Chers amis,
Une tendance du moment est, vous le savez, de relire (ou revoir) les contes, les BD, les films et les dessins animés de notre enfance sous l’angle des débats de société actuels.
C’est ainsi qu’Autant en emporte le vent (Victor Fleming, 1939), accusé de racisme, est devenu indésirable sur les chaînes de télé américaines[1] ; que des albums de Lucky Luke, Tintin et Astérix ont été retirés de bibliothèques canadiennes puis brûlés après avoir été jugés « néfastes aux Autochtones »[2].
Dans le premier grand dessin animé de Walt Disney, Blanche-Neige (1937), le baiser final du Prince à l’héroïne a récemment fait l’objet d’une polémique : c’est le baiser qui réveille Blanche-Neige, « endormie » par la pomme empoisonnée de la méchante reine.
Ce baiser a donc fait couler beaucoup d’encre (85 ans après la réalisation du film !) pour avoir été jugé « non consenti » par des journalistes américaines[3].
Cette polémique, à la frontière du débat de société et de la blague potache, a cependant occulté une série de baisers beaucoup plus signifiante aujourd’hui dans le dessin animé.
C’est la série de baisers que Blanche-Neige accorde à chaque nain avant leur départ pour la mine.
Les microbes, les anticorps et Blanche-Neige
Dans notre époque terrorisée par les virus et obsédée par les moyens de s’en protéger, Blanche-Neige fait figure d’héroïne iconoclaste.
Elle débarque dans la maison des nains, qui est toute sale et mal rangée, pleine d’écureuils et d’oiseaux.
Elle trouve des chaussettes sur la table, des souliers dans les casseroles, plein de poussière sur la cheminée, des toiles d’araignée partout et des piles d’assiettes sales[4].
N’importe quel ayatollah de l’hygiénisme actuel tomberait en apoplexie devant une telle concentration de germes et d’acariens. Mais pas Blanche-Neige : elle s’allonge dans les lits des nains sans les avoir désinfectés et devient leur femme de ménage sans se pincer le nez.
Non seulement elle entreprend ce grand nettoyage de printemps domestique, mais en plus elle leur apporte autre chose, qui leur manquait : de l’affection.
Elle les cajole, leur fait des risettes et des bisous. Et tout cela, sans gel hydroalcoolique ni masque… et spontanément.
Aujourd’hui, cette leçon apparaît puissante : elle nous rappelle que l’hygiène et la propreté, ça n’est pas se tenir à distance des autres, bien au contraire.
Avant leur départ pour la mine, Blanche-Neige embrasse chaque nain comme une mère le ferait avant le départ de ses enfants pour l’école.
Et l’un de ces nains, rappelez-vous, s’appelle Atchoum ! Parce qu’il éternue régulièrement, bien sûr.
Pourquoi ces éternuements à répétition ? Allergie ou rhume, l’histoire ne le dit pas ; le plus important pour ce qui nous occupe est que ça n’est pas cela qui prive Atchoum de son baiser.
Le cauchemar d’Atchoum
Si Atchoum sortait de sa mine ou de sa forêt et se rendait dans n’importe quelle ville française aujourd’hui, il passerait vraisemblablement une mauvaise journée.
Les gens le regarderaient de travers dans l’autobus, voire l’invectiveraient.
On lui demanderait de bien remettre son masque ou de rester en télétravail pour ne pas contaminer ses concitoyens.
Il serait renvoyé chez lui en quarantaine en attendant le résultat de son test rhinopharyngé, se demandant avec angoisse s’il a attrapé Delta, Omicron ou Zeugma ou – pire encore ! – le variant BA.2, qui ne se détecte que par… un test anal[5].
Bref, ce serait l’angoisse. Pauvre Atchoum !
Si je le croisais dans la rue, dépité d’être ainsi mal vu à cause de ses éternuements, je tiendrais à le déculpabiliser, non seulement face à l’hygiénisme intolérant de beaucoup de nos contemporains, mais également pour le rassurer.
Pourquoi éternue-t-on ?
