Chers amis,
La réforme des retraites portée en France par Mme Borne vise, en l’état actuel du projet de loi, à reculer l’âge du départ à 64 ans.
Il ne m’appartient pas de discuter ici du bien-fondé économique ou non de cette réforme.
En revanche, l’argumentaire « santé » du gouvernement me paraît léger : il consiste à rappeler que l’espérance de vie en France ne cesse d’augmenter.
Oui, mais… MAIS !
Il y a en effet deux « mais ».
Les chiffres sont tombés avant-hier
En 2018, la France était bien positionnée dans une vaste étude publiée par le Lancet, classant les pays du monde par espérance de vie.
Le pays où l’espérance de vie était en moyenne la plus longue était alors l’Espagne, ravissant d’une courte tête sa couronne au Japon, jusqu’alors traditionnellement en tête du classement[1].
Suivaient Singapour, la Suisse et le Portugal.
La France, elle, arrivait 8ème, ce qui est un excellent score – avec une différence importante entre les hommes et les femmes.
Voici l’évolution de l’espérance de vie des Français depuis 1994[2] :
D’après ce tableau, publié par l’INSEE ce mardi 17 janvier, l’espérance de vie est de 85,2 ans pour les femmes (courbe orange), et de 79,3 ans pour les hommes (courbe verte).
Oui, l’espérance de vie en France augmente, mais il y a deux choses à préciser :
- Après une augmentation constante jusqu’au début des années 2010, l’espérance de vie globale en France a tendance à stagner depuis dix ans;
- Cette « stagnation » marque cependant elle-même une tendance à la baisse depuis 3 ans – un effet de la crise sanitaire.
D’après ce nouveau classement[3], la France en 2022 serait donc passée, en termes d’espérance de vie, de la 8è place… à la 21è.
Mais, surtout, il y a une autre information qui n’est pas incluse dans les chiffres de l’INSEE… et qui relativise considérablement ces mêmes chiffres.
On vit de plus en plus vieux, mais de moins en moins en bonne santé
L’espérance de vie « classique » est calculée pour un groupe de personnes à partir de leur naissance jusqu’à leur décès.
Il y a « l’autre » espérance de vie : celle en bonne santé, également appelée espérance de vie sans incapacité, c’est-à-dire les années qu’il vous reste à vivre sans qu’une maladie, ou que les suites d’un accident, ne vous limitent dans votre vie quotidienne.
La soustraction entre l’espérance de vie totale et l’espérance de vie sans incapacité nous renseigne sur le nombre d’années de perte d’autonomie qui nous attendent en moyenne en France.
Or d’après la DREES, si l’espérance de vie des Français augmente, l’espérance de vie en bonne santé, elle, stagne.
En 2019, d’après les statisticiens, l’espérance de vie des femmes en bonne santé s’élevait 64,6 ans, et à 63,7 ans pour les hommes[4].
Autrement dit, nous vivons de plus en plus longtemps… pour être de plus en plus longtemps médicalement assistés (quand on connaît l’état de l’hôpital en France, ce n’est pas très rassurant).
L’argument de « l’allongement de l’espérance de vie » pour justifier la réforme des retraites est donc fallacieux puisqu’il consiste à faire coïncider l’âge du départ à la retraite avec celui auquel, statistiquement, la santé des Français se dégrade !
Je suis étonné que ce paramètre ne soit jamais évoqué dans les débats que j’ai entendus sur ce projet de loi.
Il est vrai que peu de débats ont eu lieu.
Portez-vous bien,
Rodolphe Bacquet
[1] Foreman K J, Marquez N, Dolgert A, et al. (2018). Forecasting life expectancy, years of life lost, and all-cause and cause-specific mortality for 250 causes of death: reference and alternative scenarios for 2016–40 for 195 countries and territories. Global Health Metrics, 392: 2052-2090.
[2] Insee (Institut National de la Statistique et des Études Économiques). Données annuelles de 1994 à 2022. CHIFFRES-CLÉS. Paru le : 17/01/2023. https://www.insee.fr/fr/statistiques/2416631
[3] DonnéesMondiales.com. Comparaison de l’espérance de vie moyenne. https://www.donneesmondiales.com/esperance-vie.php
[4] Deroyon T (DREES : Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques). (02.12.2020). En 2019, l’espérance de vie sans incapacité à 65 ans est de 11,5 ans pour les femmes et de 10,4 ans pour les hommes.
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En soumettant mon commentaire, je reconnais avoir connaissance du fait que Total Santé SA pourra l’utiliser à des fins commerciales et l’accepte expressément.
J’appartiens à une catégorie socio-professionnelle dont l’âge de départ à la retraite a toujours été à 65 ans (je n’étais pas fonctionnaire et n’entrais pas dans le cadre des régimes spéciaux). La proposition de retraite du gouvernement Macron est la 6 ou 7ème proposition identique depuis Balladur : Recul de l’âge de départ et augmentation des trimestrialités. S’il s’agissait de la pérennité du maintient de l’équilibre budgétaire du système par répartition, un élève de 6ème aurait pu faire la même démarche !! Or le système est tout à fait pérenne…si les cotisations servaient aux retraites. En réalité quelques milliards sont alloués aux grandes entreprises sans aucune contre partie. Et plutôt que d’amuser la galerie avec cette polémique : âge et trimestrialités, les journaleux à la botte du pouvoir feraient mieux d’exposer le pourquoi on veut faire travailler les actifs plus longtemps.
» Qui prend CE critère en compte ? » .Mais … beaucoup de monde , heureusement !
