Hygiène sèche contre hygiène humide
Chers amis,
À chaque fois que je prends une chambre en Italie, c’est un soulagement.
Pourquoi ?
Parce que les salles de bains italiennes ont quasiment toutes des bidets !
Je me souviens de la réaction de mes enfants la première fois qu’ils se sont retrouvés face à un bidet : « Mais Papa… à quoi ça sert ce truc ?! »
Ça n’avait rien d’étonnant : voici plusieurs décennies que le bidet a été supprimé des salles de bains françaises.
Chers enfants, ceci n’est PAS une baignoire à poupées.
À dada sur mon bidet
Le bidet est un outil d’hygiène intime qui date de bien avant l’arrivée de l’eau courante.
Il sert d’abord au nettoyage de l’anus après défécation, mais aussi des organes génitaux après un rapport sexuel.
Sa position basse qui a tant étonné mes enfants vous permet de vous asseoir dessus à califourchon (d’ailleurs, bidet vient d’un mot ancien désignant un petit cheval trapu) pour vous passer les parties intimes à l’eau.
D’où la fameuse chanson enfantine « à dada sur mon bidet » !!
Il est également pratique pour se nettoyer les pieds, mais c’est secondaire.
Auparavant, on le trouvait dans la chambre à coucher, avec le bien nommé pot de chambre. Puis il a migré dans la salle de bains… avant d’en être exclu il y a 10 ou 20 ans.
Le bidet, ringard et inutile pour les Français ?
Oh il y a encore un bidet ! Hop, à la déchetterie ! Toutes les rénovations de salles de bains passent par là de nos jours.
Et le bidet est d’office absent de tous les plans de salle de bains lorsque se construit un logement neuf.
Je ne comprends pas le mouvement anti-bidets, en France comme ailleurs.
Je me souviens qu’à la fin des années 1980, un « tube » a tourné en boucle sur les ondes de radio, dans lequel l’humoriste Lagaf’ répétait à l’envi :
Qu’il est beau, qu’il est beau, qu’il est beau le lavabo,
Qu’il est laid, qu’il est laid, qu’il est laid le bidet.
Cette grande page de la chanson française a-t-elle agi comme propagande anti-bidet ? Je ne sais pas…
Les raisons les plus fréquentes pour justifier l’absence de bidet sont :
- il prend trop de place ;
- il fait double emploi avec le lavabo ou la douche, il ne sert donc à rien ;
- il n’est sans doute pas très hygiénique et… un peu embarrassant à utiliser.
Concernant le manque de place, je ne sais pas. Le prix du mètre carré a beaucoup augmenté ces dernières années, c’est vrai.
Par contre, j’ignore si vous avez déjà essayé de vous laver les fesses dans un lavabo, mais ça n’est pas très pratique et vous risquez d’en mettre partout.
Quant à la douche, d’accord ; mais le bidet vous permet de ne PAS vous déshabiller entièrement et il gaspille moins d’eau.
J’ai ma petite idée sur le sujet : je pense que c’est le triomphe du papier toilette qui a eu raison des bidets.
Le papier toilette est en effet considéré dans les pays développés comme la base d’une bonne hygiène du « petit coin ».
Mais c’est faux.
La France a les fesses sales
Parce que l’hygiène intime « sèche », c’est-à-dire sans eau, a plusieurs inconvénients.
Le premier, c’est qu’elle est… moins hygiénique !
Désolé d’entrer dans les détails mais… en vous nettoyant uniquement avec du papier après être allé à la selle, vous laissez beaucoup plus de matières fécales autour de l’anus qu’en utilisant de l’eau.
L’une des conséquences les plus répandues de cette « hygiène sèche » est le développement de prurit anal, entraînant des démangeaisons provoquées par des vers (oxyurose) ou des champignons (dermites mycosiques).
Le deuxième inconvénient est que, pour peu que vous ayez des problèmes assez courants comme des hémorroïdes ou des fissures, vous aggravez votre cas en utilisant du papier toilette.
Car le grattage et le frottement effectués par le papier toilette, et les suintements des matières fécales qui demeurent, entretiennent et font empirer ces maladies.
Panique dans des toilettes indiennes
À l’âge de vingt ans, j’ai effectué mon premier voyage en Inde.
L’une des grandes surprises des voyageurs en Inde est en effet la découverte que les toilettes du pays sont dépourvues de papier toilette !
On voit ainsi souvent de jeunes Américains ou Européens chercher fébrilement dans les rues des rouleaux de papier toilette qui se vendent à prix d’or chez l’épicier du coin. Et en cas de pénurie de papier toilette, c’est la panique !! Certains refont le voyage en emmenant du papier toilette dans leurs bagages !