Quiconque s’est retrouvé avec le nez bouché sait à quel point c’est désagréable : on perd l’odorat, notre cavité buccale et notre gorge s’assèchent à force de respirer par la bouche, on développe une mauvaise haleine…
Bref, c’est une phase très désagréable soit d’un rhume, soit d’une rhinite allergique.
C’est précisément pour éviter au maximum cette situation que nous éternuons.
L’éternuement, d’abord, permet d’évacuer les particules et les pathogènes qui peuvent encombrer le conduit nasal.
Mais ce n’est pas tout. Il y a dix ans, des chercheurs américains ont découvert que la brutale expiration d’air provoquée par une surpression allant des poumons au nez permettait de redynamiser le système circulatoire du mucus[6].
Autrement dit : il ne faut surtout pas réprimer un éternuement ! Cette brutale explosion est en réalité un coup de fouet donné à notre mucus pour l’aider à mieux nettoyer bactéries, virus mais aussi résidus de pollution urbaine.
C’est équivalent à un système de ventilation : il tourne au ralenti voire se bloque – se bouche – si trop de saletés s’accumulent.
Vous pouvez le nettoyer méthodiquement (j’y reviens dans un instant), mais le moyen le plus simple consiste à… le redémarrer, comme un reset.
Éternuer, ou pas
Mettre sa main devant sa bouche au moment d’éternuer est un conseil passé de mode, sauf si on se lave les mains immédiatement pour retirer les virus qui les recouvrent.
Il vaut donc mieux, effectivement, éternuer dans sa manche ou dans son coude pour éviter de propulser à plus de 200 km/h d’éventuels virus.
Sachez qu’une personne enrhumée est contagieuse durant 5 jours en moyenne, avec un pic entre le troisième et le cinquième jour[7]… et que c’est essentiellement par les mains que se transmet le rhume.
Si vous avez le nez en partie ou complètement bouché, voici 3 moyens simples de désencombrer vos fosses nasales.
Le premier consiste, évidemment, à se moucher. Cela peut vous faire sourire, mais beaucoup de gens ignorent comment se moucher efficacement : il faut totalement appuyer sur l’une des deux narines au moment où l’on pousse l’expiration.
Le deuxième, c’est de ne pas lésiner sur les épices. Les piments et la harissa provoquent une liquéfaction du mucus nasal : autrement dit, ils favorisent l’écoulement nasal.
Le troisième, c’est le nettoyage du nez au moyen d’une solution saline et d’un lota. Un lota est un petit pot qui ressemble à un arrosoir miniature, comme ceci :
Vous en trouverez facilement en pharmacie, en boutique bio, ou sur Internet.
Mode d’emploi :
- versez 1 cuillère à café de sel (marin ou de Nigari) dans le lota (à acheter)
- Ajoutez de l’eau tiède et mélangez
- Quand le sel est dissout, penchez la tête de côté et introduisez le lota dans la narine supérieure pour faire couler l’eau salée. L’eau ressort par la narine inférieure.
- Changez de côté ;
- séchez les narines : soufflez fort par le nez, recommencez à plusieurs reprises jusqu’à éliminer toute trace d’humidité.
Qui a peur du grand méchant rhume ?
Revenons à nos nains. Blanche-Neige les embrasse, sans crainte de leurs miasmes.
Nous dirions d’elle, aujourd’hui, qu’elle ne respecte pas les gestes barrière ; je préfère souligner qu’elle a un bon système immunitaire.
Et pour avoir un bon système immunitaire, il faut le mettre à l’épreuve !
Blanche-Neige nous rappelle qu’en termes d’hygiène, le mieux est l’ennemi du bien ; autrement dit, que trop d’hygiène est contre-productif.
Ne pas fuir à tout prix les contaminations, mais accepter que la vie quotidienne nous expose immanquablement à des pathogènes, stimule le système immunitaire, c’est même la condition de la production d’anticorps.
Et dans le cas du rhume… ces anticorps peuvent jouer un rôle plus important qu’il n’y paraît.
Il y a un an, je vous écrivais déjà pourquoi un rhume banal pouvait nous protéger du Covid-19[8].
L’explication est simple : beaucoup de virus responsables du rhume sont des coronavirus.
