Chers amis,
S’il y a un « médicament » sulfureux en ce moment, c’est bien l’Ozempic – et, au-delà, tous les stimulants artificiels du GLP-1 – qui fait gagner des fortunes à son producteur pharmaceutique danois.
Ce médicament engraisse la firme Novo Nordisk à mesure qu’elle fait perdre du poids aux centaines de milliers d’obèses dans le monde.
Je vous parlais, en mars dernier, de ce « miracle économique indexé sur un désastre sanitaire », dans une lettre[1].
Depuis, il est arrivé deux choses, et non des moindres, au sujet de l’Ozempic.
La première s’appelle Donald Trump.
La seconde, c’est le recul qui a pu être pris sur les effets secondaires.
Un anti-diabète utilisé comme coupe-faim
D’abord, un bref rappel du fonctionnement de l’Ozempic, car c’est important pour comprendre la suite.
Le mécanisme de ce médicament paraît complexe, surtout quand on parle d’« agoniste du GLP-1 », mais en réalité il repose sur une idée simple.
Le sémaglutide, la molécule active, copie une hormone que l’intestin fabrique après un repas. Cette hormone, c’est le fameux GLP-1 : il sert de messager entre le tube digestif, le pancréas et le cerveau.
L’Ozempic sert ni plus ni moins à « booster » ce messager : le corps croit avoir mangé plus qu’il l’a réellement fait.
Résultat :
- Le pancréas produit plus d’insuline ;
- Le taux de sucre devient plus stable ;
- Le sentiment de satiété arrive plus vite et dure plus longtemps.
Bref, c’est un « coupe-faim » diaboliquement efficace, fondé en réalité sur un leurre, celui du sentiment de satiété : on fait croire à l’organisme qu’il a mangé beaucoup plus qu’il ne l’a fait.
C’est un braquage.
Sauf que vous vous braquez vous-même.
Comme je l’écrivais en mars dernier, l’horizon de ce médicament est cauchemardesque car il n’empêche pas les gens les gens de mal manger.
Il leur fait perdre du poids « facilement » en les laissant continuer à manger la même chose qu’avant… mais simplement dans des proportions moins importantes.
Évidemment, pour continuer à obtenir cet effet, il faut continuer à prendre cette « pilule miracle », encore et encore.
On transforme des patients addicts à la junk food en patients addicts à un médicament.
Néanmoins, dans un pays – les États-Unis – où l’obésité est devenue un mal endémique, l’Ozempic s’est imposée comme une pilule miracle extrêmement prisée, nonobstant son prix exorbitant.
C’est là que Donald Trump entre en scène.
Dr. Donald et Mr. Trump
Car l’Ozempic coûte cher. Très cher : plus de 1000 dollars le traitement pour un mois !
Or 1 Américain sur 8 y a déjà eu recours[2].
Cela représente 30 à 35 millions de personnes. Pour les seuls États-Unis donc.
Même en partant du principe que toutes ces personnes n’ont pris ce traitement que pendant un mois, faites ce calcul simple : multipliez ce chiffre (30 à 35 millions) par 1000.
En principe vous aurez besoin des doigts de vos deux mains pour faire le compte des zéros !
Vous comprenez pourquoi les Danois de Novo Nordisk et les autres exploitants de la molécule de l’Ozempic ont vraiment touché le jackpot.
Et pourquoi cela représente une fuite « massive » de capitaux pour les États-Unis.
Donald Trump a donc réagi comme il sait le faire, c’est-à-dire avec une politique protectionniste agressive.
Prenant acte du « succès » du rouleau-compresseur de l’Ozempic, il a obtenu la réduction par quatre du prix du médicament, en « échange » d’une exemption de droits de douane de trois ans pour ces laboratoires[3].
La principale information à retenir, dans cette histoire, ça n’est pas que Donald Trump a une fois de plus utilisé avec succès son arme diplomatique préférée – les droits de douane.
Non : c’est que, ce faisant, il valide et banalise l’emploi de l’Ozempic et de ses dérivés comme coupe-faim, usage qui en est déjà fait par 2 « consommateurs » d’Ozempic sur 5[4].
Or ces médicaments ne sont officiellement pas conçus pour la perte de poids (mais comme traitement du diabète).
Mais nécessite fait loi, en forçant cet accord, le président Trump s’est métamorphosé en Dr. Donald et « valide » ces médicaments comme traitement amaigrissant.
Or c’est précisément là que se situe le danger.
Des médecins tirent la sonnette d’alarme
Les médicaments comme l’Ozempic agissent sur des signaux corporels fondamentaux : moins de fringales, une sensation de satiété accrue, une digestion ralentie.