En vérité, l’hygiène intime des Indiens est bonne : leurs toilettes « à la turque », souvent un peu surélevées, sont dotées d’un petit robinet à portée de main pour se nettoyer l’entrejambe juste après la défécation. Et ça marche très bien !
Chez nous, c’est le bidet qui remplissait cette fonction ; on a vu ce qu’il est devenu.
Comment garder une bonne hygiène intime ?
Pour vous, mais aussi pour vos proches, je ne saurais trop vous recommander l’hygiène humide.
À première vue ça paraît moins propre, puisque vos mains sont en contact direct avec vos excréments. Cela paraît dégoûtant.
Mais il vaut mieux que ces restes de matière fécales soient en contact avec vos mains, que vous lavez immédiatement après, plutôt qu’ils demeurent dans vos sous-vêtements.
Voici mes propositions si vous ne disposez pas (ou plus) de bidet dans votre salle de bains, ni évidemment de toilettes à la turque.
Vous pouvez :
- investir dans un tabouret de douche à ouverture hygiénique qui vous permettra de vous nettoyer sans avoir à vous dévêtir entièrement, si toutefois vos toilettes sont dans votre salle de bains. Il se place dans la baignoire ou la douche ;
- installer une douchette WC dont le jet vous permettra de vous nettoyer sans avoir à quitter vos toilettes ;
- choisir un papier toilette épais et résistant que vous mouillerez abondamment au lavabo avant emploi. C’est la moins bonne de ces options puisque vous conservez le frottement du papier toilette… Mais c’est la plus facile si les deux autres options ne sont pas à votre portée (ou que vous n’êtes pas chez vous).
Un dernier conseil : évitez absolument les lingettes du commerce : les produits chimiques qu’elles contiennent, notamment le phénoxyéthanol, ne sont pas ce dont vos fesses ont besoin pour rester en bonne santé !
À moins que, tout simplement… vous ne réinstalliez un bidet chez vous.
Portez-vous bien,
Rodolphe Bacquet
P.-S. : Le papier toilette a un troisième inconvénient : il est excessivement polluant. Outre que c’est un marché extrêmement lucratif (786 millions d’euros par an en France !), le papier toilette « coûte » 10 millions pour sa fabrication, chaque année. À cela s’ajoute que plusieurs marques de papier toilette contiennent du bisphénol A, un perturbateur endocrinien.
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En soumettant mon commentaire, je reconnais avoir connaissance du fait que Total Santé SA pourra l’utiliser à des fins commerciales et l’accepte expressément.
Merci Monsieur, je viens de lire votre article sur le bidet et j’ai apprécié. Depuis que j’ai déménagé je pratique le lavage avec un gant donc j’en utilise beaucoup… j’avoue retourner à la methode papier de temps en temps. Maintenant que j’ai lu votre document je ferai ce qu’il faut pour éviter le plus possible on utilisation. Merci pour vos conseils d’ailleurs pour notre bonne hygiène et celles des nôtres.
Bien d’accord avec vous :
Vivent le bidet, les toilettes à la turque, et la douchette remplaçant le papier inapproprié !
Bonjour,
J’ai l’impression que c’est un sujet tabou même chez le corps médical, alors qu’on doit vraiment apprendre aux enfants leur hygiène intime dés le plus jeune âge, le sujet que vous abordez est très utile, le mieux pour moi c’est de bien se laver à l’eau (et avec savon) et puis faire sécher l’humidité avec du papier toilette, et puis c’est nickel propre …….
Oui, la disparition des bidets est regrettable pour toutes les raisons que vous donnez…il est vrai que dans de nombreux pays on privilégie « l’hygiène humide » tellement plus hygiénique! Cela tient du bon sens…J’ai vu en Allemagne des douches équipées d’une douchette fixe pour l’hygiène intime, cela devrait être la règle dans tout pays civilisé!
C’est une bonne réflexion sur l’hygiène anale…ayant toujours trouvé les habitudes asiatiques plus appropriées par rapport à notre culture. J’utilise malheureusement le papier mais aussi un lavage au gant de toilette complémentaire pour enlever les restes éventuels de papier, donc du coup les restes éventuels au sens général. Intéressante la piste du tabouret-bidet… Réadaptation hygiénique à remettre à l’ordre du jour d’autant plus si l’on inclus les relations anales dans sa sexualité.
Gamine nous avions un bidet. De 1999 à l’année passée aussi et je le trouve très pratique, pour les jeunes enfants aussi. Dans notre maison, quand on a refait la salle de bain en 2003 j’en ai mis un neuf. Je recommencerai si j’ai un jour de nouveau l’opportunité! ;).
Merci pour les conseils.
