Le filon pharmaceutique (et journalistique) de l’« espoir »

Chers amis,

Depuis qu’en 1906, le jeune Dr Aloïs Alzheimer a repéré des « anomalies » dans le cerveau d’une patiente qu’il autopsiait, la biomédecine n’a cessé de courir après l’ombre d’une maladie qu’elle ne comprend pas, et qu’elle ne sait pas soigner.

Et pour cause : il ne s’agit pas tout à fait d’une maladie… mais du simple destin biologique de notre matière grise, aggravé il est vrai par la dégradation de notre environnement.

Voilà plusieurs décennies qu’on nous présente en effet la maladie d’Alzheimer comme une apocalypse cognitive aux proportions épidémiques.

En réalité, comme le rappellent régulièrement plusieurs médecins, dont le Dr Luc Périno[1], ça n’est qu’à partir des années 1980 que, presque du jour au lendemain, on a appelé « maladie d’Alzheimer » ce qui était autrefois nommé « démence sénile ».

Les fameuses plaques amyloïdes et fibrilles dites « pathologiques » se retrouvent dans tous les cerveaux vieillissants — même chez des personnes parfaitement lucides.

Aloïs Alzheimer est simplement le premier à les avoir observées, à la faveur des améliorations technologiques d’observation médicale du début du XXème siècle.

Lui-même n’était pas certain d’avoir découvert une nouvelle maladie !

Avant, votre cerveau vieillissait ; aujourd’hui, vous « avez Alzheimer »

Pourtant, on peut parler de maladie d’Alzheimer à bon escient : c’est lorsque ces fameuses plaques amyloïdes se présentent chez un sujet jeune – comme le « patient zéro » de la maladie d’Alzheimer (une patiente, en réalité), âgée de moins de 50 ans.

Autrement dit, stricto sensu, la maladie d’Alzheimer est une démence sénile… précoce.

Si vous avez plus de 90 ans et commencez à avoir des trous de mémoire, ça n’est pas Alzheimer : c’est l’âge !

Avant, le vieillissement du cerveau était considéré comme tel : un aspect inéluctable de la sénescence.  

Aujourd’hui, on le considère comme une maladie grave :

« La démence sénile, longtemps considérée comme une banale dégénérescence – ni cartilage, ni peau, ni artères ne peuvent échapper à la sénescence – est devenue maladie lorsque le microscope d’Alzheimer a permis de voir des fibrilles dans les neurones et des plaques dans le cortex. La biomédecine a l’habitude de transformer un processus de sénescence en maladie lorsque la technologie permet d’en dévoiler une partie. […]

Cette maladie d’Alzheimer fait rêver l’industrie pharmaceutique. Elle a tout pour lui plaire : symptômes flamboyants, fréquence en augmentation logique dans les pays solvables, potentiel d’angoisse facile à entretenir, et signes précurseurs d’une telle banalité que tout citoyen est une cible de diagnostic précoce. Tous les médicaments proposés ont eu un rapport bénéfice/risque négatif. Seules les mesures hygiéno-diététiques, cognitives et comportementales ont une utilité préventive et ralentissent faiblement la progression.[2] »

On a voulu pathologiser et médicaliser le vieillissement. On l’a fait avec force IRM, tests cognitifs, diagnostics alarmistes et médicaments… qui, comble du scandale, aggravent parfois ce qu’ils prétendent soulager.

 L’Adacanumab, par exemple, a été autorisé malgré son inefficacité clinique flagrante – mais efficace sur un « marqueur intermédiaire » : la baisse d’une protéine cérébrale, sans aucun effet sur la vie des malades.

Une victoire marketing, pas médicale.

Aussi ai-je pris connaissance avec beaucoup de circonspection du numéro de septembre du magazine Sciences et Avenir paru jeudi dernier en kiosque :

Diantre !

