite citation me plait beaucoup )Si le monde bascule c’est qu’il en a besoin, cette bascule est nécessaire et il faut remercier ce contexte et ceux qui l’ont crée pour lever le voile de l’illusion.. chacun se réveillera à son rythme, plus ou moins long suivant les individus…si vraiment on bascule sans autre solution qu’un asservissement total des peuples, et bien nous disparaîtront tout simplement. et cela n’est pas a craindre, car ni vous ni moi n’avons envie de vivre cette dystopie et ce chaos. Je vous remercie de laisser une tribune d’échange ouverte à vos lecteurs et bon courage pour la suite car je sens qu’il va en falloir…je reste toutefois totalement optimiste car je ne peux imaginer que l’ombre puisse se suffire a elle même..
Bonsoir, Rodolphe
Je suis hélas tout à fait d’accord avec vous. Nous sommes à l’aube d’une privation de libertés, de toutes les façons possibles. Et oui, vous avez raison, nous sommes obligés, si nous ne voulons pas avoir « d’ennuis », de rester politiquement corrects, de peser chaque mot que nous prononçons. Ce sera bien sûr, de pire en pire. Je suis très pessimiste quant à l’avenir de mes enfants et petits enfants. Notre pays est entré dans une ère de reniement total de ce qui faisait nos valeurs, de rejet de tout ce qui faisait la fierté de la plupart d’entre nous. Et tout ceci orchestré par des gens, qui, sous couvert de nous « gouverner », abondent dans le sens de ceux qui veulent abattre les derniers bastions de la liberté d’expression ou d’agissement. C’est terriblement affligeant et angoissant!!!!!
Excellent article. Tout est dit. Une société totalitaire est en train de s’installer, quasiment à l’insu du citoyen moyen, car cela se fait par petites étapes,´et avec la complicité de médias soumis à l’état profond. Ce blog tente de dénoncer article après article, cette mise sous tutelle de la pensée et de la réflexion : saucisson-pinard.blogspot.com
En effet, c’est une triste réalité qu’il y a de plus en plus de censure.
Ce qui est plus étonnant c’est que les peuples acceptent cela sans rien dire.
Il faut vraiment que les peuples se « réveilent »
Bonjour Rodolphe et merci pour ces informations. Je ne savais pas en effet que des livres comme 1984 et ne tirez pas sur l’oiseau moqueur avaient été censurés aux EU ! c’est très inquiétant. Nous avons pu constater, ici, en France, pendant la période covid notamment, qu’une forte restriction de nos libertés fondamentales, comme celle de considérer et de dire que les vaccins proposés sont nuisibles. Et que dire des mensonges d’état? Il nous reste à être très alertes et à combattre cet autoritarisme par tous les moyens.
Cordialement
Non je ne me sens plus libre de mes opinions, les discussions deviennent très vite violentes même avec la famille et les amis! On n’a plus le droit de penser autrement et de l’exprimer: il faut penser et agir comme le troupeau!
100 % d’accord avec votre analyse… Lorsque le COVID est arrivé j’ai tout de suite pensé à 1984 de Georges ORWELL (étudié à l’école il y a plus de 40 ans et je ne l’ai pas oublié) et je me suis dit que la science fiction était devenue la triste et grave réalité…
triste réalité, hélàs