Chers amis,
Ne tuez pas toutes vos araignées !
Entre 2012 et 2015 des entomologistes américains ont passé au peigne fin 50 maisons afin d’y répertorier les populations d’arthropodes – insectes, araignées, mille-pattes…
Les conclusions de cette étude[1] sont passionnantes et prouvent que chacune de nos maisons est un véritable écosystème animal avec ses parasites, ses proies, ses prédateurs, etc.
Les chercheurs comptent une moyenne de 62 espèces, même dans les maisons parfaitement propres. Certaines étaient présentes dans toutes les maisons.
Plusieurs de ces espèces sont sans danger pour notre santé, telles que les fourmis ou les « poux des livres », insectes qui adorent les vieux papiers.
D’autres sont plus préoccupantes du point de vue sanitaire :
- Les mouches bleues ou domestiques sont porteuses d’une très grande variété de bactéries pathogènes qu’elles transmettent par simple contact, entraînant intoxications alimentaires, infections respiratoires et urinaires, maladies gastriques[2] ;
- Les moustiques, « responsables de milliers de décès par an » selon l’OMS[3] par les maladies qu’ils transmettent, sont depuis quelques années de plus en plus problématiques en France. Depuis fin 2018, le moustique tigre, vecteur du virus Zika, est officiellement implanté dans 51 départements métropolitains[4].
- Les puces qui, si elles ne transmettent plus la peste, peuvent encore nous transmettre, via nos chats et chiens, le typhus ou la maladie des griffes du chat.
- Les tiques, très rares au sein des maisons, mais qui parviennent parfois à y rentrer, et qui peuvent transmettre vous le savez la maladie de Lyme, mais aussi la gale (c’est d’ailleurs arrivé à l’un de mes proches amis…).
Laissez opérer cet insecticide naturel
L’excès d’hygiène domestique n’est pas bon pour la santé vous le savez, car cela favorise les allergies.
En d’autres mots un environnement stérile c’est bon pour l’hôpital, mais pas pour y vivre.
La bonne nouvelle, c’est que vous n’avez pas grand’ chose à faire pour réguler les populations d’insectes nuisibles et réduire le risque de certaines maladies qu’elles véhiculent.
Car, toujours selon les chercheurs de la même étude, la plupart de nos logis hébergent un prédateur naturel de tous ces insectes pour peu qu’on le laisse y vivre : l’araignée.
L’araignée est au sommet de la chaîne alimentaire de notre écosystème domestique. Malheureusement, sa vue dégoûte plusieurs d’entre nous, et en fait crier plus d’un !
Mes enfants poussent des grands cris lorsqu’ils voient une araignée, comme s’ils se retrouvaient nez à nez avec un tigre affamé.
Il m’a fallu du temps pour les convaincre qu’une araignée domestique ne représente aucun danger, bien au contraire.
Et désormais je me contente de changer l’araignée de pièce quand j’en trouve une (inutile de jeter une araignée dehors, elle trouvera toujours le chemin du retour).
Sans danger pour nous, impitoyable avec les nuisibles
Contrairement une idée répandue en effet, les araignées domestiques sont totalement inoffensives pour nous, humains, qui les hébergeons.
Les araignées :
- ne piquent pas (elles n’ont pas de dard),
- ne mordent pas les humains[5] (elles réservent ça pour leurs proies).
Les exceptions sont connues : mygales, veuves noires, etc., mais à moins d’habiter au fin fond d’une jungle américaine, vous avez peu de chance de les croiser ces araignées dans votre salle de bain…
Les « piqûres d’araignée » n’en sont pas !
Elles sont en réalité dues aux acariens et aux punaises de lit[6]… dont le prédateur naturel est l’araignée.
Enfin la présence d’araignées est le signe que votre maison est « saine ».
Les araignées domestiques que l’on trouve sous nos latitudes fuient, en effet, les endroits trop confinés, trop humides ou surchauffés.
Si elles s’installent chez vous, c’est donc qu’elles ont jugé votre habitat suffisamment sain pour y habiter.
Et je le répète, elles vous aident à faire le ménage des insectes nuisibles en les chassant et en les dévorant.
Qui mange quoi ?
Il existe des milliers d’espèces d’araignées dans le monde. Une infime partie se retrouve chez nous.
