Chers amis,
Ramener à la vie des espèces éteintes.
C’est l’idée, romantique, à la base du célèbre roman de Michael Crichton, et du film de Steven Spielberg, Jurassic Park, dans lequel des généticiens font renaître des dinosaures.
Dans la réalité, il serait hautement improbable de ressusciter les dinosaures, cette prouesse nécessitant de trouver du matériel génétique viable.
Les dinosaures étant éteints depuis 66 millions d’années, ce qui fait une sacrée paye, nul n’a jusqu’ici découvert d’ADN de dinosaure exploitable (dans la fiction Jurassic Park, c’est un moustique piégé dans de l’ambre qui permet de récupérer cet ADN).
Des espèces disparues depuis moins longtemps, et dont divers muséums ont conservé du matériel génétique, font en revanche actuellement l’objet de tentatives de résurrection de la part d’une entreprise de biotechnologie américaine : il s’agit du mammouth, du diable de Tasmanie et de l’emblématique dodo, ce volatile dodu de l’île Maurice, disparu au XVIIème siècle[1].
Mais récemment, une espèce disparue depuis bien plus longtemps que le dodo a été « ressuscitée » par une chercheuse.
Elle n’a pas eu besoin de trafiquer de vieux bouts d’ADN pour ce faire, ni d’un laboratoire high tech, mais… d’un peu de terre, et d’une graine.
Car cette espèce disparue, désormais ressuscitée, est une plante.
Et pas n’importe quelle plante.
Elle germe, après plus de mille ans d’attente
Cette histoire fascinante a été rapportée par une équipe de chercheurs israéliens, français et américains, en septembre 2024 dans la revue Communications Biology[2].
Tout commence par une découverte archéologique dans une grotte du désert de Judée : celle d’une graine inconnue, datée par le carbone 14 entre 993 et 1202 de notre ère.
Cette graine, vieille de mille ans au moins, a été plantée en 2010 et a donné naissance à un arbre unique, baptisé « Sheba » en hommage à la reine de Saba.
Voici la graine originelle (a), l’état de sa germination au bout de 5 semaines (b) et la « jeune » plante (issue d’une graine vieille d’un millénaire !) à l’âge de 6 mois (c) :

Douze ans plus tard, « Sheba » est devenue une plante de trois mètres de haut :

Je n’ose imaginer la fierté et l’émotion de ces botanistes, qui ont permis de redonner naissance à une plante que plus personne, selon toute vraisemblance, n’avait pu contempler depuis l’époque des Croisades !
Mais les chercheurs ne se sont pas arrêtés là.
En analysant l’ADN de « Sheba », ils ont découvert qu’elle appartient à la famille des Commiphora, qui inclut des espèces comme celles qui produisent l’encens ou la myrrhe… mais qu’elle est différente de toutes les espèces connues aujourd’hui.
On appelle cela une analyse phylogénétique : c’est comme dessiner un arbre généalogique pour voir où « Sheba » se place parmi ses « cousins » végétaux.
Elle est proche de trois espèces d’Afrique australe (C. angolensis, C. neglecta, C. tenuipetiolata), mais unique.
Contrairement à ses cousines aromatiques, « Sheba » ne produit pas de composés odorants.
Elle produit d’autres composés… qui en font un « médicament » naturel.
La Bible, ce catalogue de remèdes naturels
Si la plante a été nommée « Sheba », c’est parce que les chercheurs l’ont assimilée à l’espèce qui produisait le baume odorant de Galaad et que, dans la Bible, la reine de Saba offre au roi Salomon.
Mais, je le disais, la plante s’est révélée au final peu odorante.
Les chercheurs ont alors étudié les feuilles et la résine de « Sheba » avec des outils comme la chromatographie gazeuse et la spectrométrie de masse (GC-MS).
Ils ont trouvé :
- peu de composés parfumés (contrairement à la myrrhe ou au baume de Judée, célèbres pour leur odeur) ;
- une série de glycolipides jamais vue auparavant, ce qui rend « Sheba » chimiquement unique ;
- beaucoup de composés bioactifs, comme des triterpénoïdes (α- et β-amyrine) et un squalène, qui ont des propriétés médicinales bien précises : anti-inflammatoires, cicatrisantes et même anti-tumorales.
Autrement dit,« Sheba » ne sent pas très fort, mais elle est pleine de substances qui pourraient guérir ou protéger.
C’est comme trouver une plante qui n’est pas un parfum, mais une pharmacie naturelle oubliée !
Enfin, « oubliée »… pas tout à fait !
Car ces découvertes suggèrent que cet arbre pourrait être la source du « tsori », une résine médicinale mentionnée dans la Bible pour ses vertus curatives (par exemple dans Jérémie 8:22).