Le premier médicament ! (je sais que c’est faux)

Le premier test sanguin ! (pourquoi pas, c’est moins invasif que la ponction lombaire, mais vous voyez d’ici la multiplication des « diagnostics » de pré-Alzheimer…)

Et cette promesse folle : « Nous parviendrons à stopper le déclin cognitif ! »

Voici les dangers de laisser les clés de la rédaction au stagiaire pendant l’été : une couverture, au mieux, de ravi de la crèche, au pire, mensongère.

Promettre de stopper le déclin cognitif, c’est aussi illusoire que de prétendre inverser le vieillissement et abolir la mort.

C’est une promesse transhumaniste qui peut faire illusion sous la lentille d’un microscope et à l’oreille d’un béotien, mais totalement dépourvue de réalité médicale.

Mais attendez, ce n’est pas tout, car ce « dossier spécial » nous promet aussi… roulement de tambour… un vaccin contre Alzheimer ! Je vais y revenir.

A présent que j’ai fait la publicité de Sciences et Avenir, laissez-moi vous expliquer pourquoi toutes ces annonces sont un miroir aux alouettes.

Le « premier médicament » contre Alzheimer est connu depuis 2022… et entraîne des hémorragies cérébrales !

En lisant ce titre « Le premier médicament », j’ai eu un très bref instant de crédulité.

« Tiens, me suis-je dit, ils ont réussi à développer un médicament au rapport bénéfice-risque positif ? Voyons cela. »

L’article consacré à ce premier médicament, intitulé « Les premiers traitements changent la donne », révèle le nom de cette « révolution » thérapeutique.

Et là, en le découvrant j’ai failli tomber de ma chaise : il s’agit du Iécanémab ; ce médicament n’est pas de toute première fraîcheur !

Il a été testé en grande pompe en 2022 et… s’est vu refuser une autorisation de mise sur le marché par l’EMA (l’Agence européenne du médicament) pour avoir provoqué hémorragies cérébrales et œdèmes, ayant même conduit à la mort au moins un patient !

Je vous parlais déjà de la catastrophe provoquée par ce médicament et de l’impasse dans laquelle se trouve l’industrie pharmaceutique au sujet d’Alzheimer depuis 40 ans dans un éditorial de la revue Alternatif Bien-Être, en mars 2023 :

Je parlais dans cet éditorial du filon de « l’espoir » relancé à chaque nouveau traitement.

Ce dossier de Sciences et Avenir ne déroge pas à la règle, puisqu’il est intitulé…

Sauf que là, l’escroquerie est consommée, puisqu’en fait de « nouveau médicament » on a donc ce fameux Iécanémab.

Que s’est-il donc passé depuis 2022 pour que ce médicament, refusé par l’Agence européenne du médicament, revienne en première ligne et soit triomphalement présenté comme un « espoir » ?

Eh bien, il a fallu un tour de passe-passe qui laisse pantois.

Les concepteurs du médicament ayant observé que les « cas graves » ne survenaient « que » dans 1 % des cas – une paille ! En tant que patient on vous propose tout de même une roulette russe avec une balle dans un barillet à 100 entrées – les concepteurs ont « réduit » le risque de toucher ce 1 % de patients :

« Pour obtenir un avis favorable de l’EMA, l’indication a — hélas — dû être resserrée en excluant les personnes porteuses du gène APOE-4, plus susceptibles aux Aria. Or ce sont celles qui présentent une prédisposition génétique importante à la maladie (posséder une copie de ce gène multiplie le risque d’Alzheimer par trois, et deux copies par huit à douze…). Autre condition pour l’approbation en Europe : une surveillance étroite des Aria (les hémorragies et œdèmes), le premier trimestre avec des IRM mensuelles.