Je commence par les deux plus répandues dans nos maisons.
La malmignatte des maisons
Cette petite araignée est une cousine de la veuve noire, mais sans danger pour nous : elle se nourrit de fourmis, de moucherons, cloportes, de blattes, de mille-pattes et même de tiques.
Le pholque
Araignée immanquable, avec son corps minuscule et ses pattes démesurées ! On la retrouve classiquement dans les angles des plafonds.
Cette araignée est particulièrement fréquente dans les caves, celliers, etc.
Le pholque se nourrit d’insectes volants – moustiques et mouches – et malgré son apparence frêle peut s’attaquer à beaucoup plus gros que lui, comme les guêpes…
La tégénaire
C’est la plus gros et la plus impressionnante des araignées de nos maisons, mais elle est plus rare car elle préfère les endroits humides (on la croise plus volontiers dans la salle de bain.
Elle s’attaque aux mouches, aux moustiques, aux acariens, aux blattes.
L’araignée sauteuse
Contrairement à toutes les autres araignées de cette liste, l’araignée sauteuse ne tisse pas de toile : elle saute directement sur sa proie qu’elle repère grâce à sa vue particulièrement développée.
Comme elle est très petite, elle se repaît de proies minuscules : larves, moucherons, etc.
Elle est rare dans nos contrées.
En Afrique, une araignée de cette famille s’est fait une spécialité de dévorer les moustiques vecteurs du paludisme[7] !
L’Épeire
La dernière araignée de cette liste ne se rencontre pas dans les maisons mais dans les jardins.
Je la mentionne car vous en avez probablement une dans le vôtre : elle est reconnaissable à ses toiles très géométriques, qui forment de belles figures lorsqu’il pleut ou gèle.
Mais surtout c’est une araignée qui s’attaque à un très grand nombre de parasites du jardin : bon si vous avez un potager, et même sans, puisqu’elle mange les moustiques et les guêpes.
Bonne nouvelle si vous avez des araignées chez vous
Si vous avez des araignées chez vous, c’est donc une bonne nouvelle.
Non seulement elles ne vous veulent aucun mal, mais elles vous aident à lutter contre ces insectes vecteurs de maladies que sont les mouches, les moustiques, les puces, les tiques, etc. !
Alors je sais que ça ne fait pas très « propre », mais laissez-les tranquilles et laissez leur toiles en place, autant que possible ! En les retirant, vous privez ces bienfaitrices de leur moyen de manger, et donc de vous débarrasser d’insectes indésirables. !
Enfin, si vous voyez une araignée dans votre baignoire ou dans le lavabo ne la tuez pas.
Aidez la à s’en sortir au contraire, car ses pattes n’arrivent pas à s’accrocher aux parois trop lisses.
Portez-vous bien,
Rodolphe
[1]https://peerj.com/articles/1582/
[2]https://www.rentokil.fr/blog/les-mouches-sont-de-veritables-risques-dhygiene-ambulants/
[3]https://www.who.int/neglected_diseases/vector_ecology/mosquito-borne-diseases/fr/[
4]https://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-microbiologiques-physiques-et-chimiques/especes-nuisibles-et-parasites/moustiques
[5]https://arthropodecology.com/2013/06/13/update-spiders-still-dont-bite/
[6]https://www.notre-planete.info/actualites/3620-araignee_piqure_lit
[7]https://www.pnas.org/content/102/42/15155
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En soumettant mon commentaire, je reconnais avoir connaissance du fait que Total Santé SA pourra l’utiliser à des fins commerciales et l’accepte expressément.
J’adhère complètement , ayant observé , chez moi toute cette vie . Je ne tue jamais une araignée.
Jusque là, je n’éprouvais pas d’hystérie particulière à éliminer ces insectes ! Sauf q’une fois, une nuit de forte chaleur, alors que j’habitais un rdc dont la fenêtre de la chambre donnait sur une cour intérieure à laquelle je n’avais pas accès et qui était remplie d’énormes toiles d’araignées, j’ai laissé la fenêtre ouverte et, le lendemain matin, j’avais trois « bosses » enflammées sur le front ! Le généraliste m’a bien confirmé que c’était des morsures apparemment d’araignées ! Ces trois morsures sont d’ailleurs devenues des cicatrices blanches en creux que je n’ai jamais réussi à enlever !