Les chercheurs ont fait germer une panacée !
Un « Graal » botanique
On doit cette prouesse à Sarah Sallon, médecin de formation ayant travaillé pendant de nombreuses années comme spécialiste en gastroentérologie pédiatrique.
En 1995, elle a fondé le Centre de recherche en médecine naturelle à l’hôpital Hadassah de Jérusalem, en Israël, pour étudier et fournir des preuves de l’efficacité des thérapies naturelles en matière de santé et de guérison.
Elle n’en est pas à son coup d’essai en matière de germination de graines anciennes puisqu’elle avait déjà réussi à faire pousser des graines de dattiers vieux de 2000 ans, découvertes, elles, dans les ruines de la citadelle de Masada, construite par Hérode[3].
On sait que les graines sont des machines à remonter le temps biologique et que, bien conservées – sèches et protégées – elles peuvent germer des millénaires plus tard.
Mais là… Sarah Sallon a mis littéralement la main (ou plutôt, elle l’a fait pousser !) sur un « Graal » botanique.
Elle a non seulement ressuscité un remède naturel aux composés uniques mais prouvé que, depuis les temps de l’Ancien Testament au moins, nos ancêtres connaissaient parfaitement les propriétés médicinales des plantes les entourant, et savaient les préparer pour en faire des solutions.
N’attendons pas que d’autres « Sheba » disparaissent, faute d’usage et de connaissance
L’histoire de « Sheba » illustre magnifiquement l’importance de préserver et de redécouvrir les plantes médicinales, et leur usage.
Ces trésors naturels, souvent oubliés, négligés, voire carrément mis sous le boisseau par une certaine tendance de l’industrie pharmaceutique – les plantes ne sont pas brevetables… – constituent une source inestimable de solutions naturelles.
Depuis des millénaires, les plantes médicinales occupent une place centrale dans les pratiques de santé à travers le monde.
Elles sont souvent le principal recours thérapeutique pour de nombreuses populations, notamment dans les régions où l’accès aux médicaments conventionnels est limité. En Afrique, par exemple, les plantes médicinales représentent la principale source de soins pour une majorité de la population, tant en milieu rural qu’urbain.
Je rappelle qu’à Madagascar, le principal remède contre le Covid n’était pas une injection pharmaceutique, mais une solution réalisée à base de plantes médicinales par l’IMRA[4].
Cependant, la transmission de ces savoirs traditionnels est menacée.
Et chez nous, la situation est vraiment inquiétante. La mondialisation, l’urbanisation, la déforestation et surtout l’offensive agressive du « tout-médicament » envers toute solution naturelle et non brevetable, contribuent à l’érosion de ces connaissances ancestrales.
Il est donc crucial de documenter, préserver et promouvoir ces savoirs.
Et de les utiliser.
Ne laissons pas des « réservoirs » à bienfaits médicinaux, comme « Sheba », disparaître non seulement de la nature, mais également de notre mémoire et de notre savoir-faire.
Une autre « Bible », aux plantes accessibles près de chez vous
En France, vous le savez sans doute, le métier d’herboriste est interdit depuis une loi scélérate votée par Vichy.
Pourtant, il existe encore des herboristeries, et les courageuses personnes qui les tiennent travaillent dans un « flou » juridique précaire.
Pendant des millénaires, nos aïeux ont eu recours, pour résoudre leurs problèmes de santé, à des solutions efficaces et simples issues des plantes (si simples qu’on les appelait… les « simples ») :
…l’eucalyptus et le thym contre les virus, l’ortie piquante et la prêle contre la chute des cheveux, l’aubier de tilleul pour une digestion douce et légère, la myrtille et les clous de girofle contre les glaucomes, le café vert, le konjac et le mûrier noir pour perdre du poids, la passiflore et les racines de patience contre l’eczéma et le psoriasis, le plantain et les bourgeons de ronce contre la toux …
Les propriétés et les usages de ces plantes médicinales ont été consignés dans une « Bible », écrite par Michel Pierre, qui dirige depuis 45 ans la célèbre Herboristerie du Palais Royal, l’une des dernières de France, rue des Petits Champs à Paris, et Caroline Gayet, son « héritière », qui y a travaillé avec lui de nombreuses années et gère aujourd’hui sa propre herboristerie à Aulnay-sous-Bois.
J’ai eu le plaisir de me rendre plusieurs fois dans ces deux herboristeries. Leur travail est non seulement remarquable, mais capital.
Cette « Bible » qui rassemble leurs connaissances et leurs années de pratique s’intitule Ma Bible de l’herboristerie.