J’ai un bidet depuis 1979. Je ne me passerais plus jamais de cet accessoire.
POUR le bidet dans nos toilettes sèches et aussi à l’étage pour la nuit. C’est très hygiénique et rafraîchissant !!!
Je trouve le bidet irremplaçable. J’ai fait refaire ma salle de bain, j’ai remplacé la baignoire par une douche et pas question de me défaire de mon bidet, je l’ai gardé. Il m’est très utile et j’ai appris à mes petits enfants quand et comment l’utiliser et je peux vous dire que ça ne les a pas traumatisé ni surpris ils l’ont trouvé eux mêmes utile.
Perso, c’est la 3¨¨ maisons que je fais et il y a toujours un bidet, mon fils étant enfant adorait s’y laver les fesses et je remarque avec plaisir que mes deux petits enfants fille et garçon adorent s’y laver, les pieds et après le passage aux wc.
Je suis absolument pour
J’ai un bidet dans ma salle d’eau et je l’utilise quelques fois plusieurs fois par jour en plus de ma toilette du matin ayant remarqué que le papier toilette n’est pas toujours efficace à moins d’être très constipée ! Dans les logements anciens on en trouve encore mais les personnes plus jeunes s’empressent de les supprimer; aussi je vous félicite pour votre message !
Effectivement, j’habite en Italie depuis 7 ans et j’ai découvert l’utilisation du bidet! C’est indispensable surtout après un accouchement, et c’est plus pratique que de se laver les fesses dans la douche ou au lavabo !
Bravo Rodolphe ! Je suis fan du bidet depuis toujours et je ne pourrais concevoir une salle de bain sans ce précieux atout pour être parfaitement propre . Je suis née au Maroc et là bas il n’est pas concevable de ne pas se laver après les évacuations naturelles du corps. Heureusement que ma maison possède ce confort hygiénique dont je ne pourrais me passer. Merci Rodolphe d’avoir osé parler de ce sujet.
Je suis assez d »‘accord avec votre article, et je me suis toujours lavé à chaque fois que cela m’a été possible. J’ai rarement utilisé le bidet, c’est cependant tout à fait possible avec un lavabo, encore faut-il qu’il y en ait dans les toilettes, ce qi est rare. C’est la raison pour laquelle je privilégie les toilettes handicapés qui en sont le plus souvent dotées, ainsi que plus souvent d’un essuyage papier pour les mains.
Ayant récemment eu des problèmes de prostate sérieux, j’ai subi radiothérapie et traitement hormonal qui conjugués m’ont provoqué diarrhées constantes, très irritantes.
Je me suis donc retrouvé dans la situation d’une victime d’hémorroïdes, ne supportant plus aucun savon ou détergent, même les plus doux.
Mon épouse m’a trouvé la solution qui consiste à utiliser du gras, en l’occurrence pour moi, de la crême DEXERYL (celle en tube) vendue en pharmacie. Après un essuyage préalable, si possible, il suffit d’une noisette de cette crême sur la main, et ensuite de trois ou quatre rinçages faits éventuellement à la main, pour obtenir un nettoyage parfait et sans douleur aucune. Il suffit ensuite de se laver les mains.
C’est tellement efficace et supérieur que j’ai adopté cette manière de faire définitivement.
En sortant un peu de ce propos sur les bidets, je voudrais parler du lavage des mains dans le périmètre des toilettes.
Dans les stations d’autoroute, je constate que peu de personnes se les lavent après, et pratiquement aucune avant. Lorsque cela se produit, il s’agit pratiquement toujours d’étrangers.
Je me suis toujours imaginé les sujets britanniques bien plus soucieux d’hygiène que nous-mêmes : ne demandent-ils pas : » où puis-le me laver les mains ? » pour trouver des toilettes.
Je vais vous détromper : habitant non loin d’un aéroport de province desservant surtout la Grande Bretagne, j’ai eu l’occasion quelques fois de faire des comptages limités à 100 hommes.. On peut considérer que la presque totalité des passagers est britannique. Le dernier score a été le suivant : 65, ne se sont pas lavé les mains ni avant, ni après – 29, se sont lavé les mains uniquement après – 5, se sont lavé les mains avant et après et, un seul, portant son petit bagage sous le bras, s’est passé seulement la main gauche sous le robinet, j’en ai déduit qu’il devait être gaucher.
Ceci n’est-il pas dramatique ?
J’en ai conçu un slogan publicitaire, à l’usage de mes petits enfants, mais qui pourrait faire l’objet de spots gouvernementaux sur le petit écran :
IL FAUT SE LAVER LES MAINS? AVANT POUR SOI, ET, APRES POUR LES AUTRES.