Comme le médicament est indiqué à un stade débutant de la maladie, il ne devrait concerner que peu de personnes. Combien ? “C’est difficile à évaluer, ce ne sera pas 10 % ni 0,5 %. En discutant avec les académiques et les industriels, cela concernerait 2 à 3 % des patients vus en Centre mémoire de ressources et de recherche”, estime Remy Genthon. Soit moins de 7000 personnes sur les 225 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année en France. »[3]

Qui sont ces « personnes porteuses du gène APOE-4 » ?

Ce sont les personnes les plus à risque de développer une forme avancée d’Alzheimer.

Autrement dit, ce médicament est présenté comme un « espoir » et vient finalement de recevoir une autorisation de mise sur le marché car 

  • il exclut les personnes les plus susceptibles de contracter la forme la plus grave de la maladie (chez lesquels il risque de provoquer hémorragie cérébrale ou œdème) 
  • et sera prescrit aux stades « débutants » : autant dire que le fabricant prend peu de risques !

C’est comme si un fabricant de médicaments anti-obésité le réservait aux sprinters kenyans ayant une légère surcharge pondérale de 300 grammes !!

Voici, chers amis, la mystification qui est présentée comme un « nouvel espoir » contre Alzheimer.

Et l’auteur de l’article de claironner que « les investissements des laboratoires pharmaceutiques qui menaçaient de se tarir reprennent » [4].

Ouf ! Les patients sont loin d’être sortis d’affaire, mais les actions sont en sécurité !

Le filon pharmaceutique bientôt exploité à plein régime

Ainsi, dormez tranquilles, braves gens : vous pourrez bientôt être sous traitement anti-Alzheimer… même si vous ne l’avez pas.

Comment cela ?

C’est très simple. Le reste du dossier de Sciences et Avenir vous fait l’article, c’est le cas de le dire.

D’abord : grâce à un test sanguin mesurant la présence des protéines béta-amyloïdes 42 et p-tau 217 dans le sang, et qui sera a priori réservé aux plus de 65 ans[5].

Logique… puisqu’il s’agit également de marqueurs du vieillissement.

Comme aujourd’hui avec le cholestérol et les statines, il vous suffira d’avoir un taux de ces protéines au-dessus des normes (fixées bas sous la recommandation des laboratoires, évidemment) pour être sous traitement.

Ensuite : grâce à un vaccin à venir contre Alzheimer !

Alzheimer n’est pas une maladie contagieuse, mais baste ! Ce vaccin, actuellement en test chez des primates aux Etats-Unis, « cible une phosphorylation de la protéine tau, caractéristique de la maladie »[6].

Une fois de plus, on ignore si cette caractéristique est une cause ou une conséquence d’Alzheimer, mais peu importe : un vaccin contre Alzheimer, c’est le jackpot assuré pour le laboratoire le développant, avec le vieillissement de la population et la psychose associée.

  • Aparté : dans un exercice de propagande consommé, l’auteur de cet article le conclut par : « En attendant un vrai vaccin contre Alzheimer, assurez-vous déjà d’être à jour dans votre calendrier vaccinal, cela pourrait aider ![7] »

Aider à quoi exactement, étant donné qu’aucun vaccin ni traitement ne permet de prévenir ou inverser le déclin cognitif ? L’article ne le dit pas.

Enfin, donc, grâce aux « nouveaux traitements », en réalité frelatés, qui font la une du dossier.

L’avenir que ces nouveaux traitements nous réserve fait froid dans le dos :

Alzheimer traité comme une maladie chronique.

C’est super, on se réjouit, on a hâte !

Et les labos de se frotter les mains.

Toutes ces annonces sont un miroir aux alouettes et ne vous aident pas.

La vérité sur Alzheimer

La vérité, comme le répètent plusieurs médecins qui ne sont ni financés par les labos, ni salariés de la presse subventionnée, c’est qu’aucun médicament ne pourra jamais infléchir la démence sénile.