C’est « du lourd » : 500 pages répertoriant plus d’une centaine de troubles et pathologies (de A à Z) : fièvre, migraine, toux, arthrose, démangeaisons, problèmes de vue, calculs rénaux, allergie, diabète, troubles de la digestion, sciatique, jambes lourdes, glaucome, vertiges…

… et l’usage et les bienfaits de 50 plantes (avec photos) : où les cueillir, comment les reconnaître et utiliser leurs bienfaits santé, avec le mode d’emploi pour transformer vos plantes en tisane, en poudre, en macérat, en teinture mère, en cataplasme, en EPS, etc.
Portez-vous bien,
Rodolphe
[1] https://www.rfi.fr/fr/afrique/20240716-des-scientifiques-am%C3%A9ricains-%C3%A0-maurice-pour-ramener-le-dodo-%C3%A0-la-vie – « Des scientifiques américains à Maurice pour ramener le dodo à la vie », RFI, 16 juillet 2024
[2] https://www.nature.com/articles/s42003-024-06721-5#Sec2 – Sarah Sallon, Elaine Solowey & Morgan R. Gostel, « Characterization and analysis of a Commiphora species germinated from an ancient seed suggests a possible connection to species mentioned in the Bible », in. Communications Biology, Juillet 2024
[3] https://www.lematin.ch/story/des-dattiers-vieux-de-2000-ans-renaissent-dans-le-desert-israelien-539812698372 – « Des dattiers vieux de 2000 ans renaissent dans le désert israélien », in. Le Matin, 4 octobre 2021
[4] https://alternatif-bien-etre.com/coronavirus/la-france-en-retard-sur-madagascar/ – Rodolphe Bacquet, « La France en retard sur Madagascar », site d’Alternatif Bien-Être, 26 mai 2021
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En soumettant mon commentaire, je reconnais avoir connaissance du fait que Total Santé SA pourra l’utiliser à des fins commerciales et l’accepte expressément.
Voici un article qui suscite un espoir gigantesque pour guérir un Cancer par exemple, mais vous n’avez pas encore mis le ou les principes actifs de la plante « ressuscitée » sous forme de remède universel, la « PANACÉE » comme vous l’écrivez ! . . . Nous savons que les remèdes sont dans la nature, mais le lobby de l’industrie pharmaceutique est là et l’a démontré lors de la crise sanitaire de la Covid19, c’est un pharmacien d’officine retraité qui commente . . .
entierement d’accord avec vous
je suis abonnée a votre revue depuis des années et je m’en félicite
plutot je vous félicite bien sûr
est il possible d’avoir un exemplaire de La Bible de l’Herboriste ?
je suis egalement abonnée aux videos de Caroline Gayet
J’ai la chance d’ habiter pas trop loin de Marseille o’u il y a Le Père Blaise dont vous devez avoir entendu parler .
Merci . Colette Bozza
Votre démonstrration est bluffante ! Bravo !
Re-bonjour Rodolphe,
Comme il y a eu quelques commentaires « restrictifs » par
algorythmes des IA, je me permets de revenir sur mon écrit d’il y a quelques minutes. Ici en Allemagne où je vis maintenant – après avoir quitté Paris en 2018, les actions « perturbatrices » des IA sont « légion » et surtout pendant la nuit – USA- !
Une réaction à mon écrit me ferais plaisir. Je lis régulièrement vos messages et aimerais vous parler d’un conflit personnel avec quelqu’un de votre « équipe » pro…
Doris – Allemagne
C’est avec un grand intérêt que j’ai lu votre article sur les plantes anciennes ! Sans plonger dans les écris historiques, je m’intéresse aux plantes sauvages et aussi celles que ma grand-mère connaissait bien pour leurs vertues !!! Mais malheureusement notre climat actuel – trop de pluies depuis un moment – entrave leur vigueur !! Derrrière mon grand jardin en Allemagne où je vis maintenant depuis la pandémie « déclarée », il y a encore quelque restes de plantes médicinales anciennes – malheureusement le plus souvent « piétinées » ou arrachées par des promeneurs… Il faut attendre le printemps pour voir ce qu’il y a à « sauver » peut-être pour être protégé dans mon jardin… Doris Andrick – cliente Pure Santé…
J’apprécie beaucoup quand vous nous faites part de telles découvertes, je suis tellement pessimiste sur l’avenir que ce genre de découverte et d’action me mettent du baume à l’âme. Je vous lis toujours avec plaisir. Merci !
Magnifique découverte, merci pour votre démarche qui va à l inverse de celle de ceux que l on appelle : l élite…
Elite de quoi ???? On peut se poser la question !!!
Tout à fait d’accord avec vous.
Merci
Bravo aussi et merci pour vos messages clairvoyants et courageux sur la gestion du Covid.