Chers amis,

Notre pays a connu, hier, de nouveaux records de chaleur :

Cette carte, produite par Météo France pour le 18 juillet 2022, ressemble de façon troublante à celle, fictive, qu’Evelyne Dhéliat avait présenté un jour de 2014 sur TF1 :

La présentatrice télé avait accepté de participer à une opération de sensibilisation aux dangers récurrents de canicules qui nous guettaient, provoqués par le réchauffement climatique.

Or, ces prévisions fictives avaient pour horizon… 2050.

Nous y sommes donc déjà. Et cette seconde vague de chaleur consécutive (après celle de juin) annonce la couleur des prochains étés : non seulement ces épisodes d’intense canicule se répéteront, mais ils pourraient être pires.

Allons-nous, au premier degré (sans jeu de mot !), crever de chaud ?

Eh bien contre toute attente la réponse n’est pas à chercher sur le thermomètre : on peut mourir de chaud à 31°C et surmonter sans séquelle les 50°C.

A l’épreuve du feu…

Vous vous souvenez comme moi de l’hécatombe, chez la population très âgée, provoquée par la canicule de 2003.

En cas d’intense chaleur les plus vulnérables sont les bébés, les personnes âgées et très malades, je ne vous apprends rien. Mais pour quelle raison ? 

Les personnes en bonne santé sont capables de traverser ces canicules sans réel danger parce qu’une fonction essentielle de leur organisme fonctionne normalement : c’est ce qu’on appelle l’homéostasie.

Vous le savez, la température normale du corps humain se situe autour de 37°C. 

Quelques degrés de plus ou de moins, et l’organisme cesse de fonctionner, par hypothermie (température interne trop basse), ou hyperthermie (température interne trop élevée).

Pour lutter contre le froid ou le chaud, notre organisme jouit d’un système de régulation thermique qui lui permet de se maintenir à la bonne température.

C’est grâce à ce thermostat physiologique que nous pouvons survivre quelques minutes ou quelques heures à des froids ou des chaleurs extrêmes.

Si les températures continuent à grimper comme cela, jusqu’à quelle température extérieure notre organisme est-il capable de réguler sa température interne ?

Eh bien, cette température peut grimper jusqu’à 50°C au moins, comme nous l’enseignent les bédouins, qui vivent depuis des siècles dans le Sahara, où les températures peuvent dépasser ce seuil impressionnant.

Un être humain en bonne santé peut même survivre jusqu’à 10 minutes au milieu d’un incendie de plus de 200°C…

… Mais il ne pourrait en revanche survivre que 3 à 4 minutes dans un sauna à 100°C[1] !

Et c’est là que se trouve la clé de la survie par forte température : dans le taux d’humidité de l’air.

… Mais pas à l’épreuve du moite

Si les Bédouins se sont acclimatés à la chaleur extrême du désert, c’est d’abord parce que l’air du désert est sec.

A température égale, mais avec un taux d’humidité supérieur, les chances de survie de l’être humain fondent comme neige au soleil.

C’est ce qui s’est produit en mai et juin dernier à Jacobabad, au Pakistan, où le thermomètre a dépassé les 50°C, mais avec un taux d’humidité dans l’air trop important : plusieurs enfants en sont morts[2].

Pourquoi le taux d’humidité dans l’air est-il si important pour supporter de très fortes chaleurs ?

Face à la chaleur, notre régulateur de température interne, l’homéostasie, recourt à la transpiration. 

La sueur que nous transpirons, en s’évaporant, contribue à rafraîchir notre organisme.

Mais plus le taux d’humidité dans l’air est important… moins cette évaporation fonctionne, et donc moins notre organisme parvient à réguler sa température interne.

Pour vous donner une idée de l’importance décisive qu’a ce taux d’humidité pour notre survie en cas de chaleur, on estime qu’à 100% d’humidité, le corps humain ne peut supporter de chaleur à plus de 35°C… et même commencer à mourir dès 31°C[3]. 

Autrement dit, la sécheresse que connaît l’Europe depuis plusieurs mois est paradoxalement ce qui nous sauve la vie à court terme (même si à moyen terme c’est une autre histoire, rapport à la production de nourriture…) : avec une plus forte humidité, cette canicule serait plus meurtrière.

Comment améliorer votre thermostat physiologique

Pour mieux traverser cette vague de chaleur, tout coup de pouce pour rendre plus efficace votre thermostat interne est donc le bienvenu.

Le premier de ces coups de pouce, c’est évidemment l’hydratation – boire, beaucoup… et chaud.

Nous revenons ici aux Bédouins, qui s’abreuvent de thé à la menthe : l’eau chaude est paradoxalement une meilleure alliée face à la chaleur que l’eau froide.

Un autre impératif consiste à adapter son alimentation : proscrire l’alcool et manger léger, afin d’éviter à votre organisme de surchauffer.

Préférez donc une alimentation végétarienne, riche en eau, mais aussi en sel car la transpiration fait perdre beaucoup de minéraux indispensables, dont le sodium.

Pour votre habitation, il faut réussir à ne pas faire rentrer le soleil (en fermant les volets) mais à laisser circuler l’air (en laissant des fenêtres ouvertes). 

Enfin, si vous avez la chance de vivre près d’un lac, d’un ruisseau ou de la mer : baignez-vous ! C’est le meilleur moyen d’aider votre corps à se refroidir…

A défaut, aspergez-vous régulièrement d’eau froide ou recourez à des linges mouillés.

Portez-vous bien,

Rodolphe

[1] Thieme. What can a person survive ? The borders oft he human body. https://www.thieme.com/resources/66-resources/resources-for-students/1014-what-can-a-person-survive-the-borders-of-the-human-body

[2] The express tribune (15.05.2022). Three children die as scorching heatwave bakes Pakistan. https://tribune.com.pk/story/2356736/three-children-die-as-scorching-heatwave-bakes-pakistan

[3] Vecellio DJ, Wolf T, Cottle RM et al. (2021). Evaluating the 35°C wet-bulb temperature adaptability threshold for young, healthy subjects (PSU HEAT Project). Jounral of applied physiology 132 (2) : 340-345. https://journals.physiology.org/doi/abs/10.1152/japplphysiol.00738.2021?journalCode=jappl