N’importe quel participant aux grandes manifestations syndicales d’hier peut témoigner de la présence , que ce soit dans la bouche des orateurs ou sur des pancartes individuelles de marcheurs et marcheuses , de cet argument d’opposition très fort … qui consiste à relever la coïncidence entre les 64 ans de l’âge légal de départ en retraite voulu par Macron et les 64 ans d’espérance de vie en bonne santé indiqués par les statisticiens .
Votre article n’en est pas moins utile pour vos lecteurs qui n’auraient pas encore fait ce rapprochement éclairant : bienvenue au club … des opposants actifs !
2022 IL Y A TOUT DE MEME UNE SURMORTALITEES ? AUTOUR DE MOI CES HALLUCINANT
bonjour, en 1969, le responsable(&) des affaires sociales à Matignon avait redige une etude de prospective dans le domaine social:resultat nul,De ce fait on a dit aux français qu’ils devaient preparer leur retraite,d’ou le pep(plan epargne populaire). j’ai ouvert un pep dans une mutuelle d’assurances(car pas d’actionnaires revenus +eleves).& a cree une ecole privee à Paris: institut de gestion sociale(10e arrondissement). il a decline la proposition de ministre des affaires sociales. je suis sidere de voir le comportement des syndicalistes vu la baisse de la natalite. les caisses de retraites travaillent avec les stats de: l’insee et de l’ined(institut national d’etudes demographiques(1er directeur: m. Alfred Sauvy… augmente le depart à la retraite: on a pas le choix.
Bonjour; vous vous trompez comme beaucoup de personnes . L’espérance de vie à 65ans en bonne santé est de un peu plus de 10 ans pour les hommes en France. En Suède elle est de plus de 15 ans . A ce propos les chiffres sont dans le dernier N° de l’hebdomadaire LE POINT. Cordialement. J C Léard
Je pense que l espérance de vie va baisser dans les années futures car toute la population qui est née après 1947 n ont pas connu la vie dure et en plus la mal bouffe est arrivée à partir de 1975
Bonsoir l’argument que vous développez selon lequel dans le débat actuel sur la contre réforme des retraites on ne parlerait pas de la différence entre espérance de vie et cette même espérance de vivre en bonne santé me semble faux car ce delta et très souvent mis en avant par les opposants à cette « réforme ». Tout dépend où vous prenez vos informations, bien sûr elle n’est jamais évoquée par le gouvernement … cordialement
vous semblez ignorer que LFI ne cesse de dire que l’âge en bonne santé des individus est loin de l’espérance de vie , Mathilde Panot tout récemment encore à l’Assemblée, il faut aussi savoir que la caisse est en excédent sur quelques années avec le fond de solidarité fait par Lionnel Jospin et que le Président envisage pour tout autre chose
Félicitations pour ce bel article. Beaucoup de clairvoyance…..
Bravo et surtout continuez SVP
Merci de rappeler cet argument jamais évoqué dans les médias !
Merci de votre article. A 88 ans je suis hors catégorie, donc un cas particuier !
Pourtant j’ai un PACE MAKER depuis 20 ans, après un cancer de la prostate, donc en ALD.
Pourtant je survit tranquillement chez moi, dans notre maison, avec mon épouse et je conduit encore ma DACIA SPRING électrique en usage urbain.
Bien sûr je passe mon temps dans mon fauteuil (à vous lire) mes 4 enfants, très dévoués, m’ayant remplacés dans les travaux courants.
Par contre je coûte cher à la Société entre mes retraites , mes coûts de santé, et les quelqes aides genre CESU, pour lesquels j’ai abondamment cotisé.
Qu’est ce que se serait, si j’étais plus mal en point !
Un FARDEAU financier bien plus important encore pour les ccontribuables.
A vous lire encore longtemps.
Tetardennes
C’est un régime ingrat, de plus en plus scélérat! On se doit de conserver nos acquis sociaux arrachés souvent de « hautes luttes »! Pour les préserver, il faut d’abord une politique sociale et surtout familiale à la hauteur des défis qui s’opposent à nous: favoriser la famille, pas en acceptant une immigration prolifique , certes, mais qui nous amène plus de problèmes ( délinquance, intégration quasi impossible, dépenses sociales croissantes, menaces sur les plans culturels voire sociétales etc) Il faut accroitre la croissance par la relance de l’industrialisation en interne en stigmatisant les délocalisations, instaurer un grand plan d’avenir de la Nation, redonner du souffle au pays, retrouver ce qui fait la consolidation d’une Nation: défense de sa langue, de son patrimoine culturel et historique, restructurer son organisation institutionnelle du territoire! Il ya de quoi faire ! Manquent les hommes de stature suffisante pour mener à bien cette immense tâche!
Et si la santé se dégradait par la sédentarité ?
Et si le fait de rester dans la vie active, sociale… nous préservait de cette dégradation ?
Vous ne dites pas, dans votre texte que, bien souvent, la mauvaise santé des retraités est consécutive à des comportement « excessifs » -(nourriture, boisson, abus de médicament…ou pire, tabagisme…) ou au contraire « par paresse » (pas d’effort pour se bouger). Bien sûr, certaines maladies ne sont pas toutes dues à ces erreurs mais bon nombre réduisent l’espérance de vie tout en rendant les fins de vie particulièrement pénibles.
Bonjour ! Vraiment intéressant, mais dommage de mettre des renvois (1,2,3 et 4)…qui ne mènent nulle part……
Bonjour, les sources se trouvent en bas de la lettre, juste au-dessus des commentaires !