Les anticorps acquis au moment d’un rhume à coronavirus seraient donc susceptibles de nous protéger ultérieurement d’un Covid.
Eh bien, rebelote : une étude de l’Imperial College de Londres et publiée dans Nature Immunology il y a un mois a confirmé qu’une infection préalable à un rhume de la famille des coronavirus permettait de « bénéficier » d’anticorps ciblant spécifiquement la protéine Spike du SARS-CoV-2[9].
Les variants actuels du SARS-CoV-2 étant en train de faire évoluer le Covid-19 vers une maladie endémique et hivernale apparentée à un rhume, la boucle est maintenant bouclée.
Et il serait donc temps que les politiques sanitaires publiques s’adaptent à la notion de risque mesuré, et comprennent le principe d’une immunité collective naturelle.
C’est ce qu’ont fait nos voisins anglais en prenant en compte la dangerosité réelle d’Omicron : on ne chasse pas les mouches à coups de boulets de canon.
Portez-vous bien,
Rodolphe Bacquet
Sources :
[1] Bargiacchi M (11.06.2020). Le film « Autant en emporte le vent », jugé raciste, sous le feu de la polémique. France bleu. https://www.francebleu.fr/infos/culture-loisirs/autant-en-emporte-le-vent-sous-le-feu-de-la-polemique-1591843212
[2] Gerbet T (07.09.2021). Des écoles détruisent 5000 livres jugés néfastes aux autochtones, dont Tintin et Astérix. Radio-Canada, https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1817537/livres-autochtones-bibliotheques-ecoles-tintin-asterix-ontario-canada
[3] Sideris F (10.05.2021). Blanche-Neige et les Sept Nain, un « baiser non consenti » ? Les frères Grimm n’y sont pour rien. TFI Info. https://www.tf1info.fr/culture/blanche-neige-et-les-sept-nains-un-baiser-non-consenti-les-freres-grimm-n-y-sont-pour-rien-2185549.html
[4] Blanche-Neige et les Sept Nains – Extrait : Visite de la maison des nains, Disney. https://www.youtube.com/watch?v=7UzfNw6lJFM
[5] La dépêche.fr (22.01.2022). Omicron, BA.2… le test anal pourrait-il mieux détecter les nouveaux variants du Covid-19 ? https://www.ladepeche.fr/2022/01/21/covid-19-le-test-anal-pourrait-il-mieux-detecter-les-variants-omicron-et-ba2-10059917.php
[6] Zhao K-Q, Cowan A T, Lee R J, et al. (2012). Molecular modulation of airway epithelial ciliary response to sneezing. The FASEB Journal 26(8): 3178-3187. https://doi.org/10.1096/fj.11-202184
[7] Saldmann F. (2009). Le Grand Ménage. Le Livre de poche. p.184
[8] Bacquet R (07.01.2021). Plus efficace que le vaccin, le rhume ? Alternatif-Bien-Être. https://www.alternatif-bien-etre.com/coronavirus/plus-efficace-que-le-vaccin-le-rhume/
[9] Dowell A C, Butler M S, Jinks E et al. Children develop robust and sustained cross-reactive spike-specific immune responses to SARS-CoV-2 infection. Nat Immunol 23, 40–49 (2022). https://doi.org/10.1038/s41590-021-01089-8
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Répondre à Laurie Annuler la réponse
En soumettant mon commentaire, je reconnais avoir connaissance du fait que Total Santé SA pourra l’utiliser à des fins commerciales et l’accepte expressément.
Bonjour,
excellent article, comme toujours, sauf que je croyais qu’il ne fallait plus dire (ou écrire) « nain » ça n’est pas gentil (surtout pour les personnes de taille ridicule, dont je fais partie « hi hi »).
Plaisanterie à part, merci d’exister et un grand remerciement pour tout.