Si cela peut être positif pour certaines pathologies, cela peut aussi déglinguer – je ne vois pas d’autre mot – des signaux corporels « authentiques », en particulier chez des personnes sensibles à la restriction ou à l’hyper-contrôle.
Le danger : que le médicament devienne un outil de contrôle, non un support de soin ; surtout s’il est pris de façon chronique.
Ainsi, plusieurs médecins américains tirent la sonnette d’alarme : administré à des personnes ayant eu des antécédents d’anorexie, d’anorexie atypique ou de boulimie, ce type de traitement réactive des schémas anciens de troubles alimentaires[5].
Une diminution de l’appétit ou de l’intérêt pour l’alimentation peut créer un terrain pour un contrôle excessif du corps.
Dans ce contexte, le médicament ne traite pas toujours la cause (psychologique, émotionnelle) mais intervient sur la conséquence (la prise de poids, le métabolisme) : cela peut combler un vide, mais pas guérir ce qui se joue derrière.
Or, je le rappelle, ces médicaments ont été conçus pour des pathologies précises (diabète de type 2, obésité avec comorbidités).
Leur usage « hors indication » (contrôle du poids dans un corps sans maladie) n’est pas validé par des études solides à long terme, notamment en ce qui concerne les impacts psychiques.
Et c’est précisément cet usage qui est en train d’être validé économiquement, par la force des choses !
Au-delà de ça, les médecins observent des effets secondaires qui « gâchent la vie » des patients : nausées persistantes, perte totale d’appétit, etc.
La généralisation, outre-Atlantique, du recours à ce médicament coupe-faim est particulièrement préoccupante : elle s’inscrit dans un cercle vicieux et infernal où les « solutions » médicamenteuses à des problèmes de santé structurels (alimentation et hygiène de vie) engendrent à leur tour de nouveaux problèmes rendant les gens de plus en plus dépendants.
Il existe pourtant des solutions sans médicament, et sans effets secondaires, qui fonctionnent
À l’inverse de ces médicaments qui court-circuitent les signaux internes, la chrono-nutrition s’appuie justement sur eux.
Elle remet de l’ordre dans les rythmes naturels du corps.
En respectant les moments où l’organisme sait digérer, brûler, stocker ou se régénérer, on apaise la faim plutôt que de la supprimer artificiellement.
Le matin, on donne du carburant dense pour lancer la machine.
Le midi, on nourrit le métabolisme quand il est le plus actif.
Le soir, on allège pour laisser la nuit faire son travail de réparation.
Ce simple alignement avec la physiologie réduit les compulsions, stabilise l’énergie et redonne confiance dans les sensations réelles.
Pas d’artifice, pas de brouillage des signaux. Mais une façon plus juste de vivre dans son corps, et souvent une solution durable pour reprendre en main son poids et sa glycémie sans dépendre d’un produit externe.
Portez-vous bien,
Rodolphe Bacquet
[1] https://alternatif-bien-etre.com/alimentation/cest-bon-pour-leconomie-mais-est-ce-bon-pour-vous/ – Rodolphe Bacquet, « C’est bon pour l’économie, mais est-ce bon pour vous ? », site d’Alternatif Bien-Être, 5 mars 2025
[2] https://edition.cnn.com/2024/05/10/health/ozempic-glp-1-survey-kff – Deidre McPhillips, « 1 in 8 adults in the US ha staken Ozempic or another GLP-1 drug, KFF survey finds »,site de CNN, 10 mai 2024
[3] https://www.letemps.ch/economie/donald-trump-annonce-un-accord-pour-faire-baisser-le-prix-de-traitements-phares-contre-l-obesite?srsltid=AfmBOoq_AddNZ6fh1lc-CgF0HFu7thdvoHo2Mv8YN6hKH3M3ADYSQQ_1 – « Donald Trump annonce un accord pour faire baisser le prix de traitements phares contre l’obésité », in Le Temps, 7 novembre 2025
[4] Cf. n. 2
[5] https://www.nationalgeographic.com/health/article/glp-1-drugs-eating-disorder-risks – Bethany Brookshire, « Doctors are worried about prescribing GLP-1s to certain patients », in. National Geographic, 20 novembre 2025
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Ceci n’est pas un commentaire, mais je ne sais pas où vous écrire
Merci pour votre offre de l’Almanach Perpetuel mais je suis grecque, (pédiatre homéopathe a la retraite,) je vis à Athènes et je pense qu’il serait préférable de l’offrir à une personne jeune plutôt qu’à une femme de 85 ans. Je lis vos articles avec grand intérêt et je partage votre avis. J’apprécie beaucoup votre travail, continuez avec succès.
Victoire Fanti (Ipirou 30 Halandri 15231 Athenes Grece.
Il est possible que Trump revienne en arrière. Il l’ a fait sur les vaccins Covid et il y a Kennedy