Le Dr Luc Périno a de façon extrêmement limpide décrit les ressorts de cet « espoir » de mauvais aloi dont la presse scientifique grand public, à l’instar de Sciences et Avenir, se fait chroniquement le chantre :

« Le moindre déficit cognitif est devenu un signal d’alerte, un signe précurseur de cette maladie présentée comme un fléau inédit en train de se répandre comme une pandémie. Ce genre de prouesse médiatique ne peut s’expliquer que par la mainmise du marché sur l’information sanitaire. La peur des processus du vieillissement est devenue le terreau pour de colossaux marchés, bien plus rentables que celui des vraies maladies. Les médecins les plus attentifs connaissent les rouages de cette science mercatique qui lamine la recherche et le bon sens.[8] »

Cette perte de bon sens va jusqu’à la mise sur le marché de médicaments au mieux inefficaces, au pire dangereux.

Il y a moins de deux ans, fin octobre 2023, le même Dr Luc Périno saluait – ironiquement – un « grand pas dans l’histoire des médicaments », suite à l’autorisation de mise sur le marché d’un médicament… dont l’inefficacité clinique est documentée[9] !

Ces gabegies sont d’autant plus scandaleuses que des solutions existent, et qu’elles sont efficaces, documentées et éprouvées.

Le protocole qui a inversé les symptômes d’Alzheimer chez 8 patients sur 10, sans médicament

Alzheimer – autrement dit la démence sénile avancée – est une réalité qui a pris de l’importance, à la fois du fait du vieillissement de la population, et de la dégradation de nos conditions de vie (nourriture, sédentarité, pollution).

Aujourd’hui, Alzheimer n’est pas un problème médical au sens strict, c’est avant tout un drame familial et un énorme défi social.

Un seul malade perturbe la vie quotidienne de trois à quatre proches.

Soit, aujourd’hui en France, 3 à 4 millions de personnes pour 1 million de malades. Cela se traduit soit par une vie quotidienne éprouvante, et/ou un placement en institution, dont le coût est considérable.

Alors que reste-t-il ? Le bon sens. Celui que la médecine biomédicale semble avoir perdu en route. Loin des traitements chimiques inefficaces, il existe un terrain où la prévention est possible, voire puissante : l’hygiène de vie.

On sait aujourd’hui qu’un esprit actif, un corps en mouvement, des relations sociales riches, une alimentation naturelle et variée, une vie avec du sens, un projet… tout cela retarde de manière significative les troubles cognitifs.

Et que dire des caresses, des jeux, du jardinage, des discussions, du lien humain ?

Aucun médicament ne les remplacera jamais.

C’est le cœur du protocole mis au point par un médecin américain, et qui a permis d’inverser les symptômes d’Alzheimer chez 8 patients sur 10.

Ce protocole, qui a permis 84 % d’améliorations nettes, a fait l’objet de publications scientifiques :

… mais de publication dans la presse grand public ni mainstream.

Et pour cause : ce protocole ne fait intervenir ni médicament, ni vaccin ; autrement dit il n’est pas rentable pour l’industrie pharmaceutique, et lui fait même concurrence.

Concurrence économique, j’entends.

Car en matière d’efficacité, c’est une victoire par K.O. de ce protocole sur l’arsenal médicamenteux.

Portez-vous bien,

Rodolphe


[1] Alternatif Bien-être, novembre 2024

[2] https://lucperino.com/758/splendeur-et-misere-des-plaques-d-alzheimer.html – « Splendeur et misère des plaques d’Alzheimer », blog de Luc Périno, 3 octobre 2021

[3] Sciences et Avenir n°943, p.51

[4] Art. cit., p.52

[5] Sciences et Avenir, pp.56-58

[6] Ibid, p.63

[7] Ibid

[8] Alternatif Bien-Être n°218, pp.4-5

[9] https://www.lemonde.fr/blog/expertiseclinique/2023/10/30/grand-pas-dans-lhistoire-des-medicaments/ – Luc Périno, « Grands pas dans l’histoire des médicaments », in. Le Monde, 30 octobre 2023