Amicalement
Bonjour,
Je suis entièrement d’accord avec votre mail mais je me permet de compléter votre argumentaire en vous donnant ma propre pratique et expérience que j’ai démarré il y a plus de 40 années ma femme et moi, en effet en débutant la pratique du Yoga il était recommandé de se laver le nez et ma pratique consiste tout simplement d’utiliser un robinet de mettre ses deux mains pour emprisonner l’eau qui coule et de aspirer par le nez l’eau doucement pour qu’elle remplisse votre nez et ensuite l’expulser fortement et le faire plusieurs fois (au moins 3 fois) et le faire quand vous vous laver vos dents pour instituer une habitude et aussi quand vous rentrez d’un moment passé en ville. Nous n’avons jamais ma femme et moi jamais d’angine grippe ect… c’est aussi important que de ce laver les mains, merci de proposer cela a vos lecteurs
Bonjour Rodolphe,
Vous soulevez un point que je trouve aberrant dans des « gestes anti-covid ». Eternuer dans sa manche !!!!! Comme vous le dites bien la ligne du dessus, on éternue dans ses mains et on se lave les mains car il y a les virus dessus.
Quand vous éternuez dans votre manche, ils vont où les virus ? Réellement, ile ne restent pas sur la manche ? Et la manche vous ne la promenez pas avec vous ? Au milieu de tous le monde ?
C’est une vraie question : Pouvez-vous me démontrer que les virus disparaissent en éternuant sur la manche ? Sinon, où vont-ils ?
Merci beaucoup pour votre réponse.
Belle continuation.
Fraternellement
Isabelle
je suis surpris que nos autorités n’y aient pas pensé plus tôt : pour vérifier la contamination par le virus de la grippe aviaire avant abattage les poulets sont soumis à prélèvement buccal et anal depuis longtemps déjà :c’est plus facile de vérifier après que de vitaminer avant .et je me soigne comme je soigne mes poulets ;
bien à vous
FL
Merci pour cette révision de nos classiques avec la pointe d’humour nécessaire à notre situation rocambolesque!!!!!! L’envolée lyrique est superbe, qui a le temps de l’apprécier, le concis est à améliorer! MERCI POUR TOUT CE QUE VOUS FAITES! Ou trouvez-vous l’énergie ?
Un peu de rêve dans votre papier concernant Blanche-Neige…
Ouf !
Hâte que la vérité éclate au grand jour…
Merci pour cette article très explicite, que j’ai fait lire à ma petite fille de 7ans ravie d’enfin poser des mots sur beaucoup de chose qu’elle ne comprenait pas.
Je vais d’ailleurs partager avec d’autres amis.
Notre corps est miraculeusement bien constitué pour se défendre,
Portez vous bien.
Merci à vous pour cette mise au point, qui est nécessaire, tant la plupart des citoyens a été complètement trompée depuis deux ans par une bande de bons à rien ! Je suis quelqu’un qui éternue pour un rien : je m’explique : ce sont les odeurs bonnes ou mauvaises, qui me chatouillent le nez ! et bien j’éternue ! je mouche mon nez ! Bien à vous
Mille mercis pour tous ces renseignements
Bonjour
Nous avons signé la pétition contre le pass vaccinal.
Vous avez atteint 1 200 000 signatures dont la mienne.
Où nous en sommes pour le référendum ?
Peut-être mettre cet écrit en livre de chevet au gouvernement et son empereur !!!
Reste à savoir si ils comprendraient qu’ils faut qu’ils arrêtent de nous raconter les histoires du méchant SORCIER !!!
Merci Rodolphe toutes ces paroles me font du bien et c est tellement vrai tout ça !!
Bonjour comme toujours vos articles sont intéressant ,votre pétition NON AU PASS VACCINAL ! est un succès ,snobé par les députes ,pour continuer ne pourriez vous pas populariser la pétition mise en ligne sur le site du sénat demandant la création d’une commission d’enquête sénatoriale sur les effets secondaires des vaccins contre le covid-19 par le Dr Julien DEVILLEGER 15707 signatures a 100000 elle est examiné par la conférence des présidents ,belle revanche par rapport a l’accueil des députes .Merci de votre aide
C’est bien triste cette époque…espérons que les gens reviennent à la raison.
Bonjour
Tout d’abord merci pour vos excellents articles et mises en perspective. En bien sûr pour votre action !
A propos de relecture à la lumière de l’actualité, je vous propose « la Ferme des animaux » de George Orwell…
Portez vous